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Les débats, essentiels à la démocratie : faire en sorte que les débats comptent pour les citoyens
Rapport sur l'expérience de la Commission des débats des chefs lors des élections fédérales de 2021

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Message du commissaire aux débats : La démocratie, la confiance et les débats des chefs

Le Canada a une longue tradition de gouvernement démocratique et de respect des libertés civiles. Cependant, nous vivons à une époque marquée par un recul de la démocratie à l'échelle mondiale. L'indice de démocratie 2021 du groupe The Economist, élaboré à l'aide d'un système d'évaluation comportant cinq volets, conclut que seulement 6,4 % de la population mondiale vit dans un pays pleinement démocratique, et que seulement 21 pays, dont le Canada, se classent parmi les pays pleinement démocratiques. Le rapport de 2021 sur la liberté dans le monde, publié par l'ONG Freedom House, fait état quant à lui d'une quinzième année consécutive de déclin de la liberté dans le monde et évoque une « démocratie assiégée »Note de bas de page 1.

La démocratie canadienne s'est relativement bien portée jusqu'à présent, mais l'un des plus graves dangers qui nous guettent est la complaisance; il est donc plus important que jamais d'organiser des élections éclairées qui mobilisent nos citoyens. C'est à cet égard que les débats des chefs peuvent apporter une contribution considérable : nous savons que le fait de voir des chefs réunis sur scène, en direct, répondre à des questions difficiles et remettre en question les idées et les opinions des uns et des autres, aide les Canadiens à se familiariser avec les dirigeants politiques et à s'informer sur les questions importantes. Et lorsqu'ils sont organisés de façon optimale, les débats peuvent refléter nos valeurs fondamentales d'équité, de civisme et de pluralisme.

Les débats sont davantage que des événements de campagne ou des exercices journalistiques. L'Étude électorale canadienne (EEC) de 2021 a montré que les débats des chefs de 2021 ont contribué à accroître la confiance du public à l'égard du gouvernement, des médias et des partis politiquesNote de bas de page 2. À l'ère de la désinformation, de la fragmentation de l'auditoire et de la polarisation de l'opinion publique, les débats des chefs fournissent un compte rendu fidèle des positions des partis, auquel les citoyens peuvent se fier et qu'ils peuvent consulter à maintes reprises. Lorsqu'ils sont bien menés, les débats des chefs constituent un mandat d'intérêt public qui, en retour, peut contribuer à instaurer un climat de confiance.

Faire en sorte que les débats comptent

La Commission des débats des chefs (CDC) a désormais tiré des leçons des deux derniers cycles électoraux. Les cotes d'écoute élevées lors des débats ainsi que la discussion publique qu'ils ont suscitée nous ont appris que les débats pouvaient servir de point de convergence dans le cadre d'une campagne électorale. Conscients de l'importance primordiale de joindre les communautés éloignées et marginalisées, nous avons réalisé des progrès notables en vue de rendre les débats accessibles. Nous apprenons également, par essais et erreurs, ce qui peut rendre les futurs débats prévisibles et informatifs et faire en sorte qu'ils suscitent l'intérêt. Les débats sont des exercices itératifs qui doivent faire l'objet d'une évaluation et d'une amélioration constantes. Notre rapport présente un certain nombre de suggestions pratiques sur les façons d'améliorer ces exercices. Nous espérons qu'il pourra constituer un guide utile pour de futures instances chargées de l'organisation des débats. Nous sommes d'avis que, grâce à l'apprentissage constant et à un examen régulier, les débats des chefs peuvent servir de modèles pour la tenue de débats efficaces à tous les niveaux à l'échelle du pays et contribuer à établir des normes nationales en matière de discours civil.

L'équipe de la CDC est particulièrement reconnaissante envers les nombreuses personnes et organisations qui l'ont aidée jusqu'à présent et qui ont fait part de l'expérience inestimable qu'elles ont acquise au fil des ans, tant au Canada qu'à l'étranger. Leurs recherches étayent bon nombre de nos conclusions, et leurs conseils judicieux ont contribué à l'élaboration de plusieurs de nos recommandations. Ensemble, ils contribuent à faire de nos futurs débats un élément meilleur et plus permanent de notre système démocratique. Ce faisant, ils contribuent à rassembler une diversité de voix autour des débats et des élections, et à construire une communauté permanente, établie au Canada, mais ayant une portée mondiale.

Ce fut un honneur de collaborer avec une telle équipe de personnes dévouées qui ont à cœur de contribuer à entretenir un intérêt renouvelé pour nos institutions démocratiques au moyen de débats des chefs. Cette équipe, dont la plupart des membres exercent leurs fonctions à temps partiel, est dirigée par Michel Cormier et est composée de Bradley Eddison, Jess Milton, Chantal Ouimet, Kelly‑Ann Benoit et Stephen Wallace (qui a collaboré à titre bénévole). Leur professionnalisme et leur engagement à l'égard du bien public sont parmi les plus remarquables dont j'ai été témoin.

Le Canada dispose d'une base solide pour renforcer sa démocratie. Toutefois, le maintien de la démocratie exige à la fois une vigilance constante et une vigueur collective. Au même titre, l'instauration de la confiance à l'égard de nos institutions exige une attention et un engagement constants. Nous sommes conscients de notre mandat d'intérêt public en vue d'assurer des débats efficaces et informatifs qui établissent des normes de civilité, d'exactitude et de transparence. Le rapport qui suit présente ce que nous avons accompli, ce que nous avons appris et ce qui peut être mis en place pour l'avenir.

David Johnston
Commissaire aux débats

Section 1 – Mise en œuvre du mandat de la Commission

Les élections fédérales de septembre 2021 représentaient le deuxième cycle politique au cours duquel la CDC a organisé des débats. Comme ce fut le cas en 2019, la Commission a été mandatée pour organiser deux débats, soit un dans chaque langue officielle.

Ce rapport analyse la mesure dans laquelle la CDC a rempli son mandat en 2021.

À la suite de la plus récente expérience, qui a suscité d'importantes critiques de la part des parties prenantes, la Commission doit procéder à une évaluation rigoureuse de ce qu'elle a accompli et déterminer si son maintien est justifié. En d'autres termes, la CDC apporte-t-elle à l'écosystème des débats un élément valable qui ne serait pas généré autrement? Dans l'affirmative, le mandat, le rôle et la structure de la Commission devraient-ils évoluer afin de garantir de futures améliorations dans l'organisation et la tenue des débats?

Nous estimons qu'une autoévaluation honnête de l'expérience de 2021 est essentielle afin de déterminer ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré.

Contexte

Avant d'analyser l'expérience de 2021, il est utile de rappeler le contexte qui a conduit à la création de la CDC en 2018. La décision de créer la Commission découle de l'expérience de la campagne électorale fédérale de 2015, qui n'a pas réussi à produire un débat en langue anglaise largement visionné et distribué.

En confiant à une commission le mandat d'organiser deux débats des chefs (un dans chaque langue officielle), le gouvernement a signifié qu'il souhaitait réduire le risque que les négociations entre les partis politiques et les réseaux de télévision échouent ou qu'elles produisent des débats ayant une portée publique limitée. Il y avait également une volonté de rendre les débats plus prévisibles, plus fiables et plus stablesNote de bas de page 3.

L'article 4 du décret de 2018 définit le rôle de la Commission de la façon suivante : « Dans l'accomplissement de son mandat, la Commission est guidée par la poursuite de l'intérêt public et par les principes de l'indépendance, de l'impartialité, de la crédibilité, de la citoyenneté démocratique, de l'éducation civique, de l'inclusion et de l'efficacité financière »Note de bas de page 4.

L'expérience de 2019

Le travail de la Commission est de nature itérative. Pour trouver la meilleure voie à suivre, il est nécessaire d'examiner le chemin parcouru. Ainsi, les débats de 2019, les consultations qui les ont suivis et notre rapport de 2019 ont tous éclairé l'approche que nous avons adoptée pour organiser les débats de 2021Note de bas de page 5.

L'expérience de 2019 a apporté une stabilité au processus d'organisation des débats. Les règles de participation ont été rendues publiques, et les partis politiques se sont engagés bien à l'avance à participer aux débats. La portée et l'auditoire des débats ont également été élargis, et les débats ont été offerts dans des langues autres que le français et l'anglais, y compris certaines langues autochtones, la langue des signes américaine (ASL) et la langue des signes québécoise (LSQ). Les enquêtes d'opinion publique menées pour le compte de la Commission ont révélé qu'une majorité d'électeurs ont estimé que les débats les ont aidés à faire leur choix en vue de l'électionNote de bas de page 6. Comme nous l'avons conclu dans notre rapport de 2019, les débats sont essentiels à la démocratie.

Toutefois, certaines améliorations se devraient d'être apportées. Notre rapport de 2019 comprenait onze recommandations. La principale recommandation, fondée sur un large consensus lors des consultations, portait sur la création d'une commission permanente, à condition que des mesures soient prises pour en assurer l'indépendance, l'impartialité et la transparence. La Commission a également recommandé qu'elle soit créée au moyen d'une législation, que son commissaire soit nommé en consultation avec les partis politiques représentés à la Chambre des communes, et que la Commission conserve une certaine capacité opérationnelle entre les élections. La CDC utiliserait ce temps pour maintenir des relations avec les parties intéressées afin de favoriser des discussions sur les pratiques innovantes en matière de présentation et de production de débats.

La Commission a également recommandé que ce soit le commissaire, et non le gouvernement, qui détermine les critères de participation aux débats et que ceux-ci soient aussi clairs et objectifs que possible et rendus publics avant la campagne électorale.

Enfin, la Commission a recommandé de se réserver le droit d'approbation finale concernant le format et la production des débats, tout en respectant l'indépendance journalistique.

Mandat renouvelé pour 2021

Le mandat de la Commission a pris fin le 31 mars 2020, peu de temps après la présentation de son rapport et de ses états financiers. En novembre 2020, le gouvernement a reconduit le mandat d'un commissaire aux débats et a émis un décret confiant au CDC un mandat modifié pour l'organisation de deux débats, soit un dans chaque langue officielle, pour le cycle politique du gouvernement minoritaireNote de bas de page 7.

Ce décret modifié ajoutait trois responsabilités supplémentaires au mandat de la CDC :

  • Établir des critères de participation aux débats des chefs et rendre ces critères publics;
  • Veiller à ce que les débats soient disponibles dans des langues autres que le français et l'anglais, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada; et
  • Donner l'approbation finale quant au format et à la production des débats des chefs, tout en respectant l'indépendance journalistique.

Le gouvernement a ainsi donné à la CDC l'autorité de traiter deux questions primordiales découlant des débats de 2019, soit l'établissement de critères de participation plus clairs et plus objectifs, et l'approbation finale du format des débats.

La section suivante étudie de façon plus détaillée le mandat confié à la Commission en 2021 et examine dans quelle mesure elle s'est acquittée de ce mandat. Cette évaluation servira de base à nos recommandations pour 2021.

Section 2 – Principales constatations

Comme nous l'avons mentionné précédemment, le mandat de la CDC comportait plusieurs objectifs.

Dans le but de déterminer si la Commission a atteint ces objectifs, nous avons examiné les débats des chefs organisés en 2021 et avons largement consulté les parties intéressées, tant au Canada qu'à l'étranger. Nous avons organisé quatre symposiums portant sur les débats et réunissant des experts des domaines de la production et de l'organisation des débats et des sondages. Nous nous sommes entretenus avec des modérateurs de débats, des producteurs et des professionnels de la télévision de l'extérieur du Canada. Nous avons interrogé plus de 40 parties prenantes afin de connaître leur opinion concernant l'expérience canadienne sur des sujets aussi variés que le choix d'un modérateur ou les façons d'améliorer l'interprétation. Nous avons demandé l'avis du public et avons reçu plus de 1 100 commentaires provenant de Canadiens. Enfin, nous avons collaboré avec l'Étude électorale canadienne de l'Université de Toronto afin de sonder 2 000 Canadiens sur ce qui fait la réussite d'un débat.

Cette section présente une analyse factuelle de notre expérience de 2021.

2.1 Les débats étaient-ils accessibles et largement diffusés?

Les débats en anglais et en français ont été diffusés en direct sur 36 réseaux de télévision, quatre chaînes de radio et plus de 115 plateformes numériques. Les Canadiens ont également pu regarder les débats en ligne dans la langue de leur choix après leur diffusionNote de bas de page 8. Les débats ont été offerts en seize langues, dont six langues autochtones, l'ASL et la LSQ, ainsi qu'en sous-titrage codé et en vidéodescription. Moins de 5 % des personnes qui n'ont pas regardé les débats ont indiqué que la principale raison était qu'elles n'y avaient pas accèsNote de bas de page 9.

Plus de dix millions de Canadiens ont suivi le débat en anglais, et plus de quatre millions ont regardé le débat en français. Il importe de souligner que ces chiffres sont élevés par rapport à l'auditoire des débats internationaux et des émissions de télévision canadiennes. À titre d'exemple, 8,8 millions de Canadiens ont regardé le Super Bowl en 2021.

Auditoire des débats, de 2011 à 2021
  2011 2015 2019 2021
Anglais Consortium : 10 650 000 MacLean's : 4 300 000
Globe and Mail : 2 270 000
Munk : 1 546 000
Commission : 14 219 000
MacLean's : cotes d'écoute non disponibles
Commission : 10 273 926
Français Consortium : 1 320 000 Consortium : 1 214 000
TVA : 985 000
Commission : 5 023 435
TVA : 1 318 000
Commission : 4 282 628
TVA : 2 560 000
Total 11 970 000 10 315 000 20 560 435 17 116 554

2.2 Les invitations aux débats ont-elles été faites sur la base de critères de participation clairs, ouverts et transparents?

En 2021, la CDC a établi les critères de participation et les a rendus publics avant l'élection. La Commission a également rendu publiques les justifications appuyant son interprétation des critères de participation et leur application, ainsi que sa décision concernant les chefs de partis qui remplissaient les critères pour être invités. Les invitations aux chefs de partis ont ensuite été rendues publiques, ainsi que les réponses des chefs.

De façon générale, les parties prenantes ont estimé que la Commission avait établi des critères valides et les avait appliqués de manière claire et objective. Certains jugeaient que la date d'application de ces critères devrait se rapprocher le plus possible de celles des débats et qu'il convenait d'utiliser les données les plus récentes possible. Cela dit, les producteurs des débats ont souligné qu'une détermination « tardive » du nombre de chefs présents sur scène pourrait compromettre leur capacité à produire un débat de haute qualité, comme l'exige le décret, en plus d'avoir une incidence sur la capacité des partis politiques à se préparer aux débats.

2.3 Les débats ont-ils été efficaces et informatifs, et ont-ils suscité l'intérêt?

La réponse à cette question est complexe et, à bien des égards, subjective. Les gens ont des conceptions différentes de ce qui rend les débats efficaces et informatifs, et de ce qui fait en sorte qu'ils suscitent de l'intérêt. Pour répondre à cette question de la façon la plus exhaustive possible, nous nous appuyons sur un ensemble de données objectives, des consultations que nous avons menées auprès de diverses parties prenantes, des commentaires formulés par le public, ainsi que sur des études d'opinion publique que nous avons commandées après la tenue des débats.

Les cotes d'écoute constituent la première mesure objective de l'efficacité d'un débat. Comme nous l'avons vu, les débats organisés par la CDC en 2021 ont attiré plus de 14 millions de téléspectateurs, soit 5 millions de moins qu'en 2019, mais plus qu'en 2015 et en 2011. Selon le Groupe de diffusion des débats, la baisse des cotes d'écoute reflète une baisse générale constatée du nombre de téléspectateurs. Le manque d'intérêt à l'égard de l'élection a possiblement eu une incidence sur les cotes d'écoute, compte tenu du fait que la participation électorale affichait également une baisse en 2021 par rapport à 2019. Parmi les autres facteurs possibles, mentionnons que l'élection a eu lieu en été, ce qui signifie que les débats ont eu lieu au début du mois de septembre, période occupée pour de nombreux Canadiens. Enfin, la COVID-19 a eu une incidence sur la capacité des diffuseurs à être présents sur place avant les événements; par conséquent, la couverture médiatique avant la tenue des débats était moins importante qu'en 2019.

Toutefois, le succès des débats ne se définit pas uniquement en fonction du nombre de personnes qui les regardent. Les débats ont pour but de créer un environnement permettant aux électeurs de mieux s'informer sur les politiques que les partis ont l'intention de mettre en œuvre et d'évaluer les qualités des chefs, qu'il s'agisse de leur capacité à expliquer leurs politiques ou de leur aptitude à composer avec la pression.

Il est généralement admis que les débats de 2021 n'ont pas réussi, dans la mesure attendue, à informer les électeurs sur les politiques des différents partis. Les deux principales lacunes cernées, particulièrement en ce qui concerne le débat en anglais, portaient sur le format et la modération. Les parties prenantes que nous avons consultées, tout comme les analyses qui ont été publiéesNote de bas de page 10, ont critiqué le format, estimant que celui-ci était chargé et restrictif, et qu'il n'accordait pas suffisamment de temps aux chefs pour s'exprimer ou échanger entre eux de façon pertinente. Un consensus s'est dégagé sur le fait qu'il y avait trop de journalistes sur scène et que le type de questions de la modératrice et des journalistes limitaient la capacité des chefs d'expliquer leurs positions.

De nombreux Canadiens se sont montrés un peu moins critiques à cet égard. Des sondages menés par l'Étude électorale canadienne pour le compte de la CDC révèlent que 63 %Note de bas de page 11 des personnes interrogées ont trouvé les débats instructifs. Le processus de modération a également été évalué de façon plus favorable, 77 %Note de bas de page 12 des téléspectateurs ayant trouvé que les modérateurs avaient posé des questions pertinentes, et 79 % étant d'avis qu'ils avaient traité les chefs de façon équitableNote de bas de page 13. Toutefois, 56 % des personnes interrogées ont trouvé que les chefs n'avaient pas eu suffisamment de temps pour débattre entre euxNote de bas de page 14. Comme l'a fait remarquer un participant à un groupe de discussion de l'EEC, « ils semblent aborder toutes les questions de façon rapide et personne n'obtient vraiment de réponses » [traduction]Note de bas de page 15.

Comparativement aux personnes qui n'ont pas regardé les débats, celles qui les ont suivis ont signalé :

  • une plus grande confiance à l'égard du gouvernement fédéral;
  • une plus grande confiance à l'égard des partis politiques;
  • une meilleure capacité à évaluer les chefs de partis;
  • une réévaluation des chefs;
  • un intérêt accru à l'égard des élections; et
  • une plus grande confiance concernant leur décision de vote.

Cependant, le même sondage a révélé que les Canadiens n'ont pas suffisamment été informés des programmes des partis lors des débats. Ces résultats sont très différents de ceux obtenus au sujet des débats de 2019, lorsqu'un sondage similaire mené par l'Étude électorale canadienne avait montré que les débats avaient permis aux téléspectateurs d'améliorer leur connaissance des programmes des partisNote de bas de page 16.

2.4 Les débats ont-ils été organisés dans l'intérêt public?

Afin de déterminer si les débats ont été organisés dans l'intérêt public, il est important d'établir une distinction entre les composantes organisationnelles des débats et leurs éléments de fond.

D'un point de vue strictement organisationnel, la Commission estime avoir rempli son mandat. Les débats ont été organisés selon les règles de passation de marchés publics, par le biais d'un processus indépendant et public de demande de propositions qui a mené à la sélection d'un producteur selon des critères précis. Les débats ont également été réalisés dans les limites du budget du contrat.

Sur le fond, cependant, les débats ont moins bien réussi à servir l'intérêt public, ce que définit le décret de la Commission en précisant qu'ils « contribuent de façon essentielle à la santé de la démocratie canadienne ».

Nous interprétons l'intérêt public dans le contexte des débats comme le fait de répondre aux besoins des téléspectateurs et, par extension, des électeurs, et de servir ceux-ci. Selon nos sondages d'opinion publique, ce sont des informations sur les positions des chefs et de leurs partis que les téléspectateurs attendent le plus des débats, car cela les aide à faire un choix éclairé lorsqu'ils déposent leur bulletin dans l'urneNote de bas de page 17. Par conséquent, toutes les composantes des débats doivent être conçues de façon à répondre à ce besoin et à favoriser la communication d'informations pertinentes aux électeurs. Cela a une incidence sur le type de questions qui sont posées aux chefs et la manière dont elles sont posées.

Le fait de cadrer les débats autour de l'intérêt public favorise également la confiance. Selon le baromètre de confiance Edelman 2021, le Canada n'est pas une société confiante. Nous affichons globalement une attitude neutre à l'égard de nos institutions, ce qui s'explique sans doute en partie par la désinformationNote de bas de page 18. En offrant un espace sûr où les électeurs peuvent évaluer les chefs des partis en direct et sans intermédiaire, les débats peuvent contribuer à accroître la confiance à l'égard des institutions et à favoriser la participation citoyenne. Cet aspect est particulièrement important pour les collectivités qui se sentent privées de leurs droits ou oubliées par le processus politique. Servir l'intérêt public consiste notamment à atteindre les gens là où ils vivent, dans des langues autres que le français et l'anglais, et à leur fournir des informations adaptées à leurs réalités.

Section 3 – Au-delà de 2021

Cette section présente des recommandations visant à améliorer le mandat, le rôle et la structure d'une future commission ou d'un autre organisme indépendant. Elle examine le rôle que cet organisme pourrait jouer, le cas échéant, pour améliorer la production des débats et comment il pourrait, en collaboration avec ses partenaires, mieux servir l'intérêt public.

Cette entité indépendante pourrait prendre la forme de l'actuelle Commission, mais plusieurs modèles institutionnels méritent d'être envisagés à plus long terme. Nous examinerons ces différents modèles plus loin dans le rapport. À des fins de lisibilité, nous utilisons le terme « commission » dans les sections suivantes.

Si elle est parvenue à rendre les débats plus stables, plus accessibles et plus transparents, la Commission n'a pas pleinement atteint l'objectif de ce que l'on pourrait appeler l'intégrité globale des débats. L'intégrité des débats renvoie à plusieurs dimensions, notamment les critères de participation, la portée, la promotion, les cotes d'écoute, le format, la modération, le choix des thèmes et des questions, la responsabilité à l'égard du mandat, la satisfaction de l'auditoire et le service de l'intérêt public. Pour assurer l'intégrité des débats, chacune de ces dimensions doit être satisfaite. L'intégrité suppose que le tout est plus grand que la somme des parties et que la responsabilité globale du succès des débats incombe à une future commission ou à un organisme indépendant.

Il importe tout d'abord d'explorer ce qui doit être accompli et modifié pour améliorer chacune des composantes des débats.

3.1 Améliorer les débats des chefs lors des prochaines élections générales

Trois composantes fondamentales sont liées à la production de débats. Pour en faciliter la compréhension, nous les présentons par catégories ci-dessous.

Format

Le format concerne les éléments structurels du débat :

  • Forme (assemblée publique, débat ouvert, etc.);
  • Nombre de segments et détermination des segments (allocutions préliminaires et finales, participation du public, panels ou invités, présentation de vidéos, etc.);
  • Temps : durée du débat, durée de chaque segment, temps dont dispose chaque chef pour répondre à une question, temps à consacrer à chaque thème, durée des segments du débat ouvert;
  • Nombre de questions posées à chaque chef (et non les thèmes ou les sujets sur lesquels porteront les questions).

Modération

Le rôle de « modérateur » fait référence à toute personne présente sur la scène du débat qui :

  • Dirige ou préside le débat; OU
  • Veille au respect du temps de parole accordé à chaque participant; OU
  • S'adresse aux chefs en posant des questions et en assurant le suivi des questions qui leur sont posées.

Pour plus de clarté, un journaliste qui se trouve sur scène pour échanger avec les chefs, leur poser des questions et assurer un suivi des questions qui leur ont été posées est de facto un modérateur.

Un membre du public qui assiste aux débats ou qui y participe en direct par le biais d'une plateforme vidéo n'est pas considéré comme étant un modérateur, car il n'est pas présent sur scène avec les chefs, ne leur pose pas de questions de suivi et ne réfute pas leurs arguments.

Composantes éditoriales

Les composantes éditoriales d'un débat comprennent :

  • Les thèmes et questions posées aux chefs, notamment :
    • La détermination des thèmes et des questions;
    • L'ordre dans lequel seront présentés les thèmes et les questions;
    • Le libellé précis de chaque question.

Essentiellement, les composantes éditoriales portent sur ce dont les chefs parleront et sur la nature des thèmes et des questions qui leur sont posées. La modération fait référence à la personne qui pose ces questions. Le format porte sur la façon dont seront menés les débats (déroulement) et l'endroit où ceux-ci se dérouleront (aspects logistiques de l'événement).

3.1.1 Format

Les deux formats des débats de 2021 ont largement été critiqués par les médias, le public et diverses parties prenantes.

La couverture médiatique du débat en langue française s'est concentrée sur la question de savoir si le débat avait donné lieu à des échanges pertinentsNote de bas de page 19. Les critiques ont porté sur les points suivants :

  • Format chargé;
  • Trop de questions;
  • Accent trop important mis sur la production;
  • Trop de journalistes sur scène;
  • Peu d'occasions offertes aux chefs pour débattre.

Le débat en anglais a reçu une couverture médiatique plus négative et a été marqué par une controverse sur le format et la modération.

Les critiques des médias ont déclaré que le format était restrictifNote de bas de page 20et étroitement structuréNote de bas de page 21, accordant aux chefs trop peu de temps pour expliquer leurs politiquesNote de bas de page 22. Les commentateurs ont affirmé que le débat mettait trop l'accent sur le temps de parole accordé à chaque chef, qu'il y avait trop de journalistes sur scène et qu'il n'offrait pas de réelle possibilité de débat. Le Globe and Mail a quant à lui comparé le débat à une conférence de presseNote de bas de page 23.

Les commentaires transmis à la Commission par les membres du public soulignaient les mêmes problèmes. Voici quelques exemples de commentaires que nous ont fait parvenir des citoyens :

  • Un débat n'est pas une séance de questions-réponses
  • Le format n'a pas laissé suffisamment de temps aux chefs d'expliquer leur position
  • Le format ne devrait pas obliger les chefs à se livrer à un exercice de « course contre la montre »
  • Ce débat a purement et simplement été conçu de façon à favoriser les cotes d'écoute et à générer des « phrases-chocs » pouvant être relayées lors du bulletin de nouvelles de soirée
  • Les débats ne sont pas destinés à mettre en valeur le talent journalistique et ne devraient pas servir à des fins d'« autopromotion »

Un consensus s'est dégagé parmi les parties prenantes consultées sur le fait que le format était trop rigide, trop complexe, trop confus, que trop de journalistes étaient présents sur scène et qu'il ne suscitait pas suffisamment de débats entre les chefs.

Les parties prenantes ont dit que la combinaison de ce qui était en fait cinq ou six formats réunis en un seul était difficile à suivre, et ont souligné que les projecteurs étaient souvent braqués sur les journalistiques plutôt que sur les chefs.

Une analyse réalisée après la tenue des débats a révélé une augmentation du nombre de questions posées dans le cadre des débats de deux heures au fil du temps. En effet, huit questions ont été posées aux chefs en 2008, contre 45 en 2021Note de bas de page 24. Ces données appuient l'opinion selon laquelle le débat avait accordé trop de temps au modérateur et aux journalistes, et trop peu de temps aux chefs. D'autres personnes ont ajouté que le fait d'inclure des questions du public contribuait à la lourdeur du format et apportait une valeur limitée au débat.

Tant ici qu'à l'étranger, les parties prenantes ont suggéré de simplifier le format du débat.

Comme nous l'avons souligné précédemment, la majorité des citoyens interrogés par la Commission ont affirmé qu'ils regardaient principalement les débats afin de se renseigner sur les programmes proposés par les chefsNote de bas de page 25. Comme l'a fait remarquer un participant à un groupe de discussion de l'Étude électorale canadienne, l'objectif des débats « est d'exprimer et de montrer de façon claire quels sont leurs projets [des partis] et quels impacts ceux-ci auront sur nous » [traduction]Note de bas de page 26. Le facteur le moins important pour les Canadiens est que le débat doit « être excitant »Note de bas de page 27.

La Commission a également reçu des commentaires sur le fait d'accorder un temps de parole égal à chaque chef et sur les compromis possibles à cet égard. Un consensus s'est dégagé sur le fait qu'il faudrait moins insister sur l'égalité absolue de temps de parole, mais plutôt veiller à être aussi équitable que possible pendant toute la durée du débat. En d'autres termes, l'égalité de temps doit être intégrée à titre de principe plutôt qu'en tant qu'approche mécanique.

Certains intervenants ont proposé d'éliminer le tirage au sort, la détermination aléatoire des positions sur le podium et l'ordre des questions, et ont fait valoir que ces facteurs devraient faire l'objet de décisions éditoriales prises pour servir au mieux l'intérêt public.

La Commission conclut que les éléments suivants liés au format des débats devraient être pris en compte :

  • Allocutions préliminaires et finales;
  • Mêmes questions posées à tous les candidats afin d'encourager les débats entre les chefs;
  • Prévoir du temps pour des questions de suivi afin de s'assurer que les chefs répondent aux questions posées;
  • Débat ouvert réunissant tous les chefs;
  • Accent mis sur l'équité plutôt que sur une adhésion rigide à l'égalité de temps accordé à tous les chefs;
  • Nombre et longueur appropriés des thèmes et des questions afin de susciter des discussions approfondies.

La question est maintenant de savoir quel rôle, le cas échéant, une future commission devrait jouer concernant les questions de format.

En 2019, la Commission a demandé à jouer un rôle accru à cet égard. Lorsque la Commission a proposé de se réserver le droit d'approbation finale du format, son intention n'était pas d'imposer un format aux réseaux, mais bien de travailler avec le producteur des débats en vue de concevoir un format qui représenterait au mieux l'intérêt public. Cela n'a pas été possible en 2021, car la Commission a reçu son nouveau mandat en novembre 2020 et devait être prête dès le printemps 2021 à un éventuel déclenchement des élections. Cette courte période a fait en sorte qu'il a été difficile pour la Commission de travailler avec les parties prenantes en vue de concevoir et de tester des formats potentiels ou d'obtenir l'adhésion des parties prenantes au nouveau processus.

Notre mandat précise que la Commission doit avoir le droit d'approbation finale du format, « tout en respectant l'indépendance journalistique ». Dans le contexte des débats, nous estimons que l'indépendance journalistique est plus spécifiquement définie comme étant l'indépendance éditoriale, c'est-à-dire les composantes éditoriales du débat telles qu'elles sont décrites ci-dessus à la section 3.1.

Nous sommes d'avis que la protection de l'indépendance éditoriale du producteur des débats constitue une responsabilité importante pour une future commission; toutefois, selon nous, le format et les éléments structurels du débat tels qu'ils sont décrits ci-dessus à la section 3.1 ne relèvent pas d'une décision éditoriale. Nous estimons qu'une future commission exempte d'intérêts concurrentiels serait la mieux placée pour concevoir un format qui serve au mieux l'intérêt public. La tenue de ces discussions en dehors de l'atmosphère tendue des mois précédant le déclenchement d'une élection contribuerait également à accroître l'efficacité de cet exercice démocratique ainsi que la confiance qu'il inspire.

Nouvelle recommandation

Recommandation no 1 : L'approbation finale du format des débats devrait relever de la Commission, et celle-ci devrait travailler avec les parties prenantes entre les élections à la conception d'un format simplifié qui sert au mieux les Canadiens.

3.1.2 Modération

Un fort consensus s'est dégagé parmi les parties prenantes consultées en 2021 sur l'importance d'avoir recours à un modérateur efficace pour assurer l'intégrité des débats et favoriser la confiance à l'égard des institutions démocratiques.

Les consultations ont mis en évidence le fait que le succès des débats repose en grande partie sur le modérateur. Cette personne donne le ton du débat et agit en tant que gardien de l'intérêt public; par conséquent, il est important qu'elle fasse preuve de neutralité et maintienne l'attention sur les chefs. Le modérateur est présent sur scène en tant que facilitateur, et son rôle est de servir les électeurs qui regardent le débat.

Chris Waddell, ancien directeur de l'école de journalisme et de communication de l'Université Carleton et ancien chef du bureau parlementaire de CBC Television News et producteur exécutif des émissions spéciales d'information à Ottawa, a écrit dans son mémoire à la Commission que « l'invisibilité devrait être l'objectif du modérateur. Ce dernier a entre les mains un sifflet qui sera utilisé peu fréquemment, mais qui oblige les participants, lorsqu'ils l'entendent, à prêter attention et à suivre les directives » [traduction]. Comparant le rôle du modérateur à celui d'un « arbitre de hockey », il a souligné que « les meilleurs modérateurs sont ceux que le public ne remarque pas » [traduction]. Les commentaires adressés à la Commission par les membres du public abondent dans le même sens. « Je ne m'intéresse pas à l'opinion du modérateur », a écrit un citoyen. « Nous avons besoin de connaître le point de vue des chefs de partis », a ajouté une autre personne.

Les commentateurs des médias, les membres du public qui nous ont fait parvenir des commentaires et les parties prenantes que nous avons consultées ont proposé que la Commission envisage la possibilité de faire appel à un seul modérateur lors de futurs débats. Les citoyens sont du même avis, la majorité des Canadiens interrogés par la Commission préférant un seul modérateur plutôt que plusieursNote de bas de page 28.

Les parties prenantes et les organisateurs de débats consultés à l'échelle internationale ont mentionné que la préférence à l'égard d'un seul modérateur est une tendance qui se dessine au fil du temps. Un seul modérateur peut utiliser le temps de façon plus efficace et assurer plus facilement le suivi des questions. Un organisateur de débat chevronné a fait remarquer qu'un modérateur devait avoir une réputation à perdre, et non une réputation à bâtir. Les parties prenantes s'accordent également pour dire que la vérification des faits doit être largement laissée aux chefs qui participent aux débats.

Lorsque viendra le temps de choisir un modérateur en vue de futurs débats, la Commission suggère d'opter pour une personne qui :

  • est expérimentée, connue des chefs, comprend les principaux enjeux de la campagne et possède une vaste expérience de la télévision en direct et des débats;
  • jouit du respect et de la confiance des chefs, et se démarque par son sérieux et sa profondeur intellectuelle;
  • est capable de faciliter le débat, de susciter des échanges éclairants entre les chefs, de clarifier les différentes positions en posant des questions de suivi et de demander des comptes aux chefs;
  • pose des questions ouvertes qui suscitent le débat et encouragent les discussions;
  • comprend que le débat est centré sur les chefs et que l'attention est centrée sur eux;
  • sert l'intérêt public et celui du public d'électeurs;
  • est capable de contrôler la discussion et de la faire avancer, de l'interrompre au besoin et d'éviter les interruptions entre les chefs; et
  • est non partisane.

Le rôle du modérateur est fondamental si l'on veut que les débats servent avant tout l'intérêt public. La sélection des modérateurs de débats doit donc être effectuée par un organisme impartial et indépendant, n'ayant pas d'autres intérêts concurrents.

En jouant un rôle central, une future commission devrait faciliter le choix des modérateurs en atténuant les intérêts concurrents des partenaires médiatiques impliqués dans la production des débats. Il est devenu presque habituel pour les médias participant aux débats de s'attendre à ce qu'un de leurs journalistes soit présent sur la scène. Une future commission devrait proposer que le processus de sélection des modérateurs s'effectue dans un esprit de collaboration avec les producteurs des débats. Une fois sélectionnés, la future commission devra s'assurer que les modérateurs et le producteur des débats jouissent d'une indépendance éditoriale absolue concernant le déroulement des débats.

Afin de garantir l'indépendance des débats, il convient de ne pas consulter les partis politiques en ce qui a trait à la modération et aux choix relatifs à la modération. Une future commission devrait faire preuve de diligence raisonnable et de transparence entourant les processus de sélection des modérateurs de débats.

Nouvelle recommandation

Recommandation no 2 : La Commission devrait sélectionner le(s) modérateur(s) des débats sur la base de consultations menées auprès d'experts.

3.1.3 Aspects éditoriaux

La Commission estime que l'indépendance éditoriale des débats doit être protégée.

Pour ce faire, ni la Commission ni les partis politiques ne doivent être impliqués dans le choix des thèmes ou des questions.

Toutes les décisions éditoriales – y compris les thèmes et questions des débats, la formulation précise de chaque question ainsi que l'ordre des questions et des thèmes – doivent continuer à être prises par le producteur et les modérateurs des débats.

3.1.4 Nombre de débats

En 2019 et en 2021, la Commission avait pour mandat d'organiser deux débats, soit un dans chaque langue officielle. Conformément au décret de la Commission, il est attendu que les débats doivent « profite[r] de la participation des chefs qui sont les plus à même de devenir premier ministre ou dont le parti politique est le plus à même de remporter des sièges au Parlement »Note de bas de page 29.

Après les élections fédérales de 2021, le public, des membres de la société civile et certains commentateurs des médias, en particulier au Canada anglais, ont demandé qu'un plus grand nombre de débats soient organisés.

Lors des consultations menées à la suite des débats, un large consensus s'est dégagé selon lequel la Commission devrait envisager d'organiser plus d'un débat dans chaque langue officielle afin de remédier au déséquilibre constaté en 2021.

La Commission a également entendu qu'elle devrait se pencher sur la possibilité d'organiser des débats supplémentaires dans le but de mieux servir l'intérêt public. Les parties prenantes ont établi des comparaisons avec d'autres pays tels que les États-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui ont tous organisé plus de deux débats au cours de leurs derniers cycles électoraux, soit des débats avec les candidats de tête et des débats avec les candidats des principaux partis. Par exemple, l'Allemagne a organisé quatre débats lors des récentes élections fédérales : trois avec les candidats à la chancellerie et un réunissant des représentants des sept partis du Bundestag. Le Royaume-Uni a organisé au moins cinq débats lors de sa dernière élection générale en 2019, soit des débats à la fois avec les principaux chefs de partis ou les principaux représentants de ces partis et avec les têtes de liste.

Les résultats du sondage réalisé par l'Étude électorale canadienne montrent que les citoyens sont favorables à la tenue de deux débats dans chaque langue au cours d'une campagne de cinq semaines et préfèrent entendre un plus large éventail de chefsNote de bas de page 30. Bien qu'il s'agisse de l'opinion populaire, la Commission a également entendu des préoccupations concernant le fait qu'une telle démarche devrait être soumise à l'approbation des partis politiques et des réseaux de télévision. Les chefs invités pourraient ne pas souhaiter participer aux débats ou pourraient ne pas être disponibles, et les réseaux pourraient ne pas s'engager à diffuser plusieurs débats en raison des pertes de revenus liées à l'annulation de leurs émissions régulières. Les parties prenantes ont en outre évoqué la courte durée des campagnes électorales canadiennes comme constituant un autre obstacle possible à la tenue d'un plus grand nombre de débats.

Les cotes d'écoute des débats de 2021 montrent que la multiplication des débats ne risque pas de fragmenter l'auditoire. Le débat de TVA a attiré un grand nombre de téléspectateurs, sans pour autant engendrer une diminution du nombre de téléspectateurs qui ont suivi le débat en français de la CDC. Ailleurs dans monde, les cotes d'écoute des débats demeurent également élevées, et ce, même lorsque plusieurs débats sont organisés.

Certaines parties prenantes ont évoqué la possibilité que le Canada envisage d'organiser deux types de débats différents, à l'instar des pays européens. Selon elles, la possibilité d'entendre les chefs les plus susceptibles de former un gouvernement et de devenir premier ministre pourrait grandement susciter l'intérêt des Canadiens. L'expérience internationale montre que ce modèle de débat fonctionne bien ailleurs. Dans le contexte canadien, certains défis peuvent être associés à cette approche, à savoir la volonté ou la disponibilité des chefs invités de participer aux débats, la possibilité de fracturer l'auditoire et les difficultés, sur le plan pratique, associées à des campagnes électorales plus courtes. L'histoire électorale du Canada peut fournir une certaine base en vue de déterminer qui pourrait faire partie d'un débat réunissant les principaux chefs de partis (c'est-à-dire les partis qui ont le plus de chances de former un gouvernement). Cette approche nécessiterait non seulement un changement culturel au sein du pays et l'adhésion des partis politiques et des diffuseurs, mais également l'établissement, sur une base claire et objective, de deux ensembles distincts de critères de participation.

La Commission a également entendu des commentaires selon lesquels elle devrait envisager la possibilité d'organiser des débats sur des sujets précis. Bien qu'il puisse y avoir une demande future pour de tels débats supplémentaires (ce qui, à notre avis, serait très souhaitable), ceux-ci pourraient être organisés par d'autres entités et prévoir la participation de représentants de haut niveau des partis. De tels efforts devraient être encouragés par le biais d'une offre d'expertise et de conseils sous forme de boîtes à outils ou de manuels, ce qui stimulerait l'évolution des débats au Canada.

Les diverses contributions reçues au cours du dernier cycle électoral et tout au long des consultations menées à la suite des débats ont essentiellement montré qu'une majorité de Canadiens souhaitent davantage de débats. Par conséquent, la Commission estime qu'elle devrait envisager la possibilité d'organiser plus de deux débats (un dans chaque langue officielle), à condition de disposer de fonds supplémentaires. Il pourrait s'agir de débats avec des chefs de partis qualifiés ou de débats avec les chefs les plus susceptibles de devenir premier ministre. Si une future commission se voit confier le mandat d'organiser et d'encourager un plus grand nombre de débats, outre les deux qui font actuellement partie de son mandat, elle devrait avoir le pouvoir de le faire afin de s'assurer de servir au mieux les Canadiens.

Nouvelle recommandation

Recommandation no 3 : La Commission devrait organiser deux débats des chefs financés par des fonds publics (un dans chaque langue officielle) et avoir la capacité, le financement et l'autorité d'envisager l'organisation de débats des chefs supplémentaires lorsque cela est possible. Elle devrait également être en mesure de fournir des conseils et une expertise aux autres organisateurs de débats.

3.1.5 Critères de participation

En 2021, la Commission a été mandatée pour choisir les chefs de partis qui seraient invités à participer aux débats.

La Commission a entrepris cette tâche en consultant les partis politiques enregistrés, les parties prenantes et le public. Elle a également tenu compte de l'application historique des critères de participation aux débats lors d'élections canadiennes antérieures, des critères de participation de 2019, des documents de politique publique existants sur les critères de participation aux débats, et des observations formulées par les parties prenantes, y compris les chefs de tous les partis politiques enregistrés, les médias et le public.

À la suite de ce processus, la Commission a défini des principes destinés à guider l'élaboration de ses critères de participation. La Commission a conclu que ces critères devraient, dans toute la mesure du possible :

  • être simples;
  • être clairs;
  • être objectifs; et
  • permettre la participation des chefs des partis politiques qui ont le plus de chances de remporter des sièges à la Chambre des communes.

Le 22 juin 2021, la Commission a annoncé sa décision et a fourni des justificationsNote de bas de page 31 à l'appui de cette dernière.

Pour être invité par la Commission à participer aux débats des chefs de 2021, un chef d'un parti politique devait répondre à l'un des critères suivants :

(i) à la date du déclenchement de l'élection générale, son parti est représenté à la Chambre des communes par un député ayant été élu à titre de membre de ce parti; ou

(ii) les candidats du parti ont obtenu, lors de l'élection générale précédente, au moins 4 % du nombre de votes validement exprimés; ou

(iii) cinq jours après la date de déclenchement de l'élection générale, le parti récolte un soutien national d'au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d'opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes.

Le 16 août 2021, la Commission a également rendu publique la manière dont elle appliquerait le critère (iii), ainsi qu'une justification détailléeNote de bas de page 32. La publication de ces critères avant le déclenchement des élections avait pour but d'accroître la transparence concernant les sondages utilisés par la Commission pour mesurer le niveau de soutien dont bénéficie un parti et la façon dont serait calculée la moyenne des sondages.

Le 21 août 2021, la Commission a rendu sa décision sur l'application des critères de participation et a invité cinq chefs de partis à participer à ses débatsNote de bas de page 33. Cette décision a été prise à la suite d'une demande formulée par la Commission et en suivant les conseils d'un groupe consultatif sur les sondages réuni par Peter Loewen, codirecteur de l'EEC sur l'élection fédérale de 2021 et professeur au département de science politique et à l'École Munk des affaires mondiales et politiques publiques de l'Université de Toronto, directeur associé de l'engagement mondial à l'École Munk et directeur du PEARL (Policy, Elections & Representation Lab).

Les cinq chefs invités ont participé aux débats de la Commission.

Les commentaires formulés par les parties prenantes ainsi que les consultations menées à la suite des débats ont révélé une importante satisfaction à l'égard des critères et du processus utilisés par la Commission pour communiquer son approche et ses décisions. Le commentateur et analyste des sondages Éric Grenier a déclaré que la Commission avait choisi « des critères simples et objectifs qui pourraient être employés lors de futures élections » [traduction]Note de bas de page 34, tout comme le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, qui a affirmé que les critères de la Commission étaient « clairs et objectifs »Note de bas de page 35.

À la lumière de son expérience de 2021, la Commission conclut que le mandat qui lui est confié d'établir les critères de participation aux débats qu'elle organise est approprié et contribue à garantir que ceux-ci seront organisés de manière prévisible, transparente et non partisane lors de futures élections. Plusieurs éléments de l'approche utilisée par la Commission pour déterminer et communiquer ces critères en 2021 devraient être pris en compte lors de futurs mandats.

En ce qui concerne la définition des critères, la Commission reste d'avis que les critères de participation aux débats doivent être établis pour mesurer à la fois les antécédents historiques d'un parti politique et son niveau de soutien électoral actuel et futur, et ce, pour les raisons suivantes : (a) ces deux éléments peuvent être utilisés pour évaluer si un parti politique est susceptible de jouer un rôle important dans l'élaboration des politiques publiques en remportant des sièges à la Chambre des communes, et (b) une telle approche est conforme à l'application historique des critères de participation aux débats au Canada. La Commission est toujours d'avis que les partis politiques devraient uniquement être tenus de satisfaire à l'un ou l'autre de ces critères, et non aux deux. Cela permettrait, d'une part, la participation potentielle d'un parti politique nouvellement créé qui pourrait ne pas être en mesure de répondre au critère fondé sur les données historiques, et d'autre part, la participation d'un parti politique ayant des antécédents historiques établis.

Les critères spécifiques établis par la Commission en 2021 ont été considérés comme étant trop stricts par certaines personnes et trop souples par d'autres. Toutefois, de nombreuses parties prenantes ont déclaré que les critères sélectionnés étaient appropriés. La Commission conclut que, dans la mesure où les futurs critères de participation devraient permettre la participation des chefs des partis politiques qui ont le plus de chances de remporter des sièges à la Chambre des communes, les critères de 2021 constituent une référence utile et pourraient être réutilisés lors de futures élections.

En ce qui concerne l'application des critères et l'invitation des chefs, les éléments suivants devraient à nouveau être pris en considération à l'avenir : le recours à des avis d'experts sur la sélection des sondages d'opinion et le calcul de la moyenne de ceux-ci, l'utilisation du plus grand nombre de sondages possible, et la définition, avant le déclenchement d'une élection, des exigences devant être satisfaites pour qu'un sondage soit inclus dans l'analyse de la Commission.

Il est important de veiller à ce que la date à laquelle les niveaux de soutien national des partis sont mesurés soit aussi proche que possible de la date des débats. Les critères de 2021 précisaient que cette détermination devait être faite cinq jours après la date du déclenchement de l'élection, ce qui signifie que le premier débat a eu lieu 18 jours après que la Commission ait déterminé les niveaux de soutien dont bénéficiaient les partis. Lors de certaines campagnes électorales, cela peut fournir suffisamment de temps pour qu'il y ait un changement mesurable dans le niveau de soutien accordé à un parti. La Commission reconnaît qu'il convient de prévoir un délai suffisant entre la décision finale concernant la participation et les dates des débats afin que le producteur des débats puisse produire un débat de qualité, comme l'exige le décret de la Commission, et que les partis politiques puissent se préparer adéquatement. Toutefois, une future commission devrait poursuivre les discussions avec les deux groupes dans le but de réduire ce délai et de prendre la décision finale concernant la participation aux débats à une date la plus rapprochée possible des débats.

Les sondages les plus récents devraient servir de base en vue de déterminer les futurs critères de participation en fonction du niveau de soutien dont bénéficient les partis; les données de plusieurs instituts de sondage devraient également être utilisées ainsi que la moyenne des résultats publiés par ceux-ci. Si le calendrier le permet, cela pourrait signifier que seuls les sondages publiés après le déclenchement des élections seraient utilisés. En outre, afin d'assurer le plus haut degré de transparence et de prévisibilité possible, une future commission pourrait étudier la possibilité de déterminer non seulement les critères selon lesquels les sondages seront jugés admissibles à être inclus – ce que nous avons fait cette fois-ci – mais également de nommer spécifiquement les instituts de sondage qui seront inclus.

Si un mandat est accordé pour envisager l'organisation d'autres débats, il est concevable qu'un ensemble différent de principes directeurs puisse être appliqué pour ces débats supplémentaires, notamment en tenant compte de la plus grande probabilité de former un gouvernement plutôt que de la plus grande probabilité de gagner des sièges au Parlement. Il conviendra d'analyser plus en détail les seuils et les méthodes précis qui pourraient être définis pour parvenir à ce résultat, mais un seuil consistant à inviter les chefs des partis qui bénéficient d'un soutien national d'au moins 20 % dans l'ensemble des sondages d'opinion publique du moment pourrait constituer un point de départ pour entamer des consultations. Ces critères devraient être simples, clairs et objectifs.

Recommandation réaffirmée

Recommandation no 4 : Les critères de participation devraient être aussi objectifs que possible et rendus publics avant le début de la campagne électorale. Ces critères devraient être établis par le commissaire aux débats.

3.1.6 Mesures visant à encourager la participation

En 2021 comme en 2019, tous les chefs invités à participer aux débats organisés par la Commission étaient présents. S'il est indéniable qu'il existe toujours des facteurs indépendants de la volonté d'un organisateur de débat en ce qui concerne la participation des chefs, la Commission reste d'avis qu'aucune mesure spéciale n'est nécessaire de la part du gouvernement pour encourager la participation des chefs.

La Commission reste d'avis que les meilleures façons d'encourager la participation sont les suivantes :

  • assurer un large auditoire aux débats;
  • dialoguer avec les chefs et les partis politiques avant les élections;
  • créer un climat de confiance et de stabilité; et
  • rendre transparentes les invitations aux débats et les réponses des partis.

Recommandation réaffirmée

Recommandation no 5 : Les partis politiques devraient être encouragés, plutôt que contraints, à participer aux débats des chefs.

3.1.7 Processus d'approvisionnement lié aux débats

Contexte

Tant en 2019 qu'en 2021, les producteurs des débats ont été sélectionnés au moyen d'une demande de propositions (DP) qui avait pour but de retenir les services d'un entrepreneur pour faire la promotion, la production et la distribution de deux débats (un dans chaque langue officielle) pour la prochaine élection fédérale. Les entrepreneurs étaient invités à présenter une soumission pour le débat en anglais, pour le débat en français, ou pour les deux. La demande de propositions s'adressait aux entreprises individuelles et aux coentreprises; toutefois, les organisations étaient encouragées à unir leurs efforts afin de s'assurer que les débats touchent le plus grand nombre de Canadiens possible.

Une fois le contrat signé, le Groupe de diffusion des débats assumait l'entière responsabilité de la promotion, de la production et de la distribution des débats, tout en communiquant de façon régulière avec la Commission.

La Commission a approuvé les formats soumis et les modérateurs proposés, mais elle n'a pas participé à la détermination des thèmes ou des questions des débats, ces responsabilités ayant été déléguées au Groupe de diffusion des débats.

Si une future commission devait jouer un rôle plus important relativement au format et à la modération des débats, comme il a été suggéré précédemment, son approche en matière d'attribution de contrats devrait être légèrement modifiée. Plutôt que de définir ses attentes dans la demande de propositions, une future commission pourrait choisir d'évaluer les soumissionnaires uniquement sur la base de leur expérience et de leurs capacités, sélectionnant ainsi un partenaire expérimenté et compétent, avec lequel elle travaillerait en collaboration pour définir le format des débats tout en conservant le pouvoir d'approbation finale.

Processus futur

Le Groupe de diffusion des débats a souligné que le processus de demande de propositions est compliqué et qu'il devrait être simplifié. Il a également suggéré que la demande de propositions soit publiée le plus tôt possible afin de donner aux soumissionnaires plus de temps pour soumettre leurs propositions et de répartir la charge de travail avant le déclenchement des élections.

Le groupe de médias chargé de produire les débats en 2019 et en 2021 a réussi à atteindre un nombre impressionnant de Canadiens. Le lien direct avec ces auditoires est primordial et ne peut être tenu pour acquis; toutefois, il est important de souligner que l'approche de consortium n'est pas exempte de compromis.

Certaines parties prenantes consultées par la Commission étaient d'avis que le recours à un seul diffuseur pour produire les débats pourrait engendrer de meilleurs débats, car cela simplifierait le flux de travail, le choix d'un modérateur unique et même les choix de production. La Commission a également appris, dans le cadre de son processus de consultation, que la Société Radio-Canada (SRC)/Canadian Broadcasting Corporation (CBC) joue un rôle essentiel dans la production des débats. Certaines parties prenantes consultées sont allées jusqu'à dire que le diffuseur public est peut-être le seul diffuseur à disposer de toutes les compétences internes nécessaires pour répondre avec succès à la demande de propositions dans sa forme actuelle. Cet élément mérite d'être noté, car il pourrait être pertinent dans le cadre de futures décisions stratégiques.

Lors des consultations qu'elle a menées à la suite des débats, la Commission a examiné et pris en considération différents types de processus d'approvisionnement. Puisque les deux dernières demandes de propositions ont produit des résultats similaires, un argument pourrait être avancé en faveur d'un marché prescrit (par exemple, avoir recours à un fournisseur unique). Certaines parties prenantes consultées ont déclaré qu'elles préféraient cette approche.

Lorsqu'elle s'est penchée sur l'option d'un marché prescrit, la Commission a consulté Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), qui a jugé qu'un processus concurrentiel demeurait le meilleur moyen pour une future commission de sélectionner un producteur de débats, puisqu'il s'agit d'un processus équitable, transparent et concurrentiel.

La Commission partage l'avis de SPAC selon lequel un processus concurrentiel demeure le meilleur moyen de sélectionner les producteurs de débats. Toutefois, la demande de propositions pourrait être simplifiée afin de résoudre certains problèmes rencontrés lors des deux derniers cycles.

Les demandes de propositions de 2019 et de 2021 se sont concentrées sur certains aspects précis; elles définissaient ce que la Commission attendait d'un éventuel producteur de débats et comportaient des objectifs détaillés. Par exemple, la Commission a défini de façon précise ses attentes concernant le choix des modérateurs et du format.

En 2021, les soumissionnaires ont été invités à proposer un format et à sélectionner un modérateur répondant aux critères définis. Lorsque l'on évaluait les soumissions comportant ces caractéristiques définies, le processus donnait l'impression que l'offre – et, par conséquent, le choix du modérateur et du format – avait été « approuvée » par la Commission. Cela faisait en sorte que des choix d'une telle importance et devant faire appel à la créativité ne pouvaient être fluides et dynamiques, et refléter les apprentissages.

Plutôt que d'être prescriptives, les futures demandes de propositions pourraient se concentrer sur l'évaluation de l'expérience et des capacités des soumissionnaires. Elles devraient préciser de façon claire qu'une future commission travaillera en collaboration avec le producteur des débats sur certaines décisions clés telles que l'élaboration d'un format servant le mieux l'intérêt public, tout en conservant le droit d'approbation finale. Ces décisions importantes ne devraient pas faire partie de l'offre, mais être prises de façon collective, la responsabilité ultime incombant à la Commission.

Les futures demandes de propositions devraient permettre d'évaluer les attributs, l'expérience et la capacité des soumissionnaires à répondre aux exigences, plutôt que de simplement demander aux soumissionnaires de présenter une proposition de ce qu'ils comptent faire. La demande de propositions devrait préciser les domaines dans lesquels une future commission sera impliquée (par exemple, l'élaboration du format des débats et la sélection d'un modérateur), et ceux dans lesquels elle ne le sera pas (par exemple, le choix des thèmes et des questions).

La distribution demeure un élément important du succès des débats et un domaine dans lequel le Groupe de diffusion des débats a fourni d'importantes contributions en nature. Comme nous le verrons dans la prochaine section sur les langues et l'accessibilité, la capacité d'un producteur de débats à rassembler des groupes diversifiés (par exemple, APTN, OMNI, etc.) constitue un élément clé pour atteindre le public. La capacité de diffuser les débats en plusieurs langues doit continuer de constituer un critère important, voire obligatoire, dans le cadre des demandes de propositions. La Commission devrait également s'assurer qu'elle a la liberté de conclure des contrats multiples. Par exemple, elle pourrait lancer une demande de propositions pour la promotion, la production et la distribution des débats, et attribuer des contrats distincts pour la distribution dans certaines langues ou certains formats.

À l'instar de la distribution, la promotion constitue un élément important du succès des débats et un domaine dans lequel le Groupe de diffusion des débats a fourni d'importantes contributions en nature. La promotion doit continuer à figurer parmi les composantes obligatoires des demandes de propositions et doit être fortement pondérée dans les critères d'évaluation.

Recommandation réaffirmée

Recommandation no 6 : Un processus concurrentiel devrait continuer à être utilisé pour sélectionner le producteur des débats.

3.1.8 Accréditation des médias

En 2021 comme en 2019, la Commission a été chargée de l'accréditation des journalistes souhaitant assister aux débats. Cette accréditation donnait accès à la salle de presse, où les journalistes pouvaient regarder les débats, et à la salle de conférence de presse, où ils pouvaient rencontrer les chefs en entrevue après les débats. Puisque ces conférences de presse étaient diffusées en direct sur plusieurs réseaux de télévision, la Commission a estimé qu'elles faisaient partie de l'environnement global de diffusion des débats, auquel des normes journalistiques élevées devaient s'appliquer.

L'extrait suivant de notre politique d'accréditation des médias, publiée en août 2021, explique les motifs justifiant cette décision de la Commission :

Afin de protéger l'intégrité des débats, les principes de normes journalistiques élevées et d'indépendance des journalistes doivent s'appliquer également aux périodes de disponibilité des chefs immédiatement après les débats, lorsque chaque chef répond aux questions des journalistes. Ces périodes de disponibilité offertes aux médias sont diffusées en direct à des millions de téléspectateurs et, à ce titre, constituent un prolongement naturel des débats et une partie intégrante de la couverture médiatique des événements. Par conséquent, la Commission estime qu'il est raisonnable d'attendre que les journalistes accrédités pour les débats et les périodes de disponibilité, que ce soit dans un environnement physique ou virtuel, respectent les normes du journalisme professionnel.

La Commission estime que les débats représentent des espaces rares et privilégiés dans le cadre d'une campagne où les électeurs peuvent entendre les chefs des partis en temps réel, sans intermédiaire, filtre ou distorsion. Pour y parvenir, l'environnement du débat doit être exempt de désinformation et d'autres formes de manipulation.

La Commission a reconnu qu'elle n'avait pas le pouvoir de déterminer elle-même si les journalistes respectent les normes éthiques de leur profession. Par conséquent, elle s'est appuyée sur les codes de déontologie de cinq organisations professionnelles des médias pour élaborer son processus d'accréditation, soit l'Association canadienne des journalistes, le Conseil national des médias du Canada, la Tribune de la presse parlementaire canadienne, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et le Conseil de presse du Québec. La grande majorité des journalistes qui participent à la couverture des campagnes électorales fédérales sont affiliés à l'une de ces entités. Les membres de ces organisations se sont automatiquement vus octroyer une accréditation pour assister aux débats.

Soulignons que la Commission a prévu des dispositions afin de ne pas pénaliser les journalistes qui ne sont pas membres de ces organisations, y compris les représentants des médias étrangers. Les candidats devaient fournir des exemples de leur travail afin d'attester qu'ils étaient des journalistes professionnels. La Commission a ensuite évalué leur travail afin de déterminer l'absence de conflits d'intérêts. Pour ce faire, elle s'est appuyée sur les lignes directrices de l'Association canadienne des journalistes.

Selon l'ACJ, il y a risque de conflit d'intérêts dans les cas suivants :

• lorsqu'une organisation :

  • devient un acteur dans les nouvelles qu'elle couvre, notamment en fournissant et en appliquant une aide financière et juridique à certaines de ses sources pour obtenir un certain résultat ou en offrant des services juridiques gratuits, en initiant des campagnes de sociofinancement pour aider certaines personnes impliquées dans des nouvelles à engager des avocats, en achetant de la publicité politique et en lançant des pétitionsNote de bas de page 36;

ou

• lorsqu'un journaliste :

  • rédige des articles d'opinion sur des sujets qu'il couvre également en tant que journaliste, soutient des candidats ou des causes politiques, participe à des manifestations, signe des pétitions, fait du travail de relations publiques, recueille des fonds et fait des contributions financièresNote de bas de page 37.

La Commission a lancé le processus d'accréditation des médias le jour suivant le déclenchement des élections. Les journalistes avaient dix jours pour présenter une demande. Le protocole de la Commission relatif à la COVID-19 pour la participation aux débats en personne a également été rendu public avant la tenue des débats.

La Commission a reçu 110 demandes d'accréditation pour le débat en français et 116 demandes d'accréditation pour le débat en anglais. Parmi ces demandes, la Commission en a refusé 16 pour les deux débats.

Plus particulièrement, la Commission a rejeté les demandes des représentants de l'organisation Rebel News Network (« Rebel »), ayant déterminé que le site Web de Rebel violait les lignes directrices de l'Association canadienne des journalistes sur les conflits d'intérêts. La Commission a estimé que Rebel était en conflit d'intérêts parce qu'elle devenait un acteur dans les nouvelles qu'elle couvrait, lançait des pétitions, recueillait des fonds et engageait des procédures de litiges sur des questions qu'elle traitait régulièrement. Par ailleurs, Rebel intègre également des liens vers ses pétitions et ses campagnes de collecte de fonds à ses articles et à ses vidéos.

Rebel a demandé et obtenu une injonction d'urgence de la Cour fédérale, obligeant la Commission à accréditer ses membres pour couvrir les débats. La Cour fédérale a conclu que Rebel avait « satisfait au test d'une injonction interlocutoire. » Les motifs justifiant la décision de la Cour fédérale seront fournis ultérieurement.

La Commission a également rejeté l'accréditation des représentants de Rebel News Network en 2019, car elle estimait que Rebel News Network et un autre demandeur, True North, se comportaient comme des militants. Rebel et True North ont obtenu une injonction d'urgence obligeant la Commission à approuver leurs demandes d'accréditation. Dans cette affaire, la Cour fédérale a jugé que le fait de refuser l'accréditation aux demandeurs causerait un préjudice irréparable à leur capacité de couvrir les débats. Après les débats de 2019, Rebel a cherché à poursuivre sa demande de révision judiciaire. En réponse, la Commission a déposé une requête en radiation de la demande en raison de son caractère théorique, requête que la Cour fédérale a acceptée. Rebel a par la suite fait appel de la décision relative au caractère théorique de sa demande auprès de la Cour d'appel fédérale. Rebel cherche maintenant à abandonner sa procédure d'appel.

En l'absence de décision sur la question de savoir si elle a le pouvoir de déterminer les critères d'accréditation des médias et la façon de le faire, la Commission se trouve maintenant confrontée à un vide juridique. La première décision, rendue en 2019, reprochait à la Commission ses mécanismes procéduraux. La Commission a estimé avoir traité cette question adéquatement lors des débats de 2021, notamment en publiant préalablement les critères utilisés pour évaluer les demandes d'accréditation. Cependant, le tribunal a de nouveau accordé une injonction obligeant la Commission à accréditer des entités médiatiques que cette dernière considérait comme ayant des conflits d'intérêts. Au moment de la rédaction de ce rapport, les motifs justifiant la procédure d'injonction de la Cour fédérale en 2021 n'étaient toujours pas connus. Par conséquent, la Commission dispose de peu d'orientations afin de déterminer si elle a correctement traité la question de l'application régulière de la loi, et la question de savoir si le processus d'accréditation des médias viole la liberté d'expression demeure entière. Dans le cadre de ses décisions concernant certains requérants, la Commission a estimé que l'impact sur la liberté d'expression d'un requérant était contrebalancé par l'effet salutaire de l'exécution de son mandat ou du maintien de normes journalistiques élevées.

La Commission continue de juger sa politique d'accréditation des médias comme étant raisonnable et constituant un exercice approprié de son pouvoir délégué. Il est du devoir de la Commission d'offrir aux Canadiens un environnement de débat exempt de désinformation, de manipulation ou de conflits d'intérêts, conformément à ce que proscrivent les associations professionnelles de journalistes concernées.

Quoi qu'il en soit, la Commission est confrontée à un dilemme, à savoir : continuer à être responsable de l'accréditation des médias au risque de voir ses décisions invalidées par les tribunaux, ou approuver toutes les demandes d'accréditation indépendamment des qualifications des demandeurs en tant que journalistes professionnels. Cela signifierait que toute personne prétendant exercer le métier de journaliste pourrait obtenir une accréditation pour couvrir les débats, quelles que soient ses qualifications ou sans que sa demande ne soit soumise à un processus de vérification raisonnable.

En l'absence d'une décision relative à son autorité concernant le processus d'accréditation des médias (y compris les points de presse après les débats) et aux critères applicables à cet égard, la Commission n'est pas en mesure de formuler une recommandation pour le moment. Nous avons exposé ci-dessus une question qui devra être résolue avant les prochains débats. Il reste à déterminer si ce pouvoir d'accréditer correctement les médias doit revenir à la Commission.

3.1.9 Langues et accessibilité

Les décrets de la Commission stipulent ce qui suit :

« [I]l est souhaitable que les débats des chefs rejoignent tous les Canadiens, y compris ceux qui vivent avec un handicap, ceux qui vivent dans des régions éloignées et ceux qui font partie de communautés de langue officielle en situation minoritaire »Note de bas de page 38 et que la Commission doit « veiller à ce que les débats des chefs soient disponibles dans des langues autres que le français et l'anglais et, ce faisant, d'accorder une attention particulière aux langues autochtones du Canada »Note de bas de page 39.

Pour que les débats des chefs soient un exercice démocratique, les citoyens doivent y avoir accès facilement. Pour rejoindre le plus grand nombre de Canadiens, la Commission doit veiller à ce que le signal de diffusion des débats atteigne le plus grand nombre possible de foyers canadiens, que les Canadiens puissent regarder, écouter ou lire les débats dans une langue et un format qui leur sont accessibles, et que les débats leur permettent de s'impliquer d'une manière qui leur donne le sentiment que ceux-ci s'adressent à eux.

En 2021, les deux débats ont été traduits en français et en anglais, ainsi que dans 14 autres langues, dont six langues autochtones, l'ASL et la LSQ; ils étaient également offerts en sous-titrage codéNote de bas de page 40 et en vidéodescription.

Visionnement selon la langue
  Débat du 8 septembre en français (télévision) Débat du 8 septembre en français (plateformes numériques) Débat du 9 septembre en anglais (télévision) Débat du 9 septembre en anglais (plateformes numériques) Total
ASL non offert 1 364 non offert 26 841 28 205
LSQ non offert 7 022 non offert 561 7 583
Vidéodescription 23 000 437 14 000 4767 42 204
Arabe Données non disponibles 476 Données non disponibles 349 Données non disponibles
Cantonais 15 000 761 2 000 938 18 699
Cri de l'Est non offert non offert Données non disponibles 508 508
Cri des plaines non offert non offert 1 000 1 104 2 104
Déné non offert non offert Données non disponibles 1 141 1 141
Innu 16 000 471 non offert non offert 16 471
Inuktitut non offert non offert Données non disponibles 546 546
Italien 7 000 406 11 000 163 18 569
Mandarin 3 000 707 21 000 1 271 25 978
Ojibwé 5 000 839 non offert non offert 5 839
Pendjabi 4 000 1 737 27 000 1 729 34 466
Tagal 15 000 3 723 35 000 1 344 55 067

En 2019 et en 2021, l'interprétation linguistique était incluse dans la demande de propositions (DP) et relevait du producteur des débats. En 2021, le Groupe de diffusion des débats a ajouté l'Aboriginal Peoples Television Network (APTN) à sa liste de partenaires ainsi que la chaîne OMNI à titre de partenaire de distribution; ces réseaux ont joué un rôle clé dans le succès de l'interprétation linguistique et de la distribution. Une future commission devrait travailler avec le producteur des débats et les parties prenantes afin d'explorer un moyen de proposer l'ASL et la LSQ à la télévision, en plus de les rendre disponibles sur les plateformes numériques.

Afin de mieux servir les communautés de langues non officielles, une future commission devrait établir des relations et conclure des contrats avec des diffuseurs et des partenaires qui entretiennent déjà de solides relations avec ces communautés. Les futures demandes de propositions pourraient évaluer les soumissionnaires non seulement en fonction de leur capacité et de leur engagement à fournir des services d'interprétation et de traduction, mais également de leur capacité à garantir la distribution et la promotion des débats auprès de ces communautés importantes. Comme nous l'avons mentionné précédemment, une future commission devrait conserver la liberté de conclure des contrats additionnels avec des distributeurs et des organisations afin de garantir que les débats dans ces langues joignent le public adéquat.

Après l'élection de 2021, les producteurs des débats ont informé la Commission que la traduction représentait l'un des éléments les plus lourds de la production des débats. Le Groupe de diffusion des débats a travaillé directement avec le Bureau de la traduction, et les deux parties ont souligné le caractère positif et productif de cette relation. La traduction représente environ 25 % du budget de la production des débats, et le Bureau de la traduction a déclaré qu'il ne serait pas rentable de retirer la traduction de la demande de propositions (et de la confier à une future commission). Toutefois, le Bureau de la traduction et le producteur des débats ont mentionné à la Commission que l'interprétation linguistique pourrait bénéficier d'une plus longue période de préparation.

Lors des consultations menées à la suite des débats, le Bureau de la traduction a souligné qu'il serait avantageux d'avoir des contacts entre les cycles électoraux, notamment afin d'élaborer une politique relative au choix des langues autochtones et de permettre au Bureau de travailler avec les interprètes en langues autochtones, en ASL et en LSQ en vue de les préparer pour la tenue des débats. Ces contacts permettraient également de tester les décisions de production liées à l'interprétation et de mettre en place une campagne de sensibilisation pour joindre les communautés linguistiques autochtones visées. Une telle mesure assurerait en outre une meilleure représentation des langues autochtones, car les langues seraient choisies en fonction des populations et des communautés à desservir, plutôt qu'en fonction de la disponibilité d'interprètes qualifiés.

Le Bureau de la traduction a souligné que pour de nombreux interprètes, l'interprétation d'un débat constitue « l'événement le plus important de leur carrière ». L'établissement de relations entre les cycles électoraux permettrait d'optimiser cet investissement en mettant les interprètes en contact avec d'autres ministères lorsqu'ils se trouvent dans la région de la capitale nationale et de travailler avec les interprètes à l'élaboration de campagnes de sensibilisation.

Lors de consultations réalisées auprès du ministère du Patrimoine canadien, la Commission a appris que la Loi sur les langues autochtones est récemment entrée en vigueur et qu'une politique sur la traduction et l'interprétation en langues autochtones est en cours d'élaboration. Le Ministère considère que les débats représentent l'une des initiatives les plus médiatisées dans ce domaine et souligne qu'une future commission serait en mesure de faire part des conclusions découlant de son expérience.

Recommandation réaffirmée

Recommandation no 7 : Les débats doivent continuer d'être offerts en français, en anglais et dans d'autres langues, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.

3.2 Amélioration d'une future commission des débats

3.2.1 Promotion des débats et participation citoyenne

En 2019, la Commission a mis à l'essai trois modèles différents de sensibilisation et de promotion, et a conclu que le moyen le plus efficace et le plus rentable de promouvoir les débats était d'intégrer les activités de promotion dans la demande de propositions (DP) et de les confier au producteur des débats.

En 2021, la promotion des débats – comment, où, quand et pourquoi les regarder – faisait partie du cahier des charges du producteur des débats. Le Groupe de diffusion des débats a assuré la promotion des débats sur l'ensemble des chaînes et des plateformes.

La stratégie de promotion des débats était également directement liée à leur production et à leur distribution. En conséquence, la promotion des débats s'est concentrée sur l'infiltration par la distribution, et sur la promotion de cette infiltration. Comme nous l'avons précisé, les débats ont été diffusés en direct sur 36 réseaux de télévision, quatre chaînes de radio et plus de 115 plateformes numériques. Ce niveau de distribution est avantageux, car il touche des personnes qui ne suivent pas habituellement pas l'actualité politique. Comme pour le Super Bowl ou les Oscars, même les personnes qui n'ont pas regardé les débats savaient que ceux-ci avaient lieu ou avaient eu lieu. Cet aspect est important, car les recherches montrent que les personnes qui ont regardé ne serait-ce qu'une partie des débats sont plus à même d'évaluer les chefs de partis, de s'intéresser aux élections et, de façon plus générale, de s'intéresser à la politiqueNote de bas de page 41.

La promotion étant fermement entre les mains du producteur de débats, le but était de concentrer les efforts de sensibilisation sur la mobilisation des parties prenantes au sein de communautés spécifiques. La stratégie consistait à concevoir une campagne de sensibilisation afin de promouvoir les langues autochtones, les formats accessibles et les langues non officielles.

Toutefois, puisque les élections ont subitement été déclenchées peu de temps après la reprise des activités de la Commission, nous avons dû nous concentrer sur notre principale priorité, à savoir la production de débats, et nous n'avons pas disposé de temps nécessaire pour conclure des contrats portant sur les activités de sensibilisation. Les sections précédentes sur la portée des débats, les langues et l'accessibilité ont présenté les suggestions de la Commission sur les façons de progresser à cet égard.

À l'avenir, il faudra déployer des efforts pour trouver des partenaires de distribution des débats en langues autochtones, en ASL, en LSQ et en langues non officielles afin d'optimiser la portée des débats auprès de ces communautés. Un travail peut être effectué « hors cycle » pour établir des relations avec des organisations qui jouent un rôle prépondérant au sein de certaines communautés, notamment les Canadiens vivant avec un handicap, les membres des groupes ethnoculturels (pour promouvoir l'offre des débats dans différentes langues) et des groupes autochtones (pour promouvoir l'offre des débats en langues autochtones) ainsi que les jeunes (pour promouvoir les débats et créer une conscience politique parmi les membres de la future génération). L'accent mis sur ces domaines va dans le même sens que les conclusions de l'Étude électorale canadienne selon lesquelles davantage de travail pourrait être entrepris pour sensibiliser le public aux débats lors des futures élections fédéralesNote de bas de page 42.

Ce travail « hors cycle » est particulièrement important dans le contexte d'un gouvernement minoritaire, car il permettrait à une future commission d'être prête à « enclencher le processus » lors d'une élection éclair. Il est peu probable qu'une entité mise à nouveau sur pied moins d'un an avant la tenue d'une élection ait le temps d'établir des contacts et des relations, et de mettre en place des ressources ou des contrats de sensibilisation avec des organismes.

Contexte de gouvernements minoritaires et éléments à prendre en considération entre les cycles

Lors des consultations menées à la suite des débats, la Commission a entendu à plusieurs reprises que du travail devait être effectué entre les élections. Quiconque se voit confier la responsabilité publique d'organiser des débats doit maintenir une certaine capacité permanente entre les élections afin de s'assurer de pouvoir organiser des débats dans des situations de gouvernement minoritaire ainsi que de maintenir des relations avec les parties intéressées entre les élections afin de favoriser la discussion sur les pratiques innovantes en matière de présentation et de production de débats, tant au Canada qu'à l'étranger.

Le Groupe de diffusion des débats a souligné que la demande de propositions et le contrat devraient être publiés et attribués le plus tôt possible afin que le producteur des débats dispose du temps nécessaire pour réserver le lieu, embaucher des interprètes, entreprendre les activités de conception liées à la production des débats et travailler avec l'entité pour déterminer les dates des débats.

En 2019 et en 2021, la Commission a reçu des conseils et des orientations du Centre canadien pour la cybersécurité du Centre de la sécurité des télécommunications (CST), une organisation ayant pour mandat d'évaluer les menaces contre le processus démocratique. Dans sa publication intitulée « Cybermenaces contre le processus démocratique du Canada : mise à jour de juillet 2021 »Note de bas de page 43, le CST souligne que les processus démocratiques demeurent une cible populaire en ce qui a trait aux menaces. L'étude d'opinion publique sur des questions électorales menée pour le compte d'Élections CanadaNote de bas de page 44 a révélé que 78 % des répondants considèrent les « fausses informations en ligne » comme l'un des facteurs qui pourraient avoir le plus de conséquences sur l'élection de 2021.

Le CST a précisé qu'il souhaitait offrir davantage de services pour protéger les débats et s'impliquer plus tôt dans le processus – au moins douze mois avant la tenue des débats – afin de garantir que ses conseils sont exploitables. Il a également recommandé que le processus de sélection des dates et du lieu des débats s'effectue le plus tôt possible et que cet aspect soit éventuellement séparé ou retiré de la demande de propositions destinée aux producteurs des débats. Ce faisant, le travail « hors cycle » entre le CST et l'emplacement s'effectuerait de façon indépendante du processus d'approvisionnement.

Le CST a également proposé d'instaurer une relation continue avec le lieu où sont organisés les débats, estimant que cette mesure permettrait de prendre en compte la cybersécurité dans tous les aspects de l'organisation du débat, y compris l'infrastructure informatique du lieu où se dérouleront les débats, et non uniquement dans le contexte de la diffusion télévisée du débat.

Si la Commission a pris des mesures pour tenter de lutter contre la désinformation, tant en 2019 qu'en 2021 (hébergement et promotion de vidéos vérifiées du débat sur son site Web, collaboration avec le CST pour garantir la protection du flux de diffusion du débat, etc.), il est possible de faire davantage à cet égard pour renforcer la cybersécurité du lieu où se dérouleront les débats et des flux de diffusion, et pour faire en sorte que les plateformes numériques qui diffusent les débats sont des espaces sûrs et exempts de désinformation. En effet, certaines plateformes de médias sociaux ne permettent pas aux diffuseurs de limiter les commentaires du public, et l'on craignait que les commentaires publiés sur les plateformes numériques des débats ne diffusent des informations erronées. Une future commission pourrait collaborer avec les plateformes numériques et de médias sociaux en vue de lutter contre la désinformation et de créer un espace sûr pour accueillir les débats dans un environnement numérique.

Comme nous l'avons mentionné précédemment, le Bureau de la traduction a formulé des commentaires similaires à l'intention de la Commission. Le Bureau a notamment suggéré que la Commission ait une capacité opérationnelle entre les cycles afin de mieux servir les communautés de langue autochtone, et a demandé que les dates et le lieu du débat soient déterminés le plus tôt possible. Dans un contexte de gouvernement majoritaire, le Bureau préconise des dates de débat fixes.

Le travail réalisé hors cycle par la mise en place d'une capacité permanente entre les cycles électoraux pourrait inclure les activités suivantes :

  • Collaborer avec le ministère du Patrimoine canadien et Statistique Canada à l'élaboration d'une politique d'interprétation en langues autochtones fondée sur la population;
  • Travailler avec le Bureau de la traduction afin de sélectionner et de former des interprètes en vue des débats;
  • Travailler avec les dirigeants et les collectivités autochtones à la promotion de l'offre de débats en langues autochtones;
  • Choisir le lieu où se tiendront les débats;
  • Consulter le Centre canadien pour la cybersécurité en vue d'assurer la cybersécurité du lieu où se tiendront les débats et de son alimentation;
  • Travailler avec les parties prenantes afin de garantir l'intégrité des débats et de lutter contre la désinformation entourant les débats;
  • Consulter les organisateurs de débats d'autres pays sur les pratiques exemplaires liées au format et au processus de modération;
  • Mettre à l'essai différents formats de débat;
  • Sélectionner et former d'éventuels modérateurs;
  • Fournir des conseils et des orientations à d'autres organisateurs de débats;
  • Cultiver des relations avec les parties prenantes; et
  • Conclure des contrats de sensibilisation pour s'assurer que tous les Canadiens – même ceux qui sont particulièrement mal desservis – aient accès aux débats des chefs.

Nouvelle recommandation

Recommandation no 8 : La Commission devrait maintenir une capacité permanente suffisante entre les élections afin d'être en mesure d'organiser des débats dans un court délai; elle devrait également cultiver des relations entre les élections afin de favoriser les discussions, tant au Canada qu'à l'étranger.

3.2.2 Sommaire des dépenses

La Commission a reçu un budget de 5,5 millions de dollars du gouvernement pour chacun des cycles électoraux de 2019 et de 2021. De ce montant, elle a dépensé environ 3,9 millions de dollars en 2019 et 3,5 millions de dollars en 2021. Les catégories de dépenses et les comparaisons avec le cycle de 2019 sont présentées ci-dessous.

Commission des débats des chefs – Estimation du sommaire des dépenses
Activité Premier mandat (débats de 2019)
Dépenses réelles * (en millions de dollars)
Deuxième mandat (débats de 2021)
Dépenses estimées** (en millions de dollars)
Initiatives de recherche, d'évaluation et de diffusion 0,3 0,1
Services professionnels 0,5 0,5
Contrat pour les coûts additionnels associés à la production des débats 1,7 1,7
Salaires et frais administratifs de la Commission 1,1 0,8
Frais administratifs fournis par le Bureau du Conseil privé 0,3 0,5
Total 3,9 3,5

* Les dépenses réelles désignent les autorisations utilisées dans l'exercice en cours et publiées dans les comptes publics de 2018-2019 et de 2019-2020.
** Les dépenses estimées désignent les autorisations utilisées dans l'exercice en cours et publiées dans les comptes publics de 2020-2021, ainsi qu'une estimation pour 2021-2022. Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.

En 2021, les initiatives de recherche, d'évaluation et de diffusion comprenaient les recherches entreprises par le consortium de l'Étude électorale canadienne (EEC). Aucune dépense n'a été engagée pour les initiatives de diffusion, ce qui constitue un écart par rapport à 2019.

Les services juridiques, le codage de sites Web ainsi que l'édition et la mise en page du rapport figuraient parmi les services professionnels obtenus par la Commission.

Le contrat pour les coûts additionnels associés à la production des débats comprenait le financement de services allant au-delà des attentes historiques à l'égard des producteurs de débats (par exemple, l'obligation de distribuer le signal gratuitement, l'offre de différents formats en vue d'assurer l'accessibilité, l'interprétation linguistique). Le Groupe de diffusion des débats a absorbé certains coûts qui, par le passé, étaient assumés par les producteurs de débats (par exemple, les effectifs, la promotion, les tournages hors studios, la connectivité et la distribution technique).

Les salaires et frais administratifs de la Commission ont inclus des dépenses principalement associées aux services fournis par les employés (un employé à temps plein et quatre employés à temps partiel incluant le commissaire aux débats) ainsi que le soutien aux sept membres du comité consultatif.

Les frais administratifs fournis par le Bureau du Conseil privé comprennent le soutien administratif relatif à l'approvisionnement, aux finances, aux technologies de l'information, au personnel et aux locaux.

Comme ce fut le cas en 2019, la Commission a reçu d'importantes contributions en nature de la part des producteurs des débats et d'organisations partenaires. Ces contributions supplémentaires, évaluées à environ 3 millions de dollars, comprennent la promotion exhaustive des débats par le Groupe de diffusion des débats.

3.2.3 Mandat futur, pouvoirs et gouvernance

La Commission s'est acquittée de la responsabilité d'organiser les débats des chefs lors des deux dernières campagnes électorales fédérales, en 2019 et en 2021. Après l'expérience de 2019, la Commission a recommandé au gouvernement de rendre sa structure permanente par voie législative.

En 2020, tout en précisant que le gouvernement n'avait pas pris de décision concernant cette recommandation, le président du Conseil privé de la Reine et ministre des Affaires intergouvernementales a précisé, en réponse au rapport de 2019, qu'il « préférerai[t] une structure permanente prévue par la loi qui fournirait cette plateforme de base dans les élections générales pour des débats équitables et ouverts entre les chefs avec une commission vraiment indépendante chargée de prendre les décisions »Note de bas de page 45.

Plus récemment, dans sa lettre de mandat de décembre 2021 adressée au ministre des Affaires intergouvernementales, de l'Infrastructure et des Collectivités, le premier ministre a demandé au ministre de « [p]rendre en considération le rapport que doit présenter le commissaire aux débats des chefs sur les façons d'améliorer les débats des chefs et prendre des mesures pour veiller à ce qu'ils servent mieux l'intérêt public »Note de bas de page 46.

La Commission a entamé sa réflexion sur l'avenir de l'organisation des débats au Canada en partant d'un premier principe, soit le caractère essentiel des débats dans le cadre d'une élection. Leur stabilité et leur prévisibilité sont donc importantes pour le maintien d'une démocratie saine.

En examinant son expérience de 2021, la Commission estime avoir contribué de manière significative à ce premier principe des façons suivantes :

Augmentation de l'auditoire

En 2019, les deux débats ont attiré un nombre record de 19 millions de téléspectateurs. En 2021, 14 millions de téléspectateurs ont suivi les débats, ce qui demeure élevé par rapport aux précédents débats et aux autres événements télévisuels diffusés en 2021.

Amélioration de la portée et de l'accessibilité des débats

La diffusion gratuite des débats des chefs a permis à de nombreux partenaires de distribuer les débats et d'accroître considérablement leur portée. Les débats en anglais et en français ont été diffusés en direct sur 36 réseaux de télévision, quatre chaînes de radio et plus de 115 plateformes numériques.

Les débats étaient également offerts dans 16 autres langues, dont six langues autochtones, l'ASL et la LSQ. Ils étaient également offerts en sous-titrage codé et en vidéodescription, ce qui a permis de joindre des communautés qui se retrouvent fréquemment en marge de la participation politique.

La formation, en 2019, d'une coalition médiatique plus large pour produire les débats a permis une plus grande adhésion des médias aux débats. Les débats sont redevenus l'événement le plus marquant de la campagne en 2021, comme ils l'avaient été en 2019, comme en témoignent les cotes d'écoute mentionnées précédemment et l'analyse des médias sociauxNote de bas de page 47.

Le budget de production de la Commission a permis au consortium de médias de produire des débats et des événements télévisuels de haute qualité et ayant un impact accru. À titre de comparaison, près de deux fois plus de Canadiens ont regardé les débats que le Super Bowl en 2021.

Dépolitisation et prévisibilité

La création de la Commission a apporté une plus grande stabilité aux débats. Pour la première fois, les partis politiques ont accepté d'y participer sans aucune condition préalable.

Transparence

La Commission a mis en place des règles claires et transparentes pour la tenue des débats et a établi des critères de participation à la suite de vastes consultations. Ces critères ont largement été communiqués avant le déclenchement des élections. Ce niveau de transparence accru a créé de meilleures conditions pour favoriser la confiance à l'égard des débats.

Base de connaissances

Les recherches, le processus de consultation et les analyses effectuées par la Commission après chaque cycle politique créent une base de connaissances sur les débats qui n'existerait pas autrement. Le personnel de la Commission est régulièrement invité à des symposiums à l'extérieur du Canada pour faire part de son expérience et échanger des données. Les études et les sondages commandés ouvrent de nouvelles perspectives sur les pratiques exemplaires en matière de débats et sur ce que les électeurs attendent et obtiennent de ces exercices. Ces données objectives guident l'amélioration des débats lors de chaque cycle.

Avenir de la Commission

À la lumière des réactions des parties prenantes obtenues par la CDC à la suite du débat des chefs de 2021, il sera nécessaire de réfléchir attentivement à quatre options potentielles concernant l'avenir de l'organisation des débats :

  1. Abolition de la Commission des débats des chefs;
  2. Maintien du mandat et du mode de fonctionnement actuels de la Commission (statu quo);
  3. Changement progressif du mandat et de l'approche opérationnelle actuels de la Commission;
  4. Mise en place d'une commission assurant une prestation complète de services et chargée de la production de débats à l'interne.

La Commission a réfléchi à la première option, mais estime que les débats des chefs ne sont pas suffisamment stables, prévisibles et efficaces pour justifier l'abolition d'une entité bénéficiant d'un soutien public. En outre, nous pensons qu'une future entité pourra continuer à servir l'intérêt public en assurant le plus large auditoire possible et l'accessibilité des débats, en établissant des normes élevées de transparence, de rentabilité et de pertinence, et en contribuant à la création d'une solide communauté d'experts à l'échelle du pays. Il sera important de veiller à ce qu'une future entité soit soumise à un examen régulier et que des options institutionnelles soient envisagées dans le cadre de ce processus.

Il apparaît clairement que le maintien du statu quo proposé dans le cadre de la deuxième option n'est pas optimal, compte tenu de l'évaluation des débats de 2021 et des recommandations formulées au sujet du rôle de la Commission.

La mise en place d'une commission assurant une prestation complète de services ou l'attribution à une future commission du mandat de produire des débats à l'interne, comme le préconise la quatrième option, nécessiterait l'intégration d'un grand nombre de talents et d'experts et engendrerait des coûts de production plus élevés que ceux associés à l'établissement d'une relation contractuelle avec une entité existante. Une telle approche pourrait également mettre en péril la relation de la Commission avec les organisations de médias, qui sont des parties prenantes clés et qui ont manifesté leur volonté de travailler avec la Commission en 2019 et en 2021.

Par conséquent, la Commission estime que la troisième option est appropriée pour garantir la tenue de débats dans l'intérêt public, puisqu'elle a conclu à la nécessité de se voir attribuer un rôle plus important en ce qui a trait au format et à la modération des débats. Autrement dit, des changements modestes et progressifs devront être apportés au mandat et à l'approche opérationnelle actuels de la Commission. Ces changements progressifs sont fondés sur les constatations et les recommandations présentées dans le présent rapport. Ceux-ci peuvent en grande partie être entrepris de concert avec les autorités en place, mais il pourrait être justifié de doter la Commission d'une responsabilité plus explicite, par le biais de son instrument d'habilitation, afin que l'approbation finale quant au format et à la modération des débats lui incombe. La Commission devrait également être dotée d'un mandat clair et recevoir un financement plus important si la recommandation d'avoir la capacité et l'autorité d'envisager l'organisation de débats des chefs supplémentaires lorsque cela est possible était approuvée.

Deux commentaires reçus du public résument bien la tâche qui attend une future commission :

Le travail de la Commission des débats est important, mais il y a du travail à faire pour s'assurer que leur travail n'est pas réalisé en vain. [traduction]

En tant qu'organisme responsable de l'organisation du débat des chefs, vous êtes tenus de vous assurer que le débat soit présenté dans un cadre neutre et impartial, afin que les citoyens puissent faire un choix éclairé par rapport au candidat ou parti qui représente le mieux ses valeurs.

La Commission a conclu que les attributs suivants contribueront de manière essentielle à l'organisation réussie de débats par une future entité :

  • Indépendance : organisation apolitique et non partisane, indépendante par rapport au gouvernement en place et perçue comme telle;
  • Légitimité : considérée comme fonctionnant de manière irréprochable dans l'intérêt public et largement acceptée par les partis politiques;
  • Transparence : fournir des raisons claires motivant ses décisions et offrir au public des possibilités de donner son avis;
  • Responsabilité : mesure efficace de ses activités et production de rapports complets sur celles-ci et sur les coûts qui y sont associés;
  • Stabilité : certitude concernant le financement et le mandat;
  • Flexibilité : sur le plan de l'approvisionnement ainsi que dans des contextes minoritaires et majoritaires;
  • Expertise : organisation de débats informatifs, efficaces et qui suscitent l'intérêt, en tirant parti des expériences passées et des pratiques exemplaires à l'échelle internationale; et
  • Permanence : fonctionnement sur plusieurs cycles électoraux.

Pouvoirs

La Commission reconnaît qu'il existe probablement un certain nombre de modèles institutionnels qui pourraient être envisagés pour mener des débats dans l'intérêt public, en tenant compte de ces attributs clés. Nous encourageons le gouvernement à explorer un certain nombre d'options à cet égard, notamment :

  1. Le bien-fondé d'une loi autonome ou d'éventuelles modifications des lois en vigueur, ou des deux;
  2. Le bien-fondé d'un modèle de commission publique indépendante ou d'un soutien permanent à une entité non gouvernementale indépendante;
  3. Déterminer si d'autres entités (par exemple, le CRTC, Élections Canada ou CBC/Radio‑Canada) ont des rôles spécifiques à jouer;
  4. Envisager un processus de révision périodique (par exemple tous les cinq ans) afin d'évaluer si l'entité indépendante remplit son mandat et dans quelle mesure, et déterminer quels changements, s'il y a lieu, pourraient être justifiés.

Nous sommes de plus en plus préoccupés par ce que nous considérons comme étant un écart croissant entre les impératifs des réseaux de télévision et ce que le public attend des débats. Nous estimons qu'en tant que gardienne de l'intérêt du public et en tant qu'entité mandatée pour protéger l'intérêt public lors de ces débats, la Commission a le devoir de participer à la détermination du format et des aspects relatifs à la modération qui répondent le mieux aux besoins démocratiques du public. Nous sommes également d'avis que la Commission peut jouer un rôle relativement à ces questions sans mettre en péril l'indépendance éditoriale des personnes qui modèrent les débats et posent des questions aux chefs. Enfin, nous pensons que la meilleure façon d'y parvenir est d'instaurer un dialogue constructif entre les élections.

La Commission fournit un service aux Canadiens. À l'avenir, elle doit continuer à le faire sur une base indépendante et en bénéficiant d'une importante légitimité politique. Le mandat de la Commission l'a bien servie, tout comme pourrait le faire un instrument similaire, sous réserve que le gouvernement tienne compte des recommandations que nous avons formulées précédemment. Néanmoins, la Commission réitère sa recommandation de 2019 selon laquelle, en définitive, le Parlement devrait avoir la possibilité de contribuer au mandat d'une future entité au moyen d'un examen périodique. Le projet de loi est considéré comme étant l'un des moyens privilégiés pour atteindre ce résultat.

Gouvernance

Commissaire aux débats

En 2019 et en 2021, la Commission des débats des chefs était dirigée par un commissaire à temps partiel, nommé par décret. Le gouvernement a annoncé le renouvellement du mandat du commissaire en novembre 2020Note de bas de page 48.

Nous estimons qu'il est toujours approprié qu'une future commission soit dirigée par un seul commissaire, ce qui permettrait de définir les orientations organisationnelles de façon efficace. Les consultations menées à la suite des débats et les conclusions de la Commission ont révélé qu'il existe un ensemble de compétences importantes qu'un commissaire aux débats efficace devrait posséder, principalement compte tenu du fait que ses décisions doivent être incontestablement considérées comme étant prises dans l'intérêt du public. Le commissaire aux débats doit s'acquitter des fonctions de son poste en toute neutralité et équité, et selon des principes établis. Parmi les qualités recherchées, mentionnons un certain degré de respect ou de notoriété faisant en sorte que cette personne est perçue comme étant impartiale par des personnes issues de tous les horizons politiques et, de façon plus générale, par la population canadienne. Parmi les compétences secondaires à privilégier, citons l'expérience dans le domaine de la diffusion ou du journalisme, de la négociation de débats et de l'établissement de relations entre les partis politiques.

La nomination du commissaire aux débats devrait être validée par la consultation des partis d'opposition, conférant à la Commission une objectivité, une visibilité et un profil non partisans, ainsi qu'une crédibilité pour prendre des décisions sur des sujets tels que les critères de participation aux débats. Il conviendrait d'envisager l'ajout éventuel au futur instrument d'habilitation de la Commission d'un texte décrivant le processus et la façon dont ces consultations seront menées.

Recommandation no 9 : La Commission réaffirme qu'elle devrait être dirigée par un commissaire aux débats dont le processus de nomination prévoit la consultation des partis politiques enregistrés et représentés à la Chambre des communes.

Recommandation no 10 : La Commission réaffirme qu'elle devrait être créée au moyen d'une législation (ou d'un mécanisme semblable) et soumise à un examen périodique (par exemple, tous les cinq ans) afin de privilégier sa pérennité, une transparence accrue et un meilleur accès aux ressources. Sa composition institutionnelle devrait accorder la priorité à l'indépendance opérationnelle réelle et perçue, à l'efficacité financière et à la souplesse administrative.

RECOMMANDATION PRINCIPALE : Nous recommandons le maintien et l'amélioration d'une entité permanente, financée par des fonds publics et soumise à un examen périodique, pour l'organisation des débats des chefs.

Comité consultatif

Comme ce fut le cas en 2019, le comité consultatif de la Commission a fourni en 2021 un service essentiel à la Commission des débats des chefs. La diversité des points de vue offerts, l'expérience politique et médiatique, ainsi qu'un jugement éclairé et objectif et un vif intérêt pour la confiance à l'égard des institutions publiques ont été déterminants et particulièrement précieux pour la Commission dans l'accomplissement de son mandat.

Nous concluons qu'une future commission devrait continuer à solliciter les conseils d'un comité consultatif et à s'appuyer sur ceux-ci, puisqu'une telle entité offre une vaste gamme de perspectives et de compétences. Si une future commission devait jouer un rôle plus important dans la détermination du format des débats et la sélection des modérateurs, l'expertise dans ces domaines constituerait un élément important dans la composition d'un futur comité consultatif.

Conclusion

Les débats jouent un rôle essentiel pour assurer la vitalité de la démocratie canadienne. Des millions de Canadiens regardent les débats lors de chaque élection, ce qui témoigne de leur importance. Dans ce rapport, nous proposons des moyens de rendre ces débats encore plus pertinents pour les électeurs canadiens lorsqu'ils évaluent et choisissent les chefs qui les représenteront au Parlement.

Nous souhaitons remercier les membres de notre comité consultatif ainsi que nos partenaires au sein du Groupe de diffusion des débats de 2021 pour leur engagement à l'égard des débats des chefs. Nous remercions également les chercheurs de l'Université de Toronto et d'autres universités canadiennes pour leurs recherches et leur expertise. Nous exprimons notre gratitude envers la quarantaine d'intervenants d'ici et d'ailleurs, et remercions les quelque 1 100 Canadiens qui ont généreusement soumis des idées sur les façons d'améliorer les débats.

Notre défi permanent est de faire en sorte que les débats non seulement touchent les gens, mais renforcent leur confiance à l'égard des institutions publiques et du processus politique, ce qui est particulièrement important à une époque où la désinformation et la méfiance menacent de saper les fondements de la démocratie. Pour ce faire, la Commission et ses partenaires doivent s'efforcer de produire des débats qui représentent les intérêts du public. Nous espérons que les propositions que nous avons présentées dans ce rapport contribueront à créer un environnement propice à un débat réfléchi et à un discours civil sur les questions qui détermineront l'avenir de notre pays.

Recommandations

Ces recommandations visent à améliorer le mandat, le rôle et la structure de la Commission ou d'un organisme indépendant. Aux fins de compréhension, nous utilisons le terme Commission.

RECOMMANDATION PRINCIPALE :

Nous recommandons le maintien et l'amélioration d'une entité permanente, financée par des fonds publics et soumise à un examen périodique, pour l'organisation des débats des chefs.

Nouvelles recommandations

Recommandation no 1 : L'approbation finale du format des débats devrait relever de la Commission, et celle-ci devrait travailler avec les parties prenantes entre les élections à la conception d'un format simplifié qui sert au mieux les Canadiens.

Recommandation no 2 : La Commission devrait sélectionner le(s) modérateur(s) des débats sur la base de consultations menées auprès d'experts.

Recommandation no 3 : La Commission devrait organiser deux débats des chefs financés par des fonds publics (un dans chaque langue officielle) et avoir la capacité, le financement et l'autorité d'envisager l'organisation de débats des chefs supplémentaires lorsque cela est possible. Elle devrait également être en mesure de fournir des conseils et une expertise aux autres organisateurs de débats.

Recommandation no 8 : La Commission devrait maintenir une capacité permanente suffisante entre les élections afin d'être en mesure d'organiser des débats dans un court délai; elle devrait également cultiver des relations avec les parties intéressées entre les élections afin de favoriser les discussions, tant au Canada qu'à l'étranger.

Recommandations réaffirmées

Recommandation no 4 : Les critères de participation devraient être aussi objectifs que possible et rendus publics avant le début de la campagne électorale. Ces critères devraient être établis par le commissaire aux débats.

Recommandation no 5 : Les partis politiques devraient être encouragés, plutôt que contraints, à participer aux débats des chefs.

Recommandation no 6 : Un processus concurrentiel devrait continuer à être utilisé pour sélectionner le producteur des débats.

Recommandation no 7 : Les débats doivent continuer d'être offerts en français, en anglais et dans d'autres langues, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.

Recommandation no 9 : La Commission réaffirme qu'elle devrait être dirigée par un commissaire aux débats dont le processus de nomination prévoit la consultation des partis politiques enregistrés et représentés à la Chambre des communes.

Recommandation no 10 : La Commission réaffirme qu'elle devrait être créée au moyen d'une législation (ou d'un mécanisme semblable) et soumise à un examen périodique (par exemple, tous les cinq ans) afin de privilégier sa pérennité, une transparence accrue et un meilleur accès aux ressources. Sa composition institutionnelle devrait accorder la priorité à l'indépendance opérationnelle réelle et perçue, à l'efficacité financière et à la souplesse administrative.

Annexe 1 – Commission des débats des chefs – Décrets

Annexe 2 – Commission des débats des chefs - Termes de référence Conseil consultatif

Mandat

Le mandat du conseil consultatif de la Commission canadienne des débats consiste à conseiller le Commissaire sur des enjeux relatifs à l'organisation de deux débats entre les chefs de partis politiques, l'un en français, l'autre en anglais, lors des campagnes électorales fédérales de 2019 et 2021. Compte tenu que ces débats constituent une contribution essentielle à la santé de la démocratie canadienne, les membres du conseil s'inspireront des valeurs suivantes dans leurs délibérations : l'intérêt public, l'impartialité, la crédibilité, la citoyenneté démocratique, l'éducation civique, l'inclusion et les dépenses judicieuses des fonds publics.

Composition

Le conseil consultatif est composé de sept membres et sa composition doit refléter un équilibre quant au genre et à la diversité canadienne. Elle doit également à représenter un éventail de courants politiques ainsi qu'une diversité d'expertises. Les membres sont nommés par le Commissaire et siègent à temps partiel. Le conseil consultatif se réunira au moins trois fois au cours de l'année qui précède l'élection fédérale et deux fois durant les cinq mois qui suivront le scrutin. Les réunions du conseil seront présidées par le Commissaire.

Rôle des membres du conseil

Les membres du conseil donneront leur avis à la Commission sur les meilleures façons de s'acquitter de son mandat sur des enjeux comme :

  • assurer que les débats soient diffusés et distribués largement et sans frais.
  • assurer que les débats soient accessibles à autant de Canadiens que possible, y compris ceux qui vivent en régions éloignées, ceux qui sont en situation de minorité linguistique et ceux qui sont aux prises avec des handicaps.
  • assurer que les débats soient encadrés par des standards journalistiques élevés.
  • assurer que les appels d'offres pour la production des débats soient fondés sur des critères d'une clarté suffisante pour juger adéquatement les soumissions.
  • assurer que la Commission entreprenne une campagne d'information publique et d'engagement citoyen qui suscite un grand intérêt et une grande conscience des débats chez les Canadiens.
  • assurer que la Commission fournisse des conseils et un appui à d'autres groupes qui seraient intéressés à tenir des débats lors des élections fédérales.
  • assurer que les critères de participation des partis politiques aux débats soient appliqués de façon juste et transparente.
  • fournir des conseils en fonction d'une évaluation factuelle et concrète des débats en vue des recommandations que fera la Commission au gouvernement.

Émoluments

La Commission remboursera les dépenses de voyages des membres du conseil consultatif de leur lieu de résidence jusqu'à Ottawa. Ils toucheront des honoraires de $450.00 par jour pour leur participation aux réunions du conseil.

Principes directeurs

Les membres du conseil consultatif s'engagent à siéger à titre individuel, dans l'intérêt public, indépendamment de toute appartenance à une organisation, entreprise, groupe ou parti politique. Il va de soi que la connaissance du monde politique est un atout, mais cette expérience ne doit pas être mise à profit dans un esprit de partisannerie.

Les membres du conseil sont tenus de révéler tout conflit d'intérêt actuel ou potentiel au début de chaque session, y compris des groupes de travail constitués en marge des réunions régulières. Toute considération de récusation devrait être faite en consultation avec le Commissaire.

Les discussions et les délibérations du conseil, de ses comités ou groupes de travail seront franches, ouvertes et confidentielles, en conformité avec les règles de la maison de Chatham. Les différents points de vue devraient être présentés en toute candeur et considérés avec respect. Dans leurs communications avec les médias ou d'autres intervenants au sujet des travaux du conseil, les membres respecteront la confidentialité de leurs rapports avec leurs collègues et ne leur attribueront pas de déclarations ou d'opinions.

Annexe 3 – Personnes consultées

  • Anciens producteurs de débats des chefs à CBC, à CTV et à Radio-Canada (consulter l'annexe 3 Atelier sur la production des débats)
  • Producteurs, animateurs et cadres qui ont produit, animé et organisé des débats aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne (voir l'annexe 6 Enseignements tirés à l'échelle internationale)
  • Accessibilité Média inc. (AMI)
  • André Blais, Université de Montréal
  • Aengus Bridgman, Étude électorale canadienne
  • Bloc Québécois
  • Association canadienne des journalistes (CAJ)
  • Canadian Broadcasting Corporation (CBC)
  • Conseil de presse du Québec (CPQ)
  • Parti conservateur du Canada
  • David Coletto (Abacus Data)
  • Commission on Presidential Debates (États-Unis)
  • Conseil des Canadiens avec déficiences
  • Centre de recherche et d'information sur le Canada (CRIC)
  • Centre canadien pour la cybersécurité
  • Sabreena Delhon, Centre Samara pour la démocratie
  • Programme des langues autochtones, Patrimoine canadien
  • Jennifer Ditchburn, Institut de recherche en politiques publiques (IRPP)
  • Claire Durand, professeure à l'Université de Montréal, ancienne présidente de l'Association mondiale pour l'étude de l'opinion publique
  • Joanna Everitt, Université du Nouveau-Brunswick
  • Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
  • Brian Gallant
  • Edward Greenspon, Forum des politiques publiques
  • Parti vert du Canada
  • Graham Fox
  • Allison Harell, Université du Québec à Montréal, chercheure à l'Étude électorale canadienne
  • Donna Jodhan
  • Richard Johnston, professeur émérite à l'Université de la Colombie-Britannique et ancien chercheur à l'Étude électorale canadienne
  • Parti libéral du Canada
  • Peter Loewen, Université de Toronto et chercheur à l'Étude électorale canadienne
  • Joanne MacDonald, ancienne vice-présidente, CTV News
  • John McAndrews, chercheur postdoctoral, Département de science politique et École Munk des affaires internationales et des politiques publiques de l'Université de Toronto
  • Jennifer McGuire, ancienne rédactrice en chef, CBC News
  • Spencer McKay, chercheur postdoctoral, Centre pour l'étude des institutions démocratiques, Université de la Colombie-Britannique
  • Conseil national des médias du Canada 
  • Nouveau Parti démocratique
  • Parti populaire du Canada
  • Bureau du Conseil privé – Appareil gouvernemental
  • Services publics et Approvisionnement Canada
  • Radio-Canada
  • Daniel Rubenson, Université Ryerson, chercheur à l'Étude électorale canadienne
  • Tamara Small, Université de Guelph
  • Laura Stephenson, Université Western, chercheure à l'Étude électorale canadienne
  • Bureau de la traduction
  • Christopher Waddell, professeur, Faculté de journalisme et des communications, Université Carleton
  • Soumissions écrites en provenance d'environ 1 100 membres du public

Annexe 4 – Couverture médiatique

Couverture médiatique de 2021

Aperçu
De manière générale, la couverture médiatique, tant en français qu'en anglais, des débats des chefs en vue de l'élection générale de 2021 a été factuelle, équilibrée et neutre. Elle a porté sur les messages relatifs aux annonces faites par la Commission relativement à son mandat modifié par décret. Comme prévu, les opinions exprimées dans les articles d'opinion et les éditoriaux étaient très variées. Les critiques portaient sur le format, l'animation, le nombre de débats et le rôle de la Commission.

Méthode
L'analyse suivante de la couverture médiatique dès l'annonce du producteur des débats par la Commission se veut générale, et donc pas exhaustive. Nous avons tenté d'illustrer la couverture neutre, positive et négative reçue au cours de la dernière élection. Nous n'avons pas quantifié le volume de la couverture dans son ensemble, mais celle-ci était visiblement plus vaste que la couverture observée en 2019. Nous n'avons pas non plus tenté de déterminer la façon dont cette couverture a influencé l'opinion publique au regard du travail effectué par la Commission ou des débats eux-mêmes.

Annonce relative au Groupe de diffusion des débats
La couverture médiatique du Groupe de diffusion des débats en tant que producteur des débats des chefs a été factuelle et neutre ou positive tant dans le ton que dans le contenu. Les médias ont souligné l'inclusion du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) en tant que partenaire de diffusion dans le cadre du partenariat des organes de presse, la traduction en langues autochtones et en d'autres langues non officielles ainsi que la vaste diffusion gratuite des débats au Canada.

Le titre de l'article publié par La Presse canadienne le jour de l'annonce (1er avril 2021) était le suivant : « L'APTN fera partie des partenaires de diffusion des débats des chefs en vue des prochaines élections fédérales canadiennes. » [traduction libre]

Le même jour, CTV News a repris les gazouillis de la Commission dans son reportage et a écrit ce qui suit :

« Les débats seront largement diffusés sur les plateformes numériques, de diffusion et des médias sociaux ... Ils seront également diffusés en langues autochtones et dans des langues non officielles et seront disponibles en langue ASL, en langue des signes québécoise (LSQ), avec sous-titres codés et en vidéodescription. » [traduction libre]

Dans un article, Le Devoir souligne tous les médias francophones partenaires du Groupe de diffusion des débats et la diffusion gratuite pour les Canadiens.

Décision sur les critères de participation
La couverture médiatique était factuelle et neutre tant en français qu'en anglais. L'exclusion de Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada (PPC), des deux débats des chefs a très majoritairement fait la une des journaux et attiré l'attention dans tout le pays. En effet, la quasi-totalité des grands journaux qui ont couvert cette nouvelle dans les deux langues avait en une cette décision, qui s'appuyait sur les critères de participation fixés par la Commission en juin 2021. La couverture médiatique portait sur le fait que le PPC avait obtenu 3,27 % des intentions de vote dans les sondages nationaux et n'avait donc pas atteint le seuil des 4 % à atteindre pour participer aux débats des chefs.

« Cinq chefs de partis fédéraux sont invités aux débats électoraux; Bernier est exclu », écrit CTV News. « Maxime Bernier et le parti séparatiste de l'Ouest se voient refuser la participation aux débats fédéraux officiels », titrait le Toronto Star. « Le Parti populaire est exclu des débats en vue des élections fédérales alors que de nouveaux critères sont annoncés. » [traduction libre] titrait Global News.

La une de tous les médias francophones portait sur la décision au sujet de Maxime Bernier. « Maxime Bernier exclu des débats des chefs », écrivait La Presse. « Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, est exclu des débats des chefs », titre L'actualité. « Pas de Maxime Bernier à tous les débats, » ajoutait TVA Nouvelles.

Les critères établis avaient été largement acceptés, sans être contestés par le PPC ni par aucun autre parti ni organe. Maxime Bernier s'est dit « déçu, mais pas surpris » de cette décision. « Je ne blâme pas la Commission, dont les critères étaient clairs et objectifs. »

Andrew Coyne, de The Globe and Mail, a remis en question le seuil fixé à 4 % et la durée fixée à cinq jours dans un article d'opinion où il affirmait que Bernier aurait dû être présent aux débats des chefs. « Il faut bien fixer un seuil, mais le raisonnement pour y parvenir doit être transparent et équitable. Dans ce cas, il semble que le seuil fixé n'avait d'autre but que celui d'exclure le Parti populaire », a-t-il écrit. « Il n'appartient à aucun commissaire, reclus de surcroît, de déterminer qui peut participer aux débats. C'est aux électeurs d'en décider. » [traduction libre]

https://www.theglobeandmail.com/opinion/article-why-maxime-bernier-and-his-noxious-views-should-be-at-the-leaders/ (8 septembre 2021)

Les éditoriaux et les articles d'opinion francophones appuyaient la décision de la Commission au sujet du seuil fixé à 4 %, que le PPC n'avait pas réussi à atteindre.

« On ne lui demandait pourtant pas la lune ! Son parti devait récolter au moins 4 % des intentions de vote OU être représenté à Ottawa par un député ayant été élu en tant que membre de la formation politique OU avoir obtenu au moins 4 % des voix lors des plus récentes élections fédérales. Si un seul de ces critères était respecté, il pouvait prendre part aux débats. Et rappelons que ça ne date pas d'hier, le tri des chefs pour les débats. C'est parfaitement normal. On ne peut pas donner un laissez-passer à quiconque voudrait y prendre la parole. (Alexandre Sirois, La Presse, 25 août 2021, « Donnez un miroir à Bernier! ») https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2021-08-25/droit-au-but/donnez-un-miroir-a-bernier.php (25 août 2021)

« Maxime Bernier n'aura pas de place aux débats des chefs. Je dis « Bravo ». Un chef politique qui emploie les mots « despote », « ségrégation » et « cartel » à toutes les sauces n'a clairement pas sa place dans un débat transnational à une époque aussi importante que la nôtre. »

(Marie-Ève Doyon, Journal de Québec, 31 août 2021. « Non, Bernier ne méritait pas sa place au débat »

https://www.journaldequebec.com/2021/08/31/non-bernier-ne-meritait-pas-sa-place-au-debat (31 août 2021)

Les débats
Débat des chefs en français, 8 septembre 2021

Les critiques formulées à l'encontre du débat en français portent sur la question de savoir si le débat a donné lieu à des échanges substantiels. Les commentaires ont porté sur le format surchargé, le trop grand nombre de questions, la surproduction, le trop grand nombre de journalistes sur scène et le peu d'occasions pour les chefs de débattre.

Le format n'a pas dominé la presse en anglais; il a plutôt été mentionné en passant, en quelques lignes dans les articles traitant des questions abordées dans le débat. Le Calgary Herald a noté que l'animateur Patrice Roy « a admirablement encadré les participants et fait respecter le temps alloué ». [traduction libre]

Le débat en français a été moins critiqué que le débat en anglais.

La presse francophone a décrit le débat en français en ces termes :

  • « Il y avait beaucoup de choses dans ce débat, mais je ne sais pas si les gens vont y avoir trouvé leur compte. Il y avait trop de questions, et pas suffisamment de temps sur les enjeux. En faisant cela, on donne moins de temps aux politiciens pour approfondir leurs réponses et ces derniers répondent avec des réponses toutes faites. » – (La Presse, 9 septembre 2021)
    https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-09/debat-des-chefs/qui-a-gagne-nos-experts-se-prononcent.php
  • « La formule censée contraster les propositions des cinq principaux chefs de parti a plus souvent mené à des échanges ternes, ponctués de quelques moments révélateurs. » (Boris Proulx et Mylène Crête, Le Devoir, 9 septembre 2021).
    https://www.ledevoir.com/politique/canada/630897/debat-sobre-en-vue-du-scrutin
  • « Ces débats (les débats des chefs en français et en anglais) ont paru conçus pour mettre en vedette les chefs d'antenne et les journalistes plutôt que les leaders. […] Ce débat (le débat en français) fut moins pénible que son pendant anglais, mais je ne lui ai trouvé aucune autre qualité. […] Patrice Roy a semblé vouloir en profiter pour montrer une fois pour toutes qu'il est l'animateur de l'heure. […] Débattre, c'est discuter d'un sujet ou d'une situation avec un ou plusieurs interlocuteurs. Ce n'est pas répondre à des questions. C'est pourtant à cela qu'on a réduit le débat des chefs, donnant à peine à l'un et à l'autre le temps de répondre, encore moins de débattre. […] Trop heureux d'apparaître à la caméra, les journalistes invités en ont profité pour faire étalage de leur savoir. » (Guy Fournier, Journal de Montréal, 14 septembre 2021)
    https://www.journaldemontreal.com/2021/09/14/des-debats-qui-sont-une-triste-farce
  • « Le format était très chargé. On a beaucoup demandé aux chefs, la commande était importante par rapport à la semaine dernière. Il y avait plusieurs formats de questions, des rafales de questions de journaliste qui étaient très intrusives. Il y a beaucoup d'informations à assimiler. Je ne sais si les gens ont pu entendre et saisir toute l'information que les politiciens ont tenté de leur présenter... Est-ce qu'on a été bien informés, des questions ont trouvé des réponses? Est-ce que le citoyen a entendu ce qu'il voulait? Je ne sais pas, il y avait tellement de choses! » (Judith Desmeules, Le Soleil, 8 septembre 2021)
    https://www.lesoleil.com/2021/09/09/deuxieme-debat-en-francais-charge-pour-des-chefs-disciplines-a72cd84722b2282121626ade47125263
  • « J'hais cette formule. Ça limite les échanges. Les questions des citoyens? En avons-nous besoin? Non. C'est un débat qui ne change rien. » (Paul Arcand, 98.5 FM, 9 septembre 2021)
    https://www.985fm.ca/nouvelles/opinions/422528/revue-de-presse-474

La presse anglophone a décrit le débat francophone en ces termes :

  • « Un débat très plat mercredi, où chaque participant a surtout servi aux téléspectateurs des réponses toutes faites sur des questions brûlantes. » [traduction libre] (Christopher Nardi, National Post, 9 septembre 2021)
  • « Il y a eu peu d'interactions entre Trudeau et O'Toole, ce qui a semblé atténuer la plupart des attaques. » (Althia Raj, Toronto Star, 9 septembre 2021)
  • « Les chefs n'ont pu s'affronter directement pendant une grande partie du programme. » (Tonda MacCharles, Toronto Star, 8 septembre 2021)
  • « Un débat en langue française surproduit et guindé entre tous les chefs. » (Justin Ling, Macleans, 9 septembre 2021)

Il a également été question de l'injonction obtenue par l'organisme qui, à l'origine, s'était vu refuser l'accréditation des médias :

« Rebel News gagne la bataille judiciaire pour couvrir les débats des chefs et accréditera onze journalistes. » (La Presse canadienne, 8 septembre 2021)

« Un juge de la Cour fédérale du Canada a décidé que la Commission des débats des chefs a refusé à tort à Rebel News Network l'accréditation nécessaire pour couvrir le débat en français de mercredi et en anglais de jeudi entre les chefs des principaux partis. » [traduction libre]
https://nationalpost.com/news/politics/election-2021/judge-to-rule-today-whether-rebel-news-may-be-accredited-to-cover-the-leaders-debates

Débat des chefs en anglais, 9 septembre 2021
Les critiques formulées à l'encontre du débat anglophone ont porté sur le format qui, a-t-on jugé, n'a pas donné lieu à un débat et à des échanges substantiels, sur le trop grand nombre de journalistes sur scène, sur l'animation et les questions. Plus de 130 articles ont été écrits sur le débat en anglais, presque quatre fois plus que sur le débat en français.

Ce format a été largement critiqué. Les mots et expressions qui suivent ont servi à décrire le débat : « une farce, hargneux, épouvantable, une honte, mal conçu, bêtement structuré, restrictif, ne rend pas service aux téléspectateurs, une insulte à l'intelligence, n'a pas présenté les principaux chefs à leur juste mesure aux téléspectateurs, catastrophe, gauche, on n'a jamais fait pire, un échec embarrassant, le pire dans l'histoire des débats, frénétique, un désastre, pas un débat. »

Des appels ont été lancés pour que l'on « revoie le format de fond en comble » et que l'on produise un « débat à l'ancienne pour apporter de la clarté », car ce format a fait « changer de chaîne plutôt que d'avis », étant donné que les chefs « étaient étouffés par le format du débat et la discipline déraisonnable de l'animateur » dans cet environnement « étroitement contrôlé ».

« Un format restrictif et des interviewers qui n'ont laissé aucune place à l'affrontement en se liguant pour empêcher le chef libéral Justin Trudeau d'affronter son bourreau – pardon, son adversaire – conservateur Erin O'Toole jeudi soir, lors d'un débat des chefs en anglais fade et passif. » [traduction libre]
https://www.theglobeandmail.com/politics/article-trudeau-otoole-prevented-from-launching-attacks-at-each-other-in/ (Globe and Mail, 9 septembre 2021)

« Le format du débat n'a pas permis une discussion approfondie. » [traduction libre]
https://www.bbc.com/news/world-us-canada-58495746 (BBC, 10 septembre 2021)

La farce qu'était le débat télévisé des chefs des partis fédéraux est une insulte aux téléspectateurs et aux électeurs
« Mais le soi-disant débat des chefs fédéraux, jeudi soir, remporte le premier prix. Ce qui s'est passé sur plusieurs chaînes de télévision canadiennes est le pire du pire, un exemple d'échec total à la télévision canadienne, et une insulte honteuse à l'intelligence des téléspectateurs et des électeurs.
Ce n'était pas un débat, c'était une farce. Le fait que les chefs politiques aient même accepté ce format est une preuve de leur bêtise collective. » [traduction libre]
https://www.theglobeandmail.com/arts/television/article-farce-of-a-televised-election-debate-an-insult-to-viewers-and-voters/ (Globe and Mail, 10 septembre 2021)

Les chefs s'affrontent sur le climat et la politique étrangère lors du débat, mais le format laisse certains mécontents
« Le format du débat a laissé de nombreux téléspectateurs insatisfaits.
Les cinq chefs s'interrompaient souvent les uns les autres. Les chefs qui ont fait l'objet d'accusations ou de questions tendancieuses de la part de leurs rivaux n'ont souvent pas eu la possibilité d'y répondre. » [traduction libre]
https://www.msn.com/en-ca/news/other/leaders-gearing-up-for-english-language-debate-tonight-after-french-joust/ar-AAOfHMR (La Presse canadienne, 10 septembre 2021)

La Commission des débats des chefs sous le feu des critiques après un débat en anglais controversé
« Le débat houleux de deux heures a été vertement condamné pour avoir donné aux chefs trop peu de temps pour expliquer leurs politiques ou réfuter les attaques de leurs rivaux, et pour avoir donné trop de temps à l'animatrice Shachi Kurl et aux journalistes interviewers pour les interrompre. » [traduction libre]
https://www.ctvnews.ca/politics/federal-election-2021/leaders-debates-commission-under-fire-after-controversial-english-debate-1.5581264 (La Presse canadienne, 10 septembre 2021)
« Le format du débat était étouffant et hâtif. Comme le débat francophone de la veille, il s'est déroulé au rythme d'un tour de piste éclair. Trudeau semblait parfois se dépêcher de prononcer le plus de mots possible avant d'être coupé. » [traduction libre]
https://www.cbc.ca/news/politics/analysis-debate-english-language-1.6170302 (CBC, 10 septembre 2021)

Cinq points à retenir du débat tenu en vue des élections fédérales, une confrontation décousue, mais déterminée
« Une grande partie des discussions qui ont précédé le débat ont estimé qu'un format très structuré – une rotation des interviewers, le passage d'un débat ouvert à des joutes entre deux ou trois personnes, et les questions des citoyens – limiterait la capacité de n'importe quel chef de briller. En réalité, la fidélité obstinée des animateurs à la structure et au calendrier a terni l'essentiel de cette affaire.
L'animatrice principale, Shachi Kurl, sondeuse et ancienne journaliste, a vite mis fin à de nombreuses tentatives de passer d'un sujet à l'autre, et a surveillé l'horloge de près pour s'assurer que le temps alloué à chaque élément du programme était respecté. Cela a produit un moment qui, selon certains observateurs, va soulever la colère au Québec, et potentiellement attirer des votes vers le Bloc : Shachi Kurl a fini par se disputer avec Yves-François Blanchet, le chef du Bloc Québécois, qui prétendait avoir été lésé au niveau du temps...
À un autre moment, Shachi Kurl a offert à Trudeau un délai dérisoire de cinq secondes pour répondre à diverses critiques de son bilan. Dans certains débats antérieurs qui s'étaient éloignés du sujet ou qui étaient sortis des rails, un animateur strict n'aurait pas été de trop. Le strict contrôle appliqué par Shachi Kurl ressemblait souvent à un collier étrangleur, empêchant de nombreux échanges de se transformer en véritables débats. » [traduction libre]
https://www.macleans.ca/politics/federal-election-debate-five-takeaways-from-a-disjointed-but-feisty-showdown/ (Macleans, 10 septembre 2021)

Les débats officiels des chefs canadiens sont une farce
« Il est difficile de comprendre comment des gens qui sont censés maîtriser les médias et qui organisent ces débats n'ont pas encore compris qu'il est impossible de faire participer dix personnes à un débat de deux heures – cinq chefs politiques, quatre journalistes et un animateur – sans que le tout se transforme en une cacophonie géante.
Pour que ces débats de chefs se déroulent bien, il faut un seul animateur compétent qui détermine le format et qui pose les questions.
Mais le vrai problème avec le Groupe de diffusion des débats – comme son nom l'indique – est que les réseaux de télévision qui le diffusent veulent que leur propre représentant figure en bonne place dans l'émission et pose des questions aux chefs politiques, ce qui transforme inévitablement l'émission en une catastrophe.
Si le Groupe de diffusion des débats ne peut pas se mettre d'accord sur un seul animateur pour les débats officiels en français et en anglais (l'animateur francophone était le meilleur des deux, mais pas aussi bon que celui de TVA), il devrait être dissous. » [traduction libre]
https://torontosun.com/opinion/columnists/goldstein-canadas-official-leaders-debates-a-farce (10 septembre 2021)

Les Canadiens méritaient mieux qu'un seul débat médiocre
« La raison être des débats de chefs (peut-on rêver de plus d'un débat?) n'est pas d'offrir une plateforme à l'animatrice, ni de donner aux chaînes du temps d'antenne pour promouvoir leurs présentateurs, ou à cinq gagnants de la loterie une chance de s'exprimer. Ce n'est pas une occasion de plus pour tous ces gens de satisfaire aux critères de race et de genre. Et ce n'est pas un lieu où les journalistes interrogent les politiciens; on appelle cela une conférence de presse, chose que tous ces chefs font régulièrement. Le but d'un débat entre chefs est que les chefs débattent. Voilà de quoi il s'agit. C'est tout. Rien de plus…
Pourtant, le débat de jeudi soir – le seul en anglais de cette élection – a été conçu pour empêcher le débat d'éclater. Pourquoi? Ça nous dépasse. Les journalistes ont lu des questions plus longues que le temps accordé aux chefs pour y répondre, et les chefs qui voulaient débattre entre eux ont vite été interrompus par l'animatrice.
Les Canadiennes et les Canadiens méritent mieux. Notre démocratie parlementaire, qui nous a été léguée par les durs combats de notre histoire et sous laquelle les gens du monde entier rêvent de vivre, mérite mieux. Et oui, nos chefs politiques méritent mieux.
Le consortium officiel a conçu un format destiné à encourager le cynisme à l'égard de la politique et des politiciens, en faisant en sorte qu'un groupe de cinq chefs – tous intelligents, instruits, expérimentés et maîtrisant leurs dossiers – paraissent stupides et sans substance, comme des découpes en carton de ce qu'ils sont réellement.
Quant au fiasco de jeudi soir, on n'a pas eu l'impression que les producteurs avaient compris que la scène et le moment avaient quelque chose de spécial. Il n'y avait aucun émerveillement ni aucune révérence envers le processus ou son aboutissement, les deux merveilles que sont la démocratie représentative et l'exercice responsable du pouvoir. Ça aurait tout aussi bien pu être un autre épisode de The Great Canadian Baking Show. » [traduction libre]
https://www.theglobeandmail.com/opinion/editorials/article-canadians-deserved-better-than-just-one-lousy-debate/ (Globe and Mail, 11 septembre 2021, comité de rédaction)

Des critiques ont été formulées dans la presse anglophone et francophone sur le rôle de l'animatrice du débat en anglais et sur une question posée lors de ce débat, qui a suscité une attention nationale.

M. Legault exige des excuses relativement à la question « inacceptable » posée sur les lois du Québec lors du débat fédéral
« C'était une attaque contre la nation québécoise, a déclaré M. Legault aux journalistes à Québec, ajoutant que Shachi Kurl et le groupe de diffuseurs qui a organisé le débat doivent s'excuser. » [traduction libre]
https://www.ctvnews.ca/politics/federal-election-2021/legault-wants-apology-for-unacceptable-federal-debate-question-on-quebec-laws-1.5581145 (La Presse canadienne, 10 septembre 2021)

Trudeau et O'Toole qualifient d'insultante et d'injuste la question posée au débat sur la laïcité au Québec
« En tant que Québécois, j'ai trouvé cette question vraiment insultante. » – Trudeau [traduction libre]
https://www.cbc.ca/news/politics/trudeau-debate-blanchet-bill21-1.6171124
(CBC, 10 septembre 2021)

Les chefs étouffés par le format du débat et la discipline déraisonnable de l'animatrice
« La première chose qu'il faut dire sur le débat des chefs de jeudi soir est que le format était nul. Rien n'était prévu pour créer un véritable débat entre les cinq chefs de parti et pas de temps pour approfondir les cinq enjeux. » [traduction libre]
https://www.chroniclejournal.com/opinion/leaders-were-stifled-by-debate-format-and-moderator-s-shrill-discipline/article_344bd626-13d2-11ec-b95a-bf23471a2903.html (Chronicle Journal, 12 septembre 2021)

Justin Trudeau se fait « agresser par quatre voyous » lors d'un horrible débat électoral en anglais
« C'était épouvantable, embarrassant, une insulte à l'intelligence des Canadiens, [un débat] qui n'a pas rendu service aux électeurs qui espéraient apprendre quelque chose d'utile sur les cinq chefs et sur les enjeux de l'élection de lundi prochain.
Ce qu'ils ont eu, c'est un débat mal conçu, bêtement structuré, mal organisé et médiocrement dirigé par une animatrice qui s'est comportée comme si elle était la sixième participante au débat au lieu d'être une arbitre neutre. » [traduction libre]
https://www.thespec.com/opinion/contributors/2021/09/12/justin-trudeau-gets-mugged-by-four-thugs-in-a-ghastly-english-election-debate.html (Hamilton Spectator, 12 septembre 2021)

Article d'opinion : Une question mal posée et mal éclairée pourrait secouer les élections au Québec
« En lisant la majorité de la presse anglophone du Canada la fin de semaine passée, on n'aurait pas deviné qu'une controverse avait éclaté au Québec après le débat anglophone des chefs de partis jeudi soir, une controverse si énorme et tellement chargée d'émotion qu'elle pourrait changer les résultats des élections dans la province et, par conséquent, la composition du prochain Parlement. » [traduction libre]
https://montrealgazette.com/opinion/opinion-ill-advised-ill-informed-question-could-shake-up-election-in-quebec/wcm/b929255d-53ef-4a4c-b65c-952705bc3208/amp/
(Montreal Gazette, 13 septembre 2021)

L'Assemblée législative du Québec condamne unanimement le « Québec bashing» lors du débat des chefs fédéraux
« Selon la motion libérale, la première question posée au chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet par l'animatrice du débat, Shachi Kurl, assimilait le Québec à une société raciste et discriminatoire. » [traduction libre]
https://www.thestar.com/politics/federal-election/2021/09/14/quebec-legislature-unanimously-condemns-quebec-bashing-at-federal-leaders-debate.html
(La Presse canadienne, 14 septembre 2021)

Le débat sur le débat qui pourrait faire basculer l'élection
« La campagne de 2021 pourrait rester dans les annales comme la première à voir la question d'une animatrice de débat devenir un point d'inflexion dans les urnes... La question de Shachi Kurl a déclenché l'indignation de la classe politique et des experts du Québec. » [traduction libre]
https://www.politico.com/newsletters/ottawa-playbook/2021/09/15/the-debate-about-the-debate-that-could-swing-the-election-494327 (Politico, 15 septembre 2021)

Trudeau, O'Toole, Singh demandent des excuses dans le projet de loi 21 pour la question posée lors du débat anglophone
« Les chefs des trois principaux partis demandent des excuses au consortium de diffuseurs participant aux débats des chefs fédéraux, en raison d'une question posée sur les lois du Québec lors du dernier débat anglophone.
La question, posée par la modératrice Shachi Kurl au chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet lors du débat tenu le 9 septembre, a déclenché une tempête de critiques au Québec, ainsi qu'un appel unanime de l'Assemblée nationale provinciale à des excuses officielles pour les vues « hostiles » exprimées contre « la nation québécoise ». [traduction libre]
https://www.theglobeandmail.com/politics/article-trudeau-otoole-singh-call-for-apology-over-bill-21-english-debate/
(Globe and Mail, 15 septembre 2021)

La question controversée lors du débat anglophone a peut-être galvanisé les électeurs du Bloc
« L'échange a eu pour effet de raviver une vieille blessure, laissant aux Québécois le sentiment d'être méprisés et incompris par le reste du Canada, selon plusieurs experts interrogés par CBC.
Cela a créé une situation dans laquelle un débat qui est généralement presque ignoré au Québec a peut‑être changé la donne pour l'élection fédérale sur le terrain. » [traduction libre]
https://www.cbc.ca/amp/1.6176663 (CBC, 16 septembre 2021)

Article d'opinion : La question, risquée et étonnante, posée lors du débat par Shachi Kurl était tordue et insipide
« C'était une question tordue, insipide, pleine d'amalgames douteux, d'inexactitudes et d'imprécisions. » [traduction libre]
https://beta.ctvnews.ca/local/montreal/2021/9/17/1_5589973.html
(CTV News, 17 septembre 2021)

Comment une question « inacceptable » sur le Québec pourrait changer l'issue des élections
« Une question posée au chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet lors du débat anglophone de la semaine dernière pourrait avoir changé la trajectoire de l'élection au Québec. » [traduction libre]
https://montreal.citynews.ca/2021/09/18/unacceptable-debate-question-quebec-election-outcome/
(CityNews, 18 septembre 2021)

Les médias francophones ont plus largement couvert la question posée et le rôle de l'animatrice.

Débat des chefs en anglais | « La modératrice est censée modérer les échanges, pas sortir le lance-flamme! »
https://www.985fm.ca/nouvelles/politique/422920/debat-des-chefs-en-anglais-la-moderatrice-est-censee-moderer-les-echanges-pas-sortir-le-lance-flamme
(98.5 FM, 10 septembre 2021)

Québec « déçu du manque de neutralité »
« C'est Ian Lafrenière qui a résumé le point de vue gouvernemental. « Ma réaction, c'est de dire que c'est extrêmement décevant. Je pensais qu'on était rendu ailleurs en 2021. Quand je suis sorti de ce débat, honnêtement, j'étais vraiment très déçu, déçu qu'on était encore rendu là dans ce genre de phrase et le manque de neutralité. Alors déçu », a-t-il affirmé. »
https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-10/debat-des-chefs-en-anglais/quebec-decu-du-manque-de-neutralite.php
(La Presse, 10 septembre 2021)

Débat des chefs en anglais: des flammèches entre les chefs... et la modératrice
« Les flammèches ont volé au Musée canadien de l'histoire, à Gatineau, dès les premières minutes de la joute oratoire. »
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/other/d%C3%A9bat-des-chefs-en-anglais-un-dernier-affrontement-avant-le-sprint-final/ar-AAOh5nL?li=AAanjZr
(La Presse canadienne, 10 septembre 2021)

Question controversée au débat des chefs : « ça frise le caractère haineux »
« Ça démontre une bonne dose d'ignorance, beaucoup de mépris et ça frise le caractère haineux. Pourquoi? Parce que ce n'était pas seulement une question. Il y avait une affirmation sur le caractère raciste au départ », déclare Stéphane Bédard à La Joute.
« Je pense qu'on est tous tombés sur le cul, lance-t-il. Je pense que c'est une question inacceptable. Il y a un amalgame de plein de choses là-dedans qui n'ont pas trop rapport les uns avec les autres. »
https://www.tvanouvelles.ca/2021/09/10/question-controversee-au-debat-des-chefs--ca-frise-le-caractere-haineux
(TVA Nouvelles, 10 septembre 2021)

L'étincelle
« D'entrée de jeu, plusieurs se demandaient pour quelle raison on avait confié ce rôle à la présidente d'Angus Reid, Shachi Kurl, qui avait plutôt les allures d'une militante, alors que les médias du Canada anglais ne manquent pas de journalistes chevronnés. »
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/631494/chronique-l-etincelle
(Le Devoir, 11 septembre 2021)

Le Mépris
« Ce n'est généralement pas une bonne idée pour la modératrice d'un débat des chefs de manifester un parti pris envers l'un ou l'autre des politiciens qu'elle est chargée d'interroger. Or, la première question qu'a posée Shachi Kurl à Yves-François Blanchet lors du débat en anglais de jeudi soir a choqué beaucoup de Québécois, même parmi ceux qui s'opposent à la loi 21 et au projet de loi 96.
Je suis convaincu que Mme Kurl était de bonne foi et ne cherchait pas à semer la polémique. Mais en qualifiant d'emblée ces deux mesures de « discriminatoires », elle a fait preuve d'un manque flagrant de neutralité. »
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/631428/chronique-le-mepris
(Le Devoir, 11 septembre 2021)

Accusé Blanchet, levez-vous !
« La première question au chef du Bloc québécois lancée par la modératrice n'était pas une question.
C'était un acte d'accusation. »
https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2021-09-11/accuse-blanchet-levez-vous.php
(La Presse, 16 septembre 2021)

La question bancale et saugrenue de Shachi Kurl
« Il s'agissait d'une question tordue, insipide, truffée d'amalgames douteux, d'inexactitudes et d'imprécisions. »
https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-09-16/debat-des-chefs-en-anglais/la-question-bancale-et-saugrenue-de-shachi-kurl.php
(La Presse, 16 septembre 2021)

Plus de débats
Plusieurs articles de la presse anglophone ont formulé des critiques et noté qu'un seul débat en anglais n'était pas suffisant.

L'excuse désolante du Canada relativement aux débats électoraux est un échec pour tous
« Lors de cette campagne, les électeurs francophones auront trois occasions de voir les chefs des principaux partis s'affronter. Cependant, les électeurs anglophones n'auront qu'une seule occasion – un débat imposé par le gouvernement le 9 septembre. Dans un pays qui compte deux langues officielles, il serait juste qu'il y ait un nombre égal de débats, surtout quand on sait que 75 % de la population considère que l'anglais est sa première langue officielle. Même que, dans une démocratie saine, ce nombre devrait être plus que cela.
Un seul débat est loin d'être suffisant pour aborder le large éventail de questions en jeu, aujourd'hui plus que jamais. Il pourrait y avoir un débat entier centré sur la lutte contre la COVID-19 et la relance, un autre sur l'économie, et un autre encore sur les questions sociales.
En 2015, trois débats anglophones non officiels ont eu lieu. Malgré la constitution de la Commission des débats des chefs en 2018 dans le but d'organiser des débats plus nombreux et de meilleure qualité, celle-ci n'en a organisé qu'un seul en 2019, largement critiqué pour l'abondance des attaques personnelles et le manque de substance.
La Commission est officiellement chargée d'organiser au moins un débat dans chaque langue, et il semble qu'elle se contente du strict minimum. Certains invoquent la réticence des radiodiffuseurs traditionnels à renoncer aux heures de grande écoute, mais c'est un radiodiffuseur privé, TVA, qui accueille le débat supplémentaire francophone. Et à l'ère du numérique, les possibilités de diffuser ces débats ne manquent pas. Les chefs pourraient même découvrir qu'ils atteignent ainsi de nouveaux segments de la population (surprise!).
Ce sont les libéraux de Justin Trudeau qui ont créé la Commission et qui lui ont donné ce mandat dérisoire, et c'est également Trudeau qui semble être le principal obstacle à la tenue d'un plus grand nombre de débats en anglais.
J'espère qu'un organisateur de débat aura le bon sens de placer une découpe en carton du chef libéral derrière un podium. Nous aimons être gentils au Canada, mais les organismes ne devraient pas hésiter à attirer l'attention sur un titulaire qui fait obstacle au progrès démocratique. Au cours d'une campagne de cinq semaines, marquée surtout par le nombre limité d'événements en présentiel, il devrait y avoir de multiples occasions d'apprendre à connaître les candidats hors de leurs cocons. » [traduction libre]
Sabrina Maddeaux: Canada's sorry excuse for election debates fail us all | National Post (National Post, 2 septembre 2021)

Trois débats des chefs – dont deux en français – ne suffisent tout simplement pas
« Mais le fait qu'il y ait un deuxième débat des chefs en français est important à noter, car il n'y a qu'un seul débat des chefs en anglais (qui aura lieu jeudi prochain, 9 septembre). Cela ne veut pas dire que nous ne devrions avoir qu'un nombre égal de débats des chefs au cours d'une campagne électorale, mais il ne semble pas normal qu'il y en ait deux fois plus dans une langue officielle... Entre ces deux refus et le fait que la Commission des débats des chefs n'a pour mandat que d'organiser deux débats au minimum, cela nous en dit long sur la valeur que Trudeau accorde à ces débats. » [traduction libre]
https://globalnews.ca/news/8164357/canada-election-leaders-debate/
(Global News, 4 septembre 2021)

Deux débats pour le Québec. Un pour les trente autres millions que nous sommes.
« Pour ce fouillis de provinces secondaires et de territoires périphériques, il n'y a qu'un débat. Un.
Les personnes qui organisent ces débats ont l'illusion que le Canada est un très petit pays et que chaque mètre carré hors Québec est une copie conforme de tout le reste. D'où le rationnement minutieux des débats.
Cependant, les autres Canadiens savent que la vérité est tout le contraire. Le Canada est très vaste, les régions et les provinces sont très différentes les unes des autres, et chaque partie du Canada a ses propres questions d'importance nationale...
Un seul débat pour près de trente millions de personnes, neuf provinces et trois territoires. C'est absurde. » [traduction libre]
https://nationalpost.com/opinion/rex-murphy-two-debates-for-quebec-one-for-the-other-30-million-of-us
(National Post, 8 septembre 2021 – Rex Murphy – article d'opinion)

Les Canadiens méritaient mieux qu'un seul débat, médiocre de surcroît
« Le prochain Parlement peut-il, s'il vous plaît, remédier à cet état de fait? Les Canadiens méritent plus de débats, des débats plus longs et de bien meilleurs débats – des débats qui sont de vrais débats. » [traduction libre]
https://www.theglobeandmail.com/opinion/editorials/article-canadians-deserved-better-than-just-one-lousy-debate/
(Globe and Mail, comité de rédaction, 11 septembre 2021)

Rôle de la Commission
Les critiques ont porté sur le rôle exercé par le producteur de débats et sur la responsabilité de la Commission par rapport à son mandat.

Entre les débats des chefs
« Pour commencer, les organismes de presse participants veulent un maximum de temps à l'écran pour leurs journalistes. Chaque organisme ayant participé au consortium a envoyé un collègue éminent. Aucun n'a préféré s'abstenir, pour des raisons de simplicité et de clarté. C'est comme ça qu'on se retrouve avec cinq personnes dans le rôle d'animateur ou d'interviewer. Et si Paul Journet de La Presse n'était pas si intéressé à mettre les chefs au pied du mur pour leurs non-réponses aux questions d'Hélène Buzzetti du syndicat des journaux Les Coops de l'information… Eh bien cela nous amène à l'intérêt des partis.
Les partis veulent un minimum de temps à l'écran pour leurs chefs.
L'oligarchie des débats du consortium n'est pas le produit d'un mandat du ciel, mais seulement d'Ottawa. Et ça n'améliore pas le produit. Un jour, les gens s'en rendront compte. » [traduction libre]
https://www.macleans.ca/politics/ottawa/between-the-leaders-debates/
(Macleans, 9 septembre 2021)

La Commission des débats des chefs sous le feu des critiques après un débat anglophone controversé
La Commission des débats des chefs a vu le jour pour mettre fin aux machinations des grands partis politiques visant à contrôler le déroulement des débats, leur contenu, leurs dates et leurs participants lors des campagnes électorales fédérales.
Mais après le débat controversé de jeudi en anglais, certains critiques réclament la fin de la Commission ou du moins une révision de son mandat...
Les chaînes de télévision ont également été critiquées pour s'être souciées davantage de mettre en place un bon spectacle que de contribuer à informer les électeurs.
La Commission des débats, dirigée par l'ancien gouverneur général David Johnston, était censée rectifier tout cela.
Mais elle a confié l'essentiel de la production des débats aux consortiums de réseaux. Dans le débat en anglais, le consortium comprenait CBC News, CTV News, APTN News et Global News.
« Elle (la Commission) semble avoir accepté le conseil de ceux qui produisent la chose d'en faire une émission de télévision », a déclaré M. Alboim dans une interview.
« Ne pas comprendre qu'on a créé un format où l'on peut lancer des accusations en l'air et ne recevoir aucune réponse ou réfutation est un manquement au devoir », a déclaré M. Alboim.
Cela signifie que Trudeau, qui était la cible principale de ces attaques, s'est retrouvé à jouer le rôle de « pelote à épingles ».
« Ils faisaient chacun une pique de dénigrement et passaient ensuite à autre chose; et il n'avait pas la possibilité de répondre alors, bien sûr, il a souffert du format. » [traduction libre]
https://www.ctvnews.ca/politics/federal-election-2021/leaders-debates-commission-under-fire-after-controversial-english-debate-1.5581264
(La Presse canadienne, 10 septembre 2021)

Nos débats électoraux sont devenus des échecs embarrassants. Comment a-t-on pu tomber aussi bas?
« La responsabilité des échecs embarrassants qu'ont été les débats de cette année est largement partagée. Les chaînes poussent leurs journalistes à devenir des vedettes de l'émission, plusieurs d'entre eux jouant presque le rôle de partisans et de personnes en quête de célébrité. L'animatrice a eu beaucoup de mal à assumer son rôle, affichant l'exaspération d'une enseignante débutante tentant d'encadrer une horde d'enfants surexcités.
La toute nouvelle Commission des débats des chefs a été créée en réponse aux critiques précédentes...
La Commission a déclaré qu'elle avait envisagé de tenir deux débats dans chaque langue, mais qu'elle craignait que cela "dilue" l'audience. Quelle illusion absurde. Tous les initiés savent pourquoi on a plié sur cette question essentielle : les réseaux sont toujours aux commandes et ne veulent pas renoncer au temps d'antenne.
Il est en effet ironique que certains débats parmi les plus emblématiques des décennies passées aient été animés avec un grand professionnalisme par le président de la Commission, David Johnston. Lui et les autres commissaires devraient peut-être revoir ces débats, puis se demander si les jeux télévisés tape-à-l'œil qu'ils ont créés constituent une amélioration...
Si les réseaux ne sont pas satisfaits de ces paramètres, montrez-leur la porte. Il y a beaucoup d'universités et d'organisations de citoyens parfaitement capables d'organiser des débats politiques sérieux et professionnels. Le Parlement devrait accorder à une nouvelle commission un budget annuel pour qu'elle finance elle-même les débats, en accordant aux groupes invités des fonds suffisants pour qu'ils produisent un programme intelligent et instructif.
La Commission des débats des chefs fait partie du problème. » [traduction libre]
https://www.thestar.com/opinion/contributors/2021/09/12/our-election-debates-have-become-embarrassing-failures-how-did-we-sink-so-low.html
(Toronto Star, 12 septembre 2021)

La Commission aux débats a failli à sa tâche
« Si la Commission était au départ inutile, elle est devenue cette année réellement problématique. Le débat du consortium en anglais a donné lieu à une scène abracadabrante. L'animatrice prend position, donne son opinion biaisée sur des lois de l'Assemblée nationale du Québec. »
https://www.journaldemontreal.com/2021/09/25/la-commission-aux-debats-a-failli-a-sa-tache
(Journal de Montréal, 25 septembre 2021)

Annexe 5 – Critères de participation aux débats des chefs

Annexe 6 – Enseignements tirés à l'échelle internationale

1. Le nombre et le modèle de débats par cycle électoral

Principal point à retenir : Tous les pays analysés organisent plusieurs débats durant leurs cycles électoraux respectifs et tous ont deux types de débats différents durant ces cycles, soit des débats avec tous les candidats et des débats avec seulement les candidats en tête.

États-Unis : Ils organisent quatre débats : un débat vice-présidentiel et trois débats présidentiels, après les débats des primaires.

France : Le pays élit son président au moyen d'un scrutin à deux tours. Il a organisé trois débats en 2017. Pour la première fois de son histoire, la France a organisé des débats avant le premier tour. Les deux débats précédant le début de la campagne officielle ont mis en vedette les cinq principaux candidats et le troisième a réuni sept des onze candidats en lice pour la présidentielle. Le débat du second tour a réuni les deux candidats favoris.

Allemagne : Le pays a organisé quatre débats en 2021. Pour la première fois depuis 2002, les quatre chaînes de télévision du pays (deux publiques et deux privées) n'ont pas organisé conjointement un débat télévisé en tête-à-tête (« Das Duell ») pendant les élections fédérales de 2021. On a plutôt assisté à trois débats à trois (« Das Triell »), organisés et diffusés par les divers réseaux (une première dans l'histoire de l'Allemagne) et à un débat final avec les sept partis représentés au Parlement allemand, qui s'est déroulé trois jours avant l'élection (une tradition qui remonte aux années 1970).

Les quatre chaînes de télévision avaient déjà collaboré au cours des 16 années pendant lesquelles la chancelière Angela Merkel a dirigé l'Allemagne. Chacune d'entre elles avait fait monter sur scène un de ses journalistes pour représenter son réseau lorsque Merkel a débattu avec ses adversaires au fil des ans.

Avec le départ d'Angela Merkel de la scène politique, de nouveaux candidats se sont présentés au poste de chancelier et tous trois souhaitaient vivement participer aux débats. C'est ainsi qu'est né le Triell, un programme de trois débats auxquels participaient les trois principaux candidats.

Royaume-Uni : Le pays a organisé au moins cinq débats nationaux en 2019, soit deux face-à-face avec les candidats en tête susceptibles de devenir premier ministre et au moins trois débats avec les principaux chefs de partis ou les principaux représentants de ces partis

Le premier face-à-face a eu lieu au début de la campagne et le second s'est déroulé six jours avant l'élection. Les autres débats ont été programmés de façon rapprochée vers le milieu de la campagne. Le Royaume-Uni est également un pays qui offre un ensemble de couvertures électorales. Cela comprend des entretiens individuels, des assemblées publiques et des débats.

2. Le format : un format simple est préférable

Principal point à retenir : Les expériences des intervenants internationaux démontrent qu'un format simple convient le mieux pour servir l'intérêt public.

Les intervenants consultés ont proposé un « menu » pour le format du débat, qui est jugé conforme à l'intérêt public. Il se compose des trois éléments suivants :

  1. Poser les mêmes questions à tous les candidats
  2. Une question de suivi pour s'assurer que le candidat y répond
  3. Une discussion avec l'ensemble des candidats pour qu'il y ait une interaction

Ils ont laissé entendre que la souplesse dans la durée des échanges et le refus d'imposer une durée sont les modèles qui ressortent au niveau international. Ils ont conseillé d'éviter un format trop complexe car il exige une grande énergie mentale.

États-Unis : Le format consiste en six blocs de 15 minutes, deux minutes pour répondre et un temps de parole égal pour chaque candidat.

France : Le format était simple dans les deux débats qui ont eu lieu avant le premier tour en 2017. Le débat à cinq candidats durait trois heures et comportait trois thèmes avec des déclarations d'ouverture et de clôture (1 min 30 secondes pour chaque candidat). Il s'agissait d'un format renouvelé, avec une présentation moderne mais simple. Les candidats se tenaient debout dans un cercle et les deux modérateurs se tenaient également dans le même cercle, mais légèrement en retrait des candidats. Le public prenait place derrière chaque candidat.

Un tirage au sort a eu lieu pour les déclarations d'ouverture et de clôture uniquement, et non pour les questions de chaque thème. Au début de chaque thème, une question précise était posée à un candidat et celui-ci avait deux minutes pour y répondre. Après 1 minute 30 secondes, un autre candidat pouvait interrompre pour intervenir. Pour chacune des questions suivantes, il s'agissait d'un débat ouvert. Les candidats n'étaient pas obligés de répondre à chaque question. Il revenait à chaque candidat de décider de répondre ou non à une question.

Les deux modérateurs étaient présents pour faciliter le dialogue et les échanges. Il y avait des horloges en arrière-plan, qui indiquaient le temps cumulé de chaque candidat. Lorsqu'un candidat commençait à manquer de temps, le modérateur lui rappelait l'heure et lui donnait la possibilité d'intervenir pour rattraper son retard. Ce rappel était peu fréquent et n'était pas constant.

Le débat à cinq candidats avant le premier tour avait comme objectif de faire œuvre utile en faisant connaître au public les prises de position des chefs. Il a accordé un temps de parole égal à tous les candidats, même ceux qui représentaient des petits partis. Les débats français approfondissent les thèmes, plus que dans tout autre pays analysé.

Le débat à sept candidats avait une structure semblable : quatre heures, quatre thèmes, une déclaration d'ouverture d'une minute de chaque chef et une déclaration de clôture d'une minute de chaque chef.

Allemagne :

Là encore, il s'agissait d'un format simple fondé sur l'égalité du temps de parole dans le « Das Triell ». Il y avait des déclarations d'ouverture et de clôture, et un tirage au sort pour savoir qui parlerait en premier. Les candidats savaient à l'avance combien de temps ils avaient pour répondre aux questions. Aucune réponse ne devait dépasser une minute. Les modérateurs ont rappelé aux candidats le temps qui reste trois fois dans l'émission, à la 15e, à la 30e et à la 75e minute du débat de 90 minutes. Il n'y avait pas d'horloge sur le plateau. Les deux modérateurs se sont partagé les questions, ont assuré le suivi et ont favorisé un débat ouvert. L'objectif était de faire en sorte que chaque candidat participe au débat. Il y a eu très peu de pagaille, les trois candidats ayant convenu d'être justes les uns avec les autres.

Royaume-Uni :

Là encore, un format simple a été adopté en 2019. Le public était présent et c'était lui qui dirigeait les débats en posant les questions. Le rôle du modérateur était d'assurer le suivi, de veiller à ce que les questions du public reçoivent une réponse et que tout le monde soit entendu équitablement et de « ne pas faire de renvoi aux chefs ». Les modérateurs n'intervenaient que pour éviter que deux ou plus de deux personnes parlent en même temps et pour faire avancer le débat.

Chaque candidat a fait une déclaration d'ouverture d'une minute devant la caméra, l'ordre ayant été déterminé par tirage au sort. Chaque question provenant d'un membre du public était adressée à chaque candidat. Le débat était ensuite ouvert et libre. L'objectif était d'avoir un débat animé, un échange de vues entre les chefs. Il y avait également une déclaration de clôture d'une minute dont l'ordre était établi par tirage au sort. Les débats avec tous les partis sur scène (cinq et sept candidats) comportaient environ huit questions (sujets) provenant du public. Les débats avec les deux candidats en tête en avaient moins.

Offrir un débat politique éclairant tout en mettant les candidats à l'épreuve est un facteur important pour les intervenants au Royaume-Uni. Le fait de permettre une déclaration d'ouverture est perçu comme équitable pour tous, car chacun a sa minute de gloire sous les projecteurs, les participants ont le temps de s'installer et tout est égal avant que les chefs ne se lancent dans le débat. Les débats en direct sont considérés comme des exercices de haute voltige et les participants subissent une pression unique. L'observation du langage corporel des chefs et la façon dont ils se débrouillent dans cet environnement à enjeux élevés sont considérées comme des éléments importants des débats.

L'égalité de temps de parole pour chaque candidat était l'un des principes des négociations avec les partis pour le face à face et pour le débat plus large avec cinq à sept candidats; l'égalité était également l'objectif, quelle que soit la taille du parti.

Les intervenants affirment qu'un format simple fonctionne mieux. Ils disent qu'un débat doit être une émission de télévision captivante, mais que tout compte fait, il s'agit d'une formule simple. L'objectif est de donner aux candidats le lieu, le temps et la possibilité pour maîtriser les enjeux politiques.

L'objectif du Royaume-Uni est de permettre un véritable débat sur les grandes questions du jour. Il ne s'agit pas nécessairement de choisir entre un plus grand ou un plus petit nombre de thèmes ou d'approfondir ou non les thèmes. Il s'agit d'avoir la souplesse nécessaire pour comprendre à quel moment on obtient une couverture adéquate sur une question et de laisser le moment prendre son souffle. Il est essentiel de déterminer soigneusement les thèmes et de permettre que le nombre de thèmes/questions diminue un peu afin de créer un espace pour un débat nouveau.

3. La modération et le modérateur

Principal point à retenir : Les intervenants internationaux affirment que la modération et le modérateur sont les ingrédients clés de la réussite d'un débat. À ce titre, ceux-ci sont sélectionnés très soigneusement.

États-Unis : Les intervenants affirment que le choix d'un seul modérateur sur scène est le modèle qui s'est imposé au fil du temps, car un modérateur unique peut utiliser le temps le plus efficacement et répondre plus facilement aux questions.

Parmi les facteurs reconnus dans le choix d'un modérateur, mentionnons la connaissance des candidats, l'expérience de la télévision en direct et de l'information, ainsi que la compréhension du fait que le rôle est de favoriser le débat entre les candidats.

France :

Deux réseaux organisaient les débats avant le premier tour, de sorte que chacun avait un représentant sur scène. Le débat du second tour comportait également deux modérateurs. Selon les intervenants, les modérateurs choisis pour les débats doivent comprendre qu'ils ne sont pas les vedettes. Ils sont là pour servir le public afin qu'il ait les outils nécessaires pour prendre une décision le jour du scrutin. Les Français choisissent des joueurs d'équipe et non ceux qui veulent être sous les feux de la rampe. Les modérateurs doivent savoir s'effacer, être humbles et laisser les candidats se mettre en valeur. En France, la présence de deux modérateurs sur scène fonctionne bien. Ils rédigent ensemble les questions, mais ils savent qu'elles ne leur appartiennent pas. Dans un débat en direct, ils sont conscients que les questions peuvent changer en fonction de la direction que prend le débat. Le rôle des modérateurs est de faciliter le dialogue plutôt que de faire passer une entrevue.

Allemagne :

Au cours des dernières élections fédérales, les débats ont été animés par deux modérateurs. Les informations allemandes ont fait état cette fois-ci d'une inégalité des forces dans le débat conjoint Triell, organisé par les deux radiodiffuseurs publics nationaux. Un journaliste politique très expérimenté, qui avait modéré tous les débats depuis 2002, avait été associé à un rédacteur en chef nouvellement nommé qui faisait ses débuts en tant que modérateur de débat. C'est sur ce plan que les commentateurs ont dit que le débat a échoué, car le modérateur moins expérimenté a fait preuve de nervosité, a interrompu inutilement les candidats, leur a posé des questions interminables, ce qui les a déconcertés. Les deux modérateurs se sont également interrompus l'un et l'autre. Tous les grands journaux allemands ont parlé de cette dynamique. Les titres étaient les suivants : « Pourquoi la modération du Triell était si misérable », « Le duel des journalistes » et « Pourquoi les présentateurs du Triell n'ont pas beaucoup brillé ».

Un intervenant allemand consulté a admis qu'il s'agissait d'une leçon tirée du débat, affirmant que les modérateurs auraient pu travailler plus étroitement ensemble, en tenant des réunions tous les deux jours et en fixant des limites mieux définies, c'est-à-dire qu'un modérateur pose une question et l'autre, une autre. Il a ajouté qu'il n'y avait pas le même nombre de membres du personnel dans les deux équipes.

Royaume-Uni :

Une seule personne anime les débats au Royaume-Uni, un ou une journaliste expérimenté qui sait qu'il ne doit pas être le centre de l'attention. Un intervenant a déclaré que la chose la plus importante en tant que modérateur, c'est d'être présent en tant que facilitateur, c'est-à-dire de faciliter la tâche du public dans ses choix. Ce n'est pas un moment pour avancer votre carrière journalistique. Un autre intervenant a déclaré que lorsque le réseau a choisi un modérateur, le réseau lui a clairement fait comprendre qu'il ne devait pas devenir le sujet des reportages sur le débat; le débat concerne les chefs et on voulait un débat bien dirigé.

Les intervenants affirment qu'un modérateur doit être un journaliste qui allie sérieux et charme, qui possède des heures d'expérience de la télévision en direct, qui connaît à fond son sujet, qui a le respect et la confiance des chefs, qui peut contrôler le temps, écoute ce qui se dit et qui est capable de clore fermement mais poliment une discussion et de faire avancer le débat. Le rôle du modérateur doit faciliter le débat, clarifier les positions et demander des comptes aux chefs. La présence de plus d'un modérateur ne sert pas le public, car celui-ci a besoin de savoir qui est aux commandes et d'avoir la certitude qu'on le guide dans sa démarche.

Les intervenants ont également ajouté qu'il est important d'avoir une profondeur intellectuelle, d'être connu des chefs et d'avoir la capacité et la confiance nécessaires pour corriger un chef en poste et remettre en question ses politiques. Un modérateur apporte également un peu de lumière et d'ombre, quelques moments de légèreté, et a la souplesse nécessaire pour s'adapter lorsque plus ou moins de temps est nécessaire sur un thème/une question en particulier à mesure que le débat avance.

L'objectif du modérateur est de lancer le débat et de susciter des échanges entre les chefs. Il s'agit de poser des questions bien ficelées qui provoquent un débat passionné et permettent de tirer le maximum de la réponse. Les questions sont choisies pour trouver cet équilibre. Le modérateur ne doit pas mettre de côté les rôles journalistiques de suivi et d'entrevue, mais plutôt les adapter au format. Il assume ainsi un rôle différent, axé sur la mise en lumière des différences entre les candidats. Les intervenants estiment qu'il est important de disposer d'un peu de marge de manœuvre pour réfuter un candidat, mais pas trop, car un débat n'est pas une entrevue de fond sur la position de chaque chef. La meilleure approche, selon les intervenants, est de se demander ce qu'un spectateur dirait en s'exclamant devant son téléviseur, et c'est la question qu'il faut alors poser à titre de question de suivi.

Annexe 7 - Atelier sur la production de débats

La Commission des débats des chefs a organisé un atelier avec des experts du secteur canadien de la radiodiffusion. Vous trouverez ci-dessous un résumé de leurs contributions.

  • Lors des débats, la Commission des débats des chefs est la seule partie qui n'a pas d'intérêt propre; tous les autres intervenants défendent leurs propres intérêts. La Commission devrait donc s'appuyer sur ce fait et cette responsabilité.
  • De nombreuses décisions prises dans les premiers temps du consortium ont servi des objectifs stratégies et n'ont pas servi l'intérêt public. La Commission peut (et doit) remettre en question ces « vaches sacrées ».
  • La grande « valeur ajoutée » de la Commission est qu'elle rend la participation inévitable et prévisible.
  • La Commission offre un recul dans le cas des questions délicates (notamment les critères de participation).
  • Les producteurs devraient avoir davantage de communication avec la Commission.  
  • Animateur : un seul animateur serait préférable, mais le consortium ne pourra pas à lui seul prendre de décision en ce sens; il faudra que la Commission prenne les devants.
  • Envisager de simplifier le format :
    • Insister moins sur le temps accordé à chaque chef; le temps accordé peut être équitable plutôt qu'égal;
    • Réduire le nombre de thèmes;
    • Questions posées par un seul animateur;
    • Éliminer le tirage au sort : les décisions concernant le positionnement sur la scène, l'ordre des questions et les face-à-face devraient être prises d'un point de vue journalistique.
  • Aucun consensus sur l'idée d'accorder plus de temps aux chefs susceptibles d'être élus.
  • Nombre de débats : il est peu probable que les partis et les réseaux acceptent plus de deux débats.  
  • CBC/Radio-Canada est peut-être le seul des principaux réseaux à pouvoir produire cela seul.

Annexe 8 - Atelier sur les critères de participation

La Commission des débats des chefs a organisé un atelier avec des experts de l'industrie des sondages. Vous trouverez ci-dessous un résumé de leurs contributions.

  • Consensus sur le fait que les critères utilisés en 2021 étaient corrects, mais qu'ils auraient dû être appliqués plus tard au cours du processus.
  • La Commission des débats des chefs (la Commission) ne devrait pas réduire la période pendant laquelle les sondages sont admissibles (afin d'inclure le maximum de sondages), mais devrait plutôt prolonger cette période pour la rapprocher des débats.  
  • Consensus sur le fait que la période aurait dû se situer pendant la période électorale; aucun sondage antérieur à la période électorale ne devrait être inclus.
  • La période devrait se fonder sur la date du débat et non sur celle du scrutin.
  • Consensus ferme sur le fait que les critères ne devraient pas être stipulés dans la loi, car il serait trop difficile d'imaginer une solution universelle.
  • Bien qu'il n'y ait pas de consensus sur l'utilisation de la médiane ou de la moyenne, la majorité des experts présents à l'atelier ont préféré l'approche simple qui consiste à utiliser la moyenne.
  • La majorité estime qu'un pourcentage de 4 % est approprié.
  • Bifurcation dans le cas des chefs susceptibles de former le gouvernement :
    • Dans l'éventualité d'une certaine bifurcation, cela pourrait changer les questions posées. Lorsque le premier ministre est sur la scène, on pose des questions comme  « Qu'allez-vous faire si vous formez le prochain gouvernement? »;
    • Rétroaction selon laquelle cela ne permettrait pas de changement naturel du paysage politique (c.-à-d. 2015);
    • Dans l'ensemble, il n'y a pas de consensus ferme sur ce point, mais la majorité des participants (pas tous) sont d'avis qu'il faudrait qu'il y ait un moyen d'établir une division entre les chefs susceptibles de devenir premier ministre et les autres, soit avec plus de deux débats soit avec les deux débats;
    • Il faudrait un ensemble de critères pour chaque série de débats. Les critères concernant le grand débat pourraient être plus généreux;
    • Nécessité de considérer qui formerait l'opposition officielle dans le débat en français;
  • On a constaté des appuis en faveur de plus de deux débats (chez certains participants), mais aucun consensus à savoir si c'est possible ou non. Les raisons suivantes ont été données pour expliquer pourquoi cela n'est pas possible :
    • Les campagnes électorales sont courtes au Canada 
    • Les partis ne seront pas d'accord, les réseaux ne diffuseront pas les débats supplémentaires (mais peut-être que deux des quatre débats pourraient être diffusés uniquement en format numérique).
    • On laisse entendre que la Commission ne devrait pas hésiter à suggérer ou simplement à organiser un plus grand nombre de débats. Si les partis ne veulent pas y participer, ils n'auront qu'à refuser.

Annexe 9 - Atelier sur l'avenir des débats au Canada

La Commission des débats des chefs a organisé un atelier sur l'avenir des débats au Canada avec des universitaires et des experts en gouvernance et en radiodiffusion. Vous trouverez ci-dessous un résumé de leurs contributions..

  • Il y a un appui général pour le maintien du mandat de la Commission.
  • Depuis sa création, la Commission a apporté des contributions importantes notamment sur la prévisibilité et la stabilité des débats en veillant à ce qu'ils aient lieu, certes, mais aussi grâce à ses efforts pour assurer la transparence liée à la participation des chefs et ses efforts en matière de promotion, de traduction et d'accessibilité.
  • La Commission a rendu impartiale la question « y aura-t-il ou non un débat? ».
  • La Commission doit s'assurer de promouvoir et de défendre la tenue de débats qui sont dans l'intérêt public.
  • Les élections sont de plus en plus micro-ciblées et sources de conversations restreintes. La valeur des débats et de l'institution qui les défend est d'offrir des événements qui incitent à la participation à grande échelle des Canadiens.
  • C'est le moment critique de faire face à ce qu'on décrit comme une ère potentielle de régression démocratique à travers le monde.
  • La production des débats est en soi un exercice dans l'art du compromis. La Commission est un atout en ce sens, car elle veille à ce que les intérêts du public demeurent au centre des discussions de compromis.
  • La Commission a réussi à faire en sorte que le format des débats ne soit pas dicté par les partis politiques, mais elle a moins bien réussi à faire en sorte que les organisations médiatiques ne dictent pas le format.
  • Les débats doivent porter sur les chefs de parti et non sur les organisateurs.
  • Tous s'entendent, sans équivoque, sur l'importance de la simplicité en termes de format et de modération.
  • Un grand indicateur de succès : mieux faire connaître les partis et leurs positions. Selon la recherche, cet objectif n'a pas été entièrement atteint en 2021. Les débats de 2021 ont été un exercice d'apprentissage, et on sait maintenant que la simplification du format permettrait de mieux éclairer le public sur les positions des partis, donnerait la chance à de nouvelles informations d'émerger et faciliterait le choix du leadership.
  • Le nombre élevé de questions dans les débats de 2021 a sans doute mis de la pression sur les modérateurs et les chefs. Le débat en anglais de 2021 comportait 45 questions, comparativement à 8 questions pour le débat en anglais organisé par le consortium en 2008 et à 6 questions pour le débat du consortium de 2011.
  • La tension qui existe entre l'objectif d'informer le public sur les partis susceptibles d'obtenir des sièges au Parlement et celui de l'informer sur les candidats les plus susceptibles de devenir premier ministre pourrait être éliminée en organisant plus d'un débat dans chaque langue, ou encore par le partage inégal du temps accordé aux chefs lors d'un débat. Or, l'idée de traiter les chefs de façon inégale dans le cadre d'un même débat en leur accordant un temps différent pourrait être problématique.
  • Consensus sur l'égalité du temps globale en termes d'équité.
  • La Commission doit être prête à plaider en faveur de plus de débats. La formule de deux débats dans chaque langue semble bien correspondre aux résultats de la recherche sur l'opinion publique et donnerait plus d'occasions au public de s'informer sur les partis et sur les candidats les plus susceptibles de prendre les rênes du pays. La Commission elle-même pourrait produire d'autres débats, ou elle pourrait encourager d'autres organisations à s'en charger.
  • La démocratie repose sur la discussion et la confrontation d'idées, et des débats bien rodés contribuent d'une façon importante au respect de ces principes. Ils se doivent d'être justes et informatifs pour le public et les chefs.

Annexe 10 - Étude électorale canadienne – Évaluation des débats des chefs fédéraux de 2021

Voir page séparée.

Annexe 11 - Accessibilité et distribution

Bien que les cotes d'écoute des débats soient restées élevées en 2021 – d'ailleurs, le nombre de téléspectateurs est presque le même que le nombre de personnes ayant voté en 2021 –, elles affichent tout de même une baisse par rapport à 2019. Cette baisse pourrait être attribuée à plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'élection fédérale 2021 n'a pas eu lieu à date fixe; il s'agissait plutôt d'une « élection surprise ». Selon Nanos Research, les trois quarts des Canadiens estiment que ces élections n'étaient pas nécessairesNote de bas de page 1. Ensuite, le producteur des débats, le Groupe de diffusion des débats (GDD), note que la baisse du nombre de téléspectateurs correspond à une baisse générale des cotes d'écoute. Enfin, le taux de participation à l'élection de 2021 semble indiquer une moins grande mobilisation des Canadiens qu'en 2019. En effet, ce sont 67 % des Canadiens qui ont voté en 2019 comparativement à 62,5 % en 2021.

Malgré tout, les débats ont été vus ou entendus par un grand nombre de Canadiens dans différentes langues et au moyen de différents modes de distribution. Ils ont été diffusés à la télévision, à la radio, dans les médias sociaux (Facebook, Twitter), sur des plateformes tierces (YouTube), sur des plateformes de messagerie OTT (Over-the-top), depuis des applications ainsi que sur une dizaine d'autres sites Web.

Les tableaux ci-après présentent les détails concernant l'auditoire et les modes de distribution.

Auditoire des débats

Le total de 10 273 926 pour le débat en anglais comprend les auditeurs radio (513 000), les utilisateurs de plateformes numériques (2 337 928) et les téléspectateurs (7 423 000). Ainsi, il se peut que parmi ces 10 273 926 personnes, certaines aient visionné ou écouté le débat à partir de plusieurs appareils à la fois. En ce qui concerne la télévision, le total de 10 273 926 représente les téléspectateurs qui sont restés à l'écoute pendant la durée globale de 120 minutes. L'auditoire moyen par minute était de 2 638 000.

Le total de 4 282 628 pour le débat en français comprend les auditeurs radio (20 425), les utilisateurs de plateformes numériques (900 203) et les téléspectateurs (3 362 000). Ainsi, il se peut que parmi ces 4 282 628 personnes, certaines aient visionné ou écouté le débat à partir de plusieurs appareils à la fois. En ce qui concerne la télévision, le total de 3 362 000 représente les téléspectateurs qui sont restés à l'écoute pendant la durée globale de 120 minutes. L'auditoire moyen par minute était de 1 248 000.

Télévision, radio et platformes numériques

 

Utilisateurs de platformes numériques

 

Date de modification : 10 mai 2022