Les débats – Des exercices démocratiques au service des électeurs
Rapport sur l’expérience de la Commission des débats des chefs lors des élections fédérales de 2025
Sur cette page
- Les débats – Des exercices démocratiques au service des électeurs
- Section 1. Mise en œuvre du mandat de la Commission
- Section 2. Principales constatations
- 2.1 Les débats étaient-ils accessibles et ont-ils été largement diffusés?
- 2.2 Les débats se sont-ils révélés efficaces, informatifs et captivants, et ont-ils été organisés dans l’intérêt public?
- 2.3 Les invitations au débat reposaient-elles sur des critères de participation clairs, ouverts et transparents?
- Section 3. Au-delà de 2025
- 3.1 Format
- 3.2 Modération
- 3.3 Critères de participation
- 3.4 Mesures visant à encourager la participation
- 3.5 Accréditation des médias et environnement médiatique
- 3.6 Portée, langues et accessibilité
- 3.7 Processus d’approvisionnement et production des débats
- 3.8 Promotion des débats, cyber sécurité et participation
- 3.9 Sommaire des dépenses
- 3.10 Mandat futur, pouvoirs et gouvernance
- Conclusion
- Recommandations
- Annexes
- Annexe 1 – Parties prenantes consultées
- Annexe 2 - Atelier sur la production de débats
- Annexe 3 - Atelier sur les critères de participation
- Annexe 4 - Atelier sur l’accréditation des médias et l’environnement médiatique
- Annexe 5 - Consortium de la démocratie électorale et Étude électorale canadienne de 2025
Les débats – Des exercices démocratiques au service des électeurs
Message du directeur général et commissaire aux débats intérimaire
Dans de nombreuses régions du monde, la démocratie est soumise à des pressions croissantes, minée par la désinformation, la polarisation et l’autoritarisme. Selon l’indice 2025 de Freedom House, les droits politiques se sont détériorés dans au moins 60 paysNote de bas de page 1.
En comparaison, le Canada s’en sort bien. Sa démocratie est l’une des plus fortes au monde, mais il y a des signaux d’alarme. Par exemple, dans son indice de démocratie 2025, l’Economist Intelligence Unit précisait que le Canada était l’un des trois seuls pays des Amériques à jouir d’une démocratie complète, mais il signalait également l’émergence de guerres de culture politique similaires à celles observées aux États-UnisNote de bas de page 2. Le Canada n’est pas à l’abri de la polarisation politique, de la désinformation et des fausses informations véhiculées par les médias sociaux.
Dans ce contexte, les débats politiques organisés pendant les campagnes électorales restent l’une des rares occasions pour les Canadiens d’entendre leurs dirigeants s’exprimer en direct et sans filtre. Ces débats permettent aux électeurs de tout le pays d’accéder simultanément aux mêmes informations, ce qui les aide à faire des choix électoraux plus éclairés. Les sondages réalisés pour le compte de la Commission des débats des chefs en lien avec l’élection fédérale de 2025 confirment l’importance que les Canadiens accordent aux débats : 87 % des répondants affirment que les débats sont importants pour la démocratie, 87 % s’attendent à ce que des débats des chefs soient organisés lors des élections fédérales, et près de 90 % s’attendent à ce que les chefs de partis invités y participent.
La Commission des débats des chefs a été chargée d’organiser les débats lors des trois dernières élections fédérales. S’appuyant sur les commentaires recueillis lors des deux cycles électoraux précédents, la Commission a apporté plusieurs changements clés en 2025. Elle a notamment remplacé le panel de journalistes par un seul modérateur, adopté un format plus simple et souple qui encourage les échanges entre les chefs, et simplifié le décor afin que toute l’attention se porte sur la discussion.
Les résultats obtenus confirment que cette approche était la bonne. Les débats des chefs de 2025 ont été considérés comme étant les meilleurs des dernières décennies, leur format et leur modération ayant été largement salués. Les consultations que la Commission a tenues après les débats avec les partis politiques, les experts et d’autres parties prenantes révèlent une approbation généralisée du format du débat et de sa modération. Les groupes de discussion organisés pour la Commission après les débats ont montré que les téléspectateurs étaient très satisfaits des débats. En ce qui concerne les cotes d’écoute, non seulement les débats de 2025 ont été plus suivis que ceux de 2021 et 2019, mais ils l’ont également été pendant plus longtemps. Plus de 19 millions de Canadiens ont regardé les deux débats en 2025, ce qui témoigne d’un fort niveau de mobilisation.
Comme à chaque cycle, des possibilités d’amélioration subsistent. À la suite des débats des chefs de 2021, la Commission avait cerné trois priorités : la modération, le format et la production. Au cours des années suivantes, elle a entrepris de vastes travaux de consultation, de recherche et de planification pour améliorer ces aspects – et les résultats en 2025 reflètent des progrès substantiels. Toutefois, de nouveaux défis sont apparus en 2025, notamment en ce qui concerne les critères de participation et l’accréditation des médias. Se fondant sur des consultations et des analyses menées après les débats, la Commission a élaboré, pour améliorer ces deux aspects, des recommandations pratiques qui seront soumises à l’examen du futur commissaire. Ces recommandations sont exposées dans le présent rapport.
Au cours de ses trois mandats, la Commission a constamment amélioré l’environnement des débats au Canada. Les débats des chefs sont désormais prévisibles, transparents et accessibles. Lors des trois dernières élections fédérales, des débats ont été organisés dans les deux langues officielles, ils ont été diffusés sur de multiples plateformes dans différentes langues, et tous les chefs de partis qualifiés y ont participé. Les critères de participation étaient transparents, et le format et la modération ont été améliorés pour mieux répondre aux besoins des Canadiens.
Le présent rapport contient des recommandations précises, concrètes et réalisables pour améliorer les prochains débats, sur la base de notre expérience de 2025. Nos constats permettront d’orienter et de soutenir la planification stratégique du prochain commissaire, à qui il incombera de prendre ces décisions.
La Commission souhaite remercier toutes les personnes et organisations qui ont pris le temps de participer aux consultations. Leurs avis et conseils, ainsi que ceux de notre conseil consultatif et des autres groupes d’experts sur lesquels la Commission s’appuie, contribueront à améliorer les débats et à faire en sorte que les Canadiens disposent des informations politiques les plus utiles pour faire un choix éclairé dans l’isoloir.
Michel Cormier
Directeur général et commissaire aux débats intérimaire
Commission des débats des chefs
Section 1. Mise en œuvre du mandat de la Commission
L’élection fédérale d’avril 2025 constitue le troisième cycle électoral au cours duquel la Commission a organisé des débats des chefs. Comme en 2019 et 2021, la Commission a été chargée d’organiser deux débats, un dans chacune des langues officielles.
Le présent rapport évalue l’efficacité avec laquelle la Commission s’est acquittée de son mandat et de sa principale responsabilité d’organiser des débats des chefs de 2025.
Après chaque cycle électoral, la Commission entreprend une évaluation approfondie de son expérience. Notamment, elle examine sa contribution à l’écosystème des débats canadien, évalue si les débats ont servi l’intérêt public et cerne les points à améliorer pour guider le futur commissaire. Dans le cadre de cette évaluation, la Commission réfléchit également à l’opportunité de faire évoluer son mandat, son rôle ou sa structure afin de mieux servir les Canadiens lors des élections ultérieures.
Contexte
L’analyse de l’environnement dans lequel la Commission des débats des chefs a vu le jour reste une référence utile pour l’examen des débats des chefs de 2025.
Il a été décidé en 2018 de créer la Commission à la suite de la campagne électorale fédérale de 2015, dans le cadre de laquelle il n’y a pas eu de débat en langue anglaise largement diffusé à l’échelle nationale. Cette expérience a mis en évidence les risques liés au fait de s’appuyer uniquement sur les négociations entre les partis politiques et les radiodiffuseurs, un processus qui a souvent été source d’incertitude et qui a limité la portée publique.
En confiant à une commission indépendante le mandat d’organiser deux débats des chefs, un dans chaque langue officielle, le gouvernement a voulu réduire ces risques et mettre en place un processus de débat plus prévisible, fiable et inclusif. L’objectif était de veiller à ce que les débats privilégient l’intérêt public plutôt que la négociation politique.
Le rôle de la Commission est décrit ainsi à l’article 4 du décret de 2018 : « Dans l’accomplissement de son mandat, la Commission est guidée par la poursuite de l’intérêt public et par les principes de l’indépendance, de l’impartialité, de la crédibilité, de la citoyenneté démocratique, de l’éducation civique, de l’inclusion et de l’efficacité financièreNote de bas de page 3. »
Depuis sa création, la Commission a contribué à renforcer l’infrastructure démocratique du Canada en apportant plus de stabilité et de prévisibilité aux débats des chefs. Des débats fédéraux ont été organisés lors de chaque élection générale depuis 2019. L’incertitude qui entourait autrefois les débats a largement disparu; ils font désormais partie intégrante de chaque campagne. Tous les chefs de partis invités ont participé aux débats en 2019, 2021 et 2025. Le processus est désormais transparent et ne dépend plus de négociations ponctuelles. Ce faisant, la Commission a contribué à créer un sentiment de certitude dans un écosystème médiatique fragile et en pleine évolution – un progrès important pour la vie démocratique du Canada.
Les débats des chefs organisés par la Commission ont renforcé la mobilisation des Canadiens, atteignant des niveaux historiques d’audience et d’accessibilité. Jamais auparavant les débats tenus à l’occasion des élections fédérales n’avaient attiré autant de téléspectateurs canadiens qu’en 2019, 2021 et 2025. L’amélioration de l’accessibilité au cours des trois derniers cycles électoraux a permis de faire en sorte que les débats rejoignent le plus grand nombre possible de Canadiens, tout en permettant aux électeurs de regarder, d’écouter ou de lire les débats dans une langue et un format qui leur conviennent. Cela a favorisé la mobilisation des communautés en marge de la participation politique et a renforcé la participation à ces exercices et au processus démocratiques.
Tout au long de ses trois mandats, la Commission s’est efforcée de servir l’intérêt public, reconnaissant que les débats des chefs sont une responsabilité publique – une institution démocratique essentielle qui appartient à la population canadienne.
Expériences de 2019 et 2021
Pour s’acquitter de son mandat, la Commission suit un processus itératif qui s’appuie sur les enseignements des cycles électoraux précédents. Les commentaires des parties prenantes et les points de vue recueillis lors des consultations réalisées après les débats en 2019 et 2021 ont directement influencé l’approche adoptée par la Commission à l’égard des débats de 2025.
L’expérience de 2019 a jeté les bases de plusieurs aspects fondamentaux du mandat de la Commission. Le décret de novembre 2020Note de bas de page 4 a modifié le mandat de la Commission pour y inclure l’établissement des critères de participation, l’approbation finale du format et de la production des débats des chefs – tout en respectant l’indépendance journalistique –, et en veillant à ce que les débats soient disponibles dans des langues autres que le français et l’anglais, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.
Après les débats des chefs de 2021, les consultations ont porté sur l’amélioration du format et de la modération. Les débats de 2021 ont suscité de vives critiques de la part des parties prenantes, et la Commission a reconnu qu’ils n’avaient pas répondu pas aux attentes des électeurs en matière d’information. Les préoccupations portaient sur un format chargé et trop restrictif, qui limitait les possibilités pour les chefs de s’exprimer ou de participer à des échanges significatifs. Un large consensus s’est également dégagé sur le fait que le nombre de journalistes présents sur scène avait nui à la qualité des débats.
Il est à la fois constructif et d’usage pour la Commission d’affiner son approche à chaque mandat. Cet engagement permanent en faveur de l’amélioration reste au cœur de son travail et continuera à guider ses efforts futurs.
La section suivante présente une évaluation détaillée de la manière dont la Commission s’est acquittée de son mandat en 2025. Cette évaluation appuiera les recommandations formulées à l’intention du futur commissaire et toute évolution potentielle de la Commission.
Section 2. Principales constatations
Afin de déterminer si elle avait rempli son mandat et s’était acquittée adéquatement de sa principale responsabilité, à savoir organiser des débats des chefs, la Commission a entrepris un examen complet des débats de 2025 et a fait appel à un large éventail de parties prenantes – tant au Canada qu’à l’étranger – afin de recueillir divers points de vue. Cette approche s’est appuyée sur la méthodologie établie à la suite des débats de 2021.
Les consultations ont inclus des discussions avec les modérateurs des débats, des cadres de chaînes de télévision, des partis politiques et des associations médiatiques. La Commission a également fait appel à des experts en matière de gouvernance, de recherche sur l’opinion publique et de journalisme. Sur le plan international, elle a participé à un symposium avec des professionnels ayant de l’expérience dans la production et l’organisation de débats politiques, auprès desquels elle a recueilli de précieux renseignements et commentaires.
Les commentaires du public ont joué un rôle central dans cette évaluation. La Commission a reçu plus de 5 000 observations individuelles de la part de Canadiens. Elle a à nouveau collaboré avec le Consortium de la démocratie électorale (C-Dem) et l’Étude électorale canadienne (EEC) pour sonder les Canadiens sur ce qui fait la réussite des débats. Elle a également collaboré avec l’équipe de l’Observatoire de l’écosystème médiatique – une initiative interdisciplinaire de l’Université McGill et de l’Université de Toronto qui étudie la santé des écosystèmes médiatiques – pour étudier les débats des chefs de 2025.
Cette section vise à fournir une analyse factuelle de l’expérience de 2025 fondée sur ce processus de consultation large et inclusif.
2.1 Les débats étaient-ils accessibles et ont-ils été largement diffusés?
Tant le débat en anglais que celui en français ont été largement diffusés. Leur retransmission sur 34 chaînes de télévision, 10 réseaux radiophoniques et 60 flux numériques garantissait pratiquement leur accessibilité pour tous les Canadiens. La majorité des distributeurs ont diffusé le débat en français et celui en anglais en offrant une langue d’interprétation adaptée à leur public. L’intérêt international pour les débats était manifeste, BBC News, C-SPAN, TV5 Monde, Eurovision et Reuters ayant chacun présenté les débats à leur public respectif.
Chaque débat était disponible en français et en anglais, ainsi que dans 13 autres langues, dont cinq langues autochtones, la langue des signes américaine (ASL) et la langue des signes québécoise (LSQ). Le radiodiffuseur multilingue OMNI TV a assuré l’interprétation dans six autres langues. Les deux débats étaient également offerts avec sous-titrage codé et vidéodescription.
Selon les recherches sur l’opinion publique du C-Dem et de l’EEC commandées par la Commission, 43,7 % des Canadiens ont regardé au moins un débat et 14,9 % ont regardé les deux.
L’auditoire a atteint 35,8 % pour le débat en anglais et 22,5 % pour le débat en français. Plus de 12,4 millions de personnes au Canada ont suivi le débat en anglais, et 7 millions ont regardé ou écouté le débat en français Note de bas de page 5. Les téléspectateurs qui auraient peut-être regardé le débat en français à TVA les années précédentes Note de bas de page 6 ont pu suivre le débat en français de la Commission en 2025. En l’absence de débat organisé par TVA, l’auditoire total du débat en français organisé par la Commission a augmenté de 64 %, tandis que l’auditoire du débat en anglais a connu une remarquable augmentation de 21 % par rapport à 2021. Les Canadiens reconnaissent l’importance des débats dans le processus électoral.
2019 | 2021 | 2025 | |
---|---|---|---|
Anglais | 14 219 000 | 10 273 926 | 12 423 204 |
Français | 5 023 435 | 4 282 628 | 7 024 984 |
Total | 19 242 435 | 14 556 554 | 19 448 188 |
2.2 Les débats se sont-ils révélés efficaces, informatifs et captivants, et ont-ils été organisés dans l’intérêt public?
Cette question appelle une réponse à multiples facettes, intégrant à la fois des perspectives subjectives et une analyse objective. Afin de fournir la réponse la plus complète possible, le présent rapport s’appuie sur un ensemble de données recueillies dans le cadre des consultations auprès des parties prenantes, et sur les réponses du public aux recherches sur l’opinion publique réalisées pour la Commission.
Pour évaluer l’efficacité d’un débat, l’indicateur le plus approprié, en termes d’objectivité et de mesurabilité, est l’audience. L’audience des derniers débats a dépassé celle des campagnes de 2015 et 2011 – les débats de 2025 ont attiré beaucoup plus de téléspectateurs que les débats des élections précédentes.
En 2025, l’intérêt était accru, et les niveaux d’audience observés ont été stables et soutenus, reflétant un niveau élevé de mobilisation du public à l’égard des débats. La diffusion par des réseaux internationaux, comme BBC News et TV5 Monde, a permis d’élargir l’audience au-delà des chiffres actuellement disponibles.
Les commentaires que la Commission a reçus du public étaient positifs, les Canadiens qualifiant les débats d’excellents, efficaces et informatifs.
Des citoyens ont partagé les réflexions suivantes concernant les débats :
- « Je reconnais la complexité de votre tâche et j’apprécie vos efforts pour garantir un discours accessible, informatif et équitable au cours de cette période électorale critique. »
- « Merci d’avoir organisé des débats extraordinaires. C’était fantastique d’écouter tous les chefs. »
- « Les débats ont été menés avec équité et professionnalisme. »
Les réponses recueillies par le C-Dem et l’EEC dans le cadre des sondages et des groupes de discussion ont fait écho au sentiment que les débats étaient bien menés et pertinents pour les Canadiens. Un plus grand nombre de Canadiens ont regardé l’intégralité des débats de deux heures en 2025 qu’en 2021, ce qui témoigne de l’intérêt que ces débats ont suscité. Les électeurs ont apprécié à la fois la structure des formats et la neutralité, l’équité et le respect dont les modérateurs ont fait preuve à l’égard des chefs.
S’il est important d’avoir un nombre élevé de téléspectateurs, ce n’est pas le seul critère de réussite. Les débats sont des exercices démocratiques qui appartiennent aux électeurs. Servir l’intérêt public, c’est aider les électeurs à faire un choix éclairé dans l’isoloir. Les débats devraient favoriser un échange de positions politiques qui met en lumière le caractère et les capacités des chefs.
À la suite des débats de 2021, la Commission a consulté plus de 50 organisateurs de débats et experts au Canada et à l’étranger. Ces conversations ont permis de définir les principes qui amélioreraient le format et la modération. Les changements qui en ont résulté ont été clairement reflétés dans le cycle 2025 et ont permis aux débats de mieux servir les électeurs.
Les données d’enquête recueillies par le C-Dem et l’EEC en 2025 le confirment. Les Canadiens interrogés ont déclaré que leurs deux principaux objectifs en lien avec les débats électoraux de 2025 – comprendre les politiques et les programmes des partis et favoriser un vote éclairé – avaient été atteints. Plus de 62 % des personnes interrogées ont déclaré que les débats les avaient exposées à de nouvelles idées, les jugeant utiles et bénéfiques pour la société canadienne.
Une nette majorité a également soutenu l’approche adoptée par la Commission et le producteur des débats au cours de ce cycle électoral – à savoir une gestion souple du temps, un flux naturel et des échanges ouverts –, laquelle permet aux chefs de compléter leurs déclarations et favorise la tenue de discussions de fond qui mettent en évidence les différences entre les diverses positions politiques.
Les réactions des parties prenantes ont été tout aussi fortes. Les personnes consultées ont unanimement reconnu que les débats de 2025 avaient répondu aux besoins des Canadiens. Le ton des débats a été largement décrit comme étant axé sur le fond, courtois et informatif, ce qui les a rendus à la fois captivants et utiles au processus démocratique.
Les débats ont également servi l’intérêt public du point de vue de l’organisation et de la production. Ils ont été organisés de manière transparente, le producteur des débats ayant été sélectionné par l’entremise d’un appel d’offres public, conformément aux règles de passation des marchés publics. La mise en œuvre a également respecté le budget prévu.
Après l’élection de 2021, la Commission a introduit le concept d’« intégrité des débats » – un objectif multidimensionnel englobant les critères de participation, la portée, la promotion, le nombre de téléspectateurs, le format, la modération, la pertinence thématique, la responsabilité, l’accessibilité et la satisfaction du public. La Commission a souligné que pour qu’un débat soit intègre, chacune de ces dimensions doit être respectée. L’intégrité implique que le tout est plus grand que la somme de ses parties, et la responsabilité globale de la réussite des débats incombe à la Commission.
Selon cette norme, les débats de 2025 ont été un succès. Dans tous les domaines clés – format, modération, accessibilité, pertinence thématique, portée, transparence, prévisibilité et satisfaction du public –, la Commission a rempli son mandat et servi l’intérêt public. Les débats ont été non seulement informatifs et intéressants, mais aussi fermement ancrés dans les valeurs démocratiques.
2.3 Les invitations au débat reposaient-elles sur des critères de participation clairs, ouverts et transparents?
Au début de l’année 2025, la Commission a établi ses critères de participation aux débats. Comme lors des élections précédentes, ces critères ont été rendus publics et communiqués aux partis politiques bien avant les débats. Le 14 janvier, soit plus de trois mois avant l’élection, la Commission a publié les critères de participation aux débats et expliqué comment ils seraient appliqués afin de s’assurer que le public et les parties prenantes soient informés du raisonnement sous-jacentNote de bas de page 7.
Le 7 mars, la Commission a publié sa justification concernant les conditions que devaient remplir les partis politiques enregistrés pour répondre au critère ii), les données de sondage qu’elle utiliserait pour déterminer l’admissibilité d’un parti, et la façon dont les données seraient analyséesNote de bas de page 8. La Commission a organisé par la suite des séances d’information à l’intention des partis politiques pour veiller à ce que les critères de participation et leur application soient bien compris.
La décision de la Commission concernant les chefs qui remplissaient les critères et seraient donc invités aux débats a été publiée le 1er avril 2025, soit plus de deux semaines avant les débatsNote de bas de page 9. Les lettres d’invitation et les réponses des chefs ont ensuite été rendues publiques.
Le Parti vert du Canada était initialement admissible à participer aux débats des chefs, car il répondait à deux des trois critères établis par la Commission. Cependant, le 9 avril, lorsqu’Élections Canada a publié la liste finale des candidats confirmés pour la 45e élection générale, celle-ci comprenait 232 candidats endossés par le Parti vert – ce qui était bien en deçà des 309 candidats requis par les règles de la Commission pour satisfaire au troisième critère d’admissibilité.
Le 15 avril, la Commission a pris connaissance des commentaires publics du cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, selon lesquels le parti avait pris la décision stratégique de ne pas présenter une liste complète de candidats. La Commission a conclu que cette réduction stratégique du nombre de candidats en lice était incompatible avec son interprétation de la viabilité des partis, ce que le critère iii) était conçu pour mesurer. En conséquence, l’invitation qui avait été transmise au Parti vert a été annulée le 16 avril.
Le Parti vert a par la suite contesté devant la Cour fédérale la décision de la Commission de l’exclure des débats de 2025.
Section 3. Au-delà de 2025
La présente section contient des recommandations visant à renforcer le mandat, le rôle et la structure de la Commission. Elle examine ce que la Commission pourrait faire pour assurer l’amélioration continue de la production des débats et consolider les progrès réalisés à ce jour et, grâce à la collaboration avec ses partenaires, accroître son efficacité et mieux s’acquitter de son mandat et de son objectif fondamental, à savoir servir l’intérêt public.
Tout d’abord, il est important d’évaluer ce qui a été accompli et de déterminer les mesures ou les ajustements susceptibles d’appuyer le futur mandat de la Commission.
3.1 Format
En 2025, le format des débats en français et en anglais a été largement salué par le public canadien, les médias et les parties prenantes consultées, qui l’ont jugé très réussi.
Après l’élection fédérale de 2021, la Commission a mené des consultations approfondies auprès de plus de 50 organisateurs de débats, modérateurs et anciens participants, tant au Canada qu’à l’étranger, afin de comprendre leurs expériences, de recueillir leurs points de vue et de cerner les principes de format et de modération qui produisent les débats les plus efficaces et informatifs. Cette approche a marqué un nouveau niveau de collaboration et de réflexion dans la planification des débats au Canada. Elle a aidé la Commission à définir une orientation claire pour les débats de 2025, dans le but de mieux servir les électeurs.
L’appel d’offres pour trouver un producteur de débats – que la Commission a rédigée et publiée en juillet 2024, après avoir fait les recherches nécessaires – a établi les exigences pour les prochains débats des chefs et cerné ce qui servirait le mieux l’intérêt public :
- un format simple qui encourage des échanges significatifs entre les chefs, qui permet aux Canadiens de s’informer des programmes et des positions politiques des partis, et qui met en lumière le caractère des chefs;
- un seul modérateur pour chaque débat – un journaliste d’expérience – sans autres journalistes ou animateurs sur scène; et
- un plateau de télévision simple et intime qui garde l’attention sur les chefs et sur le contenu des débats.
L’appel d’offres comprenait également un modèle de format qui définissait la structure de base des débats et précisait les principes clés du format pour le producteur des débats. En 2025, le producteur des débats a approuvé ces principes. Une collaboration étroite et constructive entre le producteur des débats et la Commission a renforcé l’intégrité du processus.
La couverture médiatique des deux débats s’est concentrée sur le fond. Les journalistes ont noté que ce format facilitait les discussions politiques de fond, permettait aux chefs de s’exprimer et offrait aux électeurs une base plus claire pour la prise de décision. Contrairement à ce qui s’est passé en 2019 et en 2021, le format n’a fait l’objet que de très peu de critiques. Les journalistes ont qualifié les débats de courtois, respectueux, bien organisés et très efficaces. En particulier, la clôture cordiale du débat en anglais a fait l’objet de mentions positives.
Les journalistes et les experts ont formulé les observations suivantes :
- « Le débat en anglais est probablement le meilleur que j’ai vu depuis les années 1990. »
- « Il s’agit de deux des meilleurs débats fédéraux dont je me souvienne, en termes de format et de contenu. »
- « Les deux débats ont été intéressants et ont offert aux électeurs ce qu’on attend de ce genre d’exercice – en particulier celui de jeudi en anglais, excellent. »
- Cela « a donné aux Canadiens une solide chance d’examiner les candidats à ce poste ».
Les commentaires que la Commission a reçus du public ont fait écho aux sentiments exprimés par les médias :
- « Les débats m’ont beaucoup aidé à prendre ma décision. »
- « J’ai été satisfait de la qualité des débats en français et en anglais. »
- « J’ai trouvé que le débat était bien géré et qu’il a permis aux candidats de faire connaître leurs points de vue. »
- « Les discussions ont porté sur le fond, étaient essentiellement respectueuses et certainement très utiles pour clarifier les positions respectives de chaque chef. »
- « Le débat a été bien mené, avec des questions réfléchies et un excellent rythme. »
Un large consensus s’est dégagé parmi les parties prenantes quant au fait que le format de 2025 – simple et souple – était le plus réussi de la Commission à ce jour. Nombreux sont les répondants qui ont souligné que la Commission avait efficacement remédié aux lacunes des débats de 2019 et 2021.
Les consultations tenues après les débats ont confirmé que le format mettait l’accent sur les chefs et les questions, permettant une participation réelle qui a profité aux électeurs.
Les parties prenantes ont signalé que la priorité donnée à l’équité globale dans l’attribution du temps aux chefs – plutôt que d’imposer une stricte égalité de temps – a été couronnée de succès, les modérateurs gérant le temps de manière efficace. Les débats étaient faciles à suivre, et le flux naturel et les échanges ouverts ont été perçus comme justes, équilibrés et efficaces. Les parties prenantes ont apprécié que les chefs puissent exprimer leur point de vue sans être coupés au milieu de leur phrase ou pressés de terminer en quelques secondes – un contraste notable par rapport à 2021. La réduction au minimum des interférences a également contribué à rendre les débats captivants et très intéressants.
L’analyse réalisée après les débats a révélé que les Canadiens ont également apprécié le format dynamique et souple, ainsi que les échanges respectueux et interactifs entre les chefs.
Les citoyens qui ont participé aux groupes de discussion du C-Dem et de l’EEC ont formulé des commentaires positifs sur la structure et le rythme. Ils ont apprécié l’inclusion de déclarations de clôture dans le débat en anglais, qu’ils considèrent comme une façon naturelle de conclure cet exercice.
La plupart des personnes interrogées dans le cadre du C-Dem et de l’EEC estiment que les débats électoraux devraient s’accompagner d’une vérification des faits, un point de vue que reflètent également certains commentaires du public. Les radiodiffuseurs et les distributeurs pourraient envisager cette possibilité lorsqu’ils prépareront leur couverture des futurs débats.
Une enquête distincte de l’Observatoire de l’écosystème médiatique a fourni une évaluation positive des débats. Selon ce sondage, 88 % des personnes interrogées estiment que le temps de débat a été équitablement réparti entre les chefs, 79 % pensent que les chefs ont eu suffisamment de temps pour s’exprimer, et 68 % considèrent que les débats ont permis d’en savoir plus sur les partis.
Si certains intervenants et citoyens ont apprécié le segment du débat en anglais au cours duquel les chefs se sont interrogés les uns les autres, d’autres l’ont trouvé artificiel et prévisible.
Lors des consultations tenues après les débats, certaines parties prenantes ont suggéré d’adopter un format unifié pour les deux débats à l’avenir afin de promouvoir la cohérence, de simplifier la production et de garantir une expérience similaire pour les électeurs – d’autant plus que les débats sont généralement organisés l’un à la suite de l’autre.
Compte tenu de la dynamique binaire de la campagne de 2025, certaines parties prenantes ont également recommandé d’envisager un format spécifiquement conçu pour les chefs en position de former le gouvernement.
NOUVELLE RECOMMANDATION
Recommandation no 1 : La Commission devrait continuer à adopter un format simple, à privilégier un plateau de télévision simple et intime, et à prévoir un seul modérateur pour chaque débat des chefs.
3.2 Modération
Le public, les médias et les parties prenantes consultés ont unanimement reconnu que la modération des débats en français et en anglais était très efficace. En 2025, la modération a joué un rôle central dans le succès des débats.
Dans son rapport final de 2021, la Commission a indiqué que les futurs débats s’orienteraient probablement vers un modèle à modérateur unique, conformément aux préférences clairement exprimées dans l’EEC à la suite des débats de 2021. Les Canadiens privilégiaient un modérateur unique, considérant cette approche comme plus efficace et propice à une meilleure dynamique.
La Commission a adopté ce modèle pour les débats des chefs de 2025. Chaque débat a été animé par un seul journaliste d’expérience, sans qu’aucun autre journaliste ne soit présent sur scène. Il s’agissait d’une rupture avec les normes établies de l’organisation des débats au Canada. Traditionnellement, les débats canadiens comprenaient un panel de journalistes et un modérateur afin d’assurer la participation de plusieurs médias.
Toutefois, les consultations nationales et internationales menées avant les débats de 2025 ont révélé un consensus clair sur le fait qu’un modérateur unique servait au mieux l’intérêt public, en améliorant l’expérience tant pour les chefs que pour les électeurs. Agissant comme un arbitre invisible, le modérateur unique peut gérer le temps, faciliter la discussion, susciter des échanges significatifs, imposer son autorité et donner un ton cohérent au débat, et ce, de manière plus simple et efficace. Ce modèle a également pour avantage de montrer clairement aux téléspectateurs et aux chefs sur scène qui est en charge – ce qui est particulièrement important dans un débat comportant plusieurs participants.
Pour soutenir ce changement, la Commission a élaboré des critères officiels de sélection des modérateurs – une première depuis le début des débats des chefs fédéraux en 1968. Ces critères, énoncés dans l’appel d’offres publié en 2024, définissaient le rôle, les responsabilités et les caractéristiques essentiels du modérateur. Le producteur des débats a sélectionné chaque modérateur en fonction de ces critères. Cette nouvelle approche reflète une évolution appréciable dans la manière dont les débats sont planifiés et organisés au Canada.
Les résultats obtenus en 2025 ont permis de valider ce modèle. Les deux modérateurs ont fait l’objet de nombreux éloges. Les médias les ont décrits comme expérimentés et efficaces pour gérer le temps, trouver le bon ton et maintenir le débat centré sur les chefs. Les journalistes ont souligné que la quasi-totalité du temps de débat avait été consacrée aux chefs eux-mêmes et que les interruptions avaient été bien gérées.
Les réactions du public ont également été favorables. Des citoyens ont fait part des commentaires suivants :
- « Les modérateurs ont fait un excellent travail en veillant à ce que les citoyens canadiens puissent entendre chaque candidat afin de pouvoir prendre une décision en connaissance de cause. »
- « Les modérateurs ont guidé la discussion pour que les Canadiens puissent enfin entendre les candidats parler de leurs politiques et de leurs opinions autrement qu’en quelques mots. »
L’enquête de l’Observatoire de l’écosystème médiatique a également révélé des réponses extrêmement positives. Selon ce sondage, 82 % des personnes interrogées considèrent qu’un modérateur unique est efficace, 86 % estiment que le débat en anglais a été bien modéré, et 82 % sont du même avis pour le débat en français.
Il est intéressant de noter que les participants aux groupes de discussion du C-Dem et de l’EEC ont également décrit le modérateur idéal comme étant un « arbitre » – quelqu’un qui ne domine pas le débat, mais qui le maintient centré sur les questions, qui conserve un ton respectueux, et qui veille à ce que la discussion soit informative et utile pour les électeurs. Les participants ont reconnu que les modérateurs des deux débats étaient expérimentés et neutres, qu’ils posaient des questions appropriées et qu’ils traitaient les chefs de manière équitable et respectueuse, leur permettant ainsi de rester sous les feux de la rampe. « C’est exactement ce qu’a fait le modérateur. Il a joué son rôle de modérateur, il ne s’est pas fait remarquer. Il était tout simplement bon », a déclaré un participant au groupe de discussion en anglais.
Les consultations tenues après les débats ont révélé une grande satisfaction quant à la présence d’un seul modérateur pour chaque débat, et un large consensus sur le fait que la sélection de modérateurs expérimentés était l’approche appropriée.
Des intervenants ont formulé les commentaires suivants :
- « Vous aviez deux journalistes très expérimentés. Patrice Roy et Steve Paikin sont tous deux très respectés, et ce, avec raison. »
- « Vous aviez deux des meilleurs modérateurs au pays. Paikin est né pour être un modérateur de débat des chefs. C’est sa vocation. »
Les parties prenantes ont souligné que le fait d’avoir un modérateur unique et expérimenté garantissait la continuité, ce qui a amélioré les débats en réduisant les distractions et en maintenant l’attention sur les chefs. Elles ont fait remarquer que les débats précédents donnaient l’impression d’être décousus, les journalistes du panel se disputant le temps d’antenne et détournant l’attention des chefs.
En 2025, cette dynamique a changé. Les débats ont été plus faciles à suivre, plus ordonnés et plus engageants, tant pour les chefs que pour le public. Un large consensus s’est dégagé quant au fait que le modèle à modérateur unique devrait être maintenu et qu’il constitue désormais la nouvelle référence en matière de débats politiques au Canada.
NOUVELLE RECOMMANDATION
Recommandation no 2 : La Commission devrait continuer à confirmer chaque modérateur proposé par le producteur des débats, sur la base d’une liste de qualifications établie et publiée par la Commission.
3.3 Critères de participation
Depuis novembre 2020 (décret 2020-0871), la Commission a pour mandat d’établir les critères de participation aux débats des chefs et d’inviter chaque chef de parti qui répond à ces critères.
Le mandat de la Commission précise que les débats des chefs devraient « profite[r] de la participation des chefs qui sont les plus à même de devenir premier ministre ou dont le parti politique est le plus à même de remporter des sièges au ParlementNote de bas de page 10 ».
En 2021, la Commission a établi quatre principes directeurs pour définir les critères de participation. Ainsi, ces critères devraient :
- être simples;
- être clairs;
- être objectifs; et
- permettre la participation des chefs des partis politiques qui ont le plus de chances de remporter des sièges à la Chambre des communes.
Le 22 juin 2021, la Commission a annoncé ses critères de participation pour la 44e élection généraleNote de bas de page 11.
Pour être invité par la Commission à participer aux débats des chefs de 2021, le chef d’un parti politique devait répondre à l’un des critères suivants :
i) à la date du déclenchement de l’élection générale, le parti est représenté à la Chambre des communes par un député élu en tant que membre de ce parti; ou
ii) les candidats du parti ont obtenu lors de l’élection générale précédente au moins 4 % du nombre de votes validement exprimés; ou
iii) cinq jours après la date du déclenchement de l’élection générale, le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes.
Critères de participation en 2025
Après l’élection de 2021, la Commission a consulté les parties prenantes pour déterminer si les critères de participation restaient appropriés ou devaient être modifiés en prévision du prochain cycle électoral.
Le 14 janvier 2025, la Commission a publié ses critères de participation, accompagnés d’explicationsNote de bas de page 12. Dans sa décision, la Commission a conclu que le modèle de 2021 s’appuyait trop fortement sur les résultats électoraux passés et devait mieux refléter la viabilité actuelle des partis au moment des prochaines élections. S’appuyant sur les consultations et les recherches effectuées ainsi que sur les données recueillies – y compris les commentaires des partis politiques enregistrés –, la Commission a révisé ses critères afin de donner plus de poids à la force actuelle des partis.
Deux principes directeurs supplémentaires ont été adoptés. Ainsi, les critères devaient également :
- être mesurables; et
- servir l’intérêt public et les électeurs en faisant en sorte que les chefs invités aux débats reflètent l’état actuel des forces politiques au pays lors de la 45e élection générale.
Pour être invité par la Commission à participer aux débats des chefs organisés dans le cadre de la 45e élection générale, le chef d’un parti politique enregistré devait répondre à deux des critères suivants :
i) à la date du déclenchement de l’élection générale, le parti était représenté à la Chambre des communes par un député élu en tant que membre de ce parti;
ii) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes;
iii) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti a endossé des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions fédérales.
Ces critères ont permis d’établir un équilibre entre la légitimité historique et la viabilité électorale actuelle, permettant ainsi aux partis établis et émergents d’accéder à la scène du débat. Le raisonnement complet était expliqué en détail dans le document de décision publique de la CommissionNote de bas de page 13.
Les parties prenantes ont observé que la Commission avait relevé le seuil d’inclusion par rapport à 2021. Éric Grenier, auteur et analyste de sondages, a déclaré que « cette dernière itération pourrait être la plus raisonnable jusqu’à présent » et que la Commission « devrait s’en tenir à ces critères pour de bon ».
Campagne 2025 et application des critères
Comme il a été indiqué dans la décision, la Commission a estimé que ses critères révisés répondaient aux principes énoncés : ils étaient simples, clairs, objectifs, mesurables et servaient l’intérêt public.
Dans son document de décision, la Commission a expliqué qu’en ce qui concerne le délai pour mesurer les critères ii) et iii), 28 jours avant la date de l’élection générale était un moment approprié pour déterminer les intentions de vote, ce délai permettant à la Commission d’équilibrer la nécessité d’utiliser les données les plus récentes possibles, tout en donnant au producteur des débats suffisamment de temps pour organiser un débat de grande qualité, comme l’exige le décret, et en laissant aux partis politiques le temps nécessaire pour se préparer correctement aux débats.
Le document de décision de la Commission expliquait également que les partis politiques ayant l’intention de s’appuyer sur le critère iii) devaient soumettre à la Commission une liste des candidats endossés dans les circonscriptions fédérales au plus tard 28 jours avant la date de l’élection générale. Les débats ayant lieu bien avant le jour du scrutin, les partis n’étaient pas tenus de prouver que ces candidats avaient été formellement mis en nomination auprès d’Élections Canada.
La Commission avait envisagé d’utiliser la liste des candidats confirmés d’Élections Canada pour le critère iii), mais le producteur des débats a indiqué que le délai serait alors trop serré pour permettre d’éventuels changements à la configuration du plateau et au format des débats, puisque les lettres d’invitation seraient envoyées à peine une semaine avant les débats.
Le Parti libéral du Canada, le Parti conservateur du Canada, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc Québécois se sont qualifiés pour participer aux débats selon les critères i) et ii). Chacun d’eux était représenté à la Chambre des communes et bénéficiait d’un soutien national d’au moins 4 % dans les sondages d’opinion. Le Parti vert du Canada répondait aux critères i) et iii), ayant des députés élus à la Chambre des communes et des candidats endossés dans 90 % des circonscriptions.
En conséquence, le 1er avril, la Commission a envoyé des lettres d’invitation aux chefs des cinq partis qualifiésNote de bas de page 14.
Exclusion du Parti vert
Le 31 mars 2025, le Parti vert a soumis à la Commission une liste de 340 candidats endossés. La Commission a déterminé que le Parti vert répondait au critère iii), ayant des candidats endossés dans 90 % des circonscriptions 28 jours avant la date de l’élection générale. Par conséquent, comme il est indiqué plus haut, le Parti vert se qualifiait pour participer aux débats en vertu des critères i) et iii).
Six jours plus tard, soit le 6 avril 2025, le Parti vert a soumis à Élections Canada une liste officielle de 342 candidats endossés.
Cependant, le 9 avril, lorsqu’Élections Canada a publié la liste finale des candidats confirmés pour la 45e élection générale, celle-ci ne comprenait que 232 candidats endossés par le Parti vert, soit plus de 100 candidats de moins que ce que le parti avait soumis à la Commission neuf jours plus tôt, et bien moins que 90 % des circonscriptions fédérales.
Le 15 avril 2025, la Commission a pris connaissance des commentaires publics du chef du Parti vert selon lesquels le parti avait pris la décision stratégique de ne pas présenter une liste complète de candidats dans certaines circonscriptions, comme l’a signalé Radio-Canada :
« C’est une décision stratégique, admet Jonathan Pedneault. On a décidé de ne pas envoyer de candidats dans certains comtés, notamment là où les conservateurs ont plus de chances de remporter les élections que nous. »
Après avoir sollicité et reçu des soumissions du Parti vert au sujet de ces commentaires, la Commission a conclu qu’une réduction stratégique du nombre de candidats était incompatible avec son interprétation de la viabilité du parti, que le critère iii) visait à mesurer. La Commission a conclu que, dans ces circonstances, l’inclusion du chef du Parti vert minerait l’intégrité des débats et serait contraire aux intérêts des électeurs.
Par conséquent, tôt dans la matinée du 16 avril 2025, la Commission a annulé l’invitation envoyée au Parti vert. Bien que cette décision ait été prise le matin même du débat en français, le producteur du débat a été en mesure de s’adapter au changement, tant au niveau du plateau que du format.
Le Parti vert a par la suite contesté devant la Cour fédérale la décision de la Commission de l’exclure des débats de 2025.
Révision des critères de participation
Comme à l’accoutumée, la Commission a organisé des consultations après les débats des chefs de 2025 afin d’étayer son rapport final au Parlement.
Bien qu’il incombera à un futur commissaire d’établir les critères de participation en prévision de la 46e élection générale, la Commission a examiné son approche en lien avec l’établissement et l’application des critères de 2025 afin d’orienter les futurs mandats.
Les parties prenantes s’accordent à dire que les critères de participation utilisés en 2025 étaient généralement valables, mais que leur application devrait être revue, en particulier le critère iii). Plus précisément, elles ont recommandé que le critère iii) soit modifié pour exiger que les partis aient des candidats confirmés par Élections Canada dans 90 % des circonscriptions fédérales. Cela permettrait à la Commission de s’appuyer sur la liste officielle des candidats confirmés d’Élections Canada.
Pour ce faire, il faudrait faire passer la date de détermination du critère iii) de 28 à 19 jours avant la date de l’élection générale, en la faisant concorder avec la date à laquelle Élections Canada publie sa liste finale de candidats confirmés conformément au processus établi en vertu de la Loi électorale du Canada.
Le critère ii), qui évalue si les partis politiques récolte un niveau de soutien national d’au moins 4 % dans les sondages d’opinion nationaux, devrait être modifié de la même manière pour refléter le seuil de 19 jours. Il n’y aurait donc qu’une seule date de détermination, et les intentions de vote seraient ainsi basées sur les données les plus récentes disponibles, conformément au souhait de la Commission.
Même si cela réduirait le temps dont dispose le producteur pour préparer les débats, le cycle électoral de 2025 a montré qu’il est possible pour la Commission d’attendre une semaine avant les débats pour déterminer quels partis répondent aux critères de participation. En outre, bien que cela réduise d’environ une semaine le temps dont dispose le chef d’un parti politique pour se préparer aux débats après la décision finale, les chefs auraient une indication quant à leur admissibilité aux critères avant la décision finale, en se fondant sur les données des sondages publics et leur intention de présenter ou non des candidats dans 90 % des circonscriptions électorales fédérales. Par conséquent, la Commission devrait envisager de revoir le délai de décision pour le faire passer de 28 à 19 jours avant la date de l’élection générale, ce qui correspondrait approximativement à une semaine avant les débats.
Les critères de participation révisés pourraient être rédigés ainsi :
Pour être invité par la Commission à participer aux débats des chefs, le chef d’un parti politique enregistré doit répondre à deux des critères suivants :
i) à la date du déclenchement de l’élection générale, le parti est représenté à la Chambre des communes par un député qui a été élu en tant que membre de ce parti;
ii) 19 jours avant la date de l’élection générale, le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes;
iii) 19 jours avant la date de l’élection générale, le parti a officiellement endossé des candidats qui ont été confirmés par Élections Canada dans au moins 90 % des circonscriptions fédérales.
NOUVELLE RECOMMANDATION
Recommandation no 3 : Le commissaire aux débats devrait envisager de réviser les critères de participation ii) et iii) afin que ceux-ci concordent avec la date à laquelle Élections Canada publie sa liste finale de candidats confirmés.
3.4 Mesures visant à encourager la participation
En 2025, comme en 2021 et en 2019, tous les chefs invités aux débats de la Commission y ont participé. Bien que certains facteurs ayant une incidence sur la participation soient hors du contrôle de l’organisateur d’un débat, la Commission soutient que le gouvernement du Canada n’a aucune mesure spéciale à prendre pour encourager la participation des chefs.
La Commission reste d’avis que les meilleurs moyens d’encourager la participation sont les suivants :
- réunir un large public pour les débats;
- communiquer avec les chefs et les partis politiques avant les élections;
- créer un climat d’attente et de stabilité; et
- rendre publiques les invitations aux débats et les réponses des partis.
Les sondages du C-Dem et de l’EEC ont révélé que 87 % des personnes interrogées s’attendaient à ce que des débats des chefs aient lieu lors de la 45e élection générale, et une majorité a déclaré qu’il était très important que tous les chefs invités y participent. En outre, 65 % des répondants ont déclaré que la perception qu’ils ont d’un chef serait négativement affecté si ce dernier refusait de participer aux débats, tandis que 79 % estiment que les chefs de parti ont le devoir d’y participer.
RECOMMANDATION RÉAFFIRMÉE
Recommandation no 4 : La Commission réaffirme que les partis politiques devraient être encouragés, plutôt que contraints, à participer aux débats des chefs.
3.5 Accréditation des médias et environnement médiatique
Comme en 2019 et en 2021, la Commission a assuré l’accréditation des médias et a organisé et géré les conférences de presse qui ont suivi les débats. En 2025, des enjeux ont été soulevés concernant l’accréditation des médias et les règles régissant les conférences de presse des chefs à l’issue des débats. La Commission s’engage à régler ces enjeux avant la prochaine élection.
Mandat
La Commission a pour mandat principal d’organiser les débats des chefs et de veiller à ce que les Canadiens bénéficient d’échanges de fond entre les chefs des partis. Toutefois, la Commission a géré également l’accréditation des médias, fournit des installations pour la couverture des débats et organisé et géré les conférences de presse tenues après les débats.
Contestations antérieures de la politique d’accréditation
En 2019, la Commission a initialement refusé l’accréditation à deux organisations en raison de leur engagement actif dans des activités de plaidoyer. En 2021, elle a initialement refusé l’accréditation à plusieurs demandeurs au motif qu’ils se trouvaient en situation de conflit d’intérêts du fait de leur participation active à des campagnes électorales et qu’ils ne respectaient pas les normes journalistiques professionnelles.
La Commission a fait face à des constatations judiciaires en 2019 et en 2021. La Cour a jugé que la Commission n’avait pas la compétence pour déterminer ce qu’est le journalisme professionnel ni l’autorité pour utiliser les codes de conduite des associations journalistiques Note de bas de page 15 afin d’orienter sa politique d’accréditation des médias. Dans les deux cas, il a été ordonné à la Commission d’accréditer les demandeurs qui s’étaient initialement vu refuser la possibilité d’assister aux débats.
Politique d’accréditation des médias de 2025
Compte tenu des décisions judiciaires rendues en 2019 et en 2021, la Commission a décidé que les représentants des médias qui souhaitaient être accrédités pour les débats des chefs en 2025 le seraient en fonction de leur affectation auprès d’une organisation médiatique. À cette fin, la politique de la Commission définissait de manière large le terme « organisation médiatique » comme étant « toute organisation qui produit du contenu de nouvelles original sur l’actualité politique canadienne ou internationale, ou qui examine des questions de nature politique ou sociale ».
La politique d’accréditation des médias de la Commission a été publiée en août 2024 afin que les organisations aient tout le temps nécessaire pour l’examiner avant de déposer leur demande d’accréditation.
Cette politique prévoyait également que la participation aux conférences de presse suivant les débats serait limitée à un journaliste et à un photographe par organisation médiatique, afin de permettre la participation du plus grand nombre possible d’organisations. Rebel News Network (Rebel News) a fait valoir que chacune de ses cinq divisions – Rebel News Canada, Rebel News’ French Division, Rebel News’ Ontario Division, Rebel News’ Prairie Division et Rebel News’ West Coast Division – était une organisation médiatique distincte et a menacé d’intenter une action en justice pour obtenir une injonction urgente si la Commission ne permettait pas à un journaliste de chacune de ces divisions de participer aux conférences de presse.
Compte tenu des cas précédents, et plutôt que de consacrer des ressources à une injonction urgente (surtout dans un délai très court), la Commission a accepté de fournir à cinq journalistes de Rebel News des laissez-passer pour la conférence de presse. Par souci d’équité envers les autres médias, la Commission a ensuite accordé un accès supplémentaire à d’autres organisations, en fonction de leur nombre de plateformes ou de chaînes associées à l’organisation. Par exemple, pour CBC, cela signifiait que plutôt qu’un seul journaliste, quatre journalistes auraient accès aux conférences de presse, soit un pour représenter CBC News (la chaîne d’information du réseau principal) et trois autres représentant CBC News Network, CBC Radio et CBC.ca.
Débats de 2025
Les débats de 2025 ont suscité un vif intérêt de la part des médias. Un peu plus de 200 demandeurs provenant de 60 organisations ont été accrédités, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport à 2021.
Au cours du débat en français, le premier des deux débats, les représentants d’une même organisation médiatique ont posé 4 des 16 questions que le temps permettait, limitant ainsi la possibilité pour les autres médias de poser des questions.
La frustration suscitée par ce déséquilibre, combinée aux divergences d’opinions sur les personnes qui auraient dû ou non recevoir une accréditation, s’est intensifiée le soir suivant lors du débat en anglais. Les perturbations qui ont suivi dans la salle de presse ont finalement conduit la Commission à annuler les conférences de presse des chefs à l’issue du débat en anglais, par crainte qu’il ne soit pas possible de garantir un environnement respectueux et fonctionnel pour les chefs.
Options pour les prochains débats
La couverture médiatique des débats, à la fois immédiatement après les événements et dans les jours qui suivent, amplifie leur impact et étend leur portée. Toutefois, si la couverture médiatique se concentre sur les événements qui se déroulent dans la salle de presse, les Canadiens sont moins susceptibles de s’intéresser à ce que les dirigeants ont dit au cours du débat. La controverse, qui éclipse les débats eux-mêmes, n’est pas dans l’intérêt du public. Or, la Commission est déterminée à maintenir l’attention sur les débats.
À la suite des débats de 2025, la Commission a dû se poser un certain nombre de questions fondamentales :
- Devrait-elle continuer à gérer l’accréditation des médias?
- Devrait-elle continuer à gérer les conférences de presse qui permettent aux médias de d’échanger avec les chefs à l’issue de chaque débat?
- Devrait-elle contribuer à essayer de définir ce qu’est le journalisme?
La Commission a mené de vastes consultations sur ces questions. Elle a consulté des associations journalistiques, notamment la Tribune de la presse parlementaire, l’Association canadienne des journalistes, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et l’Independent Press Gallery. Elle a également consulté des conseils de presse, des experts du milieu universitaire, son conseil consultatif et des praticiens des débats à l’étranger. Les quatre partis politiques qui ont participé aux débats de 2025 ont également été consultés.
Aucun consensus ne s’est dégagé sur les questions relatives à l’accréditation des médias et aux conférences de presse des chefs. Il n’y a pas eu non plus de consensus sur ce qui constitue une organisation médiatique, sur ce qui définit le journalisme ou sur ce qu’est un journaliste. Certaines parties prenantes ont fait remarquer que le journalisme n’est pas une profession réglementée, comme le droit ou la médecine, et qu’il n’existe pas de définition juridique du journalisme qui puisse être confirmée par un tribunal.
Lors des consultations qui ont suivi les débats, les intervenants ont proposé un large éventail de solutions. Alors que certains ont suggéré que la Commission refuse l’accréditation à certains médias, d’autres ont plaidé en faveur de règles ou de codes de conduite applicables aux débats et aux conférences de presse, qui seraient publiés bien avant les événements.
Il n’y a pas eu de consensus sur la question de savoir si la Commission devait être responsable de l’organisation et de la gestion des conférences de presse des chefs. Certaines associations journalistiques ont fait valoir que les conférences suivant les débats constituaient une partie importante de la couverture des débats, car les chefs devraient être tenus responsables par la presse de ce qu’ils ont dit pendant le débat. D’autres parties prenantes ont estimé que les débats parlent d’eux-mêmes et que les conférences de presse ne répondent pas aux besoins des électeurs. D’autres encore se sont demandé pourquoi la Commission participerait à l’accréditation des médias ou à l’organisation des conférences de presse ultérieures aux débats alors que ces responsabilités ne sont pas énoncées dans son mandat.
Recommandation de la Commission
Après avoir examiné attentivement les commentaires reçus, la Commission recommande qu’elle continue à accréditer les médias et à leur fournir des espaces de travail et des installations pour les diffusions en direct. Toutefois, elle ne devrait pas fournir d’installations pour les conférences de presse sur place des chefs de parti. Les partis peuvent organiser leurs propres conférences de presse dans un autre lieu, s’ils le souhaitent.
Cette recommandation s’appuie sur trois considérations principales. Premièrement, le mandat de la Commission. La Commission a pour principale responsabilité d’organiser des débats des chefs qui fournissent aux Canadiens des informations leur permettant de faire un choix éclairé dans l’isoloir.
Deuxièmement, la Commission estime que l’accès de la presse aux débats est une garantie de transparence et de responsabilité dans les campagnes électorales, comme dans d’autres activités politiques. La Commission pourrait chercher à gérer les conférences de presse au moyen de règles claires et applicables, par exemple en limitant le nombre de questions par organisation médiatique, en établissant un système pour déterminer qui a le droit de poser des questions et en imposant un code de conduite, mais les règles à elles seules pourraient ne pas suffire à garantir un environnement respectueux et fonctionnel et pourraient entraîner des contestations et des litiges liés à leur imposition.
Troisièmement, ce n’est ni le rôle ni la responsabilité de la Commission de tenter de définir juridiquement ce qu’est le journalisme. Il s’agit d’une question sociétale plus large, et les débats des chefs ne sont pas le forum pour en débattre.
La Commission recommande cette option au futur commissaire parce qu’elle sert au mieux l’intérêt public et préserve l’intégrité des débats. Cela permettrait de maintenir l’attention du public sur les débats eux-mêmes, en veillant à ce que les Canadiens qui n’ont pas suivi les débats en direct puissent quand même lire, regarder ou entendre l’essentiel de ce que les chefs ont dit sur scène. Cette approche garantit également l’accès des médias à l’événement et au site, tout en respectant le mandat de la Commission.
NOUVELLE RECOMMANDATION
Recommandation no 5 : La Commission devrait continuer à assurer l’accréditation sur place et à fournir des salles de presse pour les médias, mais elle ne devrait pas être responsable de l’organisation des conférences de presse avec les chefs tenues après les débats ni fournir les lieux à cette fin.
3.6 Portée, langues et accessibilité
Les décrets de la Commission stipulent ce qui suit :
« [I]l est souhaitable que les débats des chefs rejoignent tous les Canadiens, y compris ceux qui vivent avec un handicap, ceux qui vivent dans des régions éloignées et ceux qui font partie de communautés de langue officielle en situation minoritaire »Note de bas de page 16 et que la Commission doit « veiller à ce que les débats des chefs soient disponibles dans des langues autres que le français et l’anglais et, ce faisant, d’accorder une attention particulière aux langues autochtones du Canada ».Note de bas de page 17
Les débats des chefs sont un exercice démocratique et doivent rejoindre le plus grand nombre de Canadiens possible. La Commission a pour mandat de veiller à ce que les Canadiens puissent y avoir accès dans une langue et un format qui leur sont accessibles. Les Canadiens qui regardent, écoutent ou lisent les débats en direct ou en différé sur les plateformes numériques participent activement au processus démocratique. La Commission contribue à renforcer les institutions démocratiques du Canada en rendant les débats largement disponibles et accessibles.
Les débats sont maintenant un événement télévisuel au Canada. Le débat en anglais a attiré un auditoire total de 12,4 millions de personnes. Il s’agit d’une hausse de 21 % par rapport à 2021. Ce sont tout près de huit millions de téléspectateurs qui l’ont regardé à la télévision, soit pratiquement la taille moyenne de l’auditoire du Super Bowl de 2025. La CBC a rapporté que son émission de couverture en direct du débat en anglais a été la plus regardée dans l’ensemble du Canada le 17 avrilNote de bas de page 18. L’intérêt pour le débat en français a été tout aussi considérable. En effet, dans l’ensemble, il a attiré 4,8 millions de téléspectateurs. Au total, il a rejoint 7 millions de personnes à la télévision, à la radio et sur les plateformes numériques.
Il est important de souligner que le public qui a suivi le débat sur les plateformes numériques s’est élargi de façon considérable. Le nombre de personnes qui ont regardé les débats en direct sur les chaînes YouTube du producteur des débats a augmenté de 125 % pour le débat en français et de 96 % pour le débat en anglais. De plus, Radio-Canada a rapporté qu’elle avait observé que le nombre de connexions à ses plateformes numériques avait tripléNote de bas de page 19.

Ces gains soulignent manifestement l’importance des débats. Il se peut que le nombre réel de personnes qui ont suivi les débats soit encore plus élevé, car certains médias n’ont pas pu fournir leurs cotes d’écoute ou ont choisi de ne pas les fournir. La Commission cherche des moyens d’encourager tous les distributeurs à fournir leurs cotes d’écoute pour les prochains débats.
Les débats de la Commission continuent d’attirer de nouveaux distributeurs. Ils contribuent ainsi à améliorer l’accessibilité et à attirer un plus vaste public. En 2025, La Converse, Parrot.tv et TVO ont offert une couverture des débats à leurs téléspectateurs pour la première fois. BBC News, Eurovision, Reuters et TV5 Monde sont quelques-uns des nouveaux distributeurs internationaux. La portée des débats à la radio s’est également élargie, notamment grâce à leur diffusion par Bell Media News Talk, Corus Talk Network, iHeart Radio et Rawlco Radio.

Les débats ont été diffusés en direct dans 15 langues. Le producteur des débats a offert les débats en anglais et en français, en cinq langues autochtones (cri de l’Est, inuktitut, innu, ojibwé et cri des plaines), en langue des signes américaine (ASL), et en langue des signes québécoise (LSQ). Il a également été offert en six autres langues sur OMNI-TV (arabe, cantonais, italien, mandarin, pendjabi et tagalog). Ils ont également été offerts en sous-titrage codé et en vidéodescription pour les personnes qui ont une déficience auditive ou visuelle. Les Canadiens ont pu suivre les débats en ligne dans la langue de leur choix en différé sur des chaînes YouTube qui sont d’ailleurs toujours disponibles sur le site Web de la Commission. Une transcription complète et non révisée de chaque débat est également fournie sur le site Web de la Commission.
Les chiffres concernant l’auditoire atteint dans le tableau ci-dessous ont été recueillis et fournis par le producteur des débats à partir de données provenant de Numeris TV Meter, InfoSys+, Adobe Analytics ainsi que de rapports provenant d’organisations médiatiques. Il reste qu’il est difficile de connaître le nombre précis de personnes qui ont suivi les débats. Par exemple, une grande partie de l’auditoire du APTN, qui a offert une interprétation en langues autochtones des débats, habite dans des zones non couvertes par les compteurs de télévision. La chaîne YouTube de Radio-Canada Info, qui offre les débats en LSQ, a été consultée 110 446 fois. Toutefois, il n’est pas possible de savoir combien de personnes ont choisi Radio-Canada Info uniquement pour accéder à la diffusion en LSQ.

Comme les années précédentes, le producteur des débats était responsable de l’interprétation linguistique, conformément à l’appel d’offres. Le producteur des débats a confié l’interprétation vers les langues officielles du Canada, les cinq langues autochtones, l’ASL et la LSQ au Bureau de la traduction, qui est une division de Services publics et Approvisionnement Canada. Le Bureau de la traduction et le producteur des débats ont travaillé en collaboration en amont des débats de cette année pour limiter autant que possible le coût de l’interprétation. Le Bureau de la traduction a absorbé certains des coûts qu’il avait l’habitude de facturer, notamment des frais généraux et indirects. Toutefois, à l’avenir, il procédera au recouvrement intégral des coûts pour les événements majeurs.
La Commission demeure résolue à veiller à la diffusion des débats dans les langues officielles du Canada, dont l’ASL, la LSQ et la vidéodescription, ainsi que plusieurs langues autochtones. Néanmoins, il serait prudent de trouver des façons de réduire les coûts liés à l’interprétation. On pourrait notamment :
- réduire les frais de déplacement des interprètes en mettant à leur disposition des installations techniques plus proches de leur collectivité d’origine;
- revoir le choix des langues autochtones proposées;
- éliminer le jumelage selon le genre (lorsque l’interprète et l’orateur sont du même genre);
- trouver des entreprises privées qui peuvent offrir le même service à un tarif plus bas.
RECOMMANDATION RÉAFFIRMÉE
Recommandation no 6 : La Commission réaffirme que les débats doivent continuer d’être offerts en français, en anglais et en d’autres langues, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.
NOUVELLES RECOMMANDATIONS
Recommandation no 7 : La Commission devrait trouver de nouvelles façons d’améliorer l’efficacité et la rentabilité de la diffusion dans plusieurs langues et tenir des consultations plus larges au sujet du choix des langues.
Recommandation no 8 : La Commission devrait travailler avec le producteur des débats pour trouver de nouvelles organisations médiatiques afin d’accroître la portée des débats et entretenir les relations déjà établies avec les distributeurs actuels.
3.7 Processus d’approvisionnement et production des débats
Approvisionnement
Contexte
Tout comme en 2019 et 2021, le producteur des débats a été sélectionné au moyen d’un processus d’appel d’offres. Les exigences relatives à la promotion, à la production et à la diffusion des deux débats étaient précisées dans l’énoncé des travaux de l’appel d’offres. Les soumissionnaires pouvaient présenter des propositions pour un des débats ou pour les deux.
La Commission a tenu compte des leçons apprises en 2021 et a apporté des améliorations à l’appel d’offres afin de la rendre plus claire, notamment en ce qui a trait au format et à la modération des débats. Un modèle de format et des critères de sélection des modérateurs ont été inclus en vue de répondre aux préoccupations soulevées précédemment.
En 2024, une proposition conjointe a été présentée par CBC/Radio-Canada. Contrairement aux années précédentes, aucun consortium de médias ni partenariat de médias d’information n’a présenté de soumission. Il est possible que cela témoigne du paysage médiatique changeant dans le cadre duquel les organisations médiatiques connaissent une baisse de revenus et une réduction des effectifs dans les salles de presse. Malgré l’absence d’offres concurrentes, la soumission a fait l’objet d’une évaluation technique et financière complète avant d’être acceptée. Le contrat qui a été conclu avec le producteur des débats se poursuit jusqu’au 30 septembre 2026.
Processus futur
Le processus de l’appel d’offres demeure complexe et long, notamment en ce qui concerne la préparation de l’énoncé des travaux et les évaluations finales. Certains télédiffuseurs ont demandé que des changements soient apportés afin de le simplifier. Or, le processus actuel assure l’équité et la transparence. Il oblige également les soumissionnaires à mieux comprendre les besoins de la Commission et à bien y répondre.
Compte tenu de la situation actuelle dans l’industrie des médias, il se pourrait que CBC/Radio-Canada continue d’être le seul organisme à avoir les ressources et les capacités nécessaires à l’interne pour participer à ce processus. La Commission pourrait songer à adopter une approche misant sur une lettre d’intention afin de simplifier le processus. Le contractant aurait tout de même à démontrer de quelle façon il compte répondre aux exigences de production.
La Commission estime qu’une nouvelle norme a été établie, en 2025, en ce qui concerne le format et la modération des prochains débats. Les difficultés rencontrées à ce chapitre dans le cadre des débats précédents ont été résolues. Ainsi, les énoncés des travaux à venir devront satisfaire aux conditions établies dans l’appel d’offres de 2024.
La diffusion demeure une grande priorité pour l’avenir et un critère essentiel d’évaluation du succès des débats. La capacité du producteur des débats de mobiliser des réseaux, dont l’APTN et OMNI, est primordiale à la diffusion des débats dans plusieurs langues. La diffusion la plus large possible des débats doit rester un critère fondamental de tous les futurs contrats.
La promotion est également essentielle au succès des débats. Elle comprend la sensibilisation proactive avant les débats auprès d’autres médias pour les encourager à les diffuser et la distribution de produits promotionnels et publicitaires à tous les distributeurs. La promotion doit continuer d’être une exigence obligatoire de l’énoncé des travaux.
Production
Le producteur des débats a conçu un plateau de tournage simple et intime afin d’attirer l’attention de l’auditoire sur les chefs et le contenu. Le positionnement des chefs et du modérateur qui a été pensé pour qu’ils soient à proximité les uns des autres a reçu énormément d’éloges. Un intervenant a même affirmé qu’il s’agissait d’une « métaphore visuelle parfaite ». Un autre intervenant a observé que le plateau de tournage avait été extraordinaire par rapport à celui des débats des chefs précédents.
Le producteur des débats a été en mesure de se servir d’un plateau de tournage qui avait déjà été utilisé avec succès pour un débat provincial antérieur en y apportant les modifications nécessaires. Ce fut une solution rentable. Le positionnement des participants a permis de favoriser une vue directe entre les chefs et le modérateur. Le modérateur était d’ailleurs mieux placé pour contrôler le déroulement du débat, imposer la discipline au besoin et soutenir une discussion animée entre les chefs. Dans l’ensemble, les couleurs sobres et neutres du plateau ont permis de maintenir l’attention de l’auditoire sur les chefs et le débat tout au long de l’événement.
Il n’y a pas eu de public en studio pour les débats de 2025, conformément à la recommandation de la Commission. Un public était présent en 2019. En revanche, il n’y en a pas eu en 2021 en raison des préoccupations de santé publique. L’absence de public a entraîné une réduction des coûts, une simplification de la logistique et une amélioration de la sécurité. Les intervenants, dont les services de sécurité, ont accueilli favorablement ce changement.
Les réactions ont été mitigées en ce qui concerne le moment et le lieu des débats. Le producteur des débats a choisi la date et l’heure de chaque débat après avoir consulté les grands radiodiffuseurs au sujet de leur programmation. Toutefois, il est devenu apparent peu de temps avant le débat en français qu’il était possible que le Canadien de Montréal décroche une place aux éliminatoires s’il gagnait son dernier match de la saison régulière, qui devait avoir lieu le soir du débat prévu. La Commission, le producteur des débats et les distributeurs de services de télévision ont tenu des discussions et ont convenu d’une heure de début plus précoce.Note de bas de page 20 Le changement d’horaire a perturbé certains distributeurs qui ont été obligés de modifier leur programmation à court préavis. De plus, les messages d’intérêt public et les produits promotionnels dans lesquels l’heure du débat était mentionnée ont dû être mis à jour. L’étude du Consortium de la démocratie électorale et de l’Étude électorale canadienne a révélé que le changement d’horaire avait été globalement bien accueilli. Toutefois, il a posé des difficultés aux Canadiens qui vivent à l’heure des fuseaux horaires de l’Ouest, car ils étaient toujours au travail ou dans les transports au moment où le débat a commencé. En revanche, les participants aux groupes de discussion organisés dans le cadre de cette étude ont mentionné que l’accès à des enregistrements, à des diffusions en différé et à des résumés dans les médias a permis d’atténuer le problème.
En 2019 et 2021, les débats ont eu lieu dans la région de la capitale nationale, au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, au Québec. Il était estimé que ce lieu était « neutre » et pratique pour les chefs et leur personnel, les médias et les producteurs des débats. En 2025, c’est Montréal qui a été choisie comme lieu. Les débats ont eu lieu à la Maison de Radio-Canada (MRC). Radio-Canada avait déjà transformé son atrium en studio de tournage pour y tenir des débats provinciaux. Elle a ainsi pu profiter de ses propres installations techniques. Certains participants aux groupes de discussion de l’étude du Consortium de la démocratie électorale et de l’Étude électorale canadienne ont souligné qu’il était pertinent qu’au moins le débat en français ait lieu au Québec.
Certains partis politiques consultés après les débats ont souligné que le déplacement de membres de leur personnel d’Ottawa à Montréal pour une période prolongée avait posé des défis de logistique. Ils ont observé que la quantité de temps passé à Montréal à un moment pivot de la campagne avait été perturbatrice et ajouté une pression supplémentaire sur leurs opérations.
Comme il a été mentionné, le producteur des débats a pu profiter des installations techniques et du personnel déjà sur place dans les locaux de la MRC pour les débats. Cela a permis de réduire les coûts de location des locaux, de déplacement du personnel et de location d’équipement, et d’accroître la fiabilité et la facilité d’accès à l’infrastructure de production nécessaire pour les débats.
Le fait que la MRC soit un environnement de travail actif en tout temps et que Radio-Canada ait d’autres responsabilités en matière de production a engendré certaines difficultés. L’accès à certains endroits a été restreint. Les déplacements du personnel politique et des membres de la Commission au sein de l’édifice étaient limités. Le plateau de tournage en soi était dans une aire ouverte et visible avant la tenue des débats à tous les visiteurs qui se promenaient dans l’édifice. Il n’a pas été possible d’obtenir un espace séparé dans les locaux pour les conférences de presse qui avaient lieu après les mêlées de presse. Cela a contribué aux difficultés dans la salle de travail des médias qui ont été soulevées précédemment.
La planification en matière de sécurité a été compliquée. À Montréal, quatre services ont participé à ces efforts : les services de sécurité contractuels de l’édifice, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la Sûreté du Québec (SQ) et la GRC. Il serait judicieux d’améliorer la coordination entre l’ensemble des services de sécurité, la Commission et le producteur des débats afin d’améliorer la planification et la mise en œuvre des mesures de sécurité pour les futurs débats.
La Commission et le producteur des débats devraient se pencher sur la question de savoir si les avantages liés au fait de tenir les débats dans ce lieu, notamment en ce qui concerne les coûts et la production, l’emportent sur les défis, et si des solutions sont possibles ou si un autre lieu plus propice devrait être envisagé pour la tenue des débats.
NOUVELLE RECOMMANDATION
Recommandation no 9 : Bien que le processus concurrentiel en place demeure le meilleur moyen pour la Commission de sélectionner un producteur des débats, elle devrait tout de même se pencher sur des façons de le simplifier.
3.8 Promotion des débats, cyber sécurité et participation
Promotion et distribution
Le producteur des débats est responsable de deux objectifs de promotion essentiels. Tout d’abord, il doit veiller à ce que les médias soient au courant du fait que les débats sont disponibles gratuitement. Puis, il doit inciter les Canadiens à les regarder ou à les écouter en direct ou en différé au moyen d’enregistrements vérifiés.
En 2019 et 2021, un groupe d’organisations médiatiques qu’on appelle communément le consortiumNote de bas de page 21 a produit conjointement les débats. Cela permettait de garantir qu’au moins toutes les organisations participantes diffuseraient les débats sur plusieurs plateformes : télévision, radio et numérique.
En 2025, il a fallu déployer des efforts supplémentaires pour rejoindre tous les autres médias qui avaient diffusé les débats par le passé en raison du fait que CBC/Radio-Canada était le seul producteur des débats. Bien qu’il y ait eu une préoccupation selon laquelle certains médias choisiraient de ne pas diffuser les débats pour des raisons de concurrence, cette hypothèse s’est avérée non fondée. Les débats ont été diffusés sur 34 chaînes de télévision, 10 chaînes de radiodiffusion et 60 plateformes numériques.
Le producteur des débats a bâti une relation solide avec l’APTN afin de diffuser les débats dans des langues autochtones et avec OMNI TV pour rejoindre des Canadiens dans d’autres langues non-officielles. AMI-TV a également donné accès aux débats aux personnes qui avaient besoin de vidéodescription. Les deux débats ont été rendus disponibles en ASL et en LSQ sur les chaînes YouTube du producteur des débats.
En 2025, la Commission a élargi ses efforts de sensibilisation en tissant des liens avec de nouvelles plateformes, notamment La Converse, un média numérique montréalais axé sur les réalités des communautés marginalisées. Leur diffusion des débats a généré 5 000 visionnements, dont un bon nombre provenaient de Canadiens moins susceptibles de consulter les médias traditionnels. À l’avenir, la Commission devrait continuer de favoriser une plus grande disponibilité des débats en ASL et en LSQ sur les plateformes de diffusion et numériques.
Le producteur des débats a entrepris plusieurs campagnes pour promouvoir et faire connaître les débats à la télévision, à la radio et en ligne ainsi que sur les médias sociaux dans le cadre desquelles il invitait les Canadiens à les regarder ou à les écouter. Le producteur des débats est tenu d’accorder une attention particulière à la diffusion des débats en langues autochtones, en ASL, en LSQ et en vidéodescription. Les campagnes de promotions ciblées ont une incidence directe sur les cotes d’écoute. Par exemple, Radio-Canada a produit une publicité en langue des signes visant à inviter les personnes ayant besoin d’une interprétation en LSQ à consulter ses plateformes numériques. Cela a entraîné une augmentation considérable du nombre de spectateurs par rapport à 2021.
Le producteur des débats a également fourni du matériel promotionnel, notamment des messages d’intérêt public, à d’autres distributeurs des débats pour qu’ils les utilisent sur leurs propres chaînes ou plateformes. Il peut s’agir d’une initiative difficile à mettre en pratique, car il faut attendre que les participants aient été choisis, que les dates et les heures des débats aient été fixées et que le logo ait été conçu avant de préparer le matériel promotionnel. Il est également essentiel que le matériel fourni aux autres distributeurs soit de nature générale ou neutre pour que tous les médias puissent s’en servir.
Compte tenu du fait que le contrat de la Commission avec le producteur des débats est en vigueur jusqu’en septembre 2026, ils devraient discuter de la possibilité de produire le matériel promotionnel plus tôt, soit dans la période de campagne qui précède les débats. Cela aiderait les distributeurs dans leurs efforts de planification et d’organisation des campagnes de promotion.
La cybersécurité et la lutte contre la mésinformation
La cybersécurité et la protection de l’intégrité des débats continuent d’être une des grandes priorités de la Commission en raison de la montée des menaces posées par l’intelligence artificielle et la désinformation. Elle suit les conseils et les directives du Centre canadien pour la cybersécurité (CCC) et du Centre de la sécurité des télécommunications (CST). Les institutions démocratiques du Canada sont également protégées grâce aux analyses du Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections.
Le CCC prévient dans sa publication Cybermenaces contre le processus démocratique du Canada : Mise à jour de 2025Note de bas de page 22 que : « Les auteurs de menace hostiles tirent de plus en plus parti des outils d’intelligence artificielle (IA) pour tenter de s’ingérer dans les processus démocratiques, notamment les élections […] ». L’Étude d’opinion publique sur des questions électoralesNote de bas de page 23 d’Élections Canada souligne que 80 pour cent des répondants pensent que : « la diffusion de fausses informations en ligne » pourrait avoir un impact sur le résultat de la prochaine élection fédérale.
Le CCC a fourni une aide considérable pour établir ce qui devait être inclus dans la demande de propositions du producteur des débats afin d’assurer la cybersécurité et l’intégrité des débats. Le producteur des débats était tenu d’intégrer ses conseils sur les pratiques exemplaires en matière de cybersécurité.
Il sera essentiel pour la Commission de poursuivre ses relations avec le CCC et le CST en raison des changements continus et de plus en plus rapides en matière de cyber activité, d’utilisation des outils d’IA et de propagation de la mésinformation et de la désinformation. Il serait utile de décider le plus tôt possible du prochain lieu des débats afin de veiller à ce que des consultations adéquates aient lieu entre la Commission, le CST et l’hôte des débats.
Efforts de mobilisation et de préparation continus
De 2021 à 2025, la Commission a activement consulté les intervenants et bâti des partenariats pour améliorer les débats. Ce travail doit se poursuivre, surtout dans un contexte de gouvernement minoritaire, dans le cadre duquel la possibilité d’élections surprises est bien réelle.
Les efforts de mobilisation entre les périodes électorales prennent plusieurs formes, notamment :
- continuer de favoriser les relations établies avec le Debates International Network et le National Democratic Institute pour échanger des idées et des pratiques exemplaires;
- favoriser les discussions avec les modérateurs des débats ainsi qu’avec les producteurs et les dirigeants de la télévision dans des pays comparables du G7;
- entretenir les liens avec les organisateurs de débats en Australie, en France, en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada;
- fournir des conseils et des recommandations à d’autres organisateurs de débats ici et ailleurs;
- discuter avec le producteur des débats afin d’établir les améliorations possibles;
- travailler avec le producteur des débats, le Bureau de la traduction, Relations Couronnes-Autochtones et Affaires du Nord Canada, et d’autres intervenants sur l’interprétation en langues autochtones afin d’évaluer la sélection de langues choisies et de sélectionner et former des interprètes;
- choisir et former des modérateurs éventuels en collaboration avec le producteur des débats;
- établir des contacts pour la sensibilisation afin de veiller à ce que tous les Canadiens, surtout les personnes mal desservies, s’intéressent aux débats des chefs;
- consulter le Centre canadien pour la cybersécurité (CCC) et le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections afin de garantir la cybersécurité du lieu, du signal et de l’intégrité des débats ainsi que de lutter contre la désinformation liée aux débats;
- tenir des consultations soutenues avec les plateformes de médias sociaux numériques pour lutter contre la mésinformation, identifier le contenu produit par l’IA ou malveillant et créer un espace numérique sûr pour les débats.
RECOMMANDATION RÉAFFIRMÉE
Recommandation no 10 : La Commission réaffirme qu’elle devrait maintenir une capacité permanente suffisante entre les élections afin d’être en mesure d’organiser des débats dans un court délai et qu’elle devrait également cultiver des relations pour favoriser les discussions, tant au Canada qu’à l’étranger.
3.9 Sommaire des dépenses
La Commission a reçu un budget de 5,5 millions de dollars pour soutenir chacun de ses trois mandats pour les élections fédérales de 2019, 2021 et 2025.
Dans le cadre des deux premiers mandats de la Commission, qui couvraient les élections de 2019 et 2021, le financement lui a été accordé sur deux ans. Pendant l’année électorale 2019-2020, la Commission a dépensé 3,7 millions de dollars. Pendant l’année électorale de 2021-2022, elle a dépensé 3,2 millions de dollars.
Chaque cycle électoral s’est terminé avec un surplus. La plupart des fonds restants ne pouvaient être reportés à l’année suivante ou au mandat subséquent.
Dans le cadre du troisième mandat de la Commission, le même budget de 5,5 millions de dollars a été réparti sur quatre ans afin d’assurer un financement de base et favoriser le maintien de l’état de préparation opérationnelle en cas d’élections anticipées. C’est essentiel dans un contexte de gouvernement minoritaire.
1er Mandat | 2e Mandat | 3e Mandat | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Année fiscale | 2018-19 | 2019-20 | 2020-21 | 2021-22 | 2022-23 | 2023-24 | 2024-25 | 2025-26* |
Année électorale vs année non électorale | Non électorale | Élection le 31 octobre 2019 | Non électorale | Élection le 20 septembre 2021 | Non électorale | Élection le 28 avril 2025 | ||
Dépenses en millions de dollars | 0.1 | 3.7 | 0.3 | 3.2 | 0.7 | 0.6 | 0.7 | 2.3 |
* L’exercice 2018-2019 s’étend du 1er janvier 2019 au 31 mars 2019 (trois mois).
* L’exercice 2020-2021 s’étend du 5 novembre 2020 au 31 mars 2021 (environ cinq mois).
* Les exercices 2022-2023, 2023-2024 et 2024-2025 ont duré 12 mois chacun.
* Le reste des dépenses de 2018-2019 à 2023-2024 sont des dépenses réelles figurant dans les comptes publics. Pour 2024-2025, il s’agit d’une prévision des dépenses. Pour 2025-2026, il s’agit d’une prévision préliminaire des dépenses.
Le premier mandat de la Commission a commencé en janvier 2019. Pendant cet exercice qui s’est terminé au 31 mars 2019, les activités en dehors des années électorales ont été axées sur le recrutement du personnel, l’obtention de locaux à bureaux et la couverture des coûts opérationnels liés à la mise en place de l’institution.
Le deuxième mandat a commencé en novembre 2020. Les activités en dehors des années électorales ont de nouveau été axées sur le recrutement de personnel et la mise en place de la Commission, qui avait été inactive entre les élections fédérales.
Le troisième mandat a été le seul au cours de laquelle le petit secrétariat a fonctionné entre les élections fédérales.
Pendant son troisième mandat, la Commission a consulté un large éventail d’intervenants, au Canada et à l’étranger, notamment des experts et des universitaires, dont la recherche était axée sur les enjeux liés à la démocratie, les sondages et les débats. Ces consultations ont fait partie d’activités visant à veiller à ce que les politiques et les pratiques soient évaluées et prêtes pour les prochaines élections. La Commission a également consulté les partis politiques dans le cadre de ce processus.
La Commission a également entrepris une vaste gamme d’initiatives, dont le dépôt de son rapport final au Parlement, l’élaboration d’une politique sur l’accréditation des médias et l’établissement de critères de participation. La Commission a élargi ses consultations, au Canada et à l’étranger, afin de discuter avec des organisateurs, des modérateurs, des cadres de la télévision et d’anciens participants à des débats en Australie, en France, en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. Ces efforts visaient à comprendre l’expérience des participants, à obtenir divers points de vue, et, surtout, à établir des principes de format et de modération pour produire les débats les plus efficaces et instructifs possibles en réponse aux difficultés soulevées dans le cadre du mandat précédent.
La Commission a également étudié, élaboré et publié une demande de propositions pour sélectionner un producteur des débats, c’est-à-dire un organisme ou une coentreprise responsable de promouvoir, de produire et de distribuer deux débats, un en français et un en anglais. L’appel d’offres énonçait toutes les exigences de production, de promotion et de distribution, dont le modèle de format et les critères de sélection des modérateurs pour le producteur des débats. Elle définissait également avec précision les rôles et les responsabilités du producteur des débats.
De plus, la Commission est restée attentive aux développements technologiques susceptibles d’avoir une incidence sur la production des débats. Elle a consulté des intervenants de plusieurs organismes au sujet de questions liées aux débats. Elle a collaboré avec des universitaires pour organiser des études, des groupes de discussion et des sondages afin d’évaluer l’engagement, les attitudes et les comportements des Canadiens relatifs aux débats. Elle a géré les services opérationnels, notamment la production de rapports financiers et gouvernementaux, l’approvisionnement et l’administration du site Web.
Les dépenses ont été affectées aux salaires des membres du personnel du petit secrétariat de la Commission (trois personnes, dont une personne à temps plein et deux personnes à temps partiel) ainsi qu’aux opérations (site Web et gestion de l’information, services juridiques, traduction et dépenses liées au soutien administratif du Bureau du Conseil privé).
En 2022-2023, les dépenses réelles étaient de 699 364 dollars. En 2023-2024, elles se sont établies à 643 647 dollars. En 2024-2025, les dépenses prévues devraient être du même ordre.
Les prévisions de dépenses préliminaires prévues pour l’année électorale 2025-2026 sont de 2 341 931 dollars. Les dépenses ont été affectées aux salaires, notamment des trois employés du secrétariat de la Commission (un à temps plein et deux à temps partiel), aux opérations principales mentionnées ci-dessus, aux contrats opérationnels pour les activités d’évaluation de la recherche, aux services de diffusion et de veille, et à la préparation du rapport final de la Commission. De plus, pendant la semaine des débats, à Montréal, la Commission a embauché quatre membres de personnel à temps partiel pour appuyer la tenue des débats.
Pendant les années électorales de 2019, 2021 et 2025, la principale dépense a été le contrat de production des débats, qui a été systématiquement fixé à un maximum de 1,8 million de dollars pour la production de deux débats, un en français et un en anglais.
En 2025, les dépenses liées à ce contrat ont couvert la production sur place et les coûts de location (installations pour les médias, logistique des événements, soutien technique, équipement, scénographie), les graphiques et le son, la connectivité et la diffusion, la promotion, la traduction, l’accessibilité et la cybersécurité.
Le contrat de production des débats prévoit des fonds pour les services allant au-delà de ce qui était habituellement attendu d’un producteur des débats, notamment en ce qui concerne la distribution gratuite du signal et l’offre des deux débats dans plusieurs langues, dont des langues autochtones, et dans des formats accessibles.
En 2019, le coût réel du contrat de production des débats pour deux débats des chefs s’élevait à un peu moins de 1,7 million de dollars. En 2021, il était d’un peu plus de 1,7 million de dollars. En 2025, les dépenses réelles sont d’un peu moins de 1,1 million de dollars. Le recours à des installations techniques et de studios qui existaient déjà à Montréal a été prudent et efficace sur le plan budgétaire. Cela a réduit les dépenses de production des débats. De plus, le Bureau de la traduction et le producteur des débats ont travaillé étroitement pour réduire le plus possible les coûts de l’interprétation. Cela a contribué à la gestion efficace du contrat.
3.10 Mandat futur, pouvoirs et gouvernance
La Commission a été responsable de l’organisation des débats des chefs lors des trois dernières campagnes électorales : 2019, 2021 et 2025. Après les débats de 2019 et 2021, la Commission a recommandé au gouvernement de la rendre permanente par voie législative. Le gouvernement précédent n’a pas donné suite à cette recommandation.
Toutefois, en novembre 2020, le président du Conseil privé de la Reine pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales a précisé, en réponse au rapport de 2019, qu’il « préférerai[t] une structure permanente prévue par la loi qui fournirait cette plateforme de base dans les élections générales pour des débats équitables et ouverts entre les chefs avec une commission vraiment indépendante chargée de prendre les décisions ».Note de bas de page 24
L’avenir de la Commission et de sa structure est entre les mains du nouveau gouvernement. Avant d’énoncer les options, ce rapport fait état des contributions de la Commission à la démocratie canadienne au cours des trois derniers cycles électoraux.
Augmentation de l’auditoire
- 2019 : 19 millions de téléspectateurs pour les deux débats — dépassant les campagnes précédentes.
- 2021 : 14,5 millions de téléspectateurs — un nombre toujours élevé malgré une participation plus faible des électeurs en raison de la COVID-19 et d’un court intervalle depuis l’élection fédérale précédente.
- 2025 : 19,4 millions de téléspectateurs — le plus grand nombre jamais enregistré.
Les débats se comparent aux autres événements télévisuels.
Amélioration de la portée et de l’accessibilité des débats
La distribution gratuite du signal de diffusion des débats a permis à plusieurs partenaires médiatiques de les diffuser. Cela a permis d’en accroître la portée et l’incidence. Les débats en anglais et en français ont été diffusés sur 34 chaînes de télévision, 10 chaînes de radiodiffusion et 60 plateformes numériques.
Les débats ont été offerts dans 13 langues supplémentaires, notamment en cinq langues autochtones, en langue des signes américaine (LSA), en langue des signes québécoise (LSQ), en sous-titrage codé ainsi qu’en vidéodescription. Cette approche inclusive a permis à des communautés souvent marginalisées dans le processus politique à s’intéresser davantage aux débats.
Le niveau sans précédent de la portée et de l’accessibilité des débats en a fait l’élément central de la campagne électorale. Le vaste réseau de partenaires de diffusion garantit que les débats auront la plus grande incidence possible à titre d’événement télévisuel de grande envergure.
Dépolitisation, stabilité, prévisibilité et transparence
La Commission a amélioré la stabilité, la prévisibilité et la transparence des débats. Les partis politiques participent sans condition préalable. Les Canadiens s’attendent maintenant à ce que des débats aient lieu lors de chaque élection fédérale.
En 2025, une vaste coalition de médias d’information a diffusé les débats sans qu’aucun consortium officiel des médias n’ait été formé. Cela confirme leur volonté commune de favoriser le discours démocratique. Cela a marqué un tournant, les transformant en un exercice démocratique neutre. Ce changement important a permis de renforcer la confiance du public et d’améliorer la transparence du processus démocratique. Cela confirme l’adhésion d’un nombre important de médias au principe démocratique des débats.
L’établissement de critères de participation au moyen de vastes consultations a renforcé de façon considérable la transparence du processus relatif aux débats.
La Commission a simplifié le processus, notamment pour les partis politiques, en créant un cadre officiel de participation aux débats, ce qui a permis d’améliorer la clarté et l’efficacité opérationnelle.
Base de connaissances
Les recherches, le processus de consultation et les analyses effectuées par la Commission permettent de créer une base de connaissances qui n’existait pas avant et qui n’existerait pas autrement. Les consultations tenues au Canada et à l’étranger par la Commission ont contribué à l’amélioration du format et de la modération des débats des chefs de 2025. La Commission partage son expérience dans des tribunes internationales. Les études et les sondages commandés éclairent les pratiques en matière de débats au Canada et à l’étranger. Cette approche fondée sur les faits contribue à l’amélioration continue des débats après chaque cycle électoral.
Avenir
D’autres facteurs doivent être pris en considération pour décider de l’avenir de la Commission. L’environnement médiatique en est un. La situation financière des médias canadiens est fragile.
Pour la première fois depuis plusieurs années, le réseau francophone TVA n’a pas diffusé le débat des chefs en 2025. Il avait présenté une demande moyennant tarif en raison de pressions financières. Bien que les grands réseaux anglophones, notamment CTV et Global, n’aient pas fait partie du groupe de production, ils ont tout de même diffusé les débats. Dans ce contexte, l’appui financier et organisationnel de la Commission contribue à maintenir l’accès public aux débats malgré les pressions qui pèsent sur les organisations médiatiques.
L’environnement politique en est un autre. Le Canada est en situation de gouvernement minoritaire pour la troisième fois consécutive. Les organisateurs des débats doivent être prêts à organiser un débat à tout moment du cycle électoral. La Commission, dont la responsabilité principale est l’organisation des débats, est particulièrement bien placée pour remplir ce rôle. Elle a une relation de travail déjà établie avec les partis politiques et de nombreux intervenants. Elle est riche de son expérience des trois élections les plus récentes. La liste de critères de participation et le contrat de production sont déjà définis pour les prochains producteurs des débats.
Nombre de débats
En 2025, comme ce fût le cas dans le cadre des deux dernières élections, la Commission avait pour mandat d’organiser deux débats, un dans chaque langue officielle. Après l’élection fédérale de 2021, le public, la société civile, et des commentateurs de l’actualité ont demandé la tenue de débats supplémentaires, surtout au Canada anglais.
Il y avait un vaste consensus dans le cadre des consultations qui ont eu lieu après les débats selon lequel la Commission devait songer à organiser plus d’un débat dans chaque langue officielle pour remédier au déséquilibre observé en 2021 (lorsqu’il y avait eu deux débats en français et seulement un débat en anglais).
Dans le cadre des consultations qui ont suivi les débats en 2025, certains intervenants ont répété qu’ils souhaitaient que des débats supplémentaires soient organisés. Plusieurs personnes ont également proposé de tenir un débat pour les candidats de tête, comme il se fait dans certains pays européens. Ils estiment que les Canadiens pourraient ainsi entendre les points de vue des chefs les plus susceptibles de former le gouvernement et de devenir premier ministre. Cette idée semblait particulièrement convaincante dans le cadre des élections de 2025. En effet, la décision des électeurs allait être particulièrement déterminante, car le chef choisi allait devoir répondre aux menaces croissantes liées à l’imposition de droits de douane par l’administration américaine.
Selon l’expérience internationale, notamment dans plusieurs pays européens, le modèle de débats pour les candidats de tête peut être efficace. Toutefois, les intervenants ont soulevé des difficultés liées à cette approche, notamment en ce qui concerne la volonté des chefs à participer ou leur disponibilité, la fragmentation de l’auditoire, et les contraintes de logistique posées par des campagnes électorales plus courtes. L’histoire électorale du Canada peut fournir une certaine base en vue de déterminer quels candidats pourraient faire partie d’un débat réunissant les principaux chefs de partis, c’est-à-dire les partis qui ont le plus de chances de former un gouvernement. Pour mettre en œuvre un tel modèle de débats, un changement culturel, l’adhésion des partis politiques et des diffuseurs ainsi que l’adoption de deux ensembles distincts de critères de participation seraient nécessaires. La Commission devra procéder à un examen plus approfondi pour prendre une décision quant à l’organisation de débats des chefs supplémentaires.
Toutefois, la Commission estime qu’elle devrait avoir la possibilité et la capacité d’organiser plus de deux débats (un dans chaque langue officielle) pourvu que des fonds supplémentaires soient fournis et qu’il y ait l’appui des partis politiques et d’autres parties intéressées.
Flexibilité financière et budgétaire
Compte tenu du fait qu’il s’agit du troisième gouvernement minoritaire consécutif, la Commission doit demeurer prête entre les élections. Les effectifs doivent être adéquats même dans les années non électorales en raison de la possibilité d’élections surprises. La Commission recommande une plus grande marge de flexibilité dans la gestion de son budget lors des années non électorales afin de permettre une répartition plus adaptée entre les coûts liés aux opérations et au personnel.
Options en matière d’organisation des débats
À la lumière des résultats des consultations et des commentaires des intervenants obtenus par la Commission, il demeure pertinent de songer aux options suivantes en matière d’organisation des débats pour l’avenir :
- abolition de la Commission des débats des chefs;
- mise en place d’une commission assurant une prestation complète de services et chargée de la production de débats à l’interne;
- maintien du mandat et du mode de fonctionnement actuels de la Commission (statu quo).
La Commission a réfléchi à la première option, mais elle estime que les débats des chefs ne sont pas assez stables pour justifier l’abolition d’une entité bénéficiant d’un soutien public en raison des facteurs mentionnés précédemment. De plus, elle est d’avis qu’une entité future pourra continuer à servir l’intérêt public, notamment en veillant à ce que les débats rejoignent le plus grand nombre de personnes possible. Elle aura également pour mission de promouvoir la transparence et l’efficacité et de favoriser la création d’un réseau d’expertise démocratique solide au Canada et à l’étranger.
La mise en place d’une Commission assurant une prestation complète de services ou l’attribution à une future commission du mandat de produire des débats à l’interne, comme le prévoit la deuxième option, nécessiterait l’intégration de ressources considérables et engendrerait probablement des coûts de production plus élevés que ceux associés au maintien d’une relation contractuelle avec une entité externe existante. Une telle approche pourrait mettre en péril la relation de la Commission avec les organisations médiatiques, qui sont des intervenants clés et qui ont manifesté leur volonté de collaborer en 2019, 2021 et 2025.
La Commission estime que la troisième option (maintien du modèle actuel) est la plus adaptée dans l’immédiat pour garantir la tenue des débats dans l’intérêt public. Des changements progressifs pourront être apportés au besoin au moyen des autorisations existantes et d’une modification du mandat. De plus, elle répond le mieux au fait que des élections surprises sont toujours possibles en raison du contexte de gouvernement minoritaire.
La Commission fournit un service aux Canadiens. Au cours des trois derniers cycles politiques, elle a apporté de la stabilité à l’environnement des débats, atteint un nombre sans précédent de téléspectateurs et amélioré la qualité des débats pour les électeurs en 2025. Elle a accru la pertinence des débats des chefs et renforcé l’accès des groupes linguistiques minoritaires ainsi que des collectivités défavorisées. Elle a également établi des normes quant au format et à la modération des débats de sorte que les échanges de points de vue entre les chefs politiques puissent être respectueux et significatifs. La Commission sert d’institution stabilisatrice au sein de la démocratie canadienne contre la montée de la désinformation et de la polarisation.
Gouvernance
Commissaire aux débats
En 2019 et 2021, la Commission des débats des chefs était dirigée par un commissaire à temps partiel, nommé par décret. Le gouvernement a annoncé le renouvellement du mandat du commissaire en novembre 2020. Après le départ du commissaire en 2023, le rôle a été confié par décret au directeur général de la Commission.
La Commission appuie le retour à un modèle de commissaire unique afin de fournir une orientation claire et de favoriser la confiance du public tel qu’avancé dans les rapports de 2019 et de 2021. Les consultations qui ont suivi les débats ont révélé qu’il existe un ensemble de compétences distinctes qu’un commissaire aux débats efficaces doit posséder, notamment en raison du fait que ses décisions doivent être incontestablement considérées comme étant prises dans l’intérêt du public. Le commissaire aux débats doit s’acquitter des fonctions de son poste en toute neutralité et équité, selon des principes établis. Parmi les qualités recherchées, mentionnons un certain degré de respect ou de notoriété faisant en sorte que cette personne est perçue comme étant impartiale par des personnes issues de tous les horizons politiques, et de façon plus générale, par la population canadienne. Parmi les compétences secondaires à considérer, citons l’expérience dans le domaine de la diffusion ou du journalisme, de la négociation de débats et de l’établissement de relations entre les partis politiques et divers intervenants.
Comme la Commission l’a suggéré dans ses précédents rapports, il serait souhaitable d’envisager la tenue de consultations auprès des partis politiques représentés à la Chambre des communes en ce qui concerne le processus de nomination du commissaire aux débats. Cela conférerait à la Commission une objectivité, une visibilité et un profil non partisans, ainsi qu’une crédibilité pour prendre des décisions sur des sujets tels que les critères de participation aux débats.
Comité consultatif
Le comité consultatif de la Commission des débats des chefs lui fournit un service essentiel. Comme dans les années précédentes, le comité consultatif a appuyé le travail de la Commission grâce à son expertise diversifiée en matière de politique et de médias. La diversité des points de vue offerts ainsi que le jugement éclairé et la volonté de renforcer la confiance du public dans les institutions sont des atouts précieux pour la Commission dans l’accomplissement de son mandat. Nous concluons qu’une future commission devrait continuer à solliciter les conseils d’un comité consultatif et à s’appuyer sur ceux-ci, puisqu’une telle entité offre une vaste gamme de perspectives et de compétences.
RECOMMANDATIONS RÉAFFIRMÉES
Recommandation no 11 : La Commission réaffirme qu’elle devrait organiser deux débats des chefs financés par des fonds publics (un dans chaque langue officielle) et envisager l’organisation de débats des chefs supplémentaires. Elle devrait également être en mesure de fournir des conseils et une expertise aux autres organisateurs de débats.
Recommandation no 12 : La Commission réaffirme qu’elle devrait être dirigée par un commissaire aux débats dont le processus de nomination prévoit la consultation des partis politiques enregistrés et représentés à la Chambre des communes.
Recommandation no 13 : La Commission réaffirme qu’elle devrait être créée au moyen d’une législation (ou d’un mécanisme semblable) et soumise à un examen périodique (par exemple, tous les cinq ans) afin de privilégier sa pérennité, une transparence accrue et un meilleur accès aux ressources. Sa composition institutionnelle devrait accorder la priorité à l’indépendance opérationnelle réelle et perçue, à l’efficacité financière et à la souplesse administrative.
RECOMMANDATION PRINCIPALE :
La Commission recommande le maintien et l’amélioration d’une entité permanente, financée par des fonds publics et soumise à un examen périodique, pour l’organisation des débats des chefs.
Conclusion
Les débats sont essentiels à la santé de la démocratie canadienne. Des millions de Canadiens les regardent lors de chaque élection, ce qui témoigne de leur importance. Dans ce rapport, nous proposons des moyens de rendre ces débats encore plus pertinents pour les électeurs canadiens lorsqu’ils évaluent et choisissent les chefs qui les représenteront à la Chambre des communes.
Nous remercions le comité consultatif et le partenaire de production de 2025, CBC/Radio-Canada, pour leur engagement à l’égard des débats des chefs. Nous remercions également les chercheurs canadiens pour leurs recherches et leur expertise. Nous remercions les intervenants d’ici et d’ailleurs qui nous ont fait part de leurs points de vue et les nombreux Canadiens qui nous ont fait part de leurs idées pour renforcer les débats.
La Commission, créée après les élections de 2015 pour veiller à ce que les débats des chefs aient lieu, a réussi à stabiliser l’environnement des débats en trois cycles électoraux. Les débats sont maintenant un élément statutaire des campagnes électorales fédérales. Tous les chefs de partis invités y participent. Le format et la modération ont été modernisés. Les auditoires ont atteint des niveaux records. L’accès s’est accru pour rejoindre plus de Canadiens que jamais, notamment dans les communautés linguistiques minoritaires et autochtones. Les changements apportés ont renforcé la participation et l’inclusion dans notre démocratie tout en établissant un ensemble de bonnes pratiques et de connaissances qui font l’objet d’échanges avec des organisateurs de débats au Canada et à l’étranger.
La mission de la Commission ne s’arrête pas à la portée des débats. À une époque où la désinformation et la méfiance sont à la hausse, les débats doivent également contribuer à renforcer la confiance à l’égard des institutions démocratiques. Pour cette raison, la Commission et ses partenaires doivent continuer d’organiser des débats indépendants et accessibles, qui représentent fermement les intérêts du public.
Les recommandations présentées dans ce rapport tracent la voie à suivre. Elles permettront au prochain commissaire d’offrir aux Canadiens des débats favorisant des échanges réfléchis, respectueux et approfondis sur les enjeux qui définiront leur avenir.
Recommandations
RECOMMANDATION PRINCIPALE :
La Commission recommande le maintien et l’amélioration d’une entité permanente, financée par des fonds publics et soumise à un examen périodique, pour l’organisation des débats des chefs.
NOUVELLES RECOMMANDATIONS
Recommandation no 1 : La Commission devrait continuer à adopter un format simple, à privilégier un plateau de télévision simple et intime, et à prévoir un seul modérateur pour chaque débat des chefs.
Recommandation no 2 : La Commission devrait continuer à confirmer chaque modérateur proposé par le producteur des débats, sur la base d’une liste de qualifications établie et publiée par la Commission.
Recommandation no 3 : Le commissaire aux débats devrait envisager de réviser les critères de participation ii) et iii) afin que ceux-ci concordent avec la date à laquelle Élections Canada publie sa liste finale de candidats confirmés.
Recommandation no 5 : La Commission devrait continuer à assurer l’accréditation sur place et à fournir des salles de presse pour les médias, mais elle ne devrait pas être responsable de l’organisation des conférences de presse avec les chefs tenues après les débats ni fournir les lieux à cette fin.
Recommandation no 7 : La Commission devrait trouver de nouvelles façons d’améliorer l’efficacité et la rentabilité de la diffusion dans plusieurs langues et tenir des consultations plus larges au sujet du choix des langues.
Recommandation no 8 : La Commission devrait travailler avec le producteur des débats pour trouver de nouvelles organisations médiatiques afin d’accroître la portée des débats et entretenir les relations déjà établies avec les distributeurs actuels.
Recommandation no 9 : Bien que le processus concurrentiel en place demeure le meilleur moyen pour la Commission de sélectionner un producteur des débats, elle devrait tout de même se pencher sur des façons de le simplifier.
RECOMMANDATIONS RÉAFFIRMÉES
Recommandation no 4 : La Commission réaffirme que les partis politiques devraient être encouragés, plutôt que contraints, à participer aux débats des chefs.
Recommandation no 6 : La Commission réaffirme que les débats devraient continuer d’être offerts en français, en anglais et dans d’autres langues, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.
Recommandation no 10 : La Commission réaffirme qu’elle devrait maintenir une capacité permanente suffisante entre les élections afin d’être en mesure d’organiser des débats dans un court délai; elle devrait également cultiver des relations avec les parties intéressées entre les élections afin de favoriser les discussions, tant au Canada qu’à l’étranger.
Recommandation no 11 : La Commission réaffirme qu’elle devrait continuer à organiser deux débats des chefs financés par des fonds publics (un dans chaque langue officielle) et envisager l’organisation de débats des chefs supplémentaires. Elle devrait également être en mesure de fournir des conseils et une expertise aux autres organisateurs de débats.
Recommandation no 12 : La Commission réaffirme qu’elle devrait être dirigée par un commissaire aux débats dont le processus de nomination prévoit la consultation des partis politiques enregistrés et représentés à la Chambre des communes.
Recommandation no 13 : La Commission réaffirme qu’elle devrait être créée au moyen d’une législation (ou d’un mécanisme semblable) et soumise à un examen périodique (par exemple, tous les cinq ans) afin de privilégier sa pérennité, une transparence accrue et un meilleur accès aux ressources. Sa composition institutionnelle devrait accorder la priorité à l’indépendance opérationnelle réelle et perçue, à l’efficacité financière et à la souplesse administrative.
Annexes
Annexe 1 – Parties prenantes consultées
- Accessible Media Inc. (AMI)
- Aengus Bridgman, directeur de l’Observatoire de l’écosystème médiatique à l’Université McGill
- Association canadienne des journalistes (CAJ)
- Bloc Québécois
- Canadian Broadcasting Corporation (CBC)
- Centre canadien pour la cybersécurité (CCC)
- Chaîne parlementaire canadienne (CPAC)
- Christopher Waddell, professeur émérite et ancien directeur de la faculté de journalisme et des communications de l’Université Carleton
- Colette Brin, professeure à l’Université de Laval et directrice du Centre d’étude sur les médias
- Comité consultatif de la Commission
- M. Chad Gaffield, professeur distingué, Université d’Ottawa, ancien président de la Société royale du Canada
- Deborah Grey, ancienne députée du Parti réformiste, première femme chef de l’opposition
- Jean LaRose, président-directeur général, Dadan Sivunivut Inc. et ancien PDG, Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN)
- Megan Leslie, présidente et PDG, Fonds mondial pour la nature (Canada), ancienne chef adjointe de l’opposition officielle (NPD)
- L’honorable John P. Manley, ancien vice-premier ministre du Canada, ministre du Cabinet libéral et ancien Président et PDG du Conseil canadien des affaires
- Louise Otis, présidente du Tribunal administratif de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) et Présidente du Tribunal administratif de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)
- Abdullah Snobar, directeur général de DMZ et PDG de DMZ Ventures et Zone Startups
- Comité exécutif de la Tribune de la presse parlementaire
- Commission on Presidential Debates (États-Unis)
- Conseil consultatif sur les sondages
- Peter Loewen, professeur d’administration publique à l’Université Cornell, ancien directeur de la Munk School à l’Université de Toronto et ancien chercheur à l’Étude électorale canadienne
- André Blais, professeur émérite à l’Université de Montréal et ancien chercheur à l’Étude électorale canadienne
- Claire Durand, professeure à l’Université de Montréal, ancienne présidente de l’Association mondiale pour l’étude de l’opinion publique
- Allison Harell, professeure à l’Université du Québec à Montréal et chercheuse à l’Étude électorale canadienne
- Richard Johnston, professeur émérite à l’Université de la Colombie-Britannique et ancien chercheur à l’Étude électorale canadienne
- Daniel Rubenson, professeur à l’Université Ryerson, chercheur à l’Étude électorale canadienne et directeur général d’Evidence in Governance and Politics (EGAP)
- Laura Stephenson, professeure et présidente du département de science politique de l’Université Western et chercheuse à l’Étude électorale canadienne
- Conseil de presse du Québec (CPQ)
- Debates International — National Democratic Institute
- Étude électorale canadienne — Consortium de la démocratie électorale
- Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
- Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections
- Independent Press Gallery of Canada
- Ivor Shapiro, professeur émérite, École de journalisme de l’Université métropolitaine de Toronto
- La Converse
- Nouveau Parti démocratique du Canada
- Parti conservateur du Canada
- Parti libéral du Canada
- Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN)
- Secrétariat de la Tribune de la presse parlementaire
- Services publics et Approvisionnement Canada — Bureau de la traduction et Gestion d’événements et de conférences
- Société Radio-Canada
- Soumissions écrites en provenance d’environ 5 000 membres du public
Annexe 2 - Atelier sur la production de débats
La Commission des débats des chefs a tenu des consultations auprès d’experts de l’industrie canadienne de la radiodiffusion et de représentants de partis politiques. Elle a également reçu des commentaires du public qu’elle a étudiés. Vous trouverez ci-dessous un résumé de leurs contributions.
- Il a été utile de mettre en place un conseil éditorial auquel divers médias ont participé pour discuter des thèmes et des questions possibles pour le débat en anglais. Il a été recommandé que la même approche soit utilisée pour les débats en français et en anglais.
- Les thèmes choisis pour les débats devraient être étroitement liés aux enjeux qui comptent le plus pour les Canadiens. Certains avaient l’impression que les questions portaient principalement sur les enjeux sur lesquels insistaient déjà les chefs dans le cadre de leurs campagnes.
- Les formats des débats en français et en anglais devraient être plus conformes l’un à l’autre. Le fait d’adopter deux formats différents n’a pas ajouté grand-chose.
- Le recours à un seul modérateur pour chaque débat a été efficace et le choix des modérateurs a été excellent. Les modérateurs ont fait preuve d’impartialité et de respect et les débats ont été bien gérés.
- Le temps accordé aux chefs pour fournir leurs réponses a été équivalent pour chacun d’entre eux.
- Le ton sérieux des débats, l’attention accordée par les chefs aux enjeux et aux politiques plutôt qu’aux points à gagner, et le professionnalisme des modérateurs ont bien servi les Canadiens.
- La qualité de la production et des installations techniques des débats était très élevée. Le plateau de tournage et le décor ont bien fonctionné. L’attention était axée sur les chefs. Le modérateur était placé de sorte qu’il pouvait garder un contact visuel et maintenir le contrôle.
- Le producteur des débats a fourni de l’information aux distributeurs de médias de façon rapide et précise. Toutefois, des améliorations sont nécessaires en ce qui concerne le matériel promotionnel fourni. En effet, il faudrait une livraison plus rapidement, du matériel générique ou sans image de marque, une promotion des langues autres que le français et l’anglais et une continuité entre les versions françaises et anglaises.
- Les efforts déployés pour améliorer l’accessibilité aux débats en offrant une interprétation en cinq langues autochtones, en ASL et en LSQ et en vidéodescription ont été très applaudis.
- La tenue des débats à Montréal a été avantageuse pour certains partis et désavantageuse pour d’autres. Il est estimé qu’Ottawa est un lieu plus « neutre ».
- Le changement d’heure du débat en français a été difficile à gérer en ce qui concerne la programmation et la promotion. Nous avons eu très peu de temps pour en informer les spectateurs et nous n’avons pas pu utiliser le matériel promotionnel dans lequel l’heure était mentionnée.
- L’annulation de l’invitation du Parti vert a été difficile à gérer. En effet, nous ne pouvions plus utiliser le matériel promotionnel qui devait être diffusé à la télévision et en ligne, les mots d’ouverture et les éléments graphiques dans le cadre desquels le logo, une photo du chef ou le nom du chef du Parti vert apparaissaient.
- L’attrait est faible pour les partis ou pour les médias lors d’une campagne électorale courte de tenir plus de deux débats.
Annexe 3 - Atelier sur les critères de participation
La Commission des débats des chefs a organisé un atelier avec des experts de l’industrie des sondages. Vous trouverez ci-dessous un résumé de leurs contributions.
- Consensus sur le fait que les critères utilisés en 2025 étaient corrects, mais qu’ils devraient être adaptés pour le prochain cycle électoral compte tenu du fait que la contrainte relative au producteur des débats a été supprimée.
- Consensus sur le fait que le délai de 28 jours avant la date de l’élection générale doit passer à 21 jours pour cadrer avec Élections Canada. Le délai de 21 jours avant la date de l’élection générale doit s’appliquer aux critères ii) et iii).
- Consensus sur le fait que le verbe « endosser » devrait être remplacé par « nommer » pour le critère (iii).
- Consensus sur le fait que l’adoption d’une période de sondage de dix jours a été efficace et devrait être maintenue pour le prochain cycle électoral. Il y a eu suffisamment de sondages et de sondeurs.
- Consensus sur le fait que le jour de décision se tient 20 jours avant la date de l’élection générale.
- La période devrait continuer d’être basée sur la date des élections.
- La plupart estimaient qu’un pourcentage de quatre pour cent est adéquat en ce qui concerne l’appui national.
- Aucun consensus sur l’idée que des critères régionaux soient établis.
- Bifurcation dans le cas des chefs susceptibles de former le gouvernement :
- la plupart des participants estiment qu’il devrait y avoir une façon d’établir une division entre les chefs les plus susceptibles de devenir premier ministre et les autres, soit en organisant plus de deux débats ou des débats pour les candidats de tête;
- un ensemble de critères serait nécessaire pour chaque série de débats. Aucun consensus concernant les critères qui seraient établis en ce qui concerne les débats pour les candidats de tête;
- il n’est pas nécessaire de considérer qui formerait l’opposition officielle dans le débat en français.
- On a constaté des appuis en faveur de plus de deux débats (chez certains participants), mais aucun consensus à savoir si c’est possible ou non. Les raisons suivantes ont été données pour expliquer pourquoi cela n’est pas possible :
- les campagnes électorales sont courtes au Canada;
- les partis pourraient ne pas être d’accord, les réseaux pourraient refuser de diffuser les débats supplémentaires (mais peut-être que deux des quatre débats pourraient être diffusés uniquement en format numérique).
Annexe 4 - Atelier sur l’accréditation des médias et l’environnement médiatique
La Commission des débats des chefs a tenu des discussions sur l’accréditation des médias et l’environnement médiatique avec des universitaires, des journalistes actuels ou passés, des spécialistes du domaine des communications, des partis politiques et le comité consultatif. Vous trouverez ci-dessous leurs contributions.
- Bon nombre d’entre eux ont souligné que l’accréditation des médias ne fait pas partie du décret. Ces derniers ont posé la question de savoir pourquoi la Commission se chargeait de l’accréditation des médias, de la gestion des médias et des conférences de presse qui suivent les débatsNote de bas de page 25. Ils ont affirmé que l’accréditation et les conférences de presse devraient être de la responsabilité du producteur des débats, des partis politiques ou d’un groupe de médias.
- Toutefois, la plupart des journalistes consultés étaient d’avis qu’un précédent avait été établi et que la Commission était mieux placée pour gérer la conférence de presse qui suit les débats, car ils estiment qu’elle est une continuation et une partie essentielle des débats eux-mêmes.
- Tous les intervenants consultés ont une opinion sur ce qu’est un journaliste. Toutefois, il y a peu (ou pas) de consensus sur une définition juridique. Dans le même ordre d’idée, les intervenants consultés ont des points de vue différents sur ce qu’est une « organisation médiatique ».
- La plupart des organisations journalistiques, dont l’Association canadienne des journalistes, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, et la Tribune de la presse parlementaire, ont préféré établir des normes ou des lignes directrices auxquelles doivent satisfaire leurs candidats plutôt que définir ce qu’est un journaliste.
- Les critères en matière d’accréditation des médias doivent être inclusifs en raison de l’éventail de plus en plus vaste de médias.
- Les critères en matière d’accréditation doivent être rendus publics et appliqués de manière équitable pour l’ensemble des candidats.
- Une distinction doit être faite entre les médias et les lobbyistes aux fins d’accréditation.
- Les particuliers et les organismes qui s’enregistrent en tant que tiers pendant la période électorale ne devraient pas recevoir d’accréditation pour être reconnus comme étant des représentants des médias, car ils participent activement à des activités politiques. Il a été souligné que cela diffère des médias qui ont une tendance politique dans leur couverture ou dans leurs éditoriaux.
- La Commission devrait créer et publier des règles de conduite explicites et applicables qui devront être acceptées par tous les médias avant d’obtenir l’accréditation.
- La Commission devrait déployer des efforts pour mettre en place un plan de logistique solide pour gérer les médias aux événements.
- Les médias estiment que les conférences de presse sont une mesure essentielle de reddition de comptes. Il s’agit pour eux d’une occasion nécessaire de demander des précisions aux chefs au sujet des propos qu’ils ont tenus au cours des débats. C’est une question de liberté de la presse. Par ailleurs, il a été souligné que les conférences de presse après les débats peuvent être la seule occasion pour les médias qui ne suivent pas de façon régulière les chefs de leur poser des questions.
- L’intention de limiter les questions à un journaliste par organisation médiatique est judicieuse.
- La Commission pourrait envisager de mettre en place un système de loterie pour choisir de façon impartiale les organisations médiatiques ayant le droit de poser une question lors des conférences de presse.
- La Commission devrait envisager de limiter le temps accordé pour chaque question.
- L’accès à la zone des conférences de presse devrait être fermé jusqu’au tout dernier moment avant qu’elles commencent.
Annexe 5 - Étude électorale canadienne – Consortium de la démocratie électorale et Étude électorale canadienne de 2025
Voir page séparée.