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Débats des chefs fédéraux : Quelle a été la réponse des Canadiens aux débats de 2021 et quels sont leurs souhaits pour les débats à venir?

  • John R. McAndrews (Université de Toronto)
  • Aengus Bridgman (Université McGill)
  • Peter John Loewen (Université de Toronto)
  • Thomas Bergeron (Université de Toronto)
  • Thomas Galipeau (Université de Toronto)
  • Allison Harell (Université du Québec à Montréal)
  • Daniel Rubenson (Université Ryerson)
  • Laura B. Stephenson (Université Western)

Le 5 janvier 2022

Table des matières

Introduction

La Commission des débats des chefs nous a demandé de mener un examen complet de la réponse du public aux débats des chefs fédéraux. Notre objectif était double : premièrement, étudier comment le public a évalué les deux débats des chefs organisés par la Commission pendant la campagne électorale fédérale de 2021 et comment il y a réagi; et deuxièmement, explorer les préférences du public quant à la manière dont de tels débats devraient être menés à l'avenir. Pour ce faire, nous avons mené et analysé trois sondages en ligne largement représentatifs des Canadiens, et nous avons recueilli et analysé environ 12 millions de gazouillis avant, pendant et après l'élection de 2021.

Notre rapport complète et prolonge notre rapport de 2019 présenté à la Commission. Comme en 2019, nous rendons compte ici de la connaissance, du visionnement, de la discussion et de l'évaluation des débats des chefs par le public. Également comme dans notre rapport de 2019, nous nous appuyons sur une conception d'enquête par panel pour estimer l'incidence des débats sur la mobilisation politique, les connaissances, les jugements et le comportement des citoyens. Nous poursuivons en approfondissant les préférences du public quant à la manière dont les débats devraient être menés – en examinant ce que les citoyens pensent être les objectifs de ces débats, qui devrait y participer, comment les débats devraient être animés, quels formats devraient être utilisés et à quel moment les débats devraient avoir lieu. Le résultat est, à notre avis, le portrait le plus complet et le plus à jour qui soit de ce que les Canadiens attendent des débats des chefs fédéraux.

2 Résumé des constatations

Nous constatons que les débats de 2021 ont attiré une audience publique importante, bien qu'un peu moins nombreuse qu'en 2019. Les téléspectateurs francophones et anglophones ont majoritairement convenu que les débats étaient instructifs, réservant leurs évaluations les plus favorables à la façon dont chaque débat était animé. Nous constatons également que les débats ont généré plusieurs résultats positifs. Ils ont contribué, par exemple, à l'augmentation de l'intérêt politique des citoyens, de la consommation de nouvelles sur les élections fédérales et de la confiance dans le gouvernement fédéral.

Pour ce qui est de l'avenir, nous constatons que les Canadiens – dans le contexte d'un cadre de débat unique – ont tendance à préférer un débat qui aborde plusieurs sujets permettant à la fois une participation large et égale des chefs et un rôle assertif de l'animateur. Cela dit, nous constatons également que le public a envie de voir plus d'un débat dans chaque langue officielle. Cette possibilité de débats multiples suscite également l'intérêt du public pour d'autres formes plus spécialisées d'événements publics liés à la campagne, en dehors de la norme récente – comme des réunions publiques entre les chefs et les citoyens, des débats sur des questions spécifiques et des débats axés sur une région.

3 Méthodologie

3.1 Recherche-sondage

Nous avons mené trois enquêtes en ligne auprès des Canadiens. La première phase a été menée entre le 2 et le 8 septembre – se terminant juste avant le début du débat français à 20 heures (heure de l'Est) ce jour-là. L'échantillon de la première phase a été construit à partir de panels en ligne à l'aide de contingents relatifs à la région (Atlantique, Québec, Ontario et Ouest), à la langue officielle, au sexe et à l'âge (18 à 34 ans, 35 à 54 ans et 55 ans et plus), ainsi que de contingents flexibles pour le sexe et l'âge au sein de la région.

La deuxième phase était conçue de sorte à recontacter les participants ayant terminé la première phase. L'échantillonnage de cette deuxième phase a été réalisé dans un cadre pratique parmi les participants de la première phase, avec un contingent pour la langue officielle. Comme il est décrit dans la section 3.1.1, ce plan visait à aider à cibler l'évolution intra-individuelle des attitudes et comportements politiques clés entre la période juste avant et juste après les débats.

La deuxième phase a été réalisée entre 22 h 35 (heure de l'Est) le 8 septembre – juste après la fin du débat français – et le 16 septembre. L'enquête s'est déroulée en deux étapes. La première étape a eu lieu pendant l'intervalle de 24 heures entre la fin du débat français, le 8 septembre, et le début du débat anglais, le 9 septembre. Lors de cette première étape, l'enquête ne portait que sur le débat français (puisque le débat anglais n'avait pas encore eu lieu), et seuls les participants francophones de la première phase ont été invités à y répondre. Au total, 97 participants francophones ont participé à cette première étape. La deuxième étape de l'enquête a commencé juste après la fin du débat anglais, à 23 heures, heure de l'Est, le 9 septembre. Au cours de cette deuxième étape, la série de questions à débattre en anglais a été ajoutée, et l'enquête a été entreprise auprès des répondants anglophones de la première phase.

La troisième et dernière phase d'enquête constituait un nouvel échantillon représentatif de la population canadienne. Il a été construit à partir de panels en ligne en utilisant la même procédure d'échantillonnage par contingents que celle employée lors de la première phase. L'objectif principal de cette troisième phase était de fournir un aperçu détaillé des préférences des Canadiens pour les futurs débats. Elle a été menée entre le 24 et le 29 novembre.

Afin de renforcer la représentativité de ces trois échantillons en ligne, nous avons créé des pondérations d'enquête pour chaque phase. Ainsi, pour chaque phase, l'échantillon a été pondéré à l'aide d'un algorithme itératif d'ajustement proportionnel basé sur les estimations de la population nationale pour la province (région, dans le cas de la troisième phase), la catégorie d'âge, le sexe, le taux de participation à l'élection de 2019 (taux de participation de 2021, dans le cas de la troisième phase) et le fait que le participant soit né ou non au CanadaNote de bas de page 1. Il convient toutefois de noter que nous présentons des résultats non pondérés pour les questions qui n'ont été posées qu'aux spectateurs du débat (p. ex. leurs évaluations d'aspects précis du débat), car il n'existe évidemment pas de paramètres au niveau de la population pour la composition démographique des spectateurs du débat.

Après les contrôles de qualité des réponses et de la pondération standard, la taille totale des échantillons des phases 1, 2 et 3 était respectivement de N = 2002, N = 995 et N = 488.

3.1.1 Utilisation des changements chez les participants pour évaluer l'incidence des débats

Comme il a été mentionné, on a recontacté les participants de la première phase lors de la deuxième phase dans le but de présenter une série de questions identiques aux mêmes personnes. Nous pouvons ainsi comparer leurs réponses juste avant les débats à leurs réponses juste après les débats. Cela nous permet d'estimer l'incidence des débats, que nous présentons à la section 4.6.

Nous utilisons un cadre de régression pour estimer l'incidence des débats en effectuant une régression de la variation intra-individuelle de chaque résultat d'intérêt par rapport à un indicateur binaire qui prend la valeur 1 si le participant a regardé les débats organisés par la Commission en français ou en anglais et 0 sinon. Nous incluons également dans le modèle des covariables supplémentaires pour le sexe, l'âge en années, l'éducation (en trois catégories) et le revenu. Dans ce cadre, l'estimation par régression de l'incidence de l'observation d'un débat saisit la différence dans le changement entre les phases du résultat d'intérêt entre ceux qui ont regardé un débat et ceux qui ne l'ont pas fait.

À la section 4.6, nous présentons les résultats de cette analyse de régression pour 26 résultats démocratiques différents, allant de l'intérêt politique au choix du vote en passant par la connaissance. La façon dont l'évolution intra-individuelle a été opérationnalisée varie selon le résultat et est détaillée dans le tableau 1. Tous les modèles de régression ont été estimés en utilisant les moindres carrés ordinaires.

Tableau 1 : Opérationnalisation de l'évolution intra-individuelle pour chaque résultat
Numéro des figures Nom du résultat (DV) Opérationnalisation des résultats
23 Évolution de l'intérêt pour les élections fédérales Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 7 sur une échelle de 0 à 10.
Évolution des sujets abordés Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 3 sur une échelle de 0 à 6.
Évolution de la consommation de nouvelles sur les élections fédérales Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 0 sur une échelle de 0 à 4.
Évolution des discussions sur les élections fédérales Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 0 sur une échelle de 0 à 3.
Évolution de l'intérêt pour la politique en général Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 7 sur une échelle de 0 à 10.
Évolution de la consommation de nouvelles en général Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 3 sur une échelle de 1 à 6.
24 Évolution de la connaissance des promesses des partis Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 2 sur une échelle de 0 à 10.
Évolution de la connaissance des conditions économiques et sociales actuelles Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 0 sur une échelle de 0 à 4.
Évolution du niveau de confiance pour voter de manière éclairée Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 7 sur une échelle de 0 à 10.
25 Évolution de la capacité à évaluer la personnalité des chefs de partis Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 15 sur une échelle de 0 à 20.
Évolution de la capacité à évaluer les cinq chefs Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils ont évalué les cinq chefs de parti lors de la première phase, mais ne l'ont pas fait lors de la deuxième phase;

0 s'ils n'ont pas évalué les cinq chefs de parti lors des phases 1 et 2, ou s'ils ont évalué les cinq chefs de parti lors des phases 1 et 2;

1 s'ils n'ont pas évalué les cinq chefs de parti lors de la première phase, mais qu'ils les ont évalués lors de la deuxième phase.
Évolution de la capacité à évaluer les cinq partis Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils ont évalué les cinq partis lors de la première phase, mais ne l'ont pas fait lors de la deuxième phase;

0 s'ils n'ont pas évalué les cinq partis lors des deux premières phases, ou s'ils ont évalué les cinq partis lors des phases 1 et 2;

1 s'ils n'ont pas évalué les cinq partis lors de la première phase, mais qu'ils les ont évalués lors de la deuxième phase.
Évolution de la capacité à placer les cinq partis sur un axe gauche-droite Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils ont placé les cinq partis lors de la première phase, mais ne l'ont pas fait lors de la deuxième phase;

0 s'ils n'ont pas placé les cinq partis lors des phases 1 et 2, ou s'ils ont placé les cinq partis lors des phases 1 et 2;

1 s'ils n'ont pas placé les cinq partis lors de la première phase, mais qu'ils les ont placés lors de la deuxième phase.
26 Évolution de l'évaluation des chefs Pour chaque participant, nous avons d'abord calculé la différence absolue pour chacune des évaluations du thermomètre des opinions à l'égard des chefs entre la première et la deuxième phase, puis nous avons calculé la moyenne de ces différences absolues.

Les évaluations initiales des chefs étaient sur une échelle de 0 à 100.
Évolution de l'évaluation des partis Pour chaque participant, nous avons d'abord calculé la différence absolue pour chacune des évaluations du thermomètre des opinions à l'égard des partis entre la première et la deuxième phase, puis nous avons calculé la moyenne de ces différences absolues.

Les évaluations initiales des partis étaient sur une échelle de 0 à 100.
Évolution du placement sur l'axe gauche-droite Pour chaque participant, nous avons d'abord calculé la différence absolue pour chaque placement sur l'axe gauche-droite des partis entre la première et la deuxième phase, puis nous avons calculé la moyenne de ces différences absolues.

L'échelle originale de placement des partis gauche-droite allait de 0 à 10.
Évolution de l'opinion sur le meilleur parti pour régler l'enjeu le plus important Les participants ont été codés comme suit :

0 si leur réponse demeurait la même lors de la première et de la deuxième phase;

1 si leur réponse lors de la première phase différait de celle donnée lors de la deuxième phase.
27 Évolution du niveau d'efficacité politique Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 1 sur une échelle de 0 à 3.
Évolution du taux de satisfaction à l'égard de la démocratie canadienne Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 2 sur une échelle de 0 à 3.
Évolution de la confiance dans les tribunaux Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 4 sur une échelle de 1 à 5.
Évolution de la confiance dans le gouvernement fédéral Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 3 sur une échelle de 1 à 5.
Évolution de la confiance dans les médias Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 3 sur une échelle de 1 à 5.
Évolution de la confiance dans les partis politiques Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 3 sur une échelle de 1 à 5.
28 Évolution de l'intention de voter Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés de « certain » à « incertain » de voter;

0 s'ils sont demeurés « incertain » ou « certain » de voter;

1 s'ils sont passés d'« incertain » à « certain » de voter.
Évolution du choix de vote Les participants ont été codés comme suit :

0 si leur réponse demeurait la même lors de la première et de la deuxième phase;

1 si leur réponse lors de la première phase différait de celle donnée lors de la deuxième phase.
Évolution de la participation prévue à des activités politiques sans droit de vote Les participants ont été codés comme suit :

-1 s'ils sont passés d'une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase;

0 s'ils sont demeurés à la valeur médiane de la phase 1 ou en dessous, ou s'ils sont demeurés au-dessus de la valeur médiane de la première phase;

1 s'ils sont passés d'une valeur égale ou inférieure à la valeur médiane de la première phase à une valeur supérieure à la valeur médiane de la première phase.

La valeur médiane de la première phase était de 0,333 sur une échelle de 0 à 3.

3.2 Recherche dans les médias sociaux

Une grande partie des discussions politiques canadienne se déroule sur Twitter. Les candidats, les chefs de parti, les journalistes, les organismes de gestion électorale et de nombreux Canadiens utilisent Twitter pour se tenir au courant des dernières évolutions politiques et pour faire part de leurs points de vue sur la politique. Parmi les quelque 35 % de Canadiens qui utilisent Twitter, 46 % de ces utilisateurs (16 % de tous les Canadiens) utilisent la plateforme pour obtenir des renseignements politiquesNote de bas de page 2.

Il existe d'autres plateformes de médias sociaux sur lesquelles les Canadiens ont discuté de l'élection de 2021 : Facebook, Instagram, YouTube, TikTok, Reddit, Tumblr, 4Chan, Gab, Rumble, Telegram, Discord et bien d'autres encore. Le présent rapport s'appuie exclusivement sur les données de Twitter, puisqu'elles sont presque entièrement disponibles et accessibles au public. D'autres sites de médias sociaux peuvent offrir des renseignements supplémentaires en plus de ceux sur Twitter. Il faudrait effectuer d'autres recherches pour évaluer dans quelle mesure les résultats sur Twitter reflètent la communauté en ligne.

Pour la présente analyse, nous utilisons deux sources de données Twitter. Tout d'abord, nous avons suivi un large ensemble de mots-clics et de mots-clés liés à la politique tout au long de l'élection de 2021, ce qui nous a permis d'obtenir un ensemble de données d'environ 12 millions de gazouillis sur une durée de deux semaines avant la période du scrutin à deux semaines après celle-ci. Dans ce groupe, nous avons identifié 84 560 personnes qui ont publié de façon constante des messages portant sur la politique canadienne sur Twitter tout au long de l'élection. Ensuite, nous avons identifié environ 1,6 million de Canadiens probables en fonction de leur description et de leur localisation et avons colligé tous leurs gazouillis au cours de la même période. Nous avons comptabilisé 265 835 comptes qui ont activement gazouillé sur n'importe quel sujet tout au long de l'élection. Ce deuxième ensemble de données est plus représentatif de l'ensemble des conversations canadiennes sur Twitter et permet de connaître dans quelle mesure les Canadiens utilisent Twitter pour la politique et, parmi ceux qui le font, qui a commenté les débats. Les auteurs de l'étude rendent la liste complète des comptes et des mots-clics qui ont fait l'objet d'un suivi disponible sur demande.

Pour aider à évaluer le contenu des gazouillis, nous avons réalisé une analyse des opinions en utilisant le dictionnaire Lexicoder (Young et Soroka, 2012) pour les textes en anglais, et une traduction en français du dictionnaire Lexicoder pour les textes en français (Duval et Pétry, 2016). Ces outils permettent de définir une terminologie positive ou négative qui peut être mesurée dans un ensemble de textes afin de les classer comme généralement négatifs ou positifs. La proportion de mots positifs par rapport aux mots négatifs permet de cerner automatiquement le ton général d'un ensemble de textes.

4 Constatations

4.1 Sensibilisation du public à l'approche des débats

4.1.1 Sensibilisation globale et groupes démographiques

Dans la période précédant les débats, nous avons demandé aux participants de la première phase de l'enquête s'ils avaient connaissance de chacun des débats organisés par la Commission. La figure 1 présente les résultats relatifs au débat des chefs en français du 8 septembre 2021 selon la langue des participants. Quarante pour cent des participants francophones ont indiqué qu'ils avaient effectivement « lu, vu ou entendu » quelque chose sur le débat français; un quart des participants anglophones ont dit la même chose.

Figure 1. Cette figure illustre la connaissance préalable du débat en français : 40 % des francophones et 25 % des anglophones savaient qu'il y aurait un débat en français.
Figure 1:  : Connaissance du débat des chefs en français du 8 septembre 2021, selon la langue des participants. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

La figure 2 présente les résultats relatifs au débat des chefs en anglais du 9 septembre 2021, toujours selon la langue des participants. Cette fois, 26 % des participants anglophones ont indiqué qu'ils avaient effectivement « lu, vu ou entendu » quelque chose sur le débat anglais, tandis que 17 % des participants francophones ont dit la même chose.

Figure 2. Cette figure illustre la connaissance préalable du débat en anglais : 26 % des anglophones et 17 % des francophones savaient qu'il y aurait un débat en anglais.
Figure 2:  : Connaissance du débat des chefs en anglais du 9 septembre 2021, selon la langue des participants. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous soulignons deux éléments en ce qui concerne la sensibilisation prédébat. Tout d'abord, et ce n'est pas très surprenant, la sensibilisation à un débat est plus grande parmi les participants qui parlent la langue du débat : c'est-à-dire plus grande parmi les francophones que les anglophones pour le débat en français, et plus grande parmi les anglophones que les francophones pour le débat en anglais. Il s'agit très probablement d'une fonction des marchés médiatiques dans lesquels les débats sont annoncés et publicisés.

Deuxièmement, la connaissance des débats est relativement faible. Cette faible importance anticipative se reflète dans l'analyse des conversations sur Twitter à la section 4.1.2. Bien que la variation de l'attention portée par les individus à la politique limite naturellement la sensibilisation globale du public aux débats et, plus généralement, à l'élection, il est peut-être encore possible d'accroître la sensibilisation aux débats – en particulier sur le marché anglophone – lors des campagnes électorales fédérales à venir.

Nous avons également étudié comment la sensibilisation aux débats a pu varier selon les groupes démographiques. Pour ce faire, nous avons modélisé un indicateur binaire unique de la connaissance des débats en fonction de l'invalidité, de l'origine ethnique, de la résidence en milieu rural ou urbain, de l'appartenance à une communauté de langue officielle en situation minoritaire et de l'âge. Un graphique des coefficients des MCO, et leurs intervalles de confiance à 95 % associés, est présenté à la figure 3. Nous constatons que : 1) les résidents ruraux étaient environ 6 points de pourcentage moins susceptibles d'être au courant des débats à venir que les résidents urbains; 2) les communautés de langue officielle en situation minoritaire étaient environ 10 points de pourcentage plus susceptibles d'être au courant des débats que celles qui ne sont pas des communautés de langue officielle en situation minoritaire; et 3) chaque année d'âge supplémentaire est associée à une augmentation de 0,3 point de pourcentage de la connaissance des débats. Nous n'avons pas trouvé d'association entre le handicap ou l'origine ethnique et les différences de sensibilisation au débat à un niveau conventionnel de signification statistique.

Figure 3. Cette figure établit une corrélation entre la connaissance de l'existence du débat et divers groupes sociodémographiques. Elle montre que les habitants des régions rurales étaient moins informés des débats que ceux des régions urbaines; que les minorités de langue officielle étaient davantage au fait des débats que les personnes ne faisant pas partie de ces minorités; que les personnes plus âgées étaient plus sensibilisées aux débats.
Figure 3:  : Corrélations démographiques de la sensibilisation aux débats. Remarque : intervalles de confiance à 95 %. Les réponses à l'enquête sont pondérées. La variable dépendante est binaire (1 si le participant a déclaré être au courant de l'un ou l'autre des débats; 0 sinon). L'invalidité est mesurée par l'autodéclaration des participants; la catégorie de référence est « sans invalidité ». L'origine ethnique/ascendance est classée comme suit : Européen, Non européen, Autochtone ou Plusieurs origines ethniques; la catégorie de référence est « Européen ». Le milieu rural comprend les participants qui déclarent vivre dans « une petite municipalité » ou « un lieu rural »; la catégorie de référence est le milieu urbain (c.-à-d. les participants qui déclarent vivre dans « une grande ville », « une ville de taille moyenne » ou « une grande municipalité »). Les communautés de langue officielle en situation minoritaire comprennent soit (a) un participant qui a appris le français dans son enfance, qui comprend toujours le français et qui vit à l'extérieur du Québec; soit (b) un participant qui a appris l'anglais dans son enfance, qui comprend toujours l'anglais et qui vit au Québec; la catégorie de référence est « n'appartient pas à une communauté de langue officielle en situation minoritaire ». L'âge en années est traité comme une variable continue.

Avant les débats, le public a été invité à soumettre des questions ou des sujets à traiter lors des débats. Dans la première vague de l'enquête, nous avons demandé aux participants s'ils avaient entendu parler de cette possibilité. Les résultats, présentés à la figure 4, montrent qu'une très grande majorité d'entre eux n'en avaient pas entendu parler. Nous constatons que seulement 16 % des Canadiens savaient qu'ils pouvaient soumettre des points à aborder. Comme pour la sensibilisation du public aux débats en général, il est possible d'accroître la mobilisation du public lors des futures campagnes électorales. En effet, comme nous le montrons dans la section 4.7.3, le public soutient largement les débats dans lesquels les « citoyens ordinaires » posent des questions aux chefs des partis. Ainsi, une sensibilisation accrue au processus de soumission des questions peut susciter un plus grand intérêt pour les débats eux-mêmes.

Figure 4. Cette figure indique que 16 % des Canadiens savaient qu'ils pouvaient proposer des questions ou des sujets pour les débats des chefs.
Figure 4:  : Connaissance de la possibilité pour le public de soumettre des questions et des sujets de discussion pour un débat des chefs. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

4.1.2 Mentions sur Twitter avant les débats

Nous avons également évalué l'anticipation des débats à l'aide des données de Twitter. Nous avons ici recherché dans l'ensemble des gazouillis sur la politique canadienne les mentions de « débat » et « debate » et des noms des animateurs. La figure 5 montre les mentions liées aux débats, de trois jours avant le débat des chefs en français à trois jours après le débat des chefs en anglais. Le panneau supérieur montre le volume de gazouillis en français et le panneau inférieur montre le volume de gazouillis en anglais. Les discussions anticipées ont été minimes sur Twitter, l'essentiel des conversations ayant eu lieu pendant les débats eux-mêmes et le lendemain du débat en anglais.

Figure 5. Cette figure montre les gazouillis publiés en français et en anglais entre le 6 et le 12 septembre, l'axe Y indiquant le nombre de gazouillis initiaux qui, par tranche de 10 minutes, évoquent le débat. Il y a peu d'activités d'anticipation sur Twitter, et la majorité des gazouillis ont paru pendant les débats (les gazouillis en français pendant le débat en français, et les gazouillis en anglais pendant le débat en anglais). Des conversations sur le débat ont persisté les 10 et 11 septembre, mais rendu au 12 septembre, les échanges étaient très peu nombreux, aussi bien en français qu'en anglais.
Figure 5:  : Volume de gazouillis relatifs aux débats dans la semaine entourant les débats des chefs.

4.2 Auditoire des débats

4.2.1 Auditoire global et groupes démographiques

Nous avons analysé les détails de l'auditoire en utilisant les déclarations volontaires de la deuxième vague de l'enquête. La figure 6 présente le visionnement du débat en français selon la langue des participants. Nous estimons qu'un peu moins d'un tiers des francophones (32 %), principalement du Québec, ont regardé le débat en français du 8 septembre. Moins d'un Canadien anglophone sur dix (8,4 %) a fait de même.

Figure 6. Cette figure illustre l'auditoire du débat en français selon la langue du participant. On y voit que 32 % des francophones et 8 % des anglophones ont suivi le débat en français.
Figure 6:  : Auditoire du débat en français, par langue des participants. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

La figure 7 présente l'auditoire du débat en anglais – de nouveau ventilé selon la langue des participants. Nous estimons que 29 % des anglophones ont regardé le débat en anglais du 9 septembre, tandis que 14 % des francophones ont fait de même.

Figure 7. Cette figure illustre l'auditoire du débat en anglais, par langue. On y voit que 29 % des anglophones et 14 % des francophones ont suivi le débat en anglais.
Figure 7:  : Auditoire du débat en anglais, par langue des participants. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Comme nous l'avons fait dans notre analyse de la sensibilisation avant les débats, nous examinons également la façon dont le visionnement des débats varie parmi certains groupes démographiques. Pour ce faire, nous avons modélisé un indicateur binaire de l'auditoire des débats en fonction de l'invalidité, de l'origine ethnique, de la résidence en milieu rural ou urbain, de l'appartenance à une communauté de langue officielle en situation minoritaire et de l'âge. La figure 8 présente les estimations de points au moyen de la méthode des moindres carrés ordinaires et leurs intervalles de confiance à 95 %. Ces résultats indiquent un schéma similaire à celui de la sensibilisation avant les débats. Nous constatons : (1) que les résidents en milieu rural étaient moins susceptibles, par une marge d'environ 10 points de pourcentage, de regarder un débat que les résidents en milieu urbain; et (2) que ceux appartenant à une communauté de langue officielle en situation minoritaire étaient moins susceptibles, par une marge de 15 points de pourcentage, de regarder un débat que ceux n'appartenant pas à une communauté de langue officielle en situation minoritaire. La situation d'invalidité, l'origine ethnique/ascendance et l'âge n'ont pas eu d'incidence statistiquement significative sur le fait d'avoir regardé les débats au niveau p < 0,05.

Figure 8. Cette figure établit une corrélation entre l'auditoire des débats et divers groupes sociodémographiques. Elle montre que les habitants des régions rurales étaient moins susceptibles d'écouter un débat que ceux des régions urbaines, et que les personnes appartenant aux minorités de langue officielle étaient davantage portées à écouter un débat que celles n'en faisant pas partie.
Figure 8:  : Corrélations du visionnement des débats par groupe démographique. Remarque : intervalles de confiance à 95 %. Les réponses à l'enquête sont pondérées. La variable dépendante est binaire (1 si le participant a déclaré avoir regardé au moins un des deux débats organisés par la Commission; 0 sinon). L'invalidité est mesurée par l'autodéclaration des participants; la catégorie de référence est « sans invalidité ». L'origine ethnique/ascendance est classée comme suit : Européen, Non européen, Autochtone ou Plusieurs origines ethniques; la catégorie de référence est « Européen ». Le milieu rural comprend les participants qui déclarent vivre dans « une petite municipalité » ou « un lieu rural »; la catégorie de référence est le milieu urbain (c.-à-d. les participants qui déclarent vivre dans « une grande ville », « une ville de taille moyenne » ou « une grande municipalité »). Les communautés de langue officielle en situation minoritaire comprennent soit (a) un participant qui a appris le français dans son enfance, qui comprend toujours le français et qui vit à l'extérieur du Québec; soit (b) un participant qui a appris l'anglais dans son enfance, qui comprend toujours l'anglais et qui vit au Québec; la catégorie de référence est « n'appartient pas à une communauté de langue officielle en situation minoritaire ». L'âge en années est traité comme une variable continue.

4.2.2 Durée du visionnement

Nous avons approfondi notre compréhension des schémas de visionnement en posant la question suivante aux personnes qui ont regardé/écouté un débat : combien de temps avez-vous passé à regarder ou à écouter le débat? La figure 9 montre la répartition des réponses. Le schéma est similaire pour les deux débats : une majorité de ceux qui ont suivi le débat l'ont fait pendant une majorité du temps. Environ un quart de l'auditoire de chaque débat a suivi l'intégralité du débat de deux heures. Par ailleurs, environ 35 % de l'auditoire du débat en français – et 37 % de l'auditoire du débat en anglais – a regardé/écouté pendant 30 minutes ou moins.

Figure 9. Cette figure montre le pourcentage de téléspectateurs du débat selon la durée d'écoute. Elle sépare les données entre ceux qui ont écouté le débat en français, et ceux qui l'ont écouté en anglais. Pour les deux débats, la majorité des gens en ont écouté la majeure partie.
Figure 9:  : Durée du visionnement, par débat. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

Nous pensons que ces résultats – en particulier le fait que seulement environ un quart de l'auditoire a regardé/écouté le débat complet de deux heures – constituent un point de réflexion important pour comprendre comment les Canadiens choisissent de consommer les débats des chefs modernes. Ils fournissent également un contexte supplémentaire pour l'interprétation des répercussions du visionnement des débats présentées à la section 4.6.

4.2.3 Support de diffusion

On a également demandé aux répondants comment ils avaient regardé ou écouté les débats, soit à la télévision, à la radio ou en ligne. Les résultats sont présentés, pour les deux débats, à la figure 10. Les résultats sont pratiquement identiques pour les débats en français et en anglais : la grande majorité des répondants – près de quatre sur cinq – les ont regardés à la télévision. Un peu moins d'un sur cinq les ont regardés en ligne et seulement 3 à 4 % les ont écoutés à la radio. En bref, la télévision reste le support dominant de la consommation de débats.

Figure 10. Cette figure indique les médias utilisés par les participants pour voir ou écouter les débats. Tant pour le débat en anglais qu'en français, plus de 75 % des répondants l'ont suivi à la télévision, 18 % l'ont vu en ligne et de 3 à 4 % l'ont écouté à la radio.
Figure 10:  : Support de diffusion, par débat. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

4.3 Raisons de ne pas suivre les débats

Pour ceux qui ont indiqué qu'ils n'ont pas regardé le débat, nous avons approfondi la question en leur demandant quelle était la principale raison pour laquelle ils ne l'avaient pas regardé. La figure 11 présente les réponses des personnes qui n'ont pas regardé le débat en français et la figure 12 présente les mêmes réponses pour les personnes qui n'ont pas regardé le débat en anglais.

Figure 11. Cette figure indique les principales raisons évoquées par ceux qui n'ont pas écouté le débat en français. La raison la plus souvent fournie (37 %) était que le participant ne parlait pas français et ne voulait pas entendre une version traduite. Parmi les autres raisons courantes, notons : « J'étais trop occupé » (16 %) et « J'ai déjà fait mon choix » (15 %).
Figure 11:  : Raisons de ne pas suivre le débat en français. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

La réponse la plus fréquente des répondants qui n'ont pas regardé le débat en français est que le participant ne parlait pas français et ne voulait pas écouter la traduction – ce qui n'est peut-être pas surprenant étant donné que cette question a été posée à tous ceux qui n'ont pas regardé le débat en français – francophones et anglophones confondus. La deuxième réponse la plus fréquente est « J'étais trop occupé » (16 %). Une autre série de réponses communes concerne la perception d'inutilité du débat ou un manque d'intérêt pour la politique de manière plus générale : « Je sais déjà pour qui je vais voter » (15 %), « Je ne pense pas que les débats soient utiles » (8 %) et « La politique ne m'intéresse pas » (8 %). Un autre sous-ensemble de réponses, plus restreint, reflète un manque de connaissance de la diffusion du débat ou à un manque d'accès au débat : « Je ne savais pas qu'il y avait un débat » (6 %), « Je n'ai pas pu regarder ou écouter le débat » (3 %) et « Je ne savais pas où regarder ou écouter le débat » (2 %).

Figure 12. Cette figure indique les principales raisons données par ceux qui n'ont pas écouté le débat en anglais. « J'étais trop occupé » était la raison la plus souvent fournie (28 %). Parmi les autres raisons courantes, notons : « J'ai déjà fait mon choix » (25 %) et « Je ne crois pas à l'utilité des débats » (13 %).
Figure 12:  : Raisons de ne pas suivre le débat en anglais. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

À l'exception de la raison liée à la langue, les réponses de ceux qui n'ont pas suivi le débat en anglais reflètent largement les réponses de ceux qui n'ont pas suivi le débat en français. La réponse la plus fréquente (28 %) est « J'étais trop occupé ». La deuxième série de réponses les plus courantes souligne de nouveau la perception d'un manque de valeur du débat et de la politique ou d'un manque d'intérêt à cet égard : « Je sais déjà pour qui je vais voter » (25 %), « Je ne pense pas que les débats soient utiles » (13 %) et « La politique ne m'intéresse pas » (10,7 %). Seule une faible proportion de ceux qui n'ont pas regardé le débat en anglais l'ont attribué à un manque de connaissance ou d'accès : « Je ne savais pas qu'il y avait un débat » (8 %), « Je n'ai pas pu regarder ou écouter le débat » (4 %) et « Je ne savais pas où regarder ou écouter le débat » (4 %).

Ces résultats sont encourageants dans la mesure où les raisons de ne pas regarder le débat ne se résument généralement pas à un problème technique d'accès : seuls 5 à 10 % des personnes n'ayant pas regardé le débat ont déclaré ne pas l'avoir fait parce qu'elles n'avaient pas pu regarder le débat ou ne savaient pas comment le faire. En revanche, une proportion importante invoque un manque d'intérêt. Bien qu'il soit probablement possible de convaincre certains de ces Canadiens de la valeur des débats, l'auditoire futur sera naturellement limité par l'intérêt des individus pour la politique. Le fait d'être « trop occupé » pour le regarder est plus difficile à interpréter. Pour certains, cela pourrait encore refléter un manque d'intérêt pour le débat, mais pour d'autres, cela pourrait refléter des conflits d'horaires insolubles comme le travail ou la garde des enfants. Cela suggère une réflexion plus approfondie sur l'heure où il convient de programmer un débat, compte tenu des fuseaux horaires canadiens, ainsi que sur la possibilité de promouvoir l'accès à des extraits des débats après coup (dans la section 4.7.6, nous abordons la question de savoir quand les Canadiens aimeraient regarder un débat en direct).

4.4 Mobilisation à l'égard des débats

4.4.1 Mobilisation sur Twitter

Les débats des chefs ont été des moments importants des élections sur Twitter. La figure 13 montre le volume de gazouillis liés à la politique canadienne du 8 août au 28 septembre 2021, le panneau supérieur montrant les gazouillis en français et le panneau inférieur les gazouillis en anglais. Les 8 et 9 septembre, dates des débats des chefs, ont été parmi les périodes les plus concentrées de discussions sur la politique canadienne dans les deux langues. Le jour du débat en français a été, de loin, celui où l'on a enregistré le plus d'activité sur Twitter liée à la politique en français de la campagne – dépassant largement le jour du scrutin lui-même. Le jour du débat en anglais a connu la deuxième plus forte activité sur Twitter liée à la politique en anglais de la campagne, là aussi plus élevée que le jour du scrutin.

Figure 13. Cette figure illustre la totalité des gazouillis en français et en anglais qui, entre le 8 août et le 28 septembre, traitaient de la politique canadienne. L'activité en français sur Twitter a culminé le 8 septembre, date du débat des chefs en français. Les trois jours d'activité en anglais les plus occupés s'étalaient du 7 au 9 septembre, soit la période englobant les deux débats des chefs.
Figure 13:  : Volume de gazouillis sur la politique canadienne pendant la campagne électorale fédérale de 2021, les jours de débats des chefs étant mis en évidence.

En outre, nous avons relevé les gazouillis liés aux débats à partir de mots-clés, en utilisant de nouveau « débat », « debate », les noms des animateurs et les noms des chefs de partis. Au total, 107 889 gazouillis et gazouillis partagés liés aux débats ont été publiés au cours des quatre heures des deux débats : 31 090 pendant le débat en français et 76 799 pendant le débat en anglais.

Tout au long des élections, nous avons relevé 84 560 comptes publiant habituellement des messages sur la politique et évalué dans quelle mesure ce groupe politiquement actif faisait part également de ses opinions lors des débats des chefs. La figure 14 montre le nombre et le pourcentage d'utilisateurs qui commentent habituellement la politique canadienne et qui ont gazouillé en direct sur les débats.

Figure 14. Cette figure montre deux mesures du nombre de personnes qui ont gazouillé en direct pendant les débats des chefs. Elle indique le nombre absolu d'utilisateurs de Twitter ayant écrit en français, et ceux qui ont écrit en anglais pendant les deux débats, la catégorie la plus nombreuse étant celle des personnes ayant gazouillé en anglais pendant le débat en anglais (20 878 occurrences). La figure signale aussi le pourcentage de Canadiens connus pour discuter régulièrement des élections canadiennes qui ont gazouillé en direct pendant les débats.
Figure 14:  : Nombre de Canadiens ayant gazouillé en direct sur les débats, en pourcentage de tous les utilisateurs déterminés comme discutant régulièrement des élections canadiennes sur Twitter.

Plus de 40 % des utilisateurs francophones ayant l'habitude de publier des messages l'ont fait au cours des deux heures du débat en français, contre seulement 11 % des utilisateurs anglophones. Un peu plus de 25 % des utilisateurs francophones et anglophones ont gazouillé en direct sur le débat en anglais. Les sujets et le contenu de ces gazouillis étaient variés et comprenaient des encouragements à des chefs de partis particuliers, des discussions sur le format et le contenu du débat, et des commentaires sur des domaines de politique précis.

Pour approfondir la conversation liée au débat pendant les deux débats sur Twitter, nous pouvons examiner le volume de gazouillis publiés pendant et immédiatement après chaque débat. Les figures 15 et 16 montrent ces résultats. Les débats sont divisés en fonction de leurs domaines thématiques selon l'heure du gazouillis. Le graphique du bas montre l'analyse post-débat et les mêlées de presse post-débat avec les chefs. Le volume des conversations sur Twitter a augmenté tout au long des débats en anglais et en français. Il convient toutefois d'être prudent lorsqu'on attribue des changements dans le volume des gazouillis à des changements dans le sujet du débat.

Figure 15. Cette figure montre le nombre total de gazouillis et de gazouillis partagés pendant (section supérieure) et immédiatement après (section inférieure) le débat en français. La couleur des barres indique le segment de la couverture du débat ou de l'après débat. Le volume d'activité sur Twitter est au plus bas au début du débat. Les 15 dernières minutes du débat, lorsque les candidats ont discuté de justice et d'affaires internationales, ont généré le volume le plus élevé : quelque 350 gazouillis par minute. Dans les 90 minutes qui ont suivi le débat, l'activité sur Twitter était constante : environ 200 gazouillis traitant du débat par minute.
Figure 15:  : Activité sur Twitter liée au débat pendant et immédiatement après le débat en français.

La figure 16 montre les mêmes volumes pour le débat en anglais et la période post-débat immédiate. Le volume a été plus stable tout au long du débat, mais a baissé après le débat. Le fait de commencer le débat en anglais à 21 h, heure de l'Est – une heure plus tard que le débat en français – a peut-être contribué à cette baisse d'intérêt, le nombre de gazouillis relatifs au débat étant tombé à environ 250 par minute pendant les dernières conférences de presse de la soirée.

Figure 16. Cette figure illustre le nombre total de gazouillis et de gazouillis partagés pendant (section supérieure) et immédiatement après (section inférieure) le débat en anglais. La couleur des barres indique le segment de la couverture du débat ou de l'après débat. Au plus bas au début du débat, le volume d'activité sur Twitter a augmenté à partir du premier sujet (leadership et reddition de comptes) et est demeuré constant du deuxième sujet (changements climatiques) jusqu'à la fin du débat, à environ 750 gazouillis par minute. Après le débat, on constate une baisse constante de l'activité sur Twitter associée au débat. Les trois dernières conférences de presse – pour MM. Trudeau, Singh et Paul – n'ont chacune récolté que plus ou moins 275 gazouillis par minute sur le débat.
Figure 16:  : Activité sur Twitter liée au débat pendant et immédiatement après le débat en anglais.

4.4.2 Discussion sur les débats avec d'autres personnes

Dans la deuxième vague de l'enquête, on a demandé à tous les participants – qu'ils aient ou non regardé un débat – s'ils avaient discuté avec d'autres personnes de ce qui s'était passé dans chaque débat. On a également demandé aux participants, toujours pour chaque débat, s'ils avaient commenté sur les médias sociaux ce qui s'était passé lors du débat. Les résultats sont présentés à la figure 17, ventilés par le visionnement des débats. Ces résultats mettent en évidence un bon degré de mobilisation envers les débats après coup : près de la moitié (47 %) des téléspectateurs du débat en français ont discuté de ce qui s'est passé avec d'autres personnes, et près de deux téléspectateurs du débat en anglais sur cinq (39 %) ont fait de même. La mobilisation en ligne a été plus modeste, mais tout de même encourageante : 23 % des téléspectateurs du débat en français et 12 % des téléspectateurs du débat en anglais ont commenté les débats respectifs en ligne. La mobilisation de ce ceux qui n'ont pas regardé le débat (colonne de droite) est beaucoup plus limitée : moins de 5 % de ceux-ci ont discuté des débats ou les ont commentés en ligne.

Figure 17. Cette figure indique le pourcentage d'auditeurs ou de non-auditeurs du débat qui en ont discuté et l'ont commenté en ligne. Une grande proportion d'auditeurs a discuté du débat avec d'autres : 47 % pour le débat en français, et 39 % pour le débat en anglais. Relativement peu de personnes n'ayant pas suivi les débats en ont discuté ou les ont commentés en ligne.
Figure 17:  : Discussion sur les débats, en fonction du visionnement des débats. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

4.5 Évaluations des débats

4.5.1 Évaluations basées sur l'enquête

Lorsque les participants de la deuxième vague ont déclaré avoir regardé un débat organisé par la Commission, nous avons effectué un suivi avec une série de questions visant à obtenir leur opinion sur un large éventail d'aspects du débat. Les participants ont été invités à indiquer s'ils étaient fortement en désaccord, plutôt en désaccord, plutôt d'accord ou fortement d'accord avec une série de 11 énoncés concernant le débat. La figure 18 présente les résultats pour les téléspectateurs du débat en français sous la forme du pourcentage d'accord avec chaque énoncé (c.-à-d. en combinant ceux qui sont plutôt ou fortement d'accord).

Figure 18. Cette figure indique l'évaluation que font les auditeurs du débat en français. La vaste majorité d'entre eux estimaient que le modérateur avait posé de bonnes questions et traité équitablement les chefs. Seulement 43 % des auditeurs trouvaient que les réponses des chefs étaient claires.
Figure 18:  : Pourcentage d'accord avec les énoncés concernant divers aspects du débat en français. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

Les téléspectateurs du débat en français ont généralement donné de bonnes notes à l'animateur. De larges majorités ont estimé qu'il avait posé des questions intéressantes (80 %) et qu'il avait traité les chefs de manière équitable (79 %). Par ailleurs, près de 2 téléspectateurs du débat en français sur 3 (65 %) ont estimé que la participation des journalistes supplémentaires était utile. La principale réserve à l'égard de l'animation du débat concerne la gestion du temps de parole des chefs : 62 % ont déclaré que l'animateur « aurait dû davantage interrompre les chefs lorsque cela était justifié » et 56 % ont estimé que les chefs n'ont pas eu assez de temps pour « débattre directement entre eux ». La gestion du temps de parole des chefs est une question épineuse, sur laquelle nous reviendrons à la section 4.7. Nous notons également ici la frustration récurrente que les participants aux groupes de discussion ont éprouvée en essayant de suivre les échanges au cours desquels les chefs parlaient en même temps.

En ce qui concerne les jugements généraux sur le débat et son format, environ 3 téléspectateurs du débat en français sur 5 (59 %) ont trouvé le débat instructif. Par ailleurs, une fraction légèrement plus faible (57 %) a trouvé le débat « sans intérêt », et 64 % des répondants ont déclaré que « les sujets les plus importants [pour eux] n'avaient pas été abordés ». Les téléspectateurs du débat en français ont été plus partagés (50 %) sur une autre question cruciale relative au format, à savoir si « les chefs étaient trop nombreux » (nous exposons en détail les préférences des Canadiens en matière de participation des chefs à la section 4.7).

Enfin, les téléspectateurs du débat en français ont donné une note mitigée aux chefs de partis. Une majorité (56 %) a trouvé que les chefs « se sont montrés respectueux les uns envers les autres ». Moins de la moitié des téléspectateurs (43 %) ont estimé que les réponses des chefs étaient « claires ». Cela correspond à une préoccupation commune des participants au groupe de discussion qui, après avoir visionné des extraits du débat, ont trouvé que les réponses des chefs manquaient de détails.

La figure 19 présente les résultats pour les téléspectateurs du débat en anglais. Les jugements des téléspectateurs du débat en anglais reflètent ceux des téléspectateurs du débat en français. Là encore, les meilleures notes sont réservées à l'animatrice et aux journalistes participants. De larges majorités estiment que l'animatrice a posé des questions intéressantes (77 %) et a traité les chefs de manière équitable (76 %). En outre, plus de trois quarts (76 %) des téléspectateurs ont trouvé utile la participation des journalistes supplémentaires. Cependant, comme pour le débat en français, environ 3 téléspectateurs sur 5 (59 %) pensent que l'animatrice aurait dû faire davantage pour « interrompre » les chefs, tandis qu'une majorité (57 %) estime que l'animatrice « n'a pas donné assez de temps aux chefs pour débattre directement entre eux ».

Figure 19. Cette figure indique l'évaluation que font les auditeurs du débat en anglais. La vaste majorité d'entre eux estimaient que le modérateur avait posé de bonnes questions, et que la participation des autres journalistes était utile. Seulement 44 % des auditeurs trouvaient que les réponses des chefs étaient claires.
Figure 19:  : Pourcentage d'accord avec les énoncés concernant divers aspects du débat en anglais. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées.

En ce qui concerne le débat et son format, 63 % des téléspectateurs du débat en anglais ont estimé que le débat était « instructif ». Un nombre plus faible (53 %) a également trouvé le débat « sans intérêt ». Comme pour le débat en français, une majorité de téléspectateurs (57 %) a estimé que « les sujets les plus importants [pour eux] n'avaient pas été abordés ». Les téléspectateurs sont mitigés sur la question de la participation des chefs : 47 % sont d'accord avec l'énoncé selon lequel « les chefs étaient trop nombreux ».

Les chefs de partis ont également reçu des avis mitigés de la part des téléspectateurs du débat en anglais. La moitié (50 %) ont qualifié leur comportement pendant le débat de « respectueux », et moins de la moitié (44 %) ont qualifié leurs réponses de « claires ».

Pour compléter ces évaluations d'aspects précis du débat, nous avons également demandé aux participants d'évaluer les débats de manière plus générale sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifiait « un très mauvais débat » et 10 « un très bon débat ». Nous avons posé cette question non seulement aux participants qui ont regardé le débat, mais aussi à ceux qui ne l'ont pas regardé, à condition qu'ils aient lu, vu ou entendu au moins quelques nouvelles ou commentaires sur ce qui s'est passé dans le débat. La figure 20 présente, pour chaque débat, l'évaluation moyenne du débat (sur une échelle de 0 à 10) pour trois types différents de participants à l'enquête : (1) ceux qui ont regardé le débat, mais n'ont pas consommé de nouvelles ou de commentaires à son sujet; (2) ceux qui ont regardé le débat et ont consommé au moins quelques nouvelles ou commentaires à son sujet; et (3) ceux qui n'ont pas regardé le débat, mais ont consommé au moins quelques nouvelles ou commentaires à son sujet.

Figure 20. Cette figure signale de quelle façon les différents types de personnes ont évalué les débats en français et en anglais. Elle indique que, en moyenne, les personnes qui ont visionné un débat en avaient une opinion un peu plus favorable que celles ne l'ayant pas visionné mais qui suivaient les bulletins de nouvelles ou les commentaires ayant trait aux débats.
Figure 20:  : Évaluation générale de chaque débat (de 0 – « un très mauvais débat » à 10 – « un très bon débat »), par type de participant. Remarque : les réponses à l'enquête ne sont pas pondérées. Le terme « téléspectateur sans nouvelles » désigne les personnes qui ont regardé le débat, mais n'ont pas consommé de nouvelles ou de commentaires à son sujet; le terme « téléspectateur avec nouvelles » désigne les personnes qui ont regardé le débat et ont consommé au moins quelques nouvelles ou commentaires à son sujet; et le terme « non-téléspectateur avec nouvelles » désigne les personnes qui n'ont pas regardé le débat mais ont consommé au moins quelques nouvelles ou commentaires à son sujet.

Les téléspectateurs de chaque débat ont généralement donné une note légèrement positive, la note moyenne se situant autour de 6 sur une échelle de 0 à 10. Les participants qui n'ont pas vu le débat, mais ont consommé des nouvelles ou des commentaires ont eu une évaluation un peu moins favorable. En effet, dans le cas des débats en français et anglais, les téléspectateurs du débat qui ont consommé des nouvelles ont eu une évaluation statistiquement plus positive que les non-téléspectateurs qui ont consommé des nouvelles (les téléspectateurs du débat qui n'ont pas consommé de nouvelles sur le débat ne constituaient qu'une petite fraction de l'échantillon, et leur évaluation moyenne doit donc être interprétée avec prudence). Bien que ce résultat ne soit que suggestif, la différence d'évaluation entre les téléspectateurs et les non-téléspectateurs implique que le fait de regarder réellement un débat – plutôt que de simplement consommer des nouvelles ou des commentaires à son sujet après coup – peut être associé à des opinions plus favorables sur le débat.

4.5.2 Évaluations basées sur Twitter

Ensuite, nous nous tournons vers une analyse basée sur le caractère des conversations sur Twitter pendant et immédiatement après les débats. La figure 21 montre le caractère général des gazouillis liés au débat en français (panneau supérieur) et au débat en anglais (panneau inférieur). Le caractère lié aux deux est resté proche de la position neutre (0,5), la tendance la plus notable étant un caractère plus négatif dans les gazouillis suivant le débat en français.

Figure 21. Cette figure indique le sentiment moyen qui se dégage des gazouillis sur les débats, pendant et immédiatement après les deux débats des chefs. La section supérieure s'apparente au débat en français, et la section inférieure au débat en anglais. Chaque minute est assortie d'un pourcentage moyen d'appréciation qui varie entre 30 % et 65 %, un pourcentage plus élevé traduisant une meilleure impression. Le débat en français inspirait en général un sentiment plus positif, mais un sentiment plus négatif transpirait de la période suivant le débat. Le sentiment associé au débat en anglais était plus modéré mais constant pendant la période à l'étude.
Figure 21:  : Caractère des gazouillis relatifs aux débats pendant et immédiatement après les deux débats des chefs.

Nous utilisons une méthodologie similaire pour examiner des thèmes précis de la discussion. La figure 22 montre le caractère général pour une variété de mots-clics liés aux élections, ainsi que pour les mentions des animateurs des débats. Le lexique des caractères employé dans ce cas permet de définir correctement les mots-clics positifs et négatifs, les mots-clics anti-Trudeau et anti-Parti conservateur ayant un caractère négatif général et les mots-clics pro libéraux, pro conservateurs et pro NPD ayant un caractère positif général. Les thèmes liés aux débats sont ceux dont les barres sont les plus foncées et se situent entre les mots-clics pro et anti, avec un caractère général d'environ 0,5 – une position neutre. Les gazouillis mentionnant l'animateur du débat en français étaient un peu plus positifs que ceux concernant l'animatrice du débat en anglais, bien que le mot-clic du débat en anglais soit légèrement plus positif que celui du débat en français.

Figure 22. Cette figure montre le sentiment moyen qui se dégage de 15 mots-clics et mentions des modérateurs des débats en anglais et en français. En partant de la partie supérieure de l'axe Y, les mots-clics vont de positifs à négatifs. L'axe X indique le score de sentiment moyen par mot-clic, la valeur 0,5 ou le sentiment neutre étant indiqué. Trois des quatre mots-clics liés au débat sont légèrement positifs, tandis que les mentions concernant le modérateur du débat en anglais sont plutôt négatives.
Figure 22:  : Évaluation du caractère lié aux mots-clics des débats par rapport aux mots-clics populaires de la politique canadienne

4.6 Répercussions du visionnement des débats

Dans cette section, nous explorons les répercussions du visionnement des débats sur un vaste éventail de résultats politiques – de la mobilisation aux connaissances en passant par le comportement. Pour ce faire, nous avons recontacté une partie des participants à l'enquête préalable aux débats de la première vague et leur avons posé la même série de questions dans l'enquête postérieure aux débats de la deuxième vague. De cette façon, nous pouvons calculer les différences intra-individuelles, le cas échéant, dans ces résultats. De plus, en comparant ces différences intra-individuelles entre ceux qui ont regardé un débat et ceux qui ne l'ont pas regardé, nous obtenons une indication importante de l'incidence du visionnement des débats sur ces différents résultats. Les détails de la méthodologie utilisée pour estimer les répercussions des débats se trouvent à la section 3.1.1.

4.6.1 Sur la mobilisation politique

Nous commençons par explorer l'incidence du visionnement des débats sur six résultats destinés à saisir la mobilisation envers les élections et la politique en général. La figure 23 présente, pour chacun des six résultats, les prévisions du modèle pour ceux qui ont regardé au moins un débat organisé par la Commission et pour ceux qui n'ont regardé aucun débat organisé par la Commission – ainsi que les intervalles de confiance à 95 % associés à chaque prévision du modèle.

Figure 23. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur les résultats de l'engagement politique. Le visionnement du débat était associé à une hausse de l'intérêt accordé aux élections fédérales, à un suivi plus serré des élections fédérales dans l'actualité et à un intérêt accru pour la politique en général.
Figure 23:  : Incidence du visionnement des débats sur les résultats en matière de mobilisation politique. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous faisons trois constatations. Premièrement, le fait de regarder un débat est associé à une augmentation de l'intérêt pour les élections fédérales. Par rapport aux personnes qui n'ont pas regardé le débat, celles qui l'ont regardé ont affiché une augmentation nette de 6 points de pourcentage de leur intérêt autodéclaré pour les élections. Deuxièmement, le fait de regarder un débat est associé à une augmentation de la consommation de nouvelles sur les élections fédérales. Ceux qui ont regardé le débat ont affiché une augmentation nette de 8 points de pourcentage de leur consommation de nouvelles sur les élections par rapport à ceux qui ne l'ont pas regardé. Troisièmement, le visionnement des débats a suscité un intérêt accru pour la politique en général. Par rapport à ceux qui n'ont pas regardé le débat, ceux qui l'ont regardé ont affiché une augmentation nette de 6 points de pourcentage de l'intérêt politique général autodéclaré. De plus, le fait de regarder un débat semble avoir contribué à une plus grande discussion sur les élections fédérales – bien que la différence entre ceux qui ont regardé le débat et ceux qui ne l'ont pas regardé n'approche que le niveau conventionnel de signification statistique (p = 0,08).

Nous n'avons pas trouvé de preuves statistiquement significatives que le fait de regarder un débat était associé à un nombre plus fréquent de « sujets abordés » (c.-à-d. à l'énumération d'un plus grand nombre de sujets d'intérêt pour l'élection) ou à un plus grand volume de consommation de nouvelles en général. Dans l'ensemble, ces résultats indiquent que les débats ont réussi à susciter une plus grande mobilisation politique chez ceux qui les ont regardés.

4.6.2 Sur les connaissances politiques

Ensuite, nous nous penchons sur la question de savoir si le fait de regarder un débat a conduit à de meilleures connaissances politiques. Dans la figure 24, nous examinons cette question sous trois angles différents. Premièrement, nous avons étudié la connaissance des promesses des partis. Les participants ont reçu une série de 10 promesses de campagne (deux pour chacun des partis participant aux débats organisés par la Commission) et ont été invités à indiquer le parti qui avait fait la promesse, le cas échéant. Ensuite, nous avons exploré la connaissance des conditions économiques et sociales actuelles avec une série de quatre questions factuelles sur le déficit fédéral, le taux de chômage, les émissions de gaz à effet de serre et le prix des maisons. Troisièmement, nous avons étudié le degré de confiance des participants quant au fait d'en savoir « suffisamment pour voter de manière éclairée » lors des élections.

Figure 24. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur trois résultats ayant trait à la culture politique : connaissance des engagements des partis, connaissance des actuelles conditions socioéconomiques et assurance de choisir le bon candidat. Le visionnement du débat n'était pas associé aux changements ayant marqué ces trois résultats.
Figure 24:  : Incidence du visionnement des débats sur les résultats en matière de connaissances politiques. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Rien ne permet de conclure que le débat a eu une incidence sur ces trois résultats en matière de connaissances. Si le fait de regarder le débat, par exemple, est associé à une augmentation nette de la connaissance des conditions actuelles, la différence entre les personnes qui l'ont regardé et celles qui ne l'ont pas regardé n'est pas statistiquement significative. L'une des explications possibles de l'absence de répercussions des débats est que ceux-ci n'ont pas permis d'obtenir le type d'information factuelle que les questions sur les promesses des partis ou sur les conditions économiques et sociales étaient censées recueillir. En outre, de nombreux participants s'étaient déclarés déjà relativement confiants quant à leur capacité à voter de manière éclairée.

Ensuite, nous nous penchons plus avant sur les connaissances politiques des participants en évaluant leur capacité – ou leur volonté – d'évaluer les partis et leurs chefs. Pour ce faire, nous avons établi quatre résultats. Tout d'abord, nous avons créé un indice de la capacité des participants à évaluer la personnalité de chacun des cinq chefs de partis participants. Les participants pouvaient indiquer « oui », « non » ou « je ne sais pas » dans chaque cas. Cet indice a compté le nombre de fois où un participant a répondu oui ou non, c.-à-d. lorsqu'il n'a pas répondu « je ne sais pas ». Deuxièmement, nous avons construit un indice pour saisir la capacité des participants à évaluer les cinq chefs participants sur une échelle de 0 à 100 du thermomètre des opinions. Les participants pouvaient ici noter chaque chef ou indiquer qu'ils « ne connaissent pas le chef ». Nous avons ainsi calculé, pour chaque participant, s'il a évalué ou non les cinq chefs. Troisièmement, nous avons construit un indice de la capacité des participants à évaluer les cinq partis participants sur une échelle de 0 à 100 du thermomètre des opinions. Comme pour les thermomètres des opinions à l'égard des chefs, les thermomètres des opinions à l'égard des partis permettaient aux participants de donner une note ou de cocher « Je ne sais pas/Je préfère ne pas répondre ». Ainsi, nous avons calculé – de nouveau pour chaque répondant – s'il a évalué ou non les cinq partis. Quatrièmement, nous avons procédé à un exercice similaire en ce qui concerne la capacité des participants à placer les cinq partis sur l'axe gauche-droite conventionnel de l'idéologie politique. Là encore, les participants avaient la possibilité de cocher « je ne sais pas » pour chaque parti. Nous avons déterminé si les participants ont placé les cinq partis sur cet axe gauche-droite.

La figure 25 présente les prévisions du modèle relatives à l'évolution de chacun de ces quatre indices, toujours pour ceux qui ont regardé le débat et ceux qui ne l'ont pas regardé. Nous constatons que le fait de regarder le débat a eu une incidence positive statistiquement significative sur la capacité à évaluer les cinq chefs à l'aide du thermomètre des opinions de 0 à 100. Plus précisément, ceux qui ont regardé le débat ont affiché une augmentation de 9 points de pourcentage de leur capacité nette à se prononcer à l'égard des chefs, par rapport à ceux qui ne l'ont pas regardé. Nous ne trouvons pas de différences statistiquement significatives en ce qui concerne les trois autres indices, soit la capacité à évaluer la personnalité des chefs, la capacité à évaluer l'opinion à l'égard des cinq partis, ou la capacité à placer les cinq partis sur l'axe idéologique gauche-droite.

Figure 25. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur la capacité/la volonté des participants d'évaluer les chefs et leur parti. Le visionnement du débat était associé à un renforcement de la capacité d'évaluer les chefs des cinq partis.
Figure 25:  : Incidence du visionnement des débats sur la capacité à évaluer les partis et leurs chefs. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

En résumé, notre analyse n'a pas permis de conclure que les débats ont une incidence sur la connaissance des promesses des partis ou des conditions actuelles, ni sur la capacité d'évaluer ou de situer les partis. Nous avons cependant déterminé que le fait de regarder le débat a permis aux participants d'en apprendre davantage sur les chefs de partis : plus précisément, les personnes qui ont regardé le débat étaient plus à même que les autres d'évaluer leur opinion à l'égard des cinq chefs de partis participants. Cette meilleure connaissance des chefs de partis est remarquable, dans la mesure où des recherches antérieures montrent que l'évaluation des chefs est un élément important du comportement électoral. Ainsi, à notre avis, la question n'est pas de savoir si les débats ont contribué à de meilleures connaissances politiques : nous constatons que c'est le cas. La question est plutôt de savoir comment optimiser au mieux les enseignements tirés. Par exemple, comment les débats peuvent-ils être conçus de manière à fournir les renseignements les plus utiles aux Canadiens dans un court laps de temps? Dans la section 4.7, nous examinerons comment les préférences des Canadiens à l'égard des différents formats de débat pourraient contribuer à une telle conception.

4.6.3 Sur les évaluations politiques

Ensuite, nous étudions l'influence des débats sur l'évaluation des chefs et de leurs partis par les citoyens. Cela complète l'étude précédente de la capacité/volonté des Canadiens d'évaluer et de situer les chefs et leurs partis. Nous établissons ici quatre mesures de résultats. Les trois premières saisissent simplement les changements intra-individuels dans les notes et les placements à condition d'avoir donné une note ou un placement. Plus précisément, pour chaque participant, nous avons calculé (1) la différence absolue moyenne entre les cinq thermomètres des opinions à l'égard des chefs; (2) la différence absolue moyenne entre les cinq thermomètres des opinions à l'égard des partis; et (3) la différence absolue moyenne entre les cinq échelles de placement idéologique gauche-droite des partis. La quatrième mesure permet de saisir l'opinion des participants quant au parti qui était « le meilleur pour régler » ce qu'ils considéraient comme l'enjeu le plus important des élections. La mesure est donc un simple indicateur binaire indiquant si un participant a choisi un parti différent lors de la deuxième vague postérieure aux débats par rapport à son choix lors de la première vague préalable aux débats. En bref, les quatre mesures permettent d'établir à quel point les Canadiens ont changé d'opinion sur les chefs et les partis – sans préciser le sens de ce changement. Les résultats sont présentés à la figure 26.

Figure 26. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur les résultats de l'évaluation des politiques. Le visionnement du débat était relié à un changement plus marqué de la note moyenne accordée aux chefs.
Figure 26:  : Incidence du visionnement des débats sur les résultats en matière d'évaluation politique. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous constatons que le visionnement des débats a contribué à un changement plus important dans les évaluations du thermomètre des opinions à l'égard des chefs. La personne type n'ayant pas regardé de débat a modifié son évaluation moyenne des chefs de 9 points (rappelons que l'échelle d'évaluation initiale allait de 0 à 100). En revanche, la personne type ayant regardé le débat a modifié son évaluation moyenne des chefs de 12 points, une différence statistiquement significative. Nous ne trouvons pas de différences statistiquement significatives entre ceux qui ont regardé le débat et ceux qui ne l'ont pas regardé pour les trois autres mesures, à savoir en ce qui concerne les évaluations des partis, les placements idéologiques gauche-droite des partis, et le parti considéré comme le meilleur pour régler l'enjeu le plus important.

4.6.4 Sur les évaluations des institutions

En ce qui concerne les évaluations des institutions, nous examinons les répercussions possibles des débats sur l'efficacité politique et la satisfaction des participants à l'égard de la démocratie canadienne, ainsi que sur leur niveau de confiance envers les principales institutions politiques telles que les tribunaux, le gouvernement fédéral, les médias et les partis politiques.

Les résultats sont présentés à la figure 27. Les données montrent que les débats ont eu une incidence positive sur la confiance envers le gouvernement fédéral. Par rapport à ceux qui n'ont pas regardé le débat, ceux qui l'ont suivi ont affiché une augmentation nette de 10 points de pourcentage de leur confiance envers le gouvernement fédéral. Les données montrent également une plus grande augmentation de la confiance envers les médias et les partis politiques chez ceux qui ont regardé le débat – encore une fois par rapport à ceux qui ne l'ont pas regardé –, bien que cette différence n'approche que le niveau conventionnel de signification statistique (dans le cas des deux résultats, p = 0,07). Nous n'avons pas trouvé de données montrant que le fait de regarder le débat a contribué à augmenter le sentiment d'efficacité politique, la satisfaction à l'égard du processus démocratique canadien ou la confiance envers les tribunaux.

Figure 27. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur les résultats de l'évaluation institutionnelle. Le visionnement du débat était associé au renforcement de la confiance accordée au gouvernement fédéral.
Figure 27:  : Incidence du visionnement des débats sur les résultats en matière d'évaluation des institutions. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Le fait que le visionnement des débats a contribué à accroître la confiance dans le gouvernement fédéral, et peut-être aussi à l'égard des médias et des partis politiques, est remarquable et mérite d'être examiné plus avant. En effet, on ne s'attendrait pas nécessairement à ce que l'exposition à l'atmosphère souvent combative et partisane d'un débat renforce la confiance du public. Une explication possible, cependant, est que le fait de voir les chefs, y compris le premier ministre, obligés de s'expliquer et de répondre à des questions permet d'engendrer une plus grande confiance. Les recherches futures devraient approfondir cette question de la confiance, en explorant les caractéristiques particulières des débats qui contribuent à renforcer la confiance des Canadiens dans leurs institutions politiques.

4.6.5 Sur le comportement politique

La dernière série de résultats que nous explorons concerne le comportement politique – plus précisément les intentions de voter et les choix de vote en 2021, ainsi que les attentes des participants quant à leur participation à des activités politiques sans droit de vote. Ces résultats sont présentés à la figure 28. Rien ne permet de conclure que le fait de regarder les débats est associé à des changements dans ces comportements aux niveaux conventionnels de signification statistique.

Figure 28. Cette figure montre l'incidence du visionnement du débat sur les trois résultats ayant trait au comportement politique : intention d'aller voter, choix d'un candidat et attentes que suscitent de futures formes de participation politique autres que le vote. Le visionnement du débat n'était pas relié aux changements enregistrés pour l'un ou l'autre de ces trois résultats.
Figure 28:  : Incidence du visionnement des débats sur le comportement politique. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

4.7 Préférences du public concernant les futurs débats

Dans cette section, nous nous penchons sur les préférences des Canadiens concernant les futurs débats. Pour estimer ces préférences, nous avons réalisé une troisième enquête auprès d'un nouvel échantillon représentatif d'un peu moins de 500 Canadiens. Cette enquête a permis de recueillir des avis sur un large éventail de questions, allant du choix des participants aux débats à l'animation des débats, en passant par l'attrait des différents types de débats et d'événements publics. Ces préférences ont été évaluées de différentes manières, par exemple en demandant aux participants de classer leurs objectifs, de faire des compromis entre les formats de débat et d'allouer un budget temps dans un débat donné. Ce qui en ressort, selon nous, est l'image la plus complète disponible des préférences des Canadiens en matière de débats des chefs.

4.7.1 Objectifs des débats des chefs

Nous commençons notre exploration des préférences des Canadiens en partant des premiers principes : nous demandons aux participants de classer leurs trois principaux objectifs parmi un ensemble préétabli d'objectifs possibles d'un débat des chefs. La moitié de l'échantillon a s'est vu poser de manière aléatoire une question qui lui demandait de classer les trois éléments « les plus importants pour vous personnellement », tandis que l'autre moitié s'est vu poser de manière aléatoire une question qui lui demandait de classer les trois éléments « les plus importants pour la démocratie canadienne ». De cette façon, nous pouvons voir si les objectifs personnels des Canadiens relatifs aux débats des chefs diffèrent de la façon dont, selon eux, l'intérêt public devrait être servi par les débats.

Les résultats sont présentés à la figure 29. Nous indiquons le pourcentage de participants qui ont classé l'objectif donné comme étant leur objectif principal. Les résultats sont ventilés selon les questions, à savoir ce qui était important personnellement pour les répondants (à gauche) ou à ce qui était important pour la démocratie canadienne (à droite).

Figure 29. Cette figure montre les principales préférences des participants quant à un débat des chefs. La section de gauche signale les réponses des participants invités à réfléchir aux objectifs qui leur tenaient à cœur; la section de droite présente les réponses des participants invités à réfléchir aux objectifs les plus importants pour la démocratie canadienne. Voici, dans les deux cas, les objectifs les plus souvent évoqués : « Aider les citoyens à s'informer des programmes et des engagements des partis », « Inciter les chefs de parti à répondre à des questions difficiles » et « Augmenter la confiance des citoyens dans le processus démocratique ».
Figure 29:  : Principaux objectifs d'un débat des chefs. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Il en ressort quatre constatations. Tout d'abord, l'objectif le plus souvent classé en tête était d'« aider les citoyens à s'informer sur les programmes et les promesses des partis ». Environ un tiers (32 %) des répondants du groupe « objectifs importants pour vous personnellement » l'ont classé comme étant leur principal objectif, tout comme un peu plus d'un quart (26 %) de ceux du groupe « objectifs importants pour la démocratie canadienne ». Cependant, tous les objectifs d'apprentissage n'ont pas été considérés comme égaux : beaucoup moins de participants de chaque groupe ont indiqué qu'aider les « citoyens à s'informer sur les chefs de partis » était leur objectif le plus important.

Ensuite, le deuxième objectif le plus souvent cité est de « poser des questions difficiles aux chefs de partis », encore une fois peu importe la question posée. Les débats en tant qu'exercice de responsabilité figurent en bonne place dans les préférences des Canadiens. Troisièmement, une fraction non négligeable des participants a souhaité que le débat serve à « renforcer la confiance des citoyens dans le processus démocratique » – le troisième objectif le plus fréquent du débat (14 % dans chaque groupe). Nous avons noté dans la section 4.6.4 les données montrant que les débats de 2021 ont accru certaines formes de confiance dans les institutions – en dépit, ou peut-être en raison, du fait qu'ils ont parfois encouragé le conflit et l'opposition. Nous pensons que des recherches plus poussées peuvent contribuer à la conception de débats permettant de poser des questions difficiles aux chefs tout en renforçant la confiance dans le processus démocratique.

Quatrièmement, nous soulignons que le « débat en tant que divertissement » ne présente que peu d'intérêt pour les citoyens. Moins de 5 % des participants ont déclaré que leur premier objectif était que le débat soit « intéressant ». De même, relativement peu de citoyens ont indiqué que le fait de voir les chefs interagir constituait un objectif principal d'un débat. Cette priorité relativement faible pour l'interaction en tant que telle reflète le dégoût récurrent des participants au groupe de discussion pour les segments de débat qui permettent aux chefs de parler en même temps. Bien que les débats offrent une rare occasion aux chefs d'interagir, les résultats obtenus ici donnent à entendre que les Canadiens ne considèrent pas cette interaction comme une fin particulièrement souhaitable en soi. Néanmoins, l'interaction des chefs peut toujours être mise au service d'autres objectifs – comme la promotion de la présentation des programmes des partis et de la responsabilisation des chefs –, à condition que cela soit réalisé de manière à garantir que les chefs ne parlent qu'à tour de rôle.

4.7.2 Participation des chefs

Nous examinons ensuite les préférences des citoyens en matière de participation des chefs dans le contexte d'un seul débat. Le Canada compte de nombreux partis politiques, et le choix des chefs de partis à inviter à un débat est nécessairement un jugement qui constitue, à juste titre, une source de contestation politique. Nous avons d'abord exploré les préférences des Canadiens en utilisant une série de quatre questions à choix binaire. Pour chaque question, les participants se voient présenter deux débats hypothétiques et sont invités à choisir celui qu'ils préfèrent.

Les résultats sont présentés à la figure 30. Deux constatations ressortent. Premièrement, lorsqu'on leur a présenté un débat hypothétique dans lequel les chefs des « six plus grands partis sont invités à participer – et chaque chef dispose de moins de temps de parole » et un débat hypothétique dans lequel les chefs des « deux plus grands partis sont invités à participer – et chaque chef dispose de plus de temps de parole », 62 % des participants ont choisi le premier. Il convient de souligner que ce choix a été fait en pleine connaissance du compromis probable, à savoir qu'un plus grand nombre de chefs signifierait moins de temps de parole pour chacun d'entre eux.

Figure 30. Cette figure signale les préférences binaires des participants concernant la participation des chefs aux débats. À titre d'exemple, la majorité des participants (63 %) préféraient un débat entre six chefs de parti à un débat n'opposant que les chefs des deux principaux partis.
Figure 30:  : Préférences binaires concernant la participation des chefs. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Deuxièmement, les participants préfèrent nettement – du moins en théorie – une répartition égale du temps de parole entre les chefs qui sont invités à participer à un débat. Une très large majorité (85 %) a préféré un débat dans lequel tous les chefs ont disposé d'un temps de parole égal à un débat dans lequel les chefs des grands partis ont disposé de plus de temps de parole que les chefs des petits partis. Cette préférence pour l'égalité de traitement ne vaut pas seulement pour le débat dans son ensemble : une grande majorité (67 %) préfère un débat dans lequel tous les chefs ont le même temps de parole dans chaque segment à un débat dans lequel les chefs parlent plus dans certains segments que dans d'autres – même si, de par leur construction, les deux options sont présentées comme accordant un temps de parole égal au total aux chefs. En outre, une autre grande majorité de Canadiens semble prête à renoncer à la spontanéité pour un temps de parole égal : 71 % préfèrent un débat qui « assure le même temps de parole à tous les chefs – même si cela ne laisse que peu de temps pour des interactions spontanées entre les chefs » à un débat qui « permet de nombreuses interactions spontanées entre les chefs – même si cela signifie qu'ils n'ont pas le même temps de parole ».

Nous avons également sondé les préférences des Canadiens quant à la répartition du temps entre les chefs de partis en rendant les choix disponibles plus concrets. Ailleurs dans l'enquête, on a demandé aux participants d'imaginer qu'ils étaient chargés d'organiser un débat de deux heures lors des prochaines élections fédérales et que leur tâche consistait à « décider de la meilleure façon de répartir ce temps ». On leur a demandé d'attribuer un pourcentage de temps à chaque chef. Les participants pouvaient attribuer une valeur de 0 à 100 % à chaque chef, à condition que la somme des attributions totales atteigne 100 %.

La figure 31 indique le pourcentage moyen du temps de débat que les participants ont attribué à chaque chef. Les résultats indiquent que, lorsque cette tâche est rendue plus concrète, nous constatons certains écarts par rapport à l'égalité parfaite. L'attribution moyenne des deux plus grands partis – les libéraux et les conservateurs – était de l'ordre de 21 % du temps disponible, tandis que l'attribution moyenne des trois plus petits partis – le BQ, les Verts et le PPC – était de l'ordre de 13 % du temps disponible. Le NPD se situe entre ces deux ensembles avec une attribution moyenne de 17 % du temps disponible.

Figure 31. Cette figure indique le pourcentage moyen de préférence des répondants concernant le temps de parole attribué à chaque chef. Les résultats suggèrent quelques différences modestes de la répartition entre les partis : les deux principaux partis (Libéral et Conservateur) obtenaient en moyenne 21 % du temps de parole; en revanche, les trois plus petits partis (Bloc, Parti Vert et PPC) en obtenaient en moyenne 13 %.
Figure 31:  : Répartition du temps privilégiée entre les chefs de partis. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Bien qu'il existe des différences notables dans la répartition entre certains de ces partis, il convient de reconnaître que l'écart substantiel par rapport à l'égalité reste relativement modeste. Considérons que l'égalité parfaite entre six partis (en mettant de côté la réponse « Autre » non précisée dans la question) impliquerait une attribution de 100/6 = 17 % pour chaque parti. Ainsi, l'attribution moyenne des deux plus grands partis n'est que de 4 points de pourcentage supérieure à l'égalité parfaite et l'attribution moyenne des trois plus petits partis n'est que de 4 points de pourcentage inférieure à l'égalité parfaite.

4.7.3 Animation et source des questions

La nature de l'animation et, plus largement, des sources des questions posées aux chefs de partis est un élément clé de la conception de nombreux débats modernes des chefs. Nous abordons de nouveau cette question sous plusieurs angles : en demandant aux participants de choisir entre des paires hypothétiques de débats qui diffèrent en ce qui concerne l'animation; en demandant aux participants ce que devrait être, selon eux, le rôle d'un animateur; et en demandant aux participants d'attribuer une part des questions en fonction de leurs sources préférées (p. ex. l'animateur, le public, les journalistes, etc.).

La figure 32 présente cinq ensembles de choix binaires. Nous mettons en évidence trois constatations. Premièrement, les Canadiens préfèrent nettement un débat dans lequel l'animateur joue un rôle de responsabilisation à un débat dans lequel l'animateur joue un rôle plus limité. Près de neuf personnes sur dix (88 %) préfèrent un débat où l'animateur pose aux chefs des « questions difficiles – même si vous pourriez ne pas être d'accord avec certaines d'entre elles » à un débat où l'animateur pose des « questions faciles – même si vous pouviez trouver certaines d'entre elles sans intérêt ». Il convient de souligner que cette préférence pour les « questions difficiles » s'accompagnait de la compréhension qu'en tant que téléspectateurs, ils pouvaient ne pas être d'accord avec certaines questions. Une majorité similaire (86 %) est favorable à un débat dans lequel l'animateur vérifie les faits – même si ce rôle se traduit par une réduction du temps de parole des chefs.

Figure 32. Cette figure indique les préférences binaires des participants pour la modération du débat. À titre d'exemple, une vaste majorité de participants (88 %) préféraient un débat au cours duquel le modérateur posait des « questions difficiles – même au risque de désapprouver quelques-unes des questions du modérateur », à un débat où le modérateur posait des « questions faciles – même au risque de juger certaines des questions du modérateur ennuyantes ».
Figure 32:  : Préférences binaires concernant l'animation. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Deuxièmement, des majorités plus modestes préfèrent un débat avec un seul animateur à un débat avec plusieurs animateurs, que ce choix soit présenté comme un compromis en matière de variété ou d'accès à la chaîne. Par exemple, 63 % préfèrent un débat avec un seul animateur diffusé sur une seule chaîne à un débat avec cinq animateurs diffusé sur cinq chaînes.

Troisièmement, les Canadiens sont divisés de façon relativement égale sur la façon de gérer les chefs qui pourraient dépasser le temps qui leur est attribué. Un peu plus de la moitié (55 %) préfèrent un débat dans lequel les chefs de partis sont « immédiatement interrompus lorsqu'ils atteignent leur limite de temps – même si cela signifie qu'ils ne peuvent pas aller au bout de leurs propos » à un débat dans lequel les chefs sont « autorisés à aller au bout de leurs propos – même si cela signifie que d'autres parties du débat seront écourtées ». Nous pensons que cette division reflète l'opinion de nombreux participants au groupe de discussion qui pensaient qu'il était impoli d'interrompre les chefs, tout en reconnaissant qu'une certaine forme d'interruption était un « mal nécessaire ». Les futurs organisateurs de débats auront peut-être intérêt à réfléchir à la manière dont ils peuvent à la fois organiser un débat où le temps est étroitement régulé (conformément à la préférence du public pour un temps égal entre les chefs) et réduire au minimum la nécessité – ou le caractère gênant – d'interrompre les chefs qui s'éternisent.

Ensuite, nous nous tournons vers ce que sont, selon les Canadiens, les rôles appropriés d'un animateur de débat. Dans cette question, les participants se sont vu présenter une liste de six rôles possibles et ont été invités à indiquer lesquels, selon eux, devraient faire partie du travail d'un animateur. Les résultats, présentés à la figure 33, sont frappants. Dans chaque cas, pas moins de quatre personnes sur cinq ont estimé que chaque rôle faisait effectivement partie du travail de l'animateur. La préférence globale du public est donc loin de l'animation du type « laissez-faire ». De très larges majorités souhaitent que l'animateur pose des questions difficiles aux chefs, qu'il s'assure que les chefs répondent à ces questions, qu'il fasse respecter l'égalité du temps de parole entre les chefs, qu'il s'assure que les chefs ne s'interrompent pas les uns les autres, qu'il s'assure qu'ils se montrent respectueux les uns envers les autres et qu'il vérifie les faits énoncés par les chefs. En bref, la plupart des Canadiens souhaitent que l'animateur soit un acteur clé du débat en promouvant la responsabilité et en assurant un traitement juste pour tous.

Figure 33. PCette figure signale les préférences des participants quant aux rôles du modérateur. Une vaste majorité de participants souhaitent que le modérateur : pose des questions difficiles aux chefs (92 %); veille à ce que les chefs répondent à ces questions (91 %); répartisse également le temps de parole entre les chefs (90 %); veille à ce que les chefs ne parlent pas en même temps (87 %); voie à ce que les chefs soient respectueux les uns des autres (84 %); vérifie les réponses des chefs à la lumière des faits (82 %).
Figure 33:  : Préférences concernant les rôles de l'animateur. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

L'animateur n'est pas la seule source possible de questions posées aux chefs dans un débat. En effet, les débats de 2021 ont inclus des questions provenant d'autres sources : des journalistes ont été invités à poser des questions en direct, ainsi qu'une poignée de membres du public. Que pensent les Canadiens de ces sources? Pour répondre à cette question, nous avons de nouveau demandé aux participants d'entreprendre une tâche d'attribution assortie de contraintes : c'est-à-dire d'attribuer un pourcentage de questions à différentes sources possibles. Les participants pouvaient attribuer de 0 à 100 % des questions à une source donnée, à condition que la somme des attributions soit égale à 100 %.

La figure 34 indique le pourcentage moyen attribué à chaque source. Les Canadiens, en moyenne, souhaitaient que l'animateur pose le plus de questions, soit environ 2 questions sur 5. Ensuite, les participants souhaitaient que les membres du public posent 22 % des questions en moyenne, soit un peu plus que les journalistes (19 %). À titre de comparaison, nous avons inclus les « professeurs d'université » comme source possible de questions – bien que cette pratique ne soit pas courante dans les débats des chefs fédéraux au Canada. Parmi les sources disponibles, les professeurs étaient les moins populaires – les participants ne leur ont attribué que 15 % des questions en moyenne. Ces résultats font largement écho aux constatations précédentes : les Canadiens considèrent que l'animateur joue un rôle essentiel dans un débat, mais ils cherchent également à réserver un certain espace au public et aux autres journalistes pour poser leurs questions.

Figure 34. Cette figure expose le pourcentage moyen privilégié de questions de débat produites par diverses sources. En moyenne, les participants réservaient 41 % des questions au modérateur, 22 % à des membres invités du public, 19 % à des journalistes invités, et 15 % à des professeurs invités d'université.
Figure 34:  : Préférences concernant les sources des questions. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

4.7.4 Sujets à débattre

Le choix des sujets est un autre ingrédient crucial de tout débat – notamment parce que, comme indiqué à la section 4.5.1, de nombreux téléspectateurs des débats de 2021 ont trouvé que ces événements n'abordaient pas les enjeux qui étaient les plus importants pour eux. En effet, satisfaire les divers intérêts du public canadien en une période de deux heures est un défi de taille. Le choix des sujets nécessite de trouver un équilibre entre au moins deux considérations importantes : le nombre de sujets et la profondeur de la discussion sur chacun. Si l'inclusion d'un plus grand nombre de sujets dans un débat donné permet d'aborder les enjeux intéressant un plus grand nombre de Canadiens, cela peut se faire au prix de la profondeur – et réduire ainsi le temps disponible pour aborder les programmes des partis dans le détail, comme le souhaitent les Canadiens.

Nous avons soumis ce compromis aux participants à l'enquête en leur demandant ce qu'ils préféraient entre un débat qui aborde « 3 sujets auxquels 40 minutes sont allouées » et un débat qui aborde « 6 sujets auxquels 20 minutes sont allouées ». Les résultats sont présentés à la figure 35. Près des trois quarts ont préféré un débat abordant six sujets (dans la section 4.7.8, nous étudions l'attrait des débats abordant un seul sujet dans le contexte d'éventuelles campagnes comportant plus d'un débat dans chaque langue officielle).

Figure 35. Cette figure indique les résultats d'une question à choix binaire quant au nombre de sujets à débattre. La majorité des participants (72 %) préféraient un débat qui couvre six sujets et accorde 20 minutes à chaque sujet, à un débat sur trois sujets à raison de 40 minutes chacun.
Figure 35:  : Préférence binaire concernant le nombre de sujets du débat. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous avons également examiné les préférences pour les sujets du débat avec une autre tâche d'allocation de temps, en demandant de nouveau aux participants de diviser le temps disponible pour un seul débat entre un ensemble de cinq sujets présélectionnés. La figure 36 présente le pourcentage moyen du temps de débat alloué par les participants à chaque sujet. Les résultats confirment la préférence à l'égard d'un débat comportant plusieurs sujets, tout en indiquant une ouverture à l'allocation de plus de temps à certains sujets.

Figure 36. Cette figure indique en pourcentage la durée moyenne à consacrer de préférence à différents sujets. Elle démontre que les participants souhaitent un débat sur plusieurs sujets – tout en suggérant qu'ils sont ouverts à l'idée d'attribuer plus de temps à certains sujets qu'à d'autres. L'économie était le sujet auquel consacrer en moyenne le plus de temps (26 %).
Figure 36:  : Répartition du temps entre les sujets du débat. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

4.7.5 Formats des débats

Le format a une incidence importante sur le déroulement de tout débat et peut influencer la manière dont les débats peuvent atteindre les objectifs les plus importants des Canadiens, à savoir apprendre à connaître les partis, tenir les dirigeants responsables et renforcer la confiance dans le processus démocratique. Nous commençons notre exploration par quatre questions binaires relatives au format du débat. Pour chaque question, les participants étaient de nouveau invités à choisir lequel des deux débats hypothétiques ils préféraient. Les résultats sont présentés à la figure 37.

Figure 37. Cette figure signale les préférences binaires des participants quant au format du débat. À titre d'exemple, 71 % des participants préféraient un débat au cours duquel les chefs répondent surtout aux questions du modérateur à un débat où ils interagissent principalement entre eux.
Figure 37:  : Préférences binaires concernant le format du débat. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous faisons quatre constats. Tout d'abord, plus de sept participants sur dix (71 %) ont préféré un débat au cours duquel les chefs vont principalement répondre aux questions de l'animateur plutôt qu'un débat au cours duquel les chefs vont principalement interagir entre eux. Deuxièmement, une majorité de répondants (62 %) a de nouveau préféré le modèle de questionnement centré sur l'animateur à un modèle dans lequel les chefs disposent de plus de temps « pour présenter en détail leurs orientations politiques ». Troisièmement, en ce qui concerne les questions de l'animateur, un peu plus des deux tiers (68 %) préfèrent un débat où la même question est posée à chaque chef, « même si cela pourrait être répétitif », plutôt qu'un débat dans lequel l'animateur pose une question différente à chaque chef. Quatrièmement, en suivant ce même thème, nous constatons que 69 % des Canadiens préfèrent un débat dans lequel l'animateur pose une question, qui est suivie par une discussion entre tous les chefs de partis – par rapport à un débat dans lequel la discussion qui s'ensuit réunit seulement deux chefs choisis de façon aléatoire. Bien que la sélection aléatoire des chefs soit une stratégie courante pour gérer certaines parties d'un débat, les Canadiens semblent encore une fois préférer une plus grande inclusion – une préférence qui reflète leur engagement envers la participation égale des chefs mentionnée précédemment. Le défi reste de savoir comment assurer un débat inclusif réunissant plusieurs chefs de partis, tout en évitant les situations où les chefs s'interrompent les uns les autres.

Pour explorer ces préférences de format sous un angle différent, nous avons de nouveau demandé aux participants de se livrer à une tâche d'allocation de temps pour un débat unique de deux heures lors des prochaines élections fédérales. On a demandé aux participants de répartir le temps entre trois formats possibles : (1) « Les chefs de partis répondent aux questions posées par l'animateur »; (2) « Les chefs de partis interagissent entre eux sans l'intervention de l'animateur »; (3) « Les chefs de partis présentent en détail leurs politiques sans être interrompus ». Les réponses des participants étaient limitées de manière à ce que le total des pourcentages alloués soit égal à 100. Les résultats sont présentés à la figure 38.

Figure 38. Cette figure indique en pourcentage les préférences quant au temps moyen de parole, selon trois formules différentes. En moyenne, les participants accordaient 40 % du temps pour répondre aux questions du modérateur; 33 % du temps pour permettre aux chefs d'exposer leurs politiques en détail sans se faire interrompre; 27 % du temps à l'interaction entre les chefs sans modérateur.
Figure 38:  : Répartition du temps entre les formats de débat. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

En écho aux résultats précédents, le format centré sur l'animateur a reçu la plus grande allocation de temps. Les participants ont alloué en moyenne 40 % du temps du débat à la réponse des chefs aux questions de l'animateur. Cela dit, les participants ont tout de même réservé en moyenne un tiers du temps aux chefs pour qu'ils présentent leur politique sans être interrompus. Ce format reflète également les commentaires de certains participants au groupe de discussion qui souhaitaient que les débats soient un moyen efficace de s'informer des promesses des partis pendant la campagne. Enfin, un peu plus d'un quart du temps (27 %) a été alloué en moyenne à l'interaction des chefs sans animateur. Bien que nous ayons constaté que ce type d'interaction n'était pas un objectif principal des débats en tant que tel, les Canadiens peuvent, à juste titre, considérer que l'interaction entre les chefs facilite le type d'apprentissage et de responsabilisation qu'ils recherchent.

4.7.6 Horaires des débats

Étant donné que le fait d'être « trop occupé » était une raison courante pour ne pas regarder de débat en 2021, nous avons demandé aux participants de la troisième enquête leur préférence à l'égard du moment où ils souhaiteraient regarder un débat en direct. Cette question a été posée en deux étapes : tout d'abord, on a demandé aux participants s'ils étaient plus enclins à regarder le débat un jour de semaine ou un jour de fin de semaine; ensuite, on leur a demandé à quelle heure de la journée ils préféraient le regarder (en choisissant entre 15 h, 18 h, 19 h, 20 h ou 21 h). Les participants ont été informés que toutes les heures correspondaient à l'heure locale de leur région. Nous avons combiné les réponses à ces deux questions et présenté les résultats à la figure 39.

Figure 39. Cette figure indique le moment privilégié par les participants pour suivre un débat des chefs en direct. La plage horaire la plus populaire était un jour de semaine à 19 h (24 %), et la moins populaire, un jour de semaine à 15 h (3 %).
Figure 39:  : Préférences concernant les horaires des débats. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

L'horaire le plus populaire pour regarder un débat en direct – choisi par 24 % des participants – est un jour de semaine à 19 h. Les deux horaires suivants les plus populaires se situent de part et d'autre de cette tranche horaire, à savoir à 20 h et 18 h en semaine. Les horaires les moins populaires sont notamment en début d'après-midi (15 h) et en fin de journée (21 h), et ce, que le débat tombe un jour de semaine ou de fin de semaine.

Il est certain qu'il n'est pas facile de tenir compte de ces préférences en matière d'horaires dans le contexte d'un seul débat en direct, compte tenu des fuseaux horaires du Canada. Par exemple, un débat en semaine commençant à 19 h dans le fuseau horaire de l'Atlantique (l'horaire préféré) signifie un début à 15 h dans le fuseau horaire du Pacifique (l'horaire jugé le moins préférable). Les solutions peuvent nécessiter une réflexion créative plus poussée qui pourrait comprendre la mise en œuvre de débats des chefs au niveau régional, la rediffusion de débats précédemment enregistrés dans leur intégralité, ou la promotion accrue d'extraits à la demande des débats par les sites de nouvelles et les médias sociaux.

4.7.7 Dispositions sur la scène

Nous avons demandé aux Canadiens comment ils aimeraient que les chefs de partis soient placés sur la scène du débat. Nous avons proposé quatre choix possibles : chaque chef de parti se tient derrière son propre podium; les chefs de parti sont assis autour d'une seule table; les chefs de parti sont autorisés à se déplacer sur la scène; ou les chefs de parti participent à distance par vidéo. La figure 40 présente les résultats. La nette préférence, exprimée par près des deux tiers (64 %) des participants, était que chaque chef de parti se tienne derrière son propre podium. La disposition la moins appréciée était la participation à distance par vidéo.

Figure 40. Cette figure signale les préférences des participants quant à l'aménagement de l'aire de débat. La majorité des participants (64 %) préféraient de loin voir chacun des chefs debout devant sa propre tribune.
Figure 40:  : Préférences concernant les dispositions sur la scène. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

4.7.8 Nombre de débats

La dernière série de résultats porte sur la question clé du nombre de débats des chefs à organiser. Comme indiqué précédemment, la tenue d'un seul débat rend particulièrement difficiles les compromis concernant la participation des chefs, le sujet, le format et même les horaires. En théorie, la tenue de plus d'un débat – comme cela se fait dans certaines autres administrations – pourrait contribuer à atténuer ces tensions. Les Canadiens veulent-ils pour autant davantage de débats de chefs?

Nous avons abordé cette question en utilisant diverses approches. La figure 41 présente les préférences des Canadiens quant au nombre de débats dans chaque langue. Les participants pouvaient choisir 0, 1, 2, 3, 4, 5 ou plus de 5 débats. Tous les participants ont été invités à choisir séparément le nombre de débats en anglais et le nombre de débats en français qu'ils préféraient; étant donné le public visé par chaque débat, nous présentons ci-dessous les préférences relatives au nombre de débats en anglais parmi les participants anglophones uniquement et les préférences relatives au nombre de débats en français parmi les participants francophones uniquement. De plus, nous avons attribué aléatoirement à tous les participants l'une des trois questions sur la durée de la campagne. On a demandé à un tiers d'entre eux de faire leurs choix en imaginant que la campagne des prochaines élections fédérales durerait cinq semaines, à un autre tiers en imaginant qu'elle durerait six semaines, et à un dernier tiers en imaginant qu'elle durerait sept semaines. De cette manière, nous pouvons examiner si les préférences des citoyens concernant le nombre de débats varient sensiblement en fonction de la durée possible de la campagne.

Figure 41. Cette figure illustre les préférences des participants quant au nombre de débats en anglais et en français. Les résultats sont ventilés selon que les réponses des participants portaient sur une hypothétique campagne de cinq, six ou sept semaines. Peu importe les conditions, nous constatons qu'une majorité de locuteurs du français souhaitent au moins deux débats en français, et qu'une majorité de locuteurs de l'anglais veulent au moins deux débats en anglais.
Figure 41:  : Préférences concernant le nombre de débats des chefs, en fonction de la durée hypothétique de la campagne. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous faisons trois constatations principales. Tout d'abord, seule une très faible proportion des participants ne souhaitait aucun débat. Étant donné la variation naturelle de l'intérêt politique, ainsi que les commentaires négatifs qui peuvent parfois accompagner les débats des chefs, ce résultat mérite d'être souligné : la grande majorité des Canadiens veulent que les campagnes électorales fédérales comprennent des débats des chefs. Deuxièmement, une majorité de Canadiens aimeraient voir deux débats ou plus. Dans chacun des six groupes, seule une minorité a favorisé un seul débat. Troisièmement, nous ne trouvons pas de preuve statistiquement significative que la durée de la campagne a influencé les préférences relatives au nombre de débats. En d'autres termes, la demande publique de débats ne semble pas être plus faible dans le cadre d'une campagne de cinq semaines que dans le contexte d'une campagne de sept semaines.

Ensuite, nous cherchons à savoir si ces préférences relatives au nombre de débats font éventuellement l'objet de compromis plausibles. Nous le faisons ici dans le contexte de deux choix binaires, dont les résultats sont présentés à la figure 42. Tout d'abord, nous avons demandé aux participants de choisir entre deux organisations : (1) deux débats, soit un dans chaque langue, auxquels tous les chefs des grands partis participent; ou (2) deux débats dans chaque langue, mais seuls les chefs des deux plus grands partis participent aux deuxièmes débats dans chaque langue. Une majorité (59 %) a préféré l'option d'un seul débat à l'option de deux débats – reflétant de nouveau, selon nous, l'engagement ferme du public envers la participation large et égale des chefs de partis, comme nous l'avons mentionné précédemment dans le rapport.

Deuxièmement, nous avons demandé aux participants d'évaluer le choix d'un ou de deux débats dans le contexte d'un compromis potentiel entre le nombre de téléspectateurs et le nombre de sujets abordés. Les participants ont été invités à choisir entre deux organisations : (1) un seul débat dans chaque langue, « même si cela signifie moins de temps pour aborder certains sujets »; et (2) plus d'un débat dans chaque langue, « même si les téléspectateurs pourraient être moins nombreux pendant la campagne ». Une petite majorité (53 %) s'est prononcée en faveur de l'option multi-débats. En bref, nous constatons que la préférence du public pour plus d'un débat n'est pas inconditionnelle, mais plutôt soumise à des considérations supplémentaires, comme la forme que pourraient prendre ces débats supplémentaires.

Figure 42. Cette figure expose les préférences binaires des participants quant au nombre de débats. À titre d'exemple, 53 % préféraient une formule comptant plus d'un débat dans chacune des langues officielles, « malgré le risque que moins de personnes visionnent un débat », à une formule ne comportant qu'un débat dans chacune des langues officielles, « même si cela signifiait que les chefs auraient moins de temps pour traiter des sujets ».
Figure 42:  : Préférences binaires concernant le nombre de débats. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Enfin, nous avons abordé plus en profondeur les différents types de débats que les Canadiens pourraient souhaiter dans les campagnes électorales fédérales. Certes, ces dernières années, la norme a été un débat entre plusieurs chefs, sur plusieurs sujets et comprenant un mélange de sources de questions, mais ce n'est pas la seule façon de mener des débats des chefs. En théorie, même dans une campagne de cinq semaines, il est possible d'organiser un large éventail d'événements publics.

Afin de connaître les préférences du public relativement à cet éventail plus large de types d'événements, y compris les événements qui sortent de la norme des élections fédérales canadiennes, nous avons demandé aux participants d'imaginer qu'ils étaient chargés de décider du nombre d'événements publics à organiser lors de la prochaine campagne électorale. Les types suivants leur ont été proposés :

  • Débats entre les chefs de tous les grands partis sur plusieurs sujets
  • Débats entre les chefs de tous les grands partis portant uniquement sur l'environnement
  • Débats entre les chefs de tous les grands partis portant uniquement sur l'économie
  • Débats entre les chefs de tous les grands partis sur des enjeux régionaux
  • Débats seulement entre les chefs des deux plus grands partis sur plusieurs sujets
  • Réunion publique où tous les chefs abordent la manière de collaborer
  • Réunion publique entre chaque chef de grand parti et des citoyens
  • Entrevue approfondie entre chaque chef de grand parti et des journalistes

En outre, les participants avaient la possibilité de répondre « Autres ».

Les participants ont été informés que le total de leurs choix devait être compris entre 1 et 5, ce qui signifie qu'ils pouvaient faire cinq choix d'un seul type ou répartir leurs choix entre plusieurs types. L'objectif de fixer un maximum de cinq choix est de créer une limite plausible au nombre de grands événements publics qui pourraient raisonnablement être organisés pendant une campagne et, ce faisant, d'inciter les participants à faire des répartitions délibérées en tenant compte de cette contrainte.

Deux versions de cette tâche de répartition ont été créées : une pour les « événements publics en anglais », qui a été administrée uniquement aux participants anglophones, et une pour les « événements publics en français », qui a été administrée uniquement aux participants francophones. Les résultats pour les événements en anglais et en français sont présentés respectivement aux figures 43 et 44. Pour simplifier, ces résultats sont présentés en pourcentage de participants ayant choisi au moins un type d'événement.

Figure 43. Cette figure démontre la répartition des choix des participants de langue anglaise entre les différents types d'activités publiques en anglais. À titre d'exemple, 59 % des participants ont choisi au moins un débat entre tous les chefs sur une série de questions. Il s'agit de la formule la plus souvent retenue. En revanche, 31 % des participants ont choisi au moins un débat n'opposant que les chefs de deux principaux partis sur une série de questions. Cette formule était la moins populaire.
Figure 43:  : Préférences concernant le nombre de différents types d'événements publics en anglais, participants anglophones uniquement. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.
Figure 44. Cette figure démontre la répartition des choix des participants de langue française entre les différents types d'activités publiques en français. À titre d'exemple, 50 % des participants ont choisi au moins un débat entre tous les chefs sur une série de questions. Il s'agit de la formule la plus souvent retenue. En revanche, 32 % des participants ont choisi au moins une rencontre publique entre chaque chef et les citoyens. Cette formule était la moins populaire.
Figure 44:  : Préférences concernant le nombre de différents types d'événements publics en français, participants francophones uniquement. Remarque : les réponses à l'enquête sont pondérées.

Nous relevons deux points essentiels dans ces résultats. Tout d'abord, le choix le plus populaire dans ce contexte est également la pratique courante, à savoir un débat entre les chefs de tous les grands partis sur plusieurs sujets. Conformément aux résultats précédents, un débat entre les chefs des deux plus grands partis est moins populaire – bien que 32 % des participants anglophones et 46 % des participants francophones aient toujours indiqué qu'ils souhaitaient au moins un événement de ce type.

Deuxièmement, il existe un appétit du public pour un vaste éventail d'événements – y compris des types d'événements que l'on ne voit pas souvent dans les campagnes électorales fédérales canadiennes. Par exemple, du côté des événements en anglais, 45 % souhaitaient au moins une réunion publique « entre le chef de chaque grand parti et les citoyens » et 44 % souhaitaient au moins un débat sur des enjeux régionaux. Fait intriguant, 41 % des anglophones souhaitaient au moins une réunion publique « où tous les chefs des grands partis abordent la manière de collaborer » – un type d'événement qui va à l'encontre de l'esprit de compétition habituel des campagnes électorales. En ce qui concerne les événements en français, les quatre événements les plus populaires comprennent cette même réunion publique axée sur la collaboration (42 %), mais aussi un débat entre tous les chefs des grands partis axé uniquement sur l'économie (49 %) et le débat entre les chefs des deux plus grands partis mentionné ci-dessus (46 %).

5 Comparaison des résultats de 2019 et 2021

Nous avons mené une étude similaire sur les réponses des Canadiens aux deux débats organisés par la Commission en 2019. Il s'agissait d'une enquête en trois vagues auprès des Canadiens et d'un examen similaire de la conversation sur Twitter relative aux débats. Cette approche similaire – et, dans plusieurs cas, la formulation identique des questions – utilisée dans les deux études permet d'établir certaines comparaisons générales entre les débats de 2019 et de 2021.

Sensibilisation préalable aux débats

Les débats de 2019 et de 2021 ont enregistré des niveaux de sensibilisation préalables aux débats tout aussi modestes. Si la formulation exacte des questions différait entre les deux campagnes, les résultats sont largement comparables : en 2019, nous avons constaté que seuls 38 % des participants étaient au courant des débats à venir; en revanche, en 2021, 40 % des francophones avaient lu, vu ou entendu quelque chose sur le débat en français à venir et 26 % des participants anglophones ont indiqué qu'ils avaient effectivement « lu, vu ou entendu » quelque chose sur le débat en anglais. Les débats de 2019 et 2021 ont également fait l'objet d'une attention anticipée limitée sur Twitter.

En ce qui concerne les corrélations démographiques de la sensibilisation aux débats, les résultats de 2019 et 2021 ont révélé que les Canadiens habitant en milieu rural étaient moins susceptibles d'être au courant des débats et que les Canadiens plus âgés étaient plus susceptibles d'être au courant.

Auditoire des débats

Les débats de 2019 et 2021 ont tous attiré un nombre important de téléspectateurs. Nous constatons cependant que l'auditoire a chuté en 2021. Pour faciliter la comparaison, nous avons ventilé nos résultats de 2019 par langue des participants. Nous avons constaté que 43 % des francophones ont déclaré avoir regardé le débat en français de 2019 et 39 % des anglophones ont déclaré avoir regardé le débat en anglais de 2019. Comme indiqué ci-dessus à la section 4.2.1, les chiffres analogues pour 2021 sont les suivants : 32 % des francophones ont déclaré avoir regardé le débat en français et 29 % des anglophones ont déclaré avoir regardé le débat en anglais.

Bien que nous ne disposions pas des renseignements nécessaires pour expliquer cette baisse d'environ 10 points de pourcentage de l'auditoire, nous pensons qu'elle est probablement attribuable à plusieurs facteurs, notamment la pandémie de COVID-19 et les horaires des débats. Par exemple, le calendrier des élections de 2021 a fait que les débats ont eu lieu environ un mois plus tôt qu'en 2019, et pendant une semaine où de nombreuses familles canadiennes reprenaient le travail et l'école après les vacances d'été. En ce qui concerne les corrélations démographiques de l'auditoire, les résultats de 2019 et de 2021 montrent que les communautés de langue officielle en situation minoritaire étaient plus susceptibles d'avoir regardé les débats.

Support de diffusion

La télévision était, de loin, le moyen le plus courant par lequel les Canadiens ont regardé les débats en 2019 et 2021. Toutefois, nous enregistrons une baisse des téléspectateurs et une augmentation concomitante du public en ligne en 2021. Par exemple, en 2019, 93 % du visionnement du débat en français se faisait au moyen de la télévision; en 2021, ce chiffre est tombé à 79 %.

Mobilisation à l'égard des débats

Parmi les téléspectateurs du débat en français, la proportion de ceux qui ont discuté du débat avec d'autres personnes s'est maintenue entre 2019 et 2021. La proportion de ceux qui ont commenté le débat en ligne est passée de 8 % en 2019 à 23 % en 2021. Parmi les téléspectateurs du débat en anglais, la proportion de ceux qui ont discuté du débat avec d'autres personnes a chuté, passant de 59 % en 2019 à 39 % en 2021, tandis que la proportion de ceux qui l'ont commenté sur les médias sociaux est restée essentiellement inchangée.

Évaluations du débat en français

Alors que des majorités en 2019 et 2021 étaient d'accord pour dire que le débat était « instructif », la proportion de participants d'accord avec cet énoncé a chuté, passant de 72 % à 59 %. L'animation a reçu des évaluations tout aussi favorables en 2019 et en 2021. Par exemple, en 2019, 77 % ont estimé que l'animateur avait posé des questions intéressantes; 80 % étaient du même avis en 2021. Les jugements portés sur les réponses des chefs sont également restés stables : en 2019, 41 % estimaient que leurs réponses étaient « claires »; 43 % ont eu la même impression en 2021.

Évaluations du débat en anglais

La majorité des téléspectateurs en 2019 et 2021 ont trouvé le débat « instructif » : 57 % en 2019 et 63 % en 2021. La part des téléspectateurs trouvant le débat « sans intérêt » est également restée stable : 52 % en 2019 et 53 % en 2021. L'animation des débats de 2019 et 2021 a été évaluée favorablement. Par exemple, en 2019, 77 % des téléspectateurs ont estimé que les animateurs posaient des questions intéressantes et 79 % ont estimé qu'ils traitaient chaque chef de manière équitable; les chiffres comparables pour 2021 étaient respectivement de 77 % et 76 %. Concernant la question du nombre de chefs invités, 63 % des téléspectateurs de 2019 étaient d'accord pour dire qu'il y en a trop; en 2021, cette proportion est tombée à 47 %. (En 2021, cinq chefs ont participé – un de moins qu'en 2019.)

Répercussions des débats

Nous avons relevé plusieurs incidences positives du visionnement des débats de 2019 et 2021. En ce qui concerne les résultats liés à la mobilisation politique, les débats de 2019 et 2021 ont généré des incidences positives sur la consommation de nouvelles sur les élections fédérales et les discussions à ce sujet. Ni l'un ni l'autre n'ont eu d'incidence sur la consommation habituelle de nouvelles de manière plus générale. Les débats de 2021 ont notamment eu une incidence positive sur l'intérêt à l'égard des élections fédérales et de la politique en général; nous n'avons pas trouvé de preuve de cela en 2019.

Concernant les connaissances politiques, nous avons constaté que ni les débats de 2019 ni ceux de 2021 n'ont eu d'incidence sur les connaissances des téléspectateurs sur les faits saillants des conditions économiques et sociales ou leur confiance dans leurs décisions de vote. En 2019, nous avons constaté que le visionnement de débats était associé à une meilleure connaissance des programmes des partis – un lien que nous n'avons pas constaté dans les données de 2021. En 2021, nous avons constaté que le visionnement des débats était associé à une amélioration de la capacité à évaluer les cinq chefs sur l'échelle du thermomètre des opinions – un résultat qui n'a pas été analysé dans notre rapport de 2019.

En ce qui concerne les évaluations politiques, les données ont montré que les débats étaient associés à une plus grande actualisation des notes des partis en 2019, mais pas en 2021. En revanche, nous avons constaté que les débats étaient associés à une plus grande actualisation des notes des chefs en 2021, mais pas en 2019. En ce qui concerne les évaluations des institutions, nous avons constaté que ni les débats de 2019 ni ceux de 2021 n'ont contribué à une plus grande perception d'efficacité politique ou satisfaction envers le processus démocratique. En 2021, cependant, nous avons constaté que les débats ont contribué à accroître la confiance dans le gouvernement fédéral. (Les questions sur la confiance dans les institutions étaient toutefois nouvelles dans l'étude de 2021 et ne peuvent donc pas être facilement comparées aux résultats de 2019.)

Enfin, en ce qui concerne les comportements politiques, nous avons constaté que ni les débats de 2019 ni ceux de 2021 n'ont eu d'incidence sur l'intention de voter ou sur le parti pour lequel les participants avaient l'intention de voter. L'étude de 2019 a toutefois révélé que le visionnement des débats était positivement associé aux attentes de participation prévue à des activités politiques plus nombreuses sans droit de vote – une tendance qui ne s'est pas reproduite en 2021.

En bref, il existe une grande similitude en ce qui concerne l'incidence des débats de 2019 et de 2021. Tous deux ont, par exemple, suscité une plus grande mobilisation à l'égard des élections fédérales. Les deux séries de débats diffèrent également pour ce qui est de certaines de leurs répercussions, mais avec seulement deux cycles électoraux de données disponibles, nous ne sommes pas en mesure de rendre compte de la raison de ces différences.

Préférences du public concernant les futurs débats

Notre étude de 2021 fournit une image beaucoup plus détaillée des préférences des Canadiens concernant les futurs débats que notre étude de 2019. Les données de 2019 sur ce point proviennent principalement d'une expérience conjointe. L'étude de 2021 a délibérément utilisé une conception différente – et, selon nous, complémentaire. Ainsi, bien que les différents instruments d'enquête ne permettent pas à strictement parler de comparer des pommes avec des pommes, nous pouvons néanmoins mettre en évidence certaines tendances récurrentes. Dans le cadre d'un débat unique, les participants aux études de 2019 et 2021 ont eu tendance à privilégier un format multi-sujets par rapport à la plupart des formats à sujet unique. Les deux groupes de participants ont également eu tendance à rechercher un lieu où les citoyens pourraient poser des questions aux chefs. Les deux groupes ont préféré un animateur unique à plusieurs animateurs et ont eu tendance à privilégier un animateur ayant le droit d'interrompre les chefs lorsque cela est justifié.


Annexe – Rapport complémentaire sur les groupes de discussion

1. Introduction

Dans le but d'améliorer notre compréhension des débats au Canada, nous avons également évalué de façon qualitative les réactions des citoyens aux débats des chefs de 2021. Nous avons choisi d'organiser des groupes de discussion, car ceux-ci permettent aux chercheurs de présenter un « traitement » (en l'occurrence, le débat tenu dans leur langue) aux citoyens et de voir leurs réactions. Nous estimons que ces groupes de discussion ajoutent une nuance importante et complètent l'analyse quantitative présentée dans notre rapport.

Après avoir décrit la méthodologie utilisée, nous présentons les constatations issues des groupes de discussion; celles-ci sont réparties en cinq thèmes : les objectifs d'un débat, les impressions générales concernant les débats des chefs de 2021, la perception des chefs parmi les participants, le format des débats des chefs de 2021, et les perspectives concernant les futurs débats.

2. Méthodologie

2.1 Échantillonnage et présélection

Au total, quatre groupes de discussion ont été formés (deux concernant le débat des chefs en anglais et deux concernant le débat des chefs en français). Tous les groupes de discussion ont été dirigés dans la langue du débat faisant l'objet de leurs discussions c'est-à-dire que deux groupes portaient sur le débat des chefs de langue anglaise de 2021 et deux groupes discutaient du débat des chefs de langue française de 2021. Le groupe de discussion en anglais a été modéré par Peter John Loewen, professeur de sciences politiques à l'Université de Toronto, tandis que le groupe de discussion en français a été modéré par Allison Harell, professeure de sciences politiques à l'Université du Québec à Montréal.

Le premier groupe de discussion en anglais s'est tenu le 15 décembre 2021, et le second le 16 décembre. Les groupes de discussion en français ont eu lieu les 17 et 20 décembre 2021. Les séances des groupes de discussion ont duré 90 minutes. Au total, 18 adultes ont été interrogés (soit neuf dans chaque langue). Les participants ont été recrutés par l'intermédiaire d'une entreprise commerciale chargée de garantir qu'ils représentent l'ensemble de la population en matière d'âge, de région, de genre et d'identité raciale. Certains participants – bien que ce ne soit pas le cas de tous – ont déclaré avoir regardé un débat lors de la campagne de 2021 avant de prendre part aux groupes de discussion, ce qui a constitué une différence utile lors des discussions suivantes.

2.2 Déroulement

Chaque groupe de discussion s'est tenu par l'intermédiaire de la plateforme Zoom, et le déroulement était identique pour tous. Lorsqu'ils accédaient à la réunion, les participants étaient accueillis par le modérateur et étaient invités à se présenter (en précisant uniquement leur prénom). La séance était divisée en trois volets, le premier étant l'introduction, où le modérateur expliquait que le groupe de discussion avait pour but de mieux comprendre l'opinion des Canadiens sur les débats. Après avoir défini ce qu'est un débat, nous avons demandé aux participants ce que devraient constituer les objectifs de ce type de débat. Ensuite, nous avons abordé le débat de 2021, et le modérateur a demandé aux participants quelles étaient leurs premières réactions ou impressions concernant le débat se tenant dans leur langue.

Pour le deuxième volet, nous avons présenté quatre extraits vidéo du débat de 2021 (c'est-à-dire le débat des chefs de 2021 tenu dans la langue officielle de chacun des groupes), et les participants ont été invités à réagir à ce qu'ils avaient vu. Nous avons présenté un total de huit segments, soit quatre du débat en anglais et quatre du débat en français. La durée des extraits vidéo variait de quatre (4) à 11 minutesNote de bas de page 1. Par exemple, un extrait vidéo a présenté la question d'un citoyen sur les changements climatiques, suivie d'un échange entre M. Trudeau et M. O'Toole sur ce thème. Après le visionnement de chaque extrait, le modérateur demandait aux participants leurs réflexions sur celui-ci et leur posait des questions semi-dirigées sur le format et la structure du débat. Cette partie avait pour but de montrer des moments précis du débat qui mettaient en évidence certaines caractéristiques du format du débat. Tous les segments du débat (débat ouvert, débat comparatif, question d'un citoyen, intervention d'un journaliste, etc.) étaient couverts par les quatre extraits présentés, ceux-ci ayant été sélectionnés de façon à représenter les différentes parties du débat ainsi que les différences dans les interactions entre les candidats.

Le troisième volet portait sur ce que pourrait être les débats des chefs. En d'autres termes, nous avons demandé aux participants de réfléchir à ce à quoi ressemblerait pour eux le débat idéal. Pour aider les participants à structurer leurs opinions, nous leur avons présenté quelques paires d'alternatives (éléments également abordés dans la troisième partie de l'enquête) sur la structure des débats. Par exemple, nous avons demandé aux participants s'ils préféraient des débats incluant un plus grand nombre ou un nombre plus restreint de partis.

Les séances des groupes de discussion ont été enregistrées, et une transcription anonyme des discussions a été effectuée après la tenue des séances. L'analyse présentée ci-dessous est basée sur ces transcriptions écrites. Les résultats présentés s'appuient sur des observations récurrentes tirées des réponses des participants, telles que les points de consensus et les divergences d'opinions.

3. Constatations

3.1 Les objectifs d'un débat

Nous avons cerné trois objectifs principaux qui résument les points de vue des participants. Tout d'abord, la majorité des participants ont déclaré vouloir s'informer sur les programmes et les propositions politiques des partis. Par exemple, un participant a déclaré: « l'objectif, à mon avis, est d'exprimer et de montrer de façon claire quels sont leurs projets et quels effets ceux-ci auront sur nous » [traduction]. Les citoyens souhaitent donc s'informer sur ce que les partis proposent et sur la façon dont ces mesures toucheront leur vie. Cette observation rejoint également les résultats de la troisième vague de sondage, où l'on constate que l'objectif le plus important pour un débat des chefs cité par les participants est de connaître les programmes des partis (voir la figure 29).

Ensuite, les participants ont exprimé le désir de connaître le caractère et la personnalité de chaque chef; ils souhaitent entendre le chef et voir comment celui-ci répond aux questions, réagit sous la pression et interagit avec les autres. Par exemple, un participant a souligné qu'« il est vraiment important de voir comment ils interagissent et comment ils s'entendent, particulièrement lorsqu'il s'agit des thèmes plus importants » [traduction]. Les participants veulent donc comprendre qui sont les chefs et dans quelle mesure ils sont aptes à occuper le poste de premier ministre, qui requiert certains traits de caractère et certaines compétences. Nous avons également constaté qu'ils souhaitent connaître les valeurs des chefs. Aux yeux des participants, ces valeurs sont liées à leurs politiques et à leurs comportements pendant un débat. Ces remarques rejoignent celles du sondage, où nous avons constaté que 11 % des participants ont classé le fait d'apprendre à connaître les chefs de partis comme constituant l'objectif le plus important d'un débat (voir la figure 29).

Enfin, les participants ont noté que les questions d'un débat doivent être orientées vers les deux premiers objectifs associés à cet exercice. Ils ont déclaré que les questions devaient être relativement difficiles, mais qu'elles devaient surtout être précises afin d'éviter que les chefs fournissent des réponses vagues. Cela rejoint l'idée qu'ils souhaitent obtenir des détails sur les programmes des différents partis et la façon dont les chefs interagissent, plutôt que d'assister à une discussion où les chefs parlent tous en même temps.

3.2 Impressions générales sur les débats des chefs de 2021

Les participants qui ont vu les débats des chefs de 2021 avant d'assister au groupe de discussion ont exprimé des commentaires relativement positifs sur ceux-ci. Ils ont estimé que les débat étaient bien structurés et que les modérateurs étaient respectueux et polis (particulièrement dans le cas du débat en français). Par exemple, un participant a souligné qu'il « avait trouvé qu'il [le débat] était beaucoup plus édulcoré, très calme et très respectueux » [traduction]. En outre, après avoir visionné les extraits et en avoir discuté avec les membres du groupe, un participant a déclaré que le fait de regarder le débat avait contribué à élargir les perspectives de l'électorat. Les participants ont souligné que le fait d'entendre directement les réponses des chefs les aident à comprendre qui sont ces derniers et s'ils souhaitent voter pour eux ou non.

Par ailleurs, les participants ont estimé que les questions n'étaient pas assez précises. Des participants ont fait valoir que certaines questions étaient trop générales, donnant lieu à des réponses vagues. Il importe toutefois de souligner que plusieurs participants ont estimé que les interventions et les questions des journalistes étaient particulièrement intéressantes, car elles étaient très claires et précises.

3.3 Perception des chefs

Les chefs des partis étaient évidemment au centre des extraits vidéo. Par conséquent, les participants ont formulé des réflexions sur leur comportement général dans le cadre de la structure du débat. Nous avons observé deux réactions distinctes. D'une part, un certain nombre de citoyens ont exprimé des réactions politiques à l'égard des thèmes abordés par les chefs dans les extraits. À notre avis, cette réaction constitue une réponse naturelle et montre que les participants étaient impliqués lorsqu'ils regardaient les extraits. Les discussions entre les chefs sont importantes, car elles aident les citoyens à comprendre les politiques des différents partis et la façon dont elles coïncident avec leurs propres convictions.

Les participants ont également exprimé leur frustration à l'égard du comportement de certains chefs, notamment en ce qui concerne deux éléments. Premièrement, ils estimaient que les chefs ne répondaient pas aux questions. La plupart des participants aux groupes de discussion étaient d'avis que les chefs étaient trop vagues dans leurs réponses et que le modérateur aurait pu intervenir davantage pour s'assurer que les chefs répondent aux questions.

Deuxièmement, le fait que les chefs parlent en même temps ou qu'ils se coupent la parole a déplu aux participants. Bien que certains participants aient souligné que les chefs doivent défier leurs adversaires, la plupart des participants ont affirmé avoir trouvé cette situation déroutante et ont mentionné que lorsque les chefs parlent en même temps, il devient difficile d'obtenir des informations, ce qui entraîne une perte d'intérêt. Par exemple, un participant a déclaré que cette situation « crée de la confusion. Je ne comprends rien lorsqu'ils parlent tous. Et, oui, c'est frustrant quand ils ne font que [...] se disputer entre eux. [...] je trouve cela difficile de suivre, [...]qui dit quoi » [traduction]. Une autre personne ajoute qu'elle a eu « l'impression que personne n'a réussi à faire passer son message et qu'elle se sentait encore plus confuse qu'au départ » [traduction]. Il est essentiel pour les citoyens de comprendre les informations véhiculées par les chefs, et les participants ont clairement indiqué que lorsque plusieurs chefs parlent en même temps, ils ne sont pas en mesure d'obtenir ces informations.

3.4 Format des débats des chefs de 2021

3.4.1 Nombre de chefs

Lorsqu'ils ont été interrogés sur le nombre de chefs qui devraient être présents sur la scène, les participants ont mentionné qu'ils préféraient voir moins de cinq partis représentés. En effet, plusieurs participants ont estimé que seuls les chefs des trois plus importants partis devraient être invités à participer au débat. Cette proposition est motivée, à leurs yeux, par l'idée qu'ils souhaitent voir des candidats qui ont « une chance de devenir premier ministre ». Par exemple, un participant a déclaré ce qui suit à propos du format actuel : « Nous n'avons pas suffisamment l'occasion d'entendre ce qu'ont à dire les personnes qui pourraient réellement occuper le poste de premier ministre, et nous devons écouter [d'autres] personnes » [traduction].

En revanche, d'autres participants ont souligné qu'ils étaient satisfaits du format actuel. Selon eux, il est important d'entendre une diversité de points de vue sur plusieurs questions – même si certains chefs ont peu de chances de devenir premier ministre. Ainsi, les interventions des petits partis, lorsque qu'ils posent des questions et présentent leurs politiques, améliorent l'apprentissage des observateurs. En outre, certains citoyens ont fait remarquer que le fait de les inclure favorisait la responsabilisation.

3.4.2 Nombre de débats

La plupart des participants semblaient s'entendre pour dire qu'il était préférable d'organiser plus de débats portant sur des questions précises ou, à tout le moins, des débats abordant un moins grand nombre de questions. Les participants estimaient que le fait d'organiser un plus grand nombre de débats aiderait les chefs à expliquer de façon plus détaillée leurs propositions et leurs politiques, ce qui permettrait aux citoyens de tirer davantage d'informations des questions du modérateur. Cela fait écho aux résultats du sondage, où nous avons constaté que les participants souhaitaient la tenue de deux débats ou plus. Les séances menées auprès des groupes de discussion nous ont appris que le désir d'obtenir des réponses claires et détaillées aux questions ainsi que des précisions sur les propositions politiques des partis pourrait motiver cette préférence. Certains participants ont toutefois exprimé une certaine réticence à l'égard de la tenue de débats multiples, car ils trouvaient plus facile de suivre un format comportant un seul débat. En outre, un participant a souligné que, dans le cadre d'une campagne comportant plusieurs débats, un citoyen pourrait choisir de regarder un débat plutôt qu'un autre en raison de son contenu, ce qui pourrait restreindre sa capacité de s'informer sur d'autres sujets jugés moins pertinents par cette personne. Autrement dit, le fait d'organiser un débat sur une grande variété de thèmes encourage les citoyens à réfléchir à un large éventail de questions générales.

3.4.3 Répartition du temps

Deux thèmes sont ressortis des groupes de discussion concernant l'attribution de temps lors des débats. Premièrement, les participants estimaient de façon générale que les chefs ne disposaient pas de suffisamment de temps pour parler de leurs politiques. Les participants auraient aimé voir les chefs expliquer en détail leurs propositions. Comme nous l'avons mentionné à la section 3.4.2, les participants souhaiteraient que davantage de temps soit accordé à chaque thème – même si cela signifie qu'il faudrait organiser davantage de débats. Par exemple, un participant souligne qu'« il n'y a pas assez de temps [...]. Quand ils commencent à [... parler de] leur programme, ils ne fournissent pas vraiment de détails ou ils ne reviennent pas sur ces sujets » [traduction]. Les participants estiment par ailleurs que les chefs pourraient être plus précis dans leur propos, mais que la structure du débat les en empêche. En effet, un participant a déclaré qu'« ils semblent aborder toutes les questions de façon rapide et personne n'obtient vraiment de réponses » [traduction].

Deuxièmement, les participants aux groupes de discussion ont exprimé une forte préférence pour une répartition égale du temps entre les chefs. L'équité était au centre de cette vision. Les participants estiment que tous les chefs devraient disposer de la même quantité de temps pour exprimer leurs idées. Pourtant, certaines personnes interrogées ont également déclaré qu'elles trouvaient intéressantes les discussions entre les chefs et que cela pouvait avoir pour conséquence que certains chefs aient un peu moins de temps pour s'exprimer. Dans l'ensemble, les participants aux groupes de discussion ont tendance à favoriser un temps de parole égal entre les chefs, mais souhaitent que l'application de cette règle ne soit pas trop stricte.

 3.4.4 Modérateur

Les participants ont particulièrement souligné le rôle du modérateur lors des débats des chefs de 2021. En effet, très peu de participants ont formulé des commentaires négatifs concernant les interventions et les questions des modérateurs. Les participants ont estimé de façon générale que les modérateurs ont joué un rôle important pour guider les discussions et s'assurer que les chefs répondent aux questions.

Il importe de souligner que les participants étaient favorables aux diverses interventions du modérateur lors des débats. Ils étaient d'avis que le modérateur devait interrompre les chefs – soit pour s'assurer que ces derniers répondent à une question, soit pour garantir un temps de parole égal entre les chefs. Cela étant dit, certains participants ont trouvé les interventions du modérateur parfois déroutantes, car les chefs ne pouvaient pas terminer leurs phrases, ce qui rendait leurs réponses moins claires aux yeux des participants.

Dans l'ensemble, les participants estimaient que le modérateur devait jouer un rôle central et qu'il était est important qu'il intervienne au besoin afin de réorienter la discussion vers la question ou de s'assurer que le débat soit structuré et respectueux.

3.4.5 Journalistes

Les participants aux groupes de discussion se sont également dits satisfaits des interventions des journalistes invités et ont estimé que celles-ci complétaient adéquatement les questions des modérateurs. Plus précisément, ils ont trouvé intéressant le fait que les questions des journalistes portaient spécifiquement sur les propositions politiques de chaque chef. Comme l'a précisé un participant, ces interventions constituaient « des occasions intéressantes d'[...] approfondir un peu plus certains thèmes et certaines questions [...] » [traduction]. De façon générale, les participants étaient d'avis que les questions des journalistes leur avaient permis de mieux comprendre les propositions et les idées des partis. De plus, les participants ont jugé intéressant le fait que les différents journalistes aient mis au défi les chefs concernant leurs réponses (bien que certains participants aient trouvé trop agressive l'approche de certains journalistes). Dans l'ensemble, les participants ont trouvé les questions des journalistes pertinentes et importantes pour mieux comprendre les programmes des partis.

3.4.6 Questions des citoyens

Le segment portant sur les questions des citoyens a plu aux participants aux groupes de discussion. Ils ont trouvé ce format clair et pouvaient particulièrement s'identifier à ce type d'intervention puisqu'un citoyen comme eux était invité à poser une question simple et concise. Ils ont également aimé le format permettant à chaque chef de répondre directement à la question – malgré le fait qu'ils auraient souhaité que chaque chef dispose de plus de temps pour y répondre. Comme l'a fait remarquer un participant, « cela rend les choses plus pertinentes d'entendre quelqu'un [...] de notre niveau, qui peut s'exprimer et qui, espérons-le, représente plusieurs personnes au Canada qui se posent la même question » [traduction].

Les participants ont exprimé le souhait de voir davantage de questions posées par des citoyens et ont proposé d'ajouter des questions provenant des citoyens dans le cadre du débat. Ils ont également estimé qu'il serait intéressant de laisser le citoyen poser une question de suivi en fonction des réponses fournies par les chefs.

3.5 Futurs débats

À la fin de chaque groupe de discussion, nous avons demandé aux participants à quoi ressemblerait pour eux le débat idéal. Deux autres thèmes sont ressortis. Tout d'abord, les participants ont déclaré qu'ils se sentaient perdus au début des débat des chefs de 2021 parce que la structure n'était pas claire pour eux et qu'ils ne savaient pas quelles étaient, de façon générale, les politiques proposées par chacun des partis. Les participants d'un groupe de discussion ont proposé l'ajout d'un segment d'introduction où chaque chef aurait l'occasion de présenter son programme de façon globale – avant de répondre aux questions. En d'autres termes, les participants ont estimé que le début des débats était abrupt et qu'une présentation des partis les aurait aidés à mieux comprendre les différents programmes. Une discussion entre trois participants (anonymes : P1, P2 et P3) d'un groupe de discussion en français illustre ce point :

« P1 : À mon avis, chaque chef devrait préparer une capsule vidéo sur les points d'intérêt que le parti souhaite aborder ainsi qu'un résumé de ses promesses, et chacune de celles-ci serait ensuite présentée. […]

P2 : Je ne pensais pas à une vidéo, mais à une présentation sous forme de liste [... des] sujets qui sont importants pour eux [...]. Cela nous permettrait d'avoir une idée de ce qui va se passer, des questions qui seront posées et de tout le reste, plutôt que de présenter un débat hors de contexte. Les gens ne suivent pas tous l'actualité et ne sont pas tous au courant des programmes que les partis présentent et de ce qu'ils veulent faire. Je pense que pour le grand public, ce serait utile d'avoir une présentation et ensuite un débat.

P3 : [...] Ce serait bien de présenter ces informations au début, car je ne suis pas très au courant de l'actualité, donc je lis rapidement ce qu'ils ont à présenter, très rapidement. Au moins s'il y avait des vidéos, je pense que je suivrais le débat et que je le regarderais parce que ce serait simple. Nous aurions une idée de ce vers quoi nous nous dirigeons […]. Avec des vidéos explicatives, puis un débat, [...] je pourrais faire un choix meilleur et plus éclairé. »

Nous interprétons ces suggestions comme constituant un désir de certains participants de se faire d'abord une idée de ce que les partis proposent afin d'en apprendre le plus possible par la suite grâce aux questions du débat. Plusieurs participants ont estimé que leur connaissance préalable limitée des programmes des partis les empêchait de tirer pleinement parti des questions du débat.

Par ailleurs, l'idée de diversifier les interlocuteurs autorisés à poser des questions lors des débats a suscité un certain intérêt parmi les participants et, bien que ces derniers aient trouvé utile le rôle joué par les modérateurs lors des débats des chefs de 2021. Ils ont également déclaré qu'ils souhaiteraient voir davantage de citoyens poser des questions, car celles-ci se rapprochent de leurs préoccupations.

Date de modification : 10 mai 2022